2.9. INTERVENTION DE M. SATOMI HIROKAWA
Directeur des nouvelles technologies de l'information et de la communication de la ville de Yokosuka

Précédemment, le maire de Yokosuka vous a présenté notre politique. Quant à moi je vous présenterai les exemples concrets.

Tout d'abord trois exemples d'applications concrètes. Premièrement, il s'agit de l'appel d'offres électronique, deuxièmement le système d'information géographique sur Internet ; et troisièmement il s'agit du système de carte urbaine intégrée pour la vie quotidienne des habitants.

Je vais donc tout d'abord vous parler de l'appel d'offres électronique. La ville de Yokosuka a un système d'appels d'offres pour tous les travaux publics de construction depuis 1998. Jusqu'à présent, c'était un système restreint où les entreprises étaient désignées et maintenant nous avons un appel d'offres ouvert. Dans le système d'appel d'offres désigné, la ville qui passe la commande d'un chantier désigne les entreprises de travaux publics qui peuvent participer à l'appel d'offres. Pour un appel d'offres, il y avait en moyenne neuf entreprises qui étaient désignées pour y participer.

Dans le nouveau système d'appel d'offres qui a été mis en place, à savoir dans le système ouvert, toutes les entreprises qui remplissent les conditions peuvent librement y participer. Désormais il y a beaucoup plus d'entreprises, puisque 22 entreprises en moyenne ont participé à cet appel et il y a une vraie compétition entre les entrepreneurs. Ainsi la somme prévue, donc la somme adjugée, est beaucoup plus basse qu'auparavant. Grâce à ce nouveau système, il y a deux fois et demie plus d'entreprises qui ont participé à l'appel d'offres. Les agents de la ville ont un surcroît de travail. Il aurait fallu augmenter les effectifs, mais comme nous menons à bien des réformes administratives, cela est impossible.

C'est pourquoi nous avons numérisé toutes les étapes de l'appel d'offres pour simplifier les opérations. Concrètement, il s'agit de la date de l'appel d'offres, le contenu général du chantier et des conditions demandées aux entreprises qui répondent à l'appel d'offres, et ces informations sont données sur Internet. D'autre part, les formulaires de candidature envoyés par les entreprises, l'examen des différentes offres, l'annonce des résultats, toutes ces étapes sont désormais effectuées sur Internet. L'avantage n'est pas seulement pour la mairie, mais aussi pour les entrepreneurs, puisqu'ils n'ont pas besoin de se présenter à la mairie. On économise du temps et de l'argent, car on avait besoin de prendre le train ou sa voiture pour se rendre à la mairie pour répondre à l'appel d'offres.

Maintenant, pour les effets financiers de cet appel d'offres électronique, ils sont indiqués sur ce graphique. Vous voyez qu'il y a des effets très importants. La courbe en bleu montre l'évolution du nombre d'entreprises qui ont participé à l'appel d'offres : 9 en moyenne en 1997, donc avant l'introduction de cette réforme, 22 en 1999, et 18 en l'an 2000. Autrement dit, plus que le double. Parfois il y a 50 entreprises qui participent, quand il y en a beaucoup. Le taux d'adjudication en 1997 était de 95,7 %, mais depuis, le taux a baissé de dix points. Cela veut dire qu'il y a une baisse de prix de 10 %. Voici la comparaison entre le montant prévu et le montant contracté. En l'an 2000, le montant prévu par la mairie s'élevait à 33,1 milliards, par contre il y avait un écart avec le montant contracté de 4,2 milliards de yens. Donc il y a vraiment autant d'économies faites sur le budget, autant de ressources pour les finances de l'exercice suivant.

Ce que vous voyez à l'écran, c'est une page qui indique sur le site Web les résultats de l'appel d'offres. Le montant de l'appel d'offres de toutes les entreprises qui ont participé est rendu public de cette façon. L'appel d'offres est rendu transparent. Il y a davantage de compétition et cela permet de baisser d'autant le montant adjugé.

Maintenant je voudrais vous présenter le système d'informations géographiques général qu'on appelle Web GIS. Ce système fonctionne depuis le mois de juin dernier en tant que système interne de la mairie. À partir de mars 2002, les citoyens pourront l'utiliser sur Internet. Un peu plus tard, je vous montrerai sur écran ce qui fonctionne à titre expérimental. Jusqu'à présent, dans notre mairie, toutes les informations cartographiques sur les routes, les égouts, l'eau courante, ou encore les pompiers étaient gérées par des services différents. Il y avait des cartes aériennes qui étaient élaborées par ces différents services, mais cela doublait voire triplait les coûts, cela revenait beaucoup trop cher, ou alors, lorsque tel service voulait l'utiliser, un autre aussi voulait l'utiliser, ce qui n'était vraiment pas pratique. C'est pour cela qu'on a intégré toutes ces informations géographiques, et il y a désormais une seule carte utilisée par tous ces services. Cela fait baisser les coûts de maintenance et c'est ce qui nous a poussé à introduire le système Web GIS.

Ce que vous voyez à l'écran, c'est le système que nous avons mis en place, donc l'image initiale de GIS. Il est écrit Yokosuka GIS et si on clique dessus, on obtient l'image qui représente la carte de tous ses secteurs de la ville de Yokosuka. Vous choisissez l'adresse pour avoir une carte plus détaillée du secteur concerné. Vous pouvez voir que la carte se trouvant en haut et à gauche est la même carte topographique que celle que nous avons vue tout à l'heure, mais avec des données de zonage superposées. Alors ici, vous avez en rouge les zones d'utilisation commerciale, et puis en violet, vous avez les zones d'utilisation industrielle.

Il faut savoir que jusqu'à présent, on ne pouvait consulter ces cartes qu'en se rendant au service d'urbanisme de l'hôtel de ville mais à partir de mars de cette année, il est possible pour les administrés de les voir directement chez eux. En bas à droite, vous avez une autre carte superposée d'une photo aérienne, qui permet de voir la forme des maisons, l'état des routes, et ceci de manière très claire. Les photos aériennes sont mises à jour une fois par an.

Il faut savoir aussi que ces informations ne sont pas seulement des informations administratives, elles portent aussi sur des informations de proximité telles que les établissements médicaux et les commerçants, et tout cela est canalisé par le biais d'Internet. Par exemple, si on veut prendre rendez-vous chez le médecin, on peut d'abord obtenir des informations sur les établissements médicaux : leur emplacement, les soins dispensés, les horaires d'ouverture, etc. Ce sont des informations très précieuses pour les citoyens. Quand un citoyen doit se rendre rapidement à l'hôpital, il lui est souvent difficile de trouver un hôpital correspondant à son problème de santé. Alors qu'est-ce qui est le plus important comme information en matière d'hôpitaux ? C'est d'abord de savoir où l'on doit se rendre pour obtenir une solution à son problème de santé, pour être guéri. D'abord il faut savoir qu'il vaut mieux ne pas se rendre à tel hôpital, parce qu'il n'est pas fiable. Évidemment, l'hôtel de ville ne peut pas se permettre de jouer le rôle de guide Michelin, parce que cela risquerait de soulever un grand tollé. Nous nous contentons donc de fournir ces informations "objectives", et nous nous en remettons à votre bon sens pour les utiliser. D'autres informations telles que des publicités commerciales, des menus de restaurant ou encore la liste des attractions de tel ou tel parc seront proposées. Prenons par exemple les informations sur des commerçants. Nous avons tiré des enseignements du guide Michelin pour fournir un certain nombre d'informations. Nous pensons cependant que pour les restaurants par exemple, c'est en fait les informations comme le nombre de toques d'un restaurant que recherche le citoyen. Ce n'est pas l'hôtel de ville qui peut fournir ce genre d'informations et donc nous ne pouvons que nous en remettre aux informations objectives.

Voici maintenant un écran qui reprend le système de carte urbaine intégrée. C'est une carte à puce d'utilisation polyvalente qui peut accueillir des informations de service administratif ou de service privé. Et c'est une carte qui a été mise en oeuvre en janvier 2002 pour quelque 50 000 personnes, nous l'avons distribuée à 50 000 personnes dans la ville de Yokosuka, ce qui représente environ 10 % de notre population. Nous en sommes donc encore au stade expérimental. Nous allons voir quelles sont les réactions de nos concitoyens. Il s'agit d'une carte en plastique dotée d'une puce. En fait c'est un petit ordinateur avec une mémoire de l'ordre de 1 mégaoctet, soit l'équivalent d'une disquette. C'est une mémoire considérable. En bas à gauche, on peut voir la carte à puce et à droite un visionneur de carte à puces. En fait, quand on la regarde à l'oeil nu, on ne peut pas voir ce qu'il y a à l'intérieur. Par contre, quand on la passe dans le visionneur, il y a un écran à cristaux liquides en haut, et cet écran permet de visionner le contenu intégré dans cette carte à puce. Passons à l'image suivante. Voici cette carte à puce à utilisation polyvalente. Je vous disais tout à l'heure que cette carte a une forte mémoire, et cette mémoire est multi-segmentée, divisée en plusieurs segments et ces segments sont isolés par des clés. Par exemple, vous pouvez imaginer que c'est une sorte de portefeuille ou encore un porte-clé. Donc qu'il s'agisse d'une banque ou de l'hôtel de ville ou encore d'un commerce, quand vous vous rendez sur place, vous pouvez être facilement identifié en tant qu'interlocuteur. C'est par contre une toute autre paire de manche sur Internet, car on ne peut pas voir son interlocuteur sur Internet. Il faut donc trouver des stratégies pour éviter tout piratage informatique. C'est pourquoi on a pré-inscrit dans cette carte une clé code qui est une méthode très sécurisée pour identifier. Monsieur Gilonne a parlé tout à l'heure d'authentification. Les équipements d'authentification sont extrêmement importants pour le bon fonctionnement d'Internet.

Sur cet écran, on peut voir les perspectives de développement de ce système de carte urbaine intégrée. Qu'il s'agisse de paiements, de transactions électroniques d'entreprises, d'achat de billet pour les transports en commun, de retraits bancaires, de démarches administratives, elle peut être utilisée dans un très grand nombre de cas de la vie quotidienne. Là, on peut voir sur l'écran un autobus de Yokosuka. Il s'agit d'un autobus d'une société privée et dans l'expérience actuelle, nous avons cherché à faire utiliser la carte comme titre de transport. À droite en bas, on peut voir un appareil, et il suffit que la carte effleure l'appareil. On entend un petit «bip» lorsqu'on l'approche du lecteur. En effet, le temps de lecture n'est que de 0,18 seconde, ce qui est très rapide et permet d'accélérer les temps de montée et de descente de l'autobus. Et puis aussi il y a des gens qui reviennent des courses, qui sont chargés de paquets, qui n'ont pas la marge nécessaire pour retrouver leur porte-monnaie, trouver des pièces à mettre dans l'appareil. Cette carte devrait les aider à passer plus facilement. On pourrait envisager de l'utiliser pour les trains ou pour les restaurants.

Voyons maintenant la méthodologie qui devrait nous permettre de mieux faire passer ces services : c'est l'idée d'un site-portail pour le citoyen. Nous pensons qu'il y a trois types de services qui doivent être mis en oeuvre dans l'avenir, premièrement des services de portail, deuxièmement des services que j'appellerais d'initiatives propres à l'hôtel de ville, et troisièmement des services personnalisés. Je n'aurai malheureusement pas le temps de vous expliquer ces catégories de services. Maintenant il y a une méthodologie pour concrétiser ce concept.

Tout d'abord les portails. J'aimerais poursuivre cette explication un peu plus tard devant l'écran, mais je souhaiterais dire qu'il s'agit pour chaque administré de disposer de son propre site Web. Ce site ne serait pas ouvert sur Internet et ne serait accessible qu'à l'intéressé. La carte urbaine intégrée, que j'expliquais tout à l'heure, étant dotée d'un système d'authentification, elle permet à l'intéressé un accès exclusif. Dans une même famille par exemple, le mari et la femme ont chacun leur site distinct, sans immixtion possible. On peut obtenir des informations météorologiques puisque le temps est très souvent différent pour l'est et l'ouest de la ville de Yokosuka, des informations sur un incendie, ou encore le résultat d'un bilan de santé. En effet, jusqu'à présent on envoyait le résultat du bilan par la poste, désormais il est possible de l'envoyer plus rapidement par Internet. Si le bilan de santé révèle un problème, il est aussi possible de consulter une infirmière par visiophone. On peut aussi recevoir des informations de l'école ou de la crèche que fréquentent les enfants.

Nous voudrions fournir non seulement des services administratifs mais aussi des informations concernant des services privés. Ce sont par contre des opérateurs privés qui seraient responsables de ces services. Par exemple à droite, vous avez un cuisinier qui vous informe qu'il a mis au point une nouvelle recette et qui vous invite à venir la goûter ou encore un électricien qui vous propose de fixer un rendez-vous pour l'entretien du chauffe-eau. Vous pouvez ainsi recevoir des informations du boulanger, du dentiste ou d'un pub, etc. Ce genre d'informations permet d'améliorer largement la qualité de vie des citoyens, et les commerçants, pour leur part, peuvent se faire valoir auprès de leurs clients. Il ne s'agit pas que l'administration et le secteur privé s'isolent dans leur tour d'ivoire, mais collaborent dans le cadre de nouveaux partenariats de manière à améliorer la qualité de vie et l'attrait de la ville. Voilà, j'en ai terminé et je vous remercie.

M. Adnot

Merci, Monsieur Hirokawa. Nous allons avoir maintenant en visioconférence un échange avec M. Takasaki et M. Kawashima. Mais je pense que compte tenu de l'intérêt de ce qui vient d'être dit, vous allez sûrement avoir envie de poser une ou deux questions à notre intervenant. Moi-même j'aurai une question à poser à M. Takasaki pour lancer sa participation à cette conférence, ensuite M. Jourdan quand il le souhaitera pourra faire sa présentation qui ajoutera un peu de concret à notre matinée. Pour l'instant, quelqu'un souhaite-t-il poser une question complémentaire à M. Hirokawa ?

Question

Bonjour, Olivier Devillers, journaliste. Le Japon se distingue par le fait que vous êtes fortement équipés en téléphone portable et que vous êtes en téléphonie mobile haut débit i-mode. Est-ce que vous envisagez ou vous fournissez déjà des services par ce moyen-là ?

M. Hirokawa

Il est vrai que dans quelques collectivités locales, des services sont proposés en i-mode. Quant à la ville de Yokosuka, nous sommes en train de nous y préparer, et dès le mois de mars ou d'avril, les citoyens pourront accéder au service du site-portail à partir d'un téléphone mobile. Nous allons également proposer un service i-mode pour les malentendants puisqu'ils pourront lire les informations sur l'écran de leur téléphone mobile. On va donc commencer avec ces services.

M. Adnot

Une autre question. Oui, allez-y.

Question

Je m'appelle Schebath et je vous remercie de cette occasion de parler. J'ai beaucoup appris, mais j'aurai une question à vous poser. Dans le cas des services Internet, je voudrais savoir quels sont les services les plus populaires, les services qui ont le plus la cote. Et puis est-ce que sont plutôt les jeunes ou les personnes âgées, quelles sont les catégories de personnes qui utilisent véritablement ces services ?

M. Hirokawa

En fait, les services de l'hôtel de ville n'ont pas tellement la cote. Je dirais que ce sont plutôt les services privés qui sont les plus utilisés pour la vie quotidienne. Je crois que cela vaut pour vous aussi, parce que les gens ne se rendent à l'hôtel de ville qu'une fois ou deux fois par an pour leur propre besoin. Par contre, ils sont en contact tous les jours avec des acteurs privés, ce qui les intéresse véritablement. Il est toutefois très utile pour les gens d'avoir accès aux services administratifs très complets en cas de nécessité. C'est pourquoi nous voulons fournir ces services. Les informations touristiques et les informations de proximité sont appréciées. Nous publions un journal mensuel pour les habitants, et la version Internet de ce journal est beaucoup lue. Le maire a sa propre colonne qu'il rédige avec beaucoup d'attention, et cette colonne rencontre aussi a un grand succès.

Question

La carte à puce que vous nous avez présentée tout à l'heure pose-t-elle des problèmes au niveau de la commission des libertés comme cela pourrait être le cas ici en France parce qu'elle donne accès à pas mal d'activités et donc de transactions. Avez-vous des lois qui protègent justement les utilisateurs de ces cartes.

M. Hirokawa

Tout d'abord, ce qu'on peut mettre sur la carte à puce n'est pas à proprement parler des informations personnelles, mais plutôt des informations sur la clé. Si par hasard, quelqu'un essaie de lire votre carte, il ne pourra lire que les informations sur la clé. On ne peut pas avoir accès aux informations essentielles simplement avec la clé. Par ailleurs, lorsque l'on veut utiliser cette carte, il faut composer son code. Et si l'on se trompe trois fois, on ne peut plus utiliser la carte. Ce système permet de protéger les informations personnelles. D'autre part, nous sommes actuellement en session parlementaire, et un projet de loi sur les formalités administratives électroniques sera présenté au Parlement. Il existe aussi un autre projet de loi sur la protection des informations personnelles qui fera l'objet d'une discussion parlementaire. La ville de Yokosuka, pour sa part, a pris un arrêté municipal sur la protection des informations personnelles.

M. Adnot

Je voudrais maintenant donner la parole à Messieurs Takasaki et Kawashima, et je vais donc poser une question à M. Takasaki. Quel est le niveau d'intervention de l'État japonais dans l'équipement en infrastructure. Est-ce qu'on peut nous donner quelques chiffres ?

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