B. UNE DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE

De son indépendance, en 1980, jusqu'en 1991, le Vanuatu a d'abord été dirigé par le Vanuaaku Pati dont le Chef, Walter LINI, était aussi le Premier Ministre, et la vie politique est restée marquée par l'opposition entre anglophones et francophones.

1. Malgré une certaine instabilité...

A leurs débuts, les relations avec la France furent souvent tendues 7 ( * ) , notamment avec l'opposition aux essais nucléaires français et le différend sur les îlots Matthew et Hunter 8 ( * ) , toujours revendiqués par le Vanuatu, comme ont pu le constater les membres de la délégation sénatoriale pendant leur séjour. Par ailleurs, le Vanuatu a soutenu le mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, particulièrement entre 1984 et 1988.

Mais, depuis 1991, ce pays connaît l'alternance : d'abord avec une majorité venue au pouvoir sous la conduite de l'UPM (Union des partis modérés), principalement francophone, avec Maxime CARLOT, au poste de Premier Ministre. Une coopération importante s'est alors renouée entre la France et le Vanuatu sur les plans commercial et culturel, la proximité de la Nouvelle-Calédonie favorisant incontestablement ces échanges.

Certes, cette alternance a été suivie d'une période d'instabilité à partir de 1995, l'UPM connaissant des divisions internes entre les partisans de Maxime CARLOT et ceux de Serge VOHOR. De 1996 à mars 1998, Serge VOHOR, s'alliant avec Walter LINI, devient Premier Ministre. En mars 1998, le Vanuaaku Pati reprend le pouvoir et Donald KALPOKAS devient Premier Ministre. Puis, l'opposition est revenue au pouvoir lors des élections partielles du 31 août 1999, provoquées par le décès de Walter LINI et l'invalidation de résultats électoraux.

Depuis 2004, son frère Ham LINI occupe le poste de Premier Ministre. Anglophone, il est le chef du National Unified Party ou NUP (Parti national unifié né d'une scission, en 1991, au sein du VP) qui est, depuis les législatives de juillet 2004, le premier parti du Parlement.

Mais il doit faire face à une forte instabilité politique et son Gouvernement a déjà été remanié une dizaine de fois en deux ans. Lors de la visite de la délégation, un important remaniement a d'ailleurs eu lieu, perturbant quelque peu le calendrier des entretiens . Accompagnés du ministre de l'Intérieur, lors de leur déplacement à Tanna, les sénateurs ont appris sa destitution le lendemain.

Le chef du Gouvernement a aussi procédé au limogeage du Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères M. Sato KILMAN, au bénéfice de M. George WELLS, ancien ministre de l'Intérieur et député de la circonscription de Luganville (île d'Espiritu Santo au Nord de l'archipel).

Mi-juin 2007, Ham LINI avait déjà effectué un important remaniement, caractérisé par un changement d'alliance au sein de sa coalition gouvernementale. Confronté à une « fronde » émanant de son principal partenaire de coalition, le Vanuaaku Pati, le chef du Gouvernement, dont on rappelle qu'il est, par ailleurs, chef de file du National United Party (NUP) avait alors remplacé le soutien perdu du VP par celui de l'Union des Partis Modérés (UPM), pourtant à l'origine d'une motion de censure contre le Gouvernement.

Son leader, M. VOHOR, a ensuite retiré sa motion de censure auparavant déposée contre M. LINI. La perte de députés VP du groupe de la majorité parlementaire a pu être compensée par le ralliement de députés UPM, auxquels sont venus s'ajouter des députés sans étiquette ou de petits partis (comme le jeune parti travailliste).

Selon les observateurs locaux, les futures élections générales de 2008 sont en partie à l'origine des soubresauts de la vie politique vanuataise. Ainsi, par exemple, le 18 juin 2007 a vu le retour au Gouvernement de M. Serge VOHOR comme ministre des Infrastructures, alors qu'en 2004 il avait été démis de ses fonctions pour avoir voulu nouer des relations diplomatiques avec Taiwan.

Le traditionnel clivage anglophones/francophones est désormais moins sensible que la recherche d'un équilibre entre les principales îles composant le pays. Les débats électoraux sont aussi une occasion pour les citoyens du Vanuatu (les Ni-Vanuatu) de débattre de la gouvernance dans leur pays (avec l'aide de certaines ONG telles que Transparency) et de faire émerger de nouvelles personnalités (il n'y a que deux femmes députées au Parlement).

* 7 Deux ambassadeurs français ont même été expulsés en 1981 et en 1987.

* 8 Il s'agit d'une revendication territoriale portant sur deux îlots inhabités situés à 300 km à l'est de la Nouvelle-Calédonie et au sud-est du Vanuatu, officiellement annexés par la France en 1929.

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