D. QUEL AVENIR POUR LA FRANCOPHONIE ?

Le système éducatif mis en place lors de la création du Condominium franco-britannique repose sur deux filières éducatives : une en français, une en anglais. Comme l'ont rappelé les autorités, le choix de la filière appartient aux familles, mais le contexte culturel dominant joue en défaveur du français.

Données sur l'enseignement au Vanuatu

Taux d'alphabétisation  74 %

Taux de scolarisation primaire 81 %

Taux de scolarisation secondaire 25 %

Taux de scolarisation supérieur 10 %

36 % des élèves sont scolarisés en français

1. Les efforts du Vanuatu pour maintenir la double filière francophone et anglophone

La part du budget de l'État est d'environ 20 % consacrés uniquement au budget de fonctionnement. Les investissements sont essentiellement réalisés par les bailleurs de fonds, et la Banque mondiale assiste l'État pour la révision des programmes.

La scolarité n'est pas obligatoire. Elle est à la charge des communes pour les classes de maternelle et gratuite au niveau du primaire. Un droit de scolarité est demandé au niveau du collège.

Le Gouvernement s'est fixé le but de participer à hauteur de 50 %. Le système formel comprend 13 années dans le cycle anglophone et 14 années dans le cycle francophone, dont 6 années en primaire, 4 années au collège, 3 ou 4 années au lycée suivant la filière. Les dix premières années d'études sont harmonisées. Un examen est organisé à la fin des 6 e et 10 e années afin de connaître le nombre d'élèves dans le pays.

L'enseignement de la seconde langue (en plus du bichlamar), intervient la première année de collège ; le français ou l'anglais devient alors langue seconde ou langue étrangère.

Les interlocuteurs de la délégation, et notamment le Premier Ministre, ont réaffirmé qu'il n'était pas souhaitable que le bichlamar devienne langue unique.

Il existe peu de filières dans l'enseignement professionnel, qui est limité pour le moment au CAP. Sont envisagées la mise en place d'un collège agricole et l'ouverture de collèges techniques.

Les étudiants anglophones ont accès aux universités australiennes, alors que les francophones se dirigent vers celles de Nouvelle-Calédonie. Des bourses sont accordées, la plupart du temps par les Ambassades de France et d'Australie.

Le souhait du Gouvernement est d'équilibrer officiellement l'enseignement du français et de l'anglais , en faisant observer qu'il y a une majorité d'anglophones dans le secteur juridique.

Le Président du Parlement a, par exemple, insisté sur le problème de l'interprétariat en français au Parlement, prévu par la Constitution mais non assuré par manque de moyens.

Les perspectives, sans être dramatiques, n'en sont pas moins préoccupantes.

On estime qu'il faudrait former quatre fois plus de francophones pour maintenir le niveau actuel de francophones scolarisés et sept fois plus pour parvenir à une parité réelle entre élites francophones et élites anglophones.

Face à la dégradation de l'enseignement, aussi bien en français qu'en anglais, le Gouvernement du Vanuatu, réellement « moteur » sur ce dossier, a entrepris de son côté un plan de relance du français fin 2006 .

Le ministère de l'Education a présenté un projet instaurant un bilinguisme français-anglais dans toutes les classes du primaire et du secondaire, selon des modalités qui restaient toujours à arrêter lors de la visite de la délégation fin juillet 2007.

Pour la délégation, ce projet de bilinguisme n'est pas sans danger pour le français, car il risque de se traduire par une absorption de la filière francophone dans un cadre plus large où l'anglais (et le bishlamar) prédomine dans la pratique.

En tout état de cause, la réussite de la réforme passerait par un plan de formation en français des enseignants vanuatais (d'une durée minimum de trois ans). L'Ambassade estime que ce plan devrait concerner une centaine d'enseignants francophones et anglophones par an en formation continue et en formation initiale, selon des modalités à définir avec l'Institut de formation des Enseignants du Vanuatu, dont une partie via l'Internet (cours mis en ligne par l'université Laval ou le collège communautaire du Nouveau-Brunswick, avec la supervision pédagogique de l'IUFM de Nouméa en Nouvelle-Calédonie).

Par ailleurs, la délégation a constaté la quasi-absence du français dans les moyens audiovisuels locaux. Sur ce point, des initiatives devaient également être relancées 10 ( * ) .

Elle a regretté que l'octroi de bourses, qui reste un moyen direct d'augmenter le nombre d'étudiants francophones, notamment dans le supérieur, soit en diminution par rapport aux années 90.

* 10 En matière de francophonie, RFI n'est devenu accessible que fin 2007, et le captage de TV5 devrait s'améliorer grâce à un accord avec la chaîne locale RSTV qui bénéficiera d'un nouveau studio cofinancé par la France et le Japon .

Page mise à jour le

Partager cette page