B. LA VITALITÉ DE LA PRODUCTION NATIONALE

1. Un essor confirmé

Après deux années de forte croissance, la production cinématographique française s'établit à nouveau en 1999 à un niveau élevé.

En 1999, 181 films ont reçu l'agrément d'investissement par le CNC. Ce chiffre, comparable à celui enregistré l'année précédente (soit 183 films) consacre le dynamisme de la production actuelle, qui rompt avec la baisse enregistrée au cours des deux dernières décennies. En effet, de tels résultats n'avaient pas été atteints depuis 1980, année au cours de laquelle 189 films avaient été agréés.

Ce niveau élevé de la production résulte essentiellement du dynamisme des films français 2 ( * ) , au nombre de 115, (+ 12,7 %) alors que les coproductions, soit 66 films, enregistrent une diminution sensible (- 15 %).

Cette baisse est due à la diminution du nombre de coproductions majoritairement françaises, 35 contre 46 en 1998, le nombre de coproductions minoritaires demeurant stables, 31 contre 32 en 1998.

A la différence de l'évolution enregistrée en 1998, le maintien à un niveau élevé de la production nationale ne s'est pas accompagné d'une augmentation du montant des capitaux investis dans les films agréés, qui s'est établi en 1999 à 4,54 milliards de francs, en recul de 8,1 %.

Ce recul s'explique par l'absence de films à très gros budget, soit plus de 200 millions de francs et, de manière plus générale, par une moindre mobilisation des financements sur les films les plus coûteux. Cette évolution se traduit mécaniquement par une diminution du coût moyen des films qui s'établit en 1999 à 25,6 millions de francs, contre 28,6 millions de francs en 1998.

Il convient de relever également, pour s'en féliciter, l'important renouvellement de la création nationale.

En effet, la croissance du nombre de premiers films se poursuit, quoiqu'à un rythme plus modéré qu'en 1998. Cependant, la tendance encourageante observée depuis 1994 se poursuit.

En 1999, en dépit d'un tassement sensible du nombre de deuxièmes films (18 contre 29), la progression du nombre de premiers films (62 contre 58) permet à l'ensemble de ces oeuvres de représenter plus de la moitié des films français.

Les meilleures conditions de financement dont bénéficient les jeunes créateurs expliquent cette évolution.

Si l'avance sur recettes joue toujours un rôle d'accompagnement pour les jeunes talents, sa contribution a proportionnellement diminué depuis 1990 en raison de la progression du nombre de premiers films produits : la moitié environ des premiers films recevaient alors une avance sur recettes, cette proportion étant en 1999 ramenée au tiers. Cette forme de soutien ne constitue donc plus un préalable à la réalisation des premiers films, qui bénéficient plus que par le passé des autres sources de financement du cinéma, et en particulier des apports des chaînes de télévision. En 1999, 43 premiers films, soit près de 70 % d'entre eux, ont fait l'objet d'un financement de Canal Plus, 30 des chaînes hertziennes et 9 de TPS, nouvel acteur dans le financement du cinéma.

2. La stabilité des sources de financement de la production cinématographique

En 1999, la structure de financement des films français est comparable à celle prévalant lors des années précédentes, comme l'indique le tableau ci-après :

STRUCTURE DE FINANCEMENT DES FILMS D'INITIATIVE FRANÇAISE
(1990-1999)

(en pourcentage)

Apports des producteurs français

SOFICA

Soutien automatique

Soutien sélectif

Chaînes de télévision

A-valoir

des

distribu-

teurs

français

Apports étrangers

Copro-ductions

Pré-achats

1990

42,4

6,7

7,6

5,4

3,9

15,9

2,8

15,3

1991

33,7

5,9

7,6

4,7

4,6

18,9

4,4

20,2

1992

36,5

6,1

5,8

4,6

5,4

24,7

5,4

11,5

1993

33,4

5,2

7,7

5,5

5,6

25,2

5,1

12,3

1994

29,3

5,3

7,5

6,7

6,5

27,4

5,0

12,3

1995

26,8

5,6

8,7

5,7

6,8

30,1

4

12,3

1996

24,3

4,8

8,3

4,9

10,3

31,7

5,5

10,2

1997

33,4

4,5

7,7

5,2

7,2

28,7

3,5

9,8

1998

27,9

4,3

7,8

4,4

7

31,5

6,8

10,3

1999

27,9

4,4

6,8

4,4

6

34,2

8,8

7,5

(Source : Centre national de la cinématographie)

•  Les chaînes de télévision confirment leur rôle prépondérant dans le financement de la production cinématographique.

Limité à 20 % en 1990, leur part s'établit en 1999, à plus du double, soit 40,2 %.

Leur contribution progresse de 4,4 % par rapport à l'année précédente.

En 1999, Canal Plus, avec un apport de 926 millions de francs, soit le quart des investissements français dans les films agréés, intervient dans le financement de 80 % des oeuvres françaises. Les chaînes en clair, avec 557 millions de francs, en ont financé près de la moitié. La participation de TPS Cinéma se poursuit en 1999, en léger recul cependant par rapport à l'année précédente, atteignant 104,3 millions de francs contre 121,1 millions de francs en 1998.

•  La part représentée par les investissements des producteurs français s'établit au même niveau qu'en 1998, soit 27,9 %, ce qui ne permet pas d'envisager un retournement de la tendance à la baisse observée depuis 1990.

•  Bien qu'elle demeure très inférieure à celle qu'ils apportaient jusqu'au début des années 1980 avant la crise de la fréquentation et l'essor des nouvelles chaînes de télévision dont les investissements se sont substitués aux leurs, la part des distributeurs connaît en 1999 pour la deuxième année consécutive une significative progression, passant de 6,8 % à 8,8 %.

La reprise de la fréquentation semble inciter les distributeurs à participer plus largement à la production même si leur contribution demeure limitée dans les faits à quelques films à très gros budgets.

•  La part des SOFICA en 1998 demeure stable. Cependant, on soulignera une certaine diversification de leurs interventions : le nombre de films ayant bénéficié de leurs interventions augmente sensiblement, soit 67 contre 59 en 1998. Par ailleurs, si les SOFICA continuent d'intervenir en priorité en faveur de films dont le budget est supérieur à la moyenne, elles investissent dans un nombre croissant de films dont le budget est inférieur à la moyenne.

•  La part du soutien public demeure à un niveau élevé, 11,2 %, en dépit d'une légère diminution de la contribution relative du soutien automatique.

* 2 Films intégralement français et coproductions à majorité français

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