B. L'INDUSTRIE FRANÇAISE EN 1999

1. Une croissance de 3,1 %

Au début de 1999, de fortes incertitudes conjoncturelles pesaient sur l'industrie manufacturière française. La crise, qui s'était propagée du Sud-Est asiatique à la Russie puis au Brésil, de mi-1996 à fin 1998, avait fini par toucher l'industrie française par l'intermédiaire de ses partenaires traditionnels les plus exposés, notamment l'Allemagne et les Etats-Unis . Mais, dès le deuxième trimestre, la demande mondiale s'est redressée, grâce à la reprise des pays asiatiques. L'industrie française a ainsi retrouvé son dynamisme et la croissance s'est accélérée fin 1999 : sur l'année, sa production a progressé de 3,1 % en volume , après 5 % en 1998.

La croissance de la production industrielle a reposé sur la demande intérieure . Sur les 3,1 points de croissance, la consommation finale et l'investissement ont contribué chacun pour un point . La demande interindustrielle a contribué pour deux points : les consommateurs intermédiaires de produits industriels, qui représentent plus de la moitié du marché intérieur de ces produits, ont bénéficié de la reprise. En revanche, les entreprises ayant puisé dans leurs stocks, ces derniers n'ont pas contribué à la croissance. Tout en restant les plus performantes, l'industrie de l' automobile (+ 7,3 % en volume) et celle des équipements électriques et électroniques (+ 8,9 %) ont progressé moitié moins vite qu'en 1998. La production n'a baissé que pour la filière du textile-habillement-cuir ; elle a ainsi repris sa tendance de long terme, après deux années de répit où elle avait bénéficié d'un rebond de la consommation et des allégements de charges sociales du plan " Borotra ".

2. Une intégration croissante d'Internet

Une récente et très complète enquête du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie 1 ( * ) met en avant la spectaculaire rapidité de pénétration d'Internet dans l'industrie française.

a) Des taux de raccordement en croissance rapide

69 % des entreprises industrielles étaient connectées à Internet fin 1999, contre 28 % en 1997. Cette progression spectaculaire touche tous les secteurs de l'industrie, particulièrement les secteurs " traditionnels ", faiblement connectés en 1997. Ainsi, le nombre d'entreprises connectées à Internet a fortement progressé dans la mécanique, le textile, la métallurgie, le bois-papier et l'habillement-cuir, secteurs qui ont rattrapé une partie de leur retard.

Cette dynamique devrait se poursuivre : d'après des enquêtes du ministère de l'industrie, un tiers des entreprises non encore équipées prévoient de le faire d'ici 2001. Les intentions d'équipement sont particulièrement élevées dans les secteurs des matériels de transport, de la construction électrique et de la chimie, où près d'une entreprise non connectée sur deux prévoit de le faire d'ici 2001.

Malgré ce rattrapage, tous les secteurs industriels n'utilisent pas Internet avec la même intensité . Seulement une entreprise sur deux se sert d'Internet dans l'habillement-cuir ou l'industrie des produits minéraux.

Globalement, dans l'industrie française, la connexion à Internet se généralise. Trois quarts des grandes entreprises étaient déjà connectées à Internet en 1997 ; elles sont désormais 97 %. Les autres types d'entreprises ont réduit leur retard : 88 % des entreprises de 100 à 249 salariés sont désormais connectées, soit deux fois plus qu'il y a deux ans. Pour les petites entreprises , de 20 à 49 salariés, le taux de raccordement a même triplé, pour atteindre près de 60 %.

Les principales industries utilisatrices sont, naturellement, les entreprises de haute technologie , particulièrement les entreprises les plus internationalisées, ainsi que les filiales de groupes . Internet accélère l'internationalisation des échanges, en permettant aux groupes multinationaux de correspondre avec leurs filiales à l'étranger et en donnant aux entreprises l'opportunité de conquérir des marchés à l'international.

b) Des usages qui se diversifient

En 1997, 23 % des entreprises industrielles utilisaient Internet pour rechercher des informations , alors que 21 % des entreprises accédaient à une messagerie électronique et seulement 12 % diffusaient des informations sur Internet.

En 1999, cette hiérarchie est confirmée, mais les entreprises sont presque trois fois plus nombreuses à être en quête d'informations sur le réseau (64 %). En second lieu, 61 % des entreprises communiquent sur Internet par la messagerie électronique qui est devenue un outil instantané, bon marché et complémentaire au courrier, mais aussi au téléphone et à la télécopie. Cette deuxième application de l'Internet est aujourd'hui complètement intégrée par les grandes entreprises (93,5 %).

Le troisième type d'usage concerne les transferts de fichiers, que pratiquent 53 % des entreprises industrielles.

Enfin, seulement 15 % des entreprises industrielles passent des commandes en ligne à leurs fournisseurs par l'Internet. Ainsi, les entreprises sont beaucoup plus nombreuses à passer commande chez les fournisseurs (15 %) qu'à recevoir, via leur serveur, des commandes de leurs clients (9 %). Tout se passe comme si, à une attitude de " consommateur " vis-à-vis de l'Internet, succédait un comportement d'offreur de services dont les industriels ont, dans un premier temps, tiré profit.

Comme pour l'usage général de l'Internet, le secteur des combustibles et carburants, les secteurs producteurs de technologies de l'information et de la communication (TIC), aussi bien que l'édition-imprimerie, la pharmacie et l'automobile se distinguent par une pratique plus importante des commandes en ligne .

39 % des industriels ont fait le choix de mettre en place un site propre à leur entreprise , ainsi que six grandes entreprises sur dix, ainsi qu'une entreprise sur deux dans l'énergie, la pharmacie-parfumerie ou les équipements électriques et électroniques.

Le premier type d'utilisation de ces sites pour les entreprises est la communication institutionnelle qui vise à se donner un surcroît de notoriété et une image de modernité.

Le second type d'utilisation pour ces sites est le commerce électronique . Cette activité marchande comporte plusieurs niveaux : le marketing (mise en ligne de catalogues de produits et de prix), la transaction commerciale (réception de commandes) et le paiement en ligne sécurisé. Si les industriels voient dans l'Internet un moyen moderne et performant d'échanger des informations, la majorité d'entre eux ne le considèrent pas encore comme un outil de transactions commerciales à part entière.

24,5 % des entreprises industrielles ont un site marchand, à partir duquel elles diffusent des informations commerciales utiles aux clients (catalogues de produits ou de prix). Ces proportions sont, bien entendu, plus élevées dans les grandes entreprises de plus de 500 salariés : 38,7 % ont un site marchand et y diffusent des informations commerciales. Les sites marchands sont plus fréquents dans les secteurs industriels liés aux TIC (équipements électriques et composants), ainsi que dans les équipements du foyer (entre 30 % et 40 %). Mais c'est dans le secteur de l'énergie que cette présence est la plus marquée.

Près d'une entreprise industrielle sur dix a d'ores et déjà franchi l'étape supplémentaire : effectuer des transactions commerciales en ligne . Ces transactions prennent la forme soit du commerce interentreprises (" business to business " ou " B2B "), prédominant dans l'industrie manufacturière, soit de la vente directe au consommateur (" business to consumer " ou " B2C "), formule moins développée dans l'industrie. Certaines entreprises ont pris conscience des opportunités que pouvait offrir le commerce électronique. Il s'agit en particulier de la mise au point de plate-formes d'achat régissant les relations commerciales avec les fournisseurs.

Si les grandes entreprises ne sont, à l'heure actuelle, guère plus nombreuses que les PMI à avoir adapté leur site pour la réception de commandes en ligne (respectivement 14 % et 9 %), 31 % des grandes entreprises (contre seulement 22 % des PMI) prévoient de doter, d'ici 2001, leur serveur de fonctionnalités interactives permettant au client de passer commande sur leur serveur. Hors secteur des TIC, ce sont les entreprises des secteurs de l'édition-impression et de l'aéronautique qui mettent d'ores et déjà le plus en oeuvre cette fonctionnalité (14 % et 12 %).

Enfin, le paiement en ligne sécurisé, ultime étape, ne concerne que 3,3 % des entreprises industrielles pour l'essentiel dans l'énergie, les composants et l'édition. Les entreprises sont encore réticentes à utiliser les technologies de l'internet pour leurs transactions financières, car elles craignent pour la sécurité des transactions.

Le tableau ci-après, issu de l'enquête précitée du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, montre que plus les entreprises industrielles sont grandes, technologiques, exportatrices et innovantes et plus elles sont utilisatrices d'Internet.

LES ENTREPRISES UTILISATRICES D'INTERNET

En % des entreprises

Connexion à l'internet

Existence d'un site

Réception des commandes en ligne

Grandes entreprises

97,7

70,5

13,6

PMI

67,6

38,1

8,9

haute technologie

85,6

51,5

9,2

basse technologie

64,3

36,2

8,9

taux d'export > 25 %

83,0

52,4

10,2

taux d'export <25 %

64,0

35,0

8,6

filiales de groupe

82,1

47,9

9,5

indépendantes

59,2

33,3

8,6

entreprises innovantes

80,5

49,6

11,1

entreprises non innovantes

58,7

30,5

7,3

Source : Sessi-enquête TIC 1999

* 1 " Les 4 pages du SESSI " n°s 133 à 137, été 2000.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page