IV. LES ARMEMENTS

1. La suspension de longue durée du programme antinavires futur (ANF)

Prévu dans le budget de l'an passé, le programme de missile antinavires futur " ANF " a été finalement suspendu en cours d'année. Il devait remplacer la famille de missiles Exocet dès 2005 et équiper les frégates Horizon, le Rafale et le SMAF. La commande de 200 missiles pour un montant de 3,4 milliards de francs était jusque là programmée.

La Marine a cependant réévalué son besoin en armement antinavires au regard de l'évolution de la menace et du besoin de renouvellement de sa flotte de surface.

En effet, l'action des marines se concentrant dans les zones côtières en soutien d'opérations de projection et les principales marines étrangères n'envisageant pas de se doter de telles armes avant 2010-2015, la menace contre les navires de surface a diminué et les scénarii justifiant l'emploi de missiles supersoniques semblent peu probables à moyen terme. Par ailleurs, l'ensemble des moyens de détection avancée fournis par le groupe aéronaval et les sous-marins d'attaque doivent permettre d'agir à distance pour neutraliser à sa source une menace potentielle.

Sans désapprouver la décision prise à propos de la suspension de l'ANF et tout en partageant l'analyse géopolitique et financière qui l'explique, votre rapporteur s'étonne et regrette que le Parlement, à travers ses commissions spécialisées ou ses rapporteurs spéciaux ou pour avis, n'ait été en aucune manière et à aucun moment consulté ou même informé autrement que par voie de presse, alors même que la décision a été prise quelques semaines seulement après le vote du budget 2000 dans lequel l'ANF était inscrit.

La Marine a donc donné sa préférence à un maintien à niveau des performances de l'Exocet combiné à des moyens défensifs de guerre électronique et de destruction à courte portée pour traiter la menace que représenteraient des marines de moins grande envergure mais équipées de missile mer-mer. Le développement et la construction d'une version modernisée de l'Exocet paraît néanmoins indispensable pour assurer la pérennité du site de fabrication et le maintien des parts de marché à l'exportation de l'industriel.

La Marine pourrait également se porter acquéreur de missiles héliportés, comme le Polyphème , visant à traiter des cibles de moindre importance que des bâtiments hauturiers de premier rang comme des vedettes lance-missiles.

Ainsi, le maintien à niveau des missiles de la famille Exocet jusqu'en 2020 impose d'acheter un complément de stock d'une trentaine de missiles neufs, de remotoriser les missiles existants et de moderniser les autodirecteurs :

- les missiles MM38 (mer-mer) seront remotorisés et conduits jusqu'à leur fin de vie en 2015. A cette date, les six frégates de surveillance devraient assurer leur défense antinavires grâce à leur artillerie de 100 mm et un missile léger héliporté ;

- des achats de missiles AM39 (air-mer) seront réalisés et son adaptation au Rafale standard F3 étudiée pour pallier le retrait des Super-Etendard en 2010 ; le Rafale F2, pourtant de configuration air-sol, ne disposerait donc pas de cette capacité d'assaut à la mer  ;

- le missile SM39 sera embarqué à bord du SMAF.

2. Le programme de torpille légère MU90

La torpille MU90 est issue d'un programme franco-italien qui a débuté en 1991. Les 50 premières torpilles seront livrées en 2001 à la suite d'une première commande globale franco-italienne de 500 torpilles, dont 200 pour la France, notifiée en 1998. Jusqu'à l'année dernière, les deux marines devaient commander 600 torpilles chacune mais la France a réduit sa commande totale à 450.

Cette nouvelle torpille doit remplacer d'ici 2010 l'ensemble des armes anti-sous-marines des bâtiments et aéronefs de la Marine et devrait être capable de détruire les sous-marins nucléaires et conventionnels des prochaines décennies dont le sous-marin russe de type " Kilo " est un bon exemple. Les premières torpilles seront attribuées à des frégates de type " Georges Leygues " et pourraient être adaptées à l'hélicoptère WG13 Lynx.

Le coût total du programme pour la France est évalué à 7,7 milliards de francs dont environ 50 % pour le développement. Le coût de production des 450 torpilles est évalué à 3,5 milliards de francs pour un coût unitaire de 4,9 millions de francs. Le projet de loi de finance pour 2001 prévoit 354 millions de francs de crédits de paiement pour ce programme.

Il n'est pas prévu pour l'instant de développer une torpille lourde nouvelle pour équiper les SMAF. Elles seront acquises " sur étagères ". Les torpilles lourdes F17 resteront en service jusqu'en 2020. 6 millions de crédits de paiement seront consacrés en 2001 à leur remise à niveau.

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