II. EXAMEN DE L'AVIS

Au cours d'une première réunion tenue le mardi 30 octobre 2001, sous la présidence de M. Nicolas About, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Marcel Lesbros sur le projet de loi de finances pour 2002 (crédits consacrés aux anciens combattants ).

M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis, a présenté les grandes lignes de son rapport pour avis (cf. exposé général du présent avis).

M. Louis Souvet a, à son tour, considéré que le bilan du Gouvernement en faveur des anciens combattants était très mitigé. S'il s'est réjoui de la meilleure reconnaissance de la troisième génération du feu, il a regretté la diminution des moyens budgétaires tout en reconnaissant que cette tendance à la diminution était déjà ancienne. Il a enfin jugé nécessaire d'insister lors de la discussion budgétaire, sur la situation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes, qui ne bénéficient toujours d'aucune indemnisation, et sur la fixation d'une date de commémoration des victimes de la guerre d'Algérie, tout en observant qu'actuellement aucune date ne faisait l'objet d'un consensus.

M. Gilbert Chabroux s'est étonné de la présentation très défavorable du budget par le rapporteur. Il a estimé que les échéances électorales à venir devaient contribuer à expliquer cette présentation qu'il a jugée très injuste. Il a alors insisté sur les nombreuses évolutions très positives prévues par le présent budget mais aussi sur l'ensemble des mesures prises par le Gouvernement depuis 1997 en faveur des anciens combattants. Il a ainsi estimé qu'une très grande partie du contentieux avait été réglée. Observant que le secrétaire d'Etat annonçait une augmentation de la dotation budgétaire moyenne par « ressortissant potentiel » de l'ordre de 9 % depuis 1997, il s'est interrogé sur les analyses divergentes du rapporteur.

Mme Gisèle Printz s'est inquiétée de l'absence d'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes, indiquant que ces incorporés de force étaient le plus souvent des femmes.

M. Marcel Lesbros , rapporteur pour avis, a indiqué qu'il avait souhaité dresser un bilan objectif de l'action du Gouvernement. Il a estimé que les nombreuses mesures positives prises par le Gouvernement depuis 1997 ne devaient cependant pas masquer les carences de son action, qu'il s'agisse par exemple de la décristallisation, de la situation des veuves ou de celle des incorporés de force.

Il a indiqué que la divergence entre les calculs du Gouvernement et les siens tenait au champ de la population prise en compte. A cet égard, il a regretté que le Gouvernement n'évalue son effort budgétaire qu'au regard des seuls pensionnés, alors que ceux-ci ne représentent qu'un peu plus de 10 % du nombre de ressortissants de l'ONAC. C'est pourquoi il a estimé plus significatif de comparer l'évolution des crédits à celle du nombre de ressortissants de l'ONAC, ce qui l'avait amené à conclure à une diminution de la dotation budgétaire par ressortissant sur la période.

Il a précisé que le projet de budget n'apportait en l'état aucune avancée en faveur de l'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes. Il a néanmoins jugé souhaitable que cette question soit réglée rapidement.

M. Alain Gournac a déclaré partager le point de vue du rapporteur sur le bilan très mitigé du Gouvernement en faveur des anciens combattants. Il a également souligné les graves conséquences de la fermeture des maisons de retraite de l'ONAC, citant en exemple la fermeture de celle située dans les Yvelines. Il a enfin fait part de ses réticences sur la date du 19 mars, observant qu'il y avait eu de nombreuses victimes après le 19 mars 1962 et qu'il était, en conséquence, difficile de retenir cette date pour la commémoration des victimes.

M. André Vantomme est à son tour revenu sur la question des maisons de retraite de l'ONAC. Il a ainsi jugé que le vieillissement de la population des anciens combattants et le risque d'une « ghettoïsation » de ceux-ci pouvaient justifier la fermeture de certaines maisons de retraite.

M. Marcel Lesbros , rapporteur pour avis, a indiqué qu'entre 1999 et 2000, cinq des quinze maisons de retraite de l'ONAC avaient été fermées, ce qui s'était souvent traduit par de réelles difficultés pour leurs pensionnaires. Il a toutefois observé que les personnes âgées privilégiaient de plus en plus les maisons de retraite de proximité, ce qui n'était pas sans incidence sur l'implantation et l'avenir des maisons de retraite de l'ONAC.

M. Nicolas About, président , a regretté l'absence de mesures en faveur de la décristallisation. Il a considéré que la France s'honorerait en faisant un geste fort en faveur de ses anciens combattants d'outre-mer.

A l'issue de ce débat, la commission a décidé d'émettre un avis défavorable à l'adoption des crédits des anciens combattants pour 2002 et d'émettre un avis favorable à l'adoption des articles 61, 62, 63 et 64 rattachés au budget des anciens combattants.

*

* *

Au cours d'une seconde réunion tenue le mardi 27 novembre 2001, sous la présidence de M. Nicolas About, président, la commission a procédé à un nouvel examen du présent rapport pour avis, suite aux modifications apportées en première lecture par l'Assemblée nationale.

M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis , a rappelé que la commission avait examiné, le 30 octobre dernier, le projet de budget des anciens combattants pour 2002 et que celle-ci avait alors donné un avis défavorable à son adoption.

Après avoir indiqué que son examen en première lecture à l'Assemblée nationale s'était traduit à la fois par une légère majoration des crédits et par l'adoption d'un article additionnel rattaché à ce budget, il a considéré qu'il importait de l'examiner à nouveau, non seulement pour donner un avis sur le nouvel article rattaché, mais aussi pour juger si les modifications intervenues étaient de nature à remettre en cause l'avis adopté par la commission le 30 octobre dernier.

Il a indiqué que la première modification résidait dans une majoration des crédits à hauteur de 3 millions d'euros : 1,5 million en faveur des crédits sociaux de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) et 1,5 million afin de permettre la réversion des pensions militaires d'invalidité aux ayants cause dans les pays où ces pensions sont aujourd'hui cristallisées.

Il a jugé que ces majorations allaient, certes, dans le bon sens mais ne devaient pas être surestimées puisqu'elles ne représentaient que 0,08 % des crédits initiaux.

Il a alors estimé qu'elles n'étaient pas suffisantes pour justifier une modification de l'avis de la commission sur les crédits des anciens combattants pour 2002.

Abordant l'article 64 bis nouveau (rapport sur les psychotraumatismes de guerre), M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis , a estimé que cette disposition permettrait de mieux connaître les psychotraumatismes de guerre et d'explorer les modalités pratiques d'une meilleure prise en charge, même si la nécessité d'une disposition législative pour demander un rapport ne lui apparaissait pas forcément évidente.

Il a enfin souhaité profiter de la réouverture de l'examen du budget des anciens combattants pour présenter trois amendements portant articles additionnels.

Le premier, issu d'une proposition de loi déposée par M. Nicolas About, président, autorise le partage de la réversion de la pension militaire d'invalidité entre les conjoints survivants.

Le deuxième vise à lever une difficulté d'application née de l'article 109 de la loi de finances pour 2001, la levée de la forclusion pesant sur l'attribution de la retraite du combattant dans les anciennes colonies ayant oublié les Etats de l'ex-Indochine.

Le troisième tend également à lever un obstacle d'ordre juridique, le Gouvernement ayant inscrit les crédits budgétaires pour la réversion des pensions dans les anciennes colonies, mais n'ayant curieusement pas prévu de modification législative autorisant une telle réversion.

M. Nicolas About, président , a indiqué que la possibilité de partage de la réversion de la pension militaire d'invalidité entre les conjoints survivants était une mesure d'équité et permettrait d'aligner le régime de ces pensions sur celui des pensions de réversion de la fonction publique et de la sécurité sociale.

M. Guy Fischer a estimé que les amendements proposés par le rapporteur pour avis étaient des amendements de « bon sens », mais a regretté qu'il ne propose pas de prendre en compte les modifications intervenues à l'Assemblée nationale pour émettre un avis favorable à l'adoption de ce budget.

M. Claude Domeizel a également considéré que les amendements du rapporteur pour avis étaient des propositions raisonnables. Il s'est toutefois demandé s'il n'était pas possible de régler les difficultés des anciens combattants résidant dans les pays de l'ex-Indochine par voie de circulaire. Il a enfin estimé que le rapporteur pour avis avait reconnu implicitement les avancées en faveur du monde combattant rendues possibles par le présent budget.

M. André Vantomme s'est, à son tour, prononcé en faveur de l'adoption des amendements présentés par le rapporteur pour avis et a insisté sur les mesures nouvelles adoptées à l'Assemblée nationale.

Mme Gisèle Printz a regretté, pour sa part, que le projet de budget n'apporte aucune réponse à l'absence d'indemnisation des personnes incorporées de force dans les formations paramilitaires allemandes.

M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis, a alors considéré que cette absence d'indemnisation, indemnisation pourtant demandée depuis plusieurs années par la commission, constituait, entre autres, l'une des insuffisances de ce budget et a justifié en conséquence sa proposition d'avis défavorable.

La commission a alors confirmé son avis défavorable à l'adoption des crédits relatifs aux anciens combattants. Elle a émis un avis favorable à l'adoption de l'article 64 bis. Elle a enfin adopté les trois amendements présentés par le rapporteur pour avis portant chacun création d'un article additionnel après l'article 64 bis.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page