II. LES CONDITIONS D'UNE REVALORISATION DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

A. L'ANNONCE D'UNE VALORISATION DE LA VOIE PROFESSIONNELLE ET DE LA FORMATION AUX MÉTIERS

Lors du conseil des ministres du 13 novembre 2002, le ministre a présenté une communication sur « la valorisation de la voie professionnelle et la formation aux métiers ».

1. La nécessité d'une diversification des voies de formation

La valorisation de la voie professionnelle est d'autant plus nécessaire que des chiffres publiés le 12 novembre 2002 par le ministère ont montré un recul, lors de la dernière session, des diplômes de l'enseignement technique et professionnel, tant en nombre qu'en pourcentage de réussite : 790 439 diplômes ont été délivrés en 2001 contre 818 085 en 2000, alors que le taux moyen de réussite est passé de 74,5 % à 73,8 %. Ce recul est particulièrement net au niveau du CAP et du BEP, surtout en raison d'une baisse démographique, mais également d'une augmentation de l'orientation vers des filières technologiques ou générales.

Dans sa communication, le ministre a justifié la nécessité de diversifier les voies de formation dès le collège, par le double souci de réduire le nombre de jeunes sortant de l'école sans diplôme, et de répondre aux besoins économiques et sociaux de la Nation. Les objectifs fixés sont triples : améliorer les conditions d'entrée dans les formations professionnelles, clarifier les parcours de formation et les possibilités de poursuite d'études, renforcer et valoriser les formations professionnelles en tenant compte des complémentarités entre les voies professionnelles et technologiques.

Il a également rassuré ceux qui pourraient s'inquiéter de ses projets en matière d'orientation précoce vers le monde du travail en estimant que « casser le collège unique serait une absurdité » et qu'il fallait que les élèves restent des collégiens sous statut scolaire en diversifiant toutefois leurs parcours. Il a ajouté que le point le plus important concernait l'orientation et le choix proposé aux élèves dès le collège pour que l'enseignement professionnel n'apparaisse plus comme une voie de relégation, mais comme une voie d'excellence, ce qui suppose un niveau d'enseignement général élevé.

2. Les sept chantiers retenus

Sept chantiers ont été retenus par le ministre pour réussir la relance de l'enseignement professionnel, ceux-ci prolongeant dans une large mesure les actions non négligeables engagées par ses prédécesseurs :

- mieux équilibrer les modes d'enseignement : dès la classe de sixième, les activités et modes d'enseignement des formations technologiques et professionnelles seront proposés à tous les élèves ;

- mieux préparer l'entrée dans la voie professionnelle : par convention avec les entreprises et les lycées professionnels avoisinants, les collèges pourront proposer à des élèves volontaires, dès la classe de quatrième, des dispositifs en alternance, combinant enseignement général, enseignement professionnel et découverte des métiers par le biais de stages en entreprises ; il a été précisé que 20 000 élèves étaient d'ores et déjà dans ces structures de classes en alternance ;

- améliorer l'information et l'orientation : un rapprochement des lycées professionnels et des collèges est préconisé pour organiser l'information des enseignants, des élèves et de leurs parents sur les métiers auxquels préparent les formations professionnelles ;

- promouvoir le « lycée des métiers » : les structures réunissant les filières technologiques et l'ensemble des diplômes professionnels dans un même établissement autour d'un champ professionnel seront développées. Une circulaire précisera comment les lycées offrant des formations professionnelles pourront s'engager dans une démarche de qualité permettant d'obtenir le label ;

- clarifier les parcours de formation : la mise en cohérence des diplômes (CAP/BEP) sera poursuivie. Par ailleurs, dans les domaines où la poursuite d'études vers le baccalauréat professionnel devient générale, différents cursus seront proposés, en particulier l'accès au baccalauréat en trois ans, contre quatre actuellement, qui fait déjà l'objet d'une expérimentation. Enfin, dans un souci de décentralisation, chaque académie se verra accorder le droit de définir les parcours d'accès vers les formations technologiques supérieures ;

- mieux adapter l'offre de formation : l'offre et les contenus de formation des lycées professionnels devraient évoluer en permanence afin de répondre de manière satisfaisante aux besoins et de garantir aux élèves les meilleures chances d'insertion professionnelle ;

- organiser la poursuite des études : il s'agit de garantir aux élèves engagés dans les voies professionnelles et technologiques les meilleures chances d'être accueillis dans les formations technologiques supérieures (STS ou IUT). Les recteurs devront en outre veiller au bon équilibre des ouvertures de licences professionnelles, qui doivent rapprocher, par conventions, lycées (STS) aussi bien qu'IUT et université.

Le ministre a également annoncé une mesure en direction des enseignants, c'est-à-dire l'organisation d'un stage obligatoire en lycée professionnel durant les études en IUFM pour « en finir avec le mépris » qui pèse sur ces lycées. Le ministre qui se dit ouvert à la discussion sur la mise en application des orientations fixées, va entreprendre dans les prochaines semaines un « tour de France » des lycées professionnels pour rencontrer les proviseurs, les chefs de travaux et les équipes pédagogiques.

Votre commission consacrera quelques développements à trois de ces chantiers, c'est-à-dire à l'orientation des élèves, à l'expérimentation de l'alternance au collège et au développement du lycée des métiers.

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