EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 30 avril 2003 , sous la présidence de M. Jean Arthuis, président , la commission a procédé à l' examen du rapport pour avis de M. Gérard Braun sur le projet de loi n° 262 (2002-2003), adopté par l'Assemblée nationale, habilitant le Gouvernement à simplifier le droit .

Après avoir rappelé aux membres de la commission que ce projet de loi avait été annoncé par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale du 3 juillet 2002, M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a indiqué que la codification constituait un aspect de la simplification, puisqu'elle facilitait l'accès au droit.

M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a également rappelé que le rapport spécial sur les crédits de la fonction publique et de la réforme de l'Etat pour 2003, ainsi qu'une communication de juillet dernier, lui avaient déjà donné l'occasion de dresser un tableau nuancé du chemin accompli en matière de simplifications. Compte tenu du fait que les simplifications opérées par le passé, pour significatives que furent certaines d'entre elles, n'avaient pas été, dans leur ensemble, à la hauteur des ambitions qui les avaient précédées, il a justifié que le Gouvernement procédât par ordonnances, gages de rapidité et d'efficacité.

En effet, M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a souligné que les simplifications requises présentaient généralement un caractère technique marqué, face auquel le Gouvernement était sans doute mieux armé. En effet, les simplifications administratives requerraient l'expertise continue de l'ensemble des administrations concernées. Par ailleurs, il s'est référé aux termes mêmes de la décision rendue par le Conseil constitutionnel, selon laquelle la codification répondait, en effet, « à l'objectif de valeur constitutionnelle d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi », pour conclure à l'urgence de toute entreprise de codification. La technique de l'habilitation devait permettre de pallier l'encombrement de l'ordre du jour des assemblées, sans porter de préjudice notable à la qualité de la codification, compte tenu, notamment, de la qualité du travail de la commission supérieure de codification.

Il s'est ensuite référé aux propos tenus par M. Henri Plagnol, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, auditionné au Sénat le 1er avril 2003, qui avait indiqué qu'il souhaitait un véritable débat sur le contenu des ordonnances lors du vote de leur ratification, et qu'il souhaitait, au surplus, une association spécifique des parlementaires à leur élaboration. M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a indiqué que ce dernier voeu était en passe d'être réalisé, puisque l'Assemblée nationale avait adopté, à cet effet, un amendement instituant un Conseil d'orientation de la simplification administrative.

Il en a conclu que les préventions qui subsisteraient avaient donc lieu de s'estomper.

Puis il a précisé le champ de compétence de la commission, qui avait entendu se saisir pour avis de l' article 18 , des 4° et 5° de l'article 21 , et du 4° de l'article 27 du présent projet de loi d'habilitation, tandis que la commission des lois avait bien voulu déléguer à la commission l'examen de l' article 5 et du 10° de l'article 21 , qui avaient, en effet, requis des compétences qui apparaissaient globalement de son ressort.

Il a alors présenté le contenu des différents articles soumis à la commission.

A l' article 5 , l'habilitation concernait la simplification des relations entre usagers et administration fiscale, et la rationalisation des modalités d'option pour certains régimes fiscaux. M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a indiqué que cet article, qui visait des difficultés bien répertoriées, méritait un accueil favorable, à condition d'être mieux circonscrit par deux amendements : d'une part, un premier amendement supprimait un complément d'habilitation destiné à assurer le respect de la présomption d'innocence en matière fiscale, principe auquel la loi du 8 juillet 1987 modifiant les procédures fiscales avait déjà donné une consistance suffisante. Il a souligné que ce complément d'habilitation avait été introduit en première lecture à l'Assemblée nationale contre l'avis du Gouvernement et du rapporteur de la commission de lois de l'Assemblée nationale. D'autre part, un second amendement précisait utilement que l'habilitation de l'article 5 ne pouvait donner lieu à des dépenses fiscales nouvelles, ce qui correspondait d'ailleurs aux intentions précédemment formulées par le Gouvernement.

Puis M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a présenté l'article 18 , par lequel le Gouvernement était habilité à prendre diverses mesures relatives à la réalisation et à l'utilisation des enquêtes statistiques obligatoires concernant les professionnels. Il devait en résulter, selon lui, un accès facilité et des économies d'échelles particulièrement bienvenus.

Abordant les 4° et 5° de l'article 21 , prévoyant d'habiliter le Gouvernement à prendre diverses mesures de rationalisation du droit des valeurs mobilières et du régime des SARL, il a précisé que le contenu de ces mesures, très attendu, était susceptible de s'inspirer largement de propositions déjà formulées par la commission.

Ensuite, M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a souligné l'opportunité du 10° du même article , permettant l'instauration d'un seuil de sensibilité concernant les affaires du ressort du Conseil de la concurrence, et le relèvement du seuil de contrôle des concentrations, et constaté son adéquation à des souhaits déjà exprimés par la commission.

Enfin, il a abordé le 4° de l'article 27 , habilitant le Gouvernement à prendre les mesures législatives nécessaires pour modifier et compléter le code monétaire et financier. Il a salué la reprise du processus de codification dans les matières bancaires et financières, tout en soulignant la nécessité d'un amendement précisant qu'une table de concordance devrait être publiée Journal officiel, ce qui aurait pour effet de faciliter et fiabiliser le travail des praticiens du droit.

Il a alors indiqué que, si les durées de l'habilitation, fixées à 18 mois pour le 4° de l'article 27 et à 12 mois pour les autres articles, pouvaient apparaître relativement longues au regard de la pratique habituelle, elles apparaissaient finalement raisonnables compte tenu des ambitions du texte.

Un large débat s'est alors instauré. M. Yves Fréville s'est interrogé sur l'étendue des modifications devant être apportées au code général des impôts dans le cadre de la présente habilitation. M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , a précisé que le projet de loi d'habilitation ne visait pas à la « recodification » du code général des impôts, dont il comptait invoquer par ailleurs l'utilité dans son rapport, mais visait, dans son article 5, essentiellement à la simplification des rapports entre les usagers et l'administration, et, accessoirement, à remédier à l'obsolescence de certaines dispositions du code général des impôts.

M. Yves Fréville a indiqué que, selon lui, le Parlement avait également contribué à la complexité du code général des impôts.

Mme Marie-Claude Beaudeau a ensuite manifesté son hostilité au principe même d'une telle habilitation, qui dessaisit le Parlement. M. Gérard Braun, rapporteur pour avis , lui a, d'une part, précisé que la loi d'habilitation n'engendrait qu'une extension provisoire du domaine réglementaire, d'autre part, indiqué que le Gouvernement s'était engagé à ratifier explicitement les ordonnances, sur lesquelles un débat pourrait ainsi s'engager, débat qui serait suivi d'un vote à l'issue duquel elles acquerraient pleine et entière valeur législative.

Au terme de cet examen, la commission a émis , sous réserve de l'adoption de ses trois amendements, un avis favorable sur les dispositions du projet de loi habilitant le Gouvernement à simplifier le droit .

M. Jean Arthuis, président , a ensuite évoqué le problème général posé par les centrales d'achat, regrettant qu'il n'en ait pas été prévu le règlement dans le cadre de l' article 18 du présent projet de loi d'habilitation.

Puis M. Philippe Marini, rapporteur général , est revenu sur l'article 21 du présent projet pour s'interroger sur les conséquences d'une succession trop rapide de textes concernant le droit des sociétés, qu'il s'agisse de la loi sur l'initiative économique, du présent projet de loi, ou d'un texte à venir, concernant, à nouveau, l'initiative économique, susceptible d'engendrer une instabilité du droit préjudiciable aux acteurs économiques.