3. Le retour de la question sanitaire

a) Une situation sanitaire en voie d'amélioration

Depuis cinquante ans, la situation sanitaire dans les DOM et à Mayotte s'est profondément améliorée. Toutefois, l'apparition ou la persistance de certaines pathologies reste préoccupante, avec des particularités spécifiques à chaque département.

* En Guadeloupe , la structure de mortalité est marquée par une proportion élevée (40 %) de décès survenant prématurément, c'est-à-dire avant 65 ans. La surmortalité masculine est surtout marquée entre 15 et 25 ans et le risque de décès est quatre fois plus élevé qu'en métropole, en particulier à cause des accidents de la circulation.

La Guadeloupe reste, avec la Guyane, le département d'outre-mer le plus touché par le virus du sida (près de 2.700 cas). Enfin, les maladies infectieuses ont toujours un impact non négligeable sur la mortalité : elle est cinq fois plus élevée en Guadeloupe qu'en métropole pour les enfants de moins de cinq ans.

* L'état sanitaire de la Martinique s'est beaucoup amélioré, ce qui a eu pour conséquence de relever l'espérance de vie des Martiniquais à un niveau comparable à celui de la métropole, c'est-à-dire 75 ans pour les hommes et 80,8 ans pour les femmes. Parmi les actuelles causes de mortalité, le diabète est, après l'hypertension artérielle la deuxième pathologie la plus fréquente chez les patients hospitalisés.

* En Guyane , l'espérance de vie à la naissance est inférieure, d'environ quatre ans à celle de la métropole et le taux de mortalité infantile est de 12,5 % contre 4,6 % en Métropole. Il faut noter cependant la surmortalité importante due aux maladies infectieuses qui persiste : l'ensemble des maladies infectieuses et parasitaires, des maladies de l'appareil circulatoire et des tumeurs représente au total 40% des décès prématurés.

* L'état de santé à la Réunion s'est également beaucoup amélioré : l'espérance de vie à la naissance est de 75,2 ans. Ce sont les maladies de l'appareil circulatoire qui sont responsables de près d'un tiers des décès, constituant ainsi la première cause de mortalité à la Réunion, notamment à cause du diabète qui augmente très fortement avec l'âge. Quant aux pratiques addictives, entre 35 et 64 ans, un décès masculin sur trois est dû à l'alcoolisme (psychoses alcooliques en particulier) ; tandis que les femmes continuent d'être davantage touchées par les cirrhoses alcooliques (première cause de décès pour les 25-64 ans), et ce, alors même que la consommation d'alcool y est plus faible qu'en métropole et qu'il existe 40 % d'abstinents contre 28 % en métropole.

* Enfin, la population de Mayotte est confrontée aux problèmes de santé des pays tropicaux, avec un nombre important de pathologies infectieuses et parasitaires. L'évolution rapide des modes de vie vers un modèle occidental entraîne également l'apparition de nouveaux comportements : conduites addictives et pathologies induites (alcoolisme) ou encore accidents de voie publique.

b) Un accès aux soins encore problématique

L'offre de soins en outre-mer reste inégalitaire et affiche des retards importants avec la métropole.

La situation sanitaire y est structurellement fragile, notamment en matière d'offre hospitalière publique (structures de soins aux équipements vieillissants et à obsolescence rapide en raison des conditions locales d'exploitation, retards d'équipements, structures de psychiatrie défaillantes et sous-équipées, CHU en difficulté, etc.), même si ce constat doit être nuancé selon les départements.

En outre, des problèmes spécifiques relatifs à l'immigration se posent notamment à Saint-Martin, Mayotte ou en Guyane.

Par ailleurs, du fait de leur isolement et du niveau de rémunération de leurs personnels, les établissements des DOM supportent des surcoûts , que l'on peut estimer de l'ordre de 25 % pour les Antilles et 30 % pour la Réunion, par rapport aux coûts moyens métropolitains.

Enfin, il faut rappeler que le recours aux établissements hospitaliers est le mode le plus répandu d'accès aux soins en raison du niveau de ressources des habitants et d'une faible offre privée en ambulatoire comme en établissements. Ainsi, à la Réunion, le coût des consultations est supérieur de 15 % aux coûts pratiqués en métropole et celui des médicaments de 30 %. Dans l'ensemble des DOM, 367.000 personnes bénéficient de la couverture maladie universelle (CMU), soit 30 % des habitants, contre 7 % en métropole .

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