2. Des situations encore contrastées selon les départements

a) Des écarts qui se creusent

Malgré cette amélioration générale des chiffres du chômage, on continue d'observer des disparités importantes entre les DOM et la métropole et entre DOM eux-mêmes, ce qui témoigne, au-delà des spécificités communes à ces départements, de l'importance des particularismes propres à chacun d'entre eux.

Ainsi, le taux de chômage des DOM reste encore trois fois supérieur à celui de la métropole (22,6 % à la fin de l'année 2003, soit 164.800 demandeurs d'emploi). Le recul du taux de chômage de longue durée, moins net que l'année précédente, se maintient au niveau largement supérieur dans les DOM (43,6 %) qu'en métropole (29,9 %). L'écart relatif au taux de chômage des jeunes est encore plus significatif.

Taux de chômage des jeunes au sens du B.I.T. (en %)

 

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Guadeloupe

61,4

64,1

64,3

61,0

55,7

51,8

Guyane

56,2

55,5

49,7

46,2

42,9

49,3

Martinique

57,8

62,7

58,4

51,7

50,4

48,1

Réunion

57,9

60,9

60,8

56,3

51

53,0

Métropole

25,4

25,2

20,7

20,4

20,2

20,8

Source : ministère de l'outre-mer

Enfin, la baisse du chômage enregistrée entre août 2003 et août 2004 s'est même ralentie par rapport à la période précédente (août 2002-août 2003), passant de - 8,2 % à - 3,7 % seulement . Dans le même temps, le chômage augmentait respectivement de 5,8 % et de 2,2 % en métropole.

S'agissant des écarts entre les départements eux-mêmes, si le nombre de chômeurs de plus de deux ans d'ancienneté a baissé de 9,4 % pour l'ensemble des DOM, les écarts sont importants entre la Réunion, où il a reculé de 21,7 % et la Guyane où il a augmenté de 14 %. Quant au chômage des femmes, il s'élève à près de 60 % en Martinique, contre 41 % à la Réunion.

A l'inverse, la Guadeloupe affiche de meilleurs résultats que la Réunion, en ce qui concerne les flux de sortie vers l'emploi des demandeurs d'emploi bénéficiaires du RMI : + 32,6 % pour la première et - 1,1 % pour la seconde.

Ces disparités se traduisent plus généralement par une évolution très contrastée du nombre de demandeurs d'emploi :

Variation du nombre de demandeurs d'emploi
dans les DOM entre 2002 et 2003

 

Demandeurs d'emploi

dont moins
de 25 ans

dont chômeurs de longue durée

Guadeloupe

- 1,4 %

- 2,5 %

- 4,8 %

Martinique

- 4,5 %

- 3,2 %

- 7,7 %

Réunion

- 13,8 %

- 14,7 %

- 18,0 %

Guyane

+ 1,8%

+ 4,7 %

- 4,4 %

Métropole

+ 6 %

+ 7,2 %

+ 8,0 %

Source : ministère de l'outre-mer

Cette situation de l'emploi outre-mer conduit votre commission à suggérer les orientations suivantes :

- mener une politique de l'emploi plus adaptée non seulement aux spécificités de l'outre-mer, mais également à chaque département ;

- développer plus nettement les mesures d'insertion dans l'emploi productif et durable, notamment par la création d'une Agence départementale du développement économique chargée d'accueillir les entrepreneurs désireux de créer leur entreprise dans les DOM ;

- obtenir une insertion plus efficace des économies ultramarines dans leur environnement géographique proche, à travers une coopération régionale plus soutenue ;

- relancer la formation professionnelle et les mesures de prévention du chômage.

b) Le cas particulier de Mayotte

Même si des difficultés de recensement fragilisent encore les statistiques disponibles 4 ( * ) , Mayotte connaît une légère baisse de son taux de chômage en 2003 (- 0,8 %) , après une augmentation de 5,5 % du nombre de demandeurs d'emploi en 2002.

On observe aujourd'hui que les femmes représentent toujours une forte majorité avec 66,6 % de l'ensemble des demandeurs d'emploi contre 65,7 % en 2002. Ces dernières sont plus âgées en moyenne que les hommes avec un faible niveau de formation.

Les demandeurs d'emploi sont essentiellement situés dans la tranche d'âge (25-49 ans), représentant 62,5 % du total en 2003, alors que les demandeurs de plus de 50 ans comptent pour 11,3 % des demandeurs. Enfin, la population des jeunes demandeurs de moins de 25 ans représente au total plus d'un quart des demandeurs et compte parmi eux 55 % des femmes.

D'après les données de la DTEFP, 84 % des demandeurs d'emploi ont en 2003 un niveau de formation initiale égal ou inférieur à la 3 ème (contre 93 % en 1999), alors que les diplômés de niveau Bac et plus représentent plus de 6 % des inscrits. Par ailleurs, plus de la moitié des femmes et un tiers des hommes à la recherche d'un emploi ont un niveau inférieur au CM2.

La loi de programme pour l'outre-mer prévoit l'installation d'une antenne de l'ANPE à Mayotte au plus tard le 1 er janvier 2005 . Actuellement, le service de placement est intégré à la direction du travail de l'emploi et de la formation professionnelle. En 2003, ce service enregistre une baisse sensible du dépôt d'offres d'emploi : 1.142 offres ont été collectées contre 511 en 2002, soit plus du double. Plus de 30 % proviennent, d'une part, du secteur agricole suite au recensement effectué par la direction de l'agriculture et de la forêt, d'autre part, de la pêche (régularisation des emplois de pêcheurs et création officielle d'entreprises de pêche). Le secteur gestion-administration est également un secteur important pour la création d'emplois avec près de 14 % des offres.

Ces chiffres masquent cependant une certaine réalité : sur ces 1.142 offres proposées, seules 594 ont été satisfaites en 2003.

* 4 En effet, bien que l'inscription comme demandeur d'emploi soit obligatoire pour bénéficier des mesures d'aide à l'emploi ou à la formation, un grand nombre de chômeurs ne s'inscrivent pas, parce que l'indemnisation du chômage n'existe pas à Mayotte.

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