B. DEUX DÉFIS D'ORDRE SOCIOLOGIQUE

Outre la modification des règles communautaires et internationales de régulation des marchés et de soutien des productions qui ont redéfini le contexte économique dans lequel évolue l'agriculture française aujourd'hui, de nouvelles attentes exprimées par la société sont apparues qui nécessitent une redéfinition de la place de l'agriculture dans la société française.

1. Un défi social

Ainsi que le notait le Conseil économique et social (CES) dans son rapport sur le projet de loi d'orientation agricole 2 ( * ) , « en France, comme dans tous les pays industrialisés, l'agriculture n'est plus, de par sa seule fonction productive, un secteur économique prépondérant, ni une composante socio-politique déterminante si l'on s'en tient à la part sans cesse décroissante que les agriculteurs occupent dans la population active et à leur contribution au PIB. A présent, son importance tient avant tout au rôle crucial qu'elle joue en tant que segment amont des filières d'alimentation et en tant que gestionnaire de l'espace rural (...). Le monde agricole dans son ensemble a conscience de cette situation et de l'effondrement des références fondatrices de la politique agricole de la deuxième moitié du 20 ème siècle sans que pour autant la façon de les remplacer n'apparaisse clairement. (...) L'épuisement de ces références traditionnelles peut être l'occasion d'un renouvellement ».

Un des enjeux essentiels s'agissant de l'agriculture d'aujourd'hui est l'amélioration des conditions de vie et de travail des exploitants et la nécessité de tendre vers la parité de ces conditions avec les autres secteurs de l'économie .

Cette amélioration est cruciale si l'on veut, d'une part, réussir le renouvellement des générations, d'autre part permettre aux agriculteurs de vivre de l'acte de production, ainsi que le soulignait le Conseil économique et social dans son rapport précité.

On dénombre aujourd'hui en France métropolitaine un peu moins de 600.000 exploitations agricoles, dont 60 % sont dites professionnelles, compte tenu de leur dimension économique. Le nombre de ces exploitations professionnelles est en diminution constante, de l'ordre de 2,3 % par an .

En outre, le mouvement des actifs permanents suit celui des exploitations. Hors salariés saisonniers ou occasionnels, 1,2 million de personne travaillent, à temps plein ou partiel, sur l'ensemble des exploitations, dont 875.200 sur les exploitations professionnelles. Chaque exploitation professionnelle emploie, en moyenne, 2,4 actifs. Cette population est constituée à plus de 80 % par la famille des exploitants. Les évolutions à long termes semblent irréversibles : ainsi, le secteur agricole français a enregistré une perte de près de 3 millions d'emplois en quarante ans, la population active agricole passant de 20 % à 4 % de la population active française entre 1962 et 2001.

A l'horizon 2020, selon la pyramide des âges, 250.000 exploitants devraient quitter l'agriculture pour partir à la retraite. De même, plus de 200.000 salariés de la production et 150.000 salariés travaillant dans les différentes organisations professionnelles agricoles partiront à la retraite pendant la même période. Dès lors, comme le souligne le CES dans son avis précité, « il faut faire du renouvellement des générations en agriculture un enjeu partagé par l'ensemble de la société et faire de la transmission des exploitations un axe vital du devenir des exploitations ».

En outre, réussir le renouvellement des générations consiste également à prendre en compte les nouvelles pistes d'incitation à l'installation et à miser plus particulièrement sur les formes sociétaires de l'installation.

* 2 Avis du Conseil économique et social présenté par M. Gaël Grosmaire, rapporteur au nom de la section de l'agriculture et de l'alimentation, adopté par le CES au cours de sa séance du mercredi 11 mai 2005.

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