C. UNE FACETTE ESSENTIELLE DE NOTRE RAYONNEMENT CULTUREL : L'EXPORTATION DE PROGRAMMES AUDIOVISUELS

Le ministère des affaires étrangères soutient les actions en faveur de l'exportation de programmes audiovisuels que conduit TV France International, en lui apportant une subvention annuelle (1 million d'euros en 2005) et en lui apportant le concours du réseau des attachés audiovisuels. L'association, qui regroupe plus de 150 sociétés de production et de distribution françaises, est également financée par le CNC (1,9 million d'euros en 2005), la Société des producteurs de cinéma et de télévisions (PROCIREP), des sponsors et les cotisations de ses membres qui, de plus, contribuent au financement de toutes les activités auxquelles ils participent.

TV France International fédère les exportateurs français, au sein d'un pavillon commun, dans une quinzaine de manifestations d'envergure auxquelles elle participe 15 ( * ) ou qu'elle organise 16 ( * ) .

Chaque année, TV France International organise « Le Rendez-Vous » qui permet de présenter aux acheteurs étrangers l'ensemble de l'offre française de programmes.

TVFI poursuit également une mission de promotion des programmes français à travers son site Internet qui présente aujourd'hui 20 000 références de titres disponibles sur le marché international, avec des clés de consultation de plus en plus fines et surtout des versions multilingues (anglais, espagnol, japonais et chinois complexe et simplifié).

Enfin, la base de données internationale (BDI) de TVFI sur les besoins et la demande des partenaires étrangers répertorie aujourd'hui 3 300 chaînes, 100 bouquets satellite et plus de 13 000 contacts d'acheteurs régulièrement mis à jour. De nouvelles options et rubriques viennent renforcer sa faculté de veille internationale, avec un accès direct aux événements forts de l'actualité, des analyses détaillées des différents territoires et acteurs du marché ; avec également des commentaires développés sur la programmation et la politique d'achats des chaînes de télévision et la possibilité de télécharger des listings de contacts ciblés.

1. 2004 : une bonne année pour les exportations audiovisuelles françaises

L'année 2004 fait apparaître une progression des ventes (+ 3,7 %) et des préventes (+ 24,5 %) de programmes français sur un marché international qui reste difficile. Après trois années de repli, cette évolution marque une amélioration déjà constatée dans l'évolution favorable de la production nationale. Cette analyse doit toutefois être nuancée selon les genres. Si l'animation et le documentaire renouent véritablement avec la croissance, le contexte difficile persiste pour les ventes de fiction.

L'année 2004 réaffirme la prédominance d'un marché européen au sein duquel l'Italie enlève la place de premier territoire d'exportation à l'Allemagne. Elle révèle également le dynamisme du documentaire et de l'animation hexagonaux. Le premier confirme une progression sensible déjà entamée en 2003. Le second, au sortir d'une année difficile, fait montre d'une impulsion encourageante.

ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS DE PROGRAMMES AUDIOVISUELS FRANCAIS

Source : CNC-TVFI-INA

a) Le documentaire et l'animation, principaux vecteurs de la croissance des exportations

L'année 2004 se traduit par une sortie de crise pour l'animation. Après deux années de recul (- 32,3 % entre 2001 et 2003), les ventes de programmes d'animation progressent de 3,4 % pour s'élever à 39,5 millions d'euros en 2004. Sa place de premier genre à l'exportation se maintient donc très largement, avec 36,5 % des ventes de programmes français à l'étranger.

Pour la troisième année consécutive, le documentaire enregistre une hausse importante de ses ventes à l'international en 2004, à 26,5 millions d'euros contre 24,1 millions d'euros en 2003 (+ 10 %). Il renforce ainsi sa position de deuxième genre français pour les exportations avec 24,5 % des ventes totales.

La vente de fiction à l'international diminue pour la seconde année consécutive (- 11,1 %). L'année 2004 s'impose en effet comme le nouveau point bas des ventes sur ce genre. Ce secteur souffre à l'évidence d'un manque de production nationale tant en volume qu'en format adapté à l'exportation. Toutefois, les dernières évolutions observées sur la production 2004 sont encourageantes.

b) Des exportations majoritairement destinées au marché européen

La zone Europe accroît sa domination sur les autres territoires d'exportation, traduisant à la fois un renforcement de l'Europe de l'Ouest (plus de 60% des ventes) et une montée en puissance de l'Europe centrale. L'année 2004 correspond également à une forte progression des ventes sur les territoires nord-américains ainsi que sur le Moyen-Orient.

La croissance des ventes sur les marchés italien (+3,8 millions d'euros), espagnol (+2,4 millions d'euros), belge (+4 millions d'euros) et germanophones (+2 millions d'euros) explique le renforcement du poids de l'Europe occidentale. La bonne tenue de ces marchés permet largement de compenser la contraction des ventes en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et Luxembourg ou au sein de la zone Scandinavie-Islande. Dans ces conditions, le marché italien, avec un chiffre d'affaires de 14,4 millions d'euros, s'impose désormais comme le principal débouché des programmes audiovisuels français en Europe. Il représente 21,9 % des ventes réalisées en Europe occidentale et supplante ainsi le marché germanophone.

L'Europe centrale affiche une progression de 9,1 % (à 8,7 millions d'euros). Pour la première fois depuis 2000, elle dépasse la zone Asie. Cette évolution profite aux documentaires et fictions. Cette avancée est avant tout le fait de la Russie et de la Communauté des États Indépendants. Avec 58,1 % des achats de la zone, contre 54,1 % en 2003, elle consolide sa place de premier partenaire commercial des exportateurs français sur cette zone. Par ailleurs, hormis la Hongrie et la République Tchèque, qui accusent des baisses limitées, l'ensemble des pays de la zone affiche des importations en hausse.

La dynamique des ventes de programmes français en Amérique du Nord permet à cette zone de renforcer sa position de deuxième client pour les exportateurs français. Les exportations y progressent de 12,7 %, à 16,9 millions d'euros, contre 15 millions d'euros en 2003. Les ventes de programmes audiovisuels français augmentent sensiblement au Canada, progressant de 23,2 % pour atteindre 11 millions d'euros en 2004 et le pays s'impose désormais comme le troisième débouché des programmes audiovisuels français, derrière l'Italie et l'Allemagne. Les ventes d'animation aux Etats-unis enregistrent une progression de 59 % (3,4 millions d'euros, contre 2,2 millions d'euros en 2003). Eu égard à l'exposition internationale qu'offre la diffusion d'un programme sur une chaîne américaine, cette évolution s'avère intéressante et prometteuse.

En revanche, 2004 s'avère être une année noire pour les importations en Amérique du Sud. La contraction de ce marché se traduit par une diminution du montant des ventes de plus de 50 %. Le Moyen-Orient se distingue par la croissance de ses importations de programmes français (+9,4 %). Celle-ci est particulièrement sensible sur le segment de la fiction (0,54 million d'euros contre 0,2 million d'euros en 2003), les importations de documentaires augmentant de 59,4 % à 1,4 million d'euros, celles de programmes d'animation diminuant de 18,8 % à 1,58 million d'euros.

2. Des perspectives inquiétantes

La distribution est devenue un maillon fondamental du processus de production et de diffusion audiovisuelles, aussi bien pour la circulation des oeuvres que pour leur financement. Les exportations, coproductions et préventes de programmes audiovisuels français s'élèvent à près de 0,25 milliard d'euros en 2004. A titre de comparaison, les devis totaux des programmes aidés par le CNC s'élevaient à 1,236 milliard d'euros en 2004, et les montants du Cosip à 185 millions d'euros.

Si la France a su se hisser parmi les toutes premières nations exportatrices de programmes audiovisuels, votre rapporteur tient à rappeler que sa production, et donc sa capacité à l'exportation, souffre néanmoins de certains handicaps structurels .

Notre production de programmes audiovisuels est en premier lieu sous-financée . La part de financement de la production par les chaînes dans les devis a représenté, en 2004, 67 % pour la fiction, 43 % pour le documentaire et 24 % pour l'animation. D'où l'importance de financements complémentaires, qui peuvent provenir en particulier des apports de la coproduction ou de minima garantis versés par les distributeurs.

Surtout, notre volume de production reste insuffisant . On note à cet égard, depuis plusieurs années, un décrochage entre le volume de la production audiovisuelle française et celle de ses homologues européens, surtout dans le domaine de la fiction, genre particulièrement emblématique. La croissance forte des productions allemandes, britanniques, italiennes et espagnoles liée à la vigueur des marchés locaux et à l'ampleur des investissements en production font que la France, malgré ses positions à l'exportation, risque de ne plus avoir suffisamment de programmes à offrir, et notamment de séries longues adaptées au marché international. L'Allemagne, par exemple, produit près de trois fois plus de fictions que la France. Certes la production française évolue vers des formats plus adaptés au marché international, mais les risques de décrochage sont réels. La même absence de séries longues est à déplorer dans le domaine du documentaire.

Alors que les programmes français ont su faire la preuve qu'ils pouvaient toucher un public croissant à l'étranger, ces handicaps sont source d'inquiétude car la distribution et le rayonnement de notre production reposent bien évidemment sur la capacité à fournir chaque année des programmes nouveaux et adaptés au marché international. Le paradoxe est que, faute d'investissements suffisants en production, la France, qui dispose de sociétés de distribution performantes sur le marché international, risque de voir celles-ci se tourner vers le négoce d'autres programmes, notamment européens, faute de programmes disponibles en France.

* 15 NATPE, Sunny Side of the Doc, Discop East, Asia TV Forum, MIP TV, MIPCOM, World Congress of History and Science, New York Licensing Show.

* 16 Showcases à Tokyo, Séoul, Pékin, Rome, Madrid, Dubaï pour le Moyen-Orient et Moscou.

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