C. ORIENTATION DANS LE SUPÉRIEUR : UNE PRIORITÉ

L'efficience de notre système d'enseignement supérieur se mesure à sa capacité à diplômer et à assurer une insertion professionnelle adaptée aux étudiants qui sortent de ce système.

Or les statistiques d'efficacité de notre enseignement supérieur, et tout particulièrement de ses universités, paraissent indignes à votre rapporteur pour avis.

Alors que le gouvernement s'enorgueillit d'amener 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat, les statistiques d'échec en licence sont dramatiques et révèlent une triste réalité : on n'a fait que « repousser » le problème un peu plus loin dans la scolarité, suscitant peut-être par la-même encore plus d'amertume et de désillusion pour ceux qui, fiers d'être titulaires du précieux sésame du baccalauréat, se heurtent sans garde-fous aux cruelles réalités de l'enseignement supérieur.

Ainsi, en 2013, la proportion d'étudiants inscrits à l'université qui obtiennent une licence au terme de trois années d'études s'élevait à 27,6 %, et près de 40 % après une année supplémentaire. Cet échec massif s'accompagne de nombreuses sorties : 31,8 % des étudiants ayant échoué en première année de licence ne se réinscrivent pas l'année suivante 31 ( * ) . In fine , 17,6 % des sortants de l'enseignement supérieur n'ont pas obtenu de diplôme post-bac 32 ( * ) .

Parallèlement au plan pluriannuel pour la réussite en licence de 2007-2012, la loi LRU du 10 août 2007 avait posé l'obligation pour tous les établissements d'enseignement supérieur de rendre publiques des statistiques sur l'insertion professionnelle de leurs étudiants. La loi ESR du 22 juillet 2013 a renforcé le dispositif en prescrivant aux universités de diffuser pour tous les diplômes des statistiques d'insertion un et deux ans après l'obtention du diplôme.

Plus récemment, de nouvelles mesures ont été prises pour améliorer l'orientation des étudiants du supérieur :

1- la refonte du cadre national des formations a permis de simplifier la nomenclature des licences et de prévoir leur spécialisation progressive ;

2- l'orientation préférentielle des bacheliers technologiques et professionnels vers les STS et les IUT selon un dispositif de quota minimal a permis de leur garantir des places dans des filières qui leur étaient traditionnellement dédiées ;

3- les 10 % des meilleurs bacheliers par filière de chaque lycée peuvent bénéficier d'un droit accès dans une formation sélective publique de l'enseignement supérieur ;

4- des passerelles entre les premières années de licence et les DUT et BTS ont été généralisées, le plus souvent à la fin du second trimestre mais également après le premier trimestre voire dès les premières semaines de l'année universitaire ;

5- le gouvernement s'est fixé comme objectif de doubler le nombre d'alternants dans le supérieur entre 2012 et 2017 ;

6- le portail d'Admission post-bac (dit APB) intègrera désormais une information sur les débouchés professionnels ;

7- l'Académie de Paris a créé un « centre d'information et d'orientation des enseignements supérieurs ».

Mais beaucoup reste à faire. Nos collègues de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, Guy-Dominique Kennel et Jacques-Bernard Magner conduisent actuellement une mission d'information sur le sujet de l'orientation qui proposera vraisemblablement, au printemps 2016, des préconisations en la matière, notamment s'agissant de l'enseignement supérieur.

Votre rapporteur pour avis estime que ce débat doit être mené, en y intégrant aussi la problématique de la « sélection », comme un des modes d'orientation.


* 31 Parcours et réussite en licence et en master à l'université, note d'information n° 13.02 du MENESR, avril 2013.

* 32 Mission « Recherche et enseignement supérieur », PAP 2016.

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