D. LE PROJET INDUSTRIE DU FUTUR : UNE TENTATIVE POUR ADAPTER LA POLITIQUE INDUSTRIELLE AUX ENJEUX DE LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

1. Un rôle d'animation confié à l'Alliance Industrie du futur

Le fait de placer le projet transversal d'industrie du futur au coeur de la Nouvelle France industrielle traduit la prise de conscience que, au-delà de la promotion de quelques projets sectoriels clé, la restauration de la compétitivité industrielle de la nation passe par la promotion et la diffusion des nouvelles solutions industrielles à toutes les branches industrielles et à tous les types d'entreprises, des grands groupes aux PME . Certes, il faut investir fortement dans des projets sectoriels phare, mais les 9 solutions industrielles identifiées ne pourront prospérer que si le tissu industriel français dans son ensemble, donneurs d'ordre et sous-traitants, est modernisé par le projet « Industrie du futur ». Il a donc fallu adapter l'organisation de la Nouvelle France industrielle à cette ambition transversale en créant des outils de pilotage et d'accompagnement qui transcendent le cadre des filières industrielles.

Par rapport à la phase 1 de la Nouvelle France industrielle, le projet d'industrie du futur ambitionne également de dépasser une approche de la modernisation industrielle strictement centrée sur les ateliers et les usines pour adopter une approche beaucoup plus englobante, qui projette d'exploiter les « technologies de rupture » du numérique à tous les niveaux de la chaîne de valeur de l'industrie . Il s'agit non seulement de révolutionner le fonctionnement et l'organisation des ateliers par l'introduction de certaines technologies, mais plus généralement de développer de nouvelles façons de concevoir, de fabriquer, de vendre, de consommer ou de recycler les biens industriels. Ce changement d'échelle apparaît clairement dans le changement des intitulés, puisqu'on passe du plan « Usine de futur » au projet « Industrie du futur » dans la phase 2 de la NFI.

Pour accompagner ce nouveau projet transversal, un outil de gouvernance dédié est mis en place : l'Alliance pour l'Industrie du Futur. C'est une association loi de 1901, qui comprend parmi ses membres les principales fédérations industrielles (FIEEC, FIM, GIFAS, GIMELEC, PFA, UIMM, etc.), CCI France, des partenaires technologiques (CETIM, LNE, AFM, etc.) et académiques (AFDET, Arts et Métiers ParisTech, CESI, Institut Mines Télécom, etc.), ainsi que Bpifrance.

Le rôle de l'Alliance industrie du futur est double. Perpétuant l'inspiration participative et collaborative à l'origine du projet de Nouvelle France industrielle, l'Alliance Industrie du futur est force d'analyse et de proposition pour les pouvoirs publics et à ce titre joue un rôle central dans la nouvelle politique industrielle nationale. Tournée vers le monde industriel, elle est également force d'accompagnement, d'information et de mobilisation pour aider les entreprises industrielles, notamment les PME et les ETI, à prendre le virage de l'industrie du futur.

2. Un travail préalable de clarification conceptuelle

Définir précisément en quoi consiste le nouveau modèle industriel auquel font référence les expressions d'industrie du futur ou d'industrie 4.0 n'est pas aisé et ce pour la bonne raison que ce modèle s'invente actuellement sous nos yeux. La première tâche de l'Alliance Industrie du Futur a donc été de conduire un travail de clarification des concepts. Elle s'y est attachée en élaborant un référentiel partagé avec l'État, les régions et l'ensemble des acteurs industriels , qui répertorie et classe toutes les disciplines et technologies indispensables à l'Industrie du futur. Ce sont 60 « macro-briques » et près de 400 « briques » technologiques qui ont ainsi été identifiées.

Les offreurs de solutions technologiques peuvent désormais s'appuyer sur ce référentiel pour décrire leur offre et communiquer avec les entreprises à la recherche de solutions de modernisation de leurs outils de production, d'approvisionnement, de relations clients, etc.

Le référentiel commun permet également aux pouvoirs publics de disposer de critères clairs pour identifier les innovations et les projets industriels qu'il convient d'accompagner et de financer. En particulier, BpiFrance sélectionne les entreprises bénéficiaires des Prêts « industrie du futur » en s'appuyant sur les conclusions des travaux de l'Alliance Industrie du Futur.

Le référentiel de l'industrie du futur

Source : rapport annuel 2016 de l'Alliance Industrie du Futur, p.29

La lecture de ce référentiel confirme bien qu'au coeur de cette industrie du futur se trouvent l'atelier et l'usine du futur. Y sont déployées les technologies numériques qui permettent aux machines de communiquer entre elles, de communiquer avec les opérateurs humains et plus généralement de communiquer avec tous les objets équipés de capteurs. Cela recouvre les robots intelligents et aisément reconfigurables, les technologies d'assistance physique aux travailleurs (c'est le domaine de la cobotique et des exosquelettes), les technologies d'assistance cognitive (comme la réalité virtuelle ou la réalité augmentée), les applications mobiles qui renseignent sur l'état de fonctionnement et la performance des équipements ou encore les procédés de fabrication innovants comme les imprimantes 3D. Mais les « briques » technologiques et organisationnelles constitutives de l'industrie du futur concernent bien toute la chaîne de valeur industrielle , de la conception des biens à leurs usages, en passant par la logistique et les relations fournisseurs.

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