II. LA SITUATION DES OPÉRATEURS FRANÇAIS

A. UNE ANNÉE DE TURBULENCES POUR LES AGENCES DE VOYAGES ET TOURS-OPÉRATEURS


• La concentration du secteur de la distribution de voyages s'est accélérée en 1994.
En effet, Havas Voyages, numéro un français dans ce secteur, a continué à mener une politique de rachat intensive. En outre, les réseaux américains ont multiplié les alliances en Europe.


On assiste, par ailleurs, à un renforcement de la professionnalisation et de la segmentation. Les réseaux se recentrent sur leurs métiers de base : les distributeurs de voyages tendent à se séparer de leurs filiales production et les compagnies aériennes, de leurs chaînes hôtelières.

Les réseaux cherchent à se spécialiser, surtout sur l'activité affaires qui s'est sophistiquée, ou sur l'activité tourisme où ils sont devenus plus exigeants dans la sélection des produits commercialisés, limitant le nombre de voyagistes avec lesquels ils travaillent. En outre, on note une évolution de la demande, le voyage standardisé étant délaissé au profit des vacances « à la carte », sur mesure et des produits discountés.


Enfin, l'atomisation du marché des voyagistes reste une caractéristique française.

En effet, à la différence de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, le marché français de la production de voyages, bien que dominé par quelques grands (Fram, Jet Tours, Nouvelles Frontières) est éclaté et compte une multitude de petits voyagistes spécialisés (200 à 300), qui justifient leur existence par la recherche de diversité et de produits sophistiqués par la clientèle française.

À lui seul, le tour-opérateur allemand TUI, numéro un mondial, pèse plus que les sept premiers voyagistes français.

Il est vrai que le marché français est relativement étroit, dans la mesure où les Français privilégient l'Hexagone lorsqu'ils partent en vacances, alors que 73 % des Allemands choisissent l'étranger. En outre, 7 % seulement des consommateurs français de voyages recourent à une agence, contre 45 % pour les Britanniques et les Allemands.

B. L'INDUSTRIE HÔTELIÈRE : UN SECTEUR VULNÉRABLE

1. Des difficultés conjoncturelles...


• Après une année difficile en 1993, l'hôtellerie a montré des signes de reprise en 1994, avec une amélioration de sa rentabilité, notamment dans les catégories intermédiaires et supérieures.

Sur les premiers mois de l'année 1995, le chiffre d'affaires du secteur a progressé, surtout pour l'hôtellerie de chaîne et économique.

Cependant, la saison d'été 1995 s'est révélée morose pour l'activité hôtelière, en particulier pour l'hôtellerie de chaîne.

Ainsi, par rapport à l'été 1994, le taux d'occupation moyen a baissé de 3,1 % (à 64,1 %), tandis que le prix moyen accusait une chute de 3,7 % (à 325 francs) 1 ( * ) .


• Cette situation s'explique par de nombreux facteurs, parmi lesquels on peut citer la dévaluation de la lire et de la peseta, ainsi que l'attention portée par les Français à leurs dépenses.


• L'augmentation de deux points de la TVA a, par ailleurs, mécontenté les professionnels, qui dénoncent également le problème de l'application au secteur de deux taux de TVA, la restauration rapide bénéficiant du taux réduit à 5,5 %.


• En outre, les événements politiques (climat d'insécurité à la suite d'actes terroristes et campagnes menées dans certains pays pour protester contre les essais nucléaires français) semblent avoir eu des répercussions sur l'hôtellerie haut de gamme dans la capitale au mois d'août 1995 2 ( * ) .

2. ... s'ajoutent aux problèmes structurels

ï Le marché hôtelier souffre d'une saturation qui entraîne, en particulier, des difficultés pour l'hôtellerie indépendante. Le parc de celle-ci, composé d'hôtels majoritairement anciens, souvent en mal de succession, subit la concurrence accrue d'une hôtellerie de chaîne en croissance exponentielle.

ï En outre, l'hôtellerie subit la concurrence -parfois déloyale- de nouveaux modes d'hébergement.

Le Gouvernement, conscient tant du problème de la surcapacité hôtelière que de celui du paracommercialisme, engage une politique de nature à y remédier.

* 1 Selon l'étude du Cabinet spécialisé MGK Conseil

* 2 Selon une étude réalisée par le Cabinet Horwath Axe Consultants, qui porte sur un échantillon de 5.000 chambres

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