CONCLUSION

Il ressort à l'évidence de ce projet de budget que les décisions cruciales concernant notre défense sont à venir.

Ces décisions concerneront le format de nos forces, leur équipement, mais aussi, inévitablement, les missions que le Gouvernement, en fonction des moyens qu'il leur accordera pourra attendre d'elles. Depuis 5 ans, notre participation active, massive, aux opérations extérieures entend traduire dans les faits notre capacité à prendre des responsabilités internationales pour la paix.

Aujourd'hui, compte tenu des sacrifices financiers que notre pays doit consentir, la question se pose de savoir si cette politique pourra encore être à l'ordre du jour, au début du siècle prochain, si tant est que les crises régionales, les rivalités ethniques, les germes de conflits, demeurent à ce moment aussi vivaces qu'aujourd'hui.

En d'autres termes, notre action militaire sera-t-elle en mesure d'accompagner, de supporter, de légitimer notre ambition diplomatique ou bien faudra-t-il rechercher une aune nouvelle à laquelle il sera possible de mesurer notre détermination ? Certes, notre influence dans le monde ne se résume pas, heureusement, aux nombres d'unités militaires que nous projetons ici ou là, mais elle y trouve néanmoins une part de sa crédibilité.

Le Livre Blanc avait, il y a deux ans, assigné à nos forces des missions nouvelles, qui entraîneraient inévitablement des programmes d'équipement spécifiques qui soient conformes au nouvel environnement stratégique. De ces priorités, la loi de programmation votée en 1994 avait tiré des conséquences budgétaires précises.

Tout cela est aujourd'hui caduc. La priorité accordée à l'emploi, à la réduction des déficits, dont on ne contestera pas la légitimité, fait passer en second rang le financement de notre défense, celle-ci devenant même, semble-t-il, la réserve habituelle pour prélèvements, gels et annulations.

Pourtant c'est sans doute dans le secteur de l'industrie de défense que la corrélation est la plus étroite entre le financement public et l'emploi. Le ministre de la Défense a lui-même indiqué devant l'Assemblée nationale qu'une réduction d'un milliard des crédits d'équipements des armées, c'est 2 500 emplois perdus. Une telle stratégie est-elle opportune aujourd'hui, même s'il faut reconnaître qu'à plus long terme une nouvelle logique devra en effet progressivement se dessiner entre les besoins industriels et les nécessités en équipements des forces ? Le projet de budget pour 1996 ne répond pas à ces questions, tout au moins est-il l'occasion de les poser.

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