B. UN CONTINENT EN MARGE DES GRANDES MUTATIONS CONTEMPORAINES ?

Au-delà de ces évolutions récentes, l'Afrique ne reste pas en marge des grands mouvements qui paraissent emporter les autres ensembles géographiques sur les voies de la modernité (transition démographique, progrès de l'éducation et de la santé, croissance durable). Les grandes conférences internationales organisées sous les auspices des Nations-Unies (au cours des trois dernières années, au Caire en 1994 sur la population, à Pékin en 1995 sur les femmes, à Istanbul en 1996 sur l'habitat) ont paru souligner le décalage entre ce continent et le reste du monde. Pourtant des signes d'évolutions profondes se dessinent dont votre rapporteur souhaiterait rendre compte.

1. Une évolution démographique plus favorable

a) La baisse de l'indice synthétique de fécondité

L'analyse des statistiques relatives à l'indice synthétique de fécondité -ISF- (le nombre d'enfants par femme) ne permet plus d'en douter, la fécondité s'inscrit aujourd'hui dans un mouvement de décrue. La tendance s'est d'abord confirmée à Maurice -parvenue désormais, sans doute, au terme de sa transition démographique avec un ISF de 2- puis dans quatre autres pays précurseurs (l'Afrique du sud, le Zimbabwe, le Botswana et le Kenya). Si le nombre d'enfants par femme demeure élevé -de l'ordre de 5 à 6- dans les autres pays africains, il a toutefois baissé -de deux enfants en moyenne- depuis 10 ans.

Cette évolution trouve son origine dans trois facteurs aujourd'hui bien reconnus. En premier lieu, les efforts entrepris depuis quelque trente années en faveur de l'enseignement ont porté leurs fruits : le niveau d'instruction des jeunes filles s'est élevé progressivement. Une période de scolarisation plus longue, la recherche, le cas échéant, d'un emploi retardent l'âge du mariage et de la naissance du premier enfant. Le système éducatif n'est d'ailleurs pas seul ici en cause, les associations de quartier et d'entraide, très dynamiques en Afrique peuvent également contribuer à l'élévation du niveau d'éducation, à une meilleure prise de conscience aussi des principes d'hygiène -conditions d'une baisse d'un taux de mortalité infantile et partant, à terme, du nombre d'enfants souhaités compte tenu des chances accrues de survie jusqu'à l'âge adulte.

Le développement de l'urbanisation constitue le deuxième facteur décisif du ralentissement de la fécondité. La ville favorise en effet la diffusion de nouveaux modèles familiaux centrés sur la famille nucléaire de type européen, et la pression sociale sur les jeunes couples pour avoir des enfants y est moins forte qu'à la campagne. En outre, le milieu urbain facilite l'accès aux services de planification familiale . D'après certaines estimations, 20 % des femmes en âge de procréer ont recours aux services de planification familiale tandis qu'une proportion comparable seraient prêtes à y faire appel si elles disposaient de ces services dans leur voisinage.

Ces tendances favorables paraissent toutefois contrariées par des facteurs dont il est, aujourd'hui encore, difficile de prendre la juste mesure.

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