2. L'évolution contrastée des indicateurs sociaux

Depuis 1990, le programme des Nations Unies pour le développement tente d'évaluer les progrès accomplis par chaque pays à travers le concept de "développement humain" qui cherche à prendre en compte non seulement la croissance économique mais aussi les évolutions dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'emploi, de la situation des femmes, de la protection sociale et de l'environnement. Selon le rapport mondial sur le développement humain de 1996, les pays d'Afrique subsaharienne connaissent encore de nombreux retards dont témoignent un indice de développement humain, inférieur pour la plupart des pays à 0,396 (sur un maximum de 1).

Toutefois cette situation recouvre des évolutions contrastées.

a) Progrès et incertitudes dans le secteur de la santé

L'état sanitaire du sous-continent s'est dans l'ensemble amélioré : l'espérance de vie s'est réduit de 48 à 52 ans entre 1982 et 1993. Sur la même période le taux de mortalité infantile s'est réduit de 112 à 93 sur 1000. La politique de vaccination, un encadrement sanitaire plus poussé (grâce à l'augmentation du nombre de centres de santé, des médecins et d'infirmiers) ont commencé de porter leurs fruits malgré l'impéritie de l'Etat, et la crise économique. Toutefois, l'extension de l'épidémie du VIH Sida fait peser une lourde hypothèque sur ces avancées. Dans trois pays - l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe- frappés par ce mal avec une particulière gravité, l'espérance de vie a reculé de trois ans. L'absence de moyens financiers, le poids des traditions culturelles et sociales ne permettent malheureusement pas d'envisager un recul de la contagion dans les années à venir.

b) Les retards du secteur éducatif

Dans le domaine de l'enseignement, les résultats apparaissent préoccupants. En effet, malgré l'augmentation générale du nombre d'enseignants, le taux de scolarisation dans le primaire a régressé (de 79 % à 73 % entre 1980 et 1993). La forte croissance démographique, les difficultés financières rencontrées par les pouvoirs publics constituent les principaux facteurs d'une évolution qui, si elle devait se confirmer, pourrait, à travers la déscolarisation des filles notamment, remettre en cause la lente baisse de la fécondité.

A vrai dire, l'engagement d'un pays sur la voie de la transition démographique paraît étroitement liée à l'amélioration de la situation sociale sans qu'il soit d'ailleurs possible d'avancer une relation univoque entre les deux phénomènes.

Le bilan des deux dernières décennies apparaît nuancé. L'exemple de la santé -où les progrès sont notables malgré un contexte économique difficile- méritent la réflexion. Sans doute inspire-t-il en partie le propos introductif du rapport du PNUD : "En termes purement économiques, les années quatre-vingt ont constitué une "décennie perdue" pour près de 70 pays. Cependant il est remarquable d'observer que sur la même période, presque tous les pays sont parvenus à maintenir et dans certains cas à accélérer leur rythme de croissance en terme de développement humain (...) [Ainsi] des politiques délibérées et bien ciblées peuvent faire la différence lorsqu'elles sont appliquées avec coeur, même dans les circonstances les plus difficiles". Ces observations démontrent que l'aide publique au développement a permis au continent d'échapper à la régression à laquelle la crise économique paraissait la condamner.

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