Projet de loi de finances pour 1999

BOYER (Louis)

AVIS 70 (98-99), Tome II - COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES

Table des matières




N° 70

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME II

SANTÉ

Par M. Louis BOYER,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexe n° 19 ) (1998-1999).

Lois de finances.

TRAVAUX DE LA COMMISSION

I. AUDITION DU MINISTRE

Réunie le mercredi 21 octobre 1998 , sous la présidence de M. Jean Delaneau, président, la commission a procédé à l'audition de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur les crédits de son département ministériel.

Evoquant les volets de son budget relatif à la santé et à la solidarité, Mme Martine Aubry a indiqué que les crédits correspondants, hors politique de la ville, atteignaient presque 80 milliards de francs.

En matière d'accès aux soins, elle a indiqué que dans l'attente de la couverture maladie universelle, un dispositif novateur sous la forme de programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins était mis en place afin d'amener le système de santé à prendre en compte la précarité, avec les pathologies et les risques qu'elle engendre, sans jamais stigmatiser les personnes qui souffrent.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a ensuite présenté les crédits de la santé pour 1999. Il a indiqué que le budget de la santé, qui s'établissait à 3,79 milliards de francs, progressait à structure constante de 3,6 %.

Il a détaillé les quatre priorités que traduit ce budget.

La première priorité concerne la lutte contre les exclusions. Les crédits ouverts à ce titre permettront de mettre en place un certain nombre d'actions, telles que l'information des acteurs chargés de la prévention et de la dispensation des soins, la prise en charge des problèmes de santé spécifiques rencontrés par les personnes en situation de précarité, le soutien aux équipes de psychiatrie de secteur ou d'établissements et la mise en place de lieux d'écoute, de prévention et de soins pour les personnes sans domicile fixe ou les jeunes en situation de précarité.

La deuxième priorité concerne la prévention et la prise en charge des maladies infectieuses et les dépendances à l'égard des drogues de toute nature. M. Bernard Kouchner a rappelé à cet égard que l'Etat consacrerait pour 1999 plus d'un milliard de francs à la lutte contre la toxicomanie. Il a également évoqué un plan national de lutte contre l'hépatite C, d'une durée de quatre ans, qui sera mis en oeuvre à partir de l'année prochaine. Les mesures nouvelles qu'il comporte permettront, non seulement d'organiser le dépistage, le diagnostic et le traitement des patients, mais aussi de renforcer la surveillance épidémiologique, les programmes de prévention et la formation des personnels sanitaires et sociaux. Il a enfin indiqué que la lutte contre l'alcoolisme comportait une mesure de 25 millions de francs et que le financement des centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie était transféré sur l'enveloppe médico-sociale de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM).

La troisième priorité du budget de la santé concerne l'organisation du système de soins, domaine d'intervention qui bénéficiera de 1,56 milliard de francs. Ses crédits seront notamment répartis au profit de l'agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) et des agences régionales de l'hospitalisation. 250 millions de francs d'autorisations de programme et 150 millions de francs de crédits de paiement seront affectés au fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux.

La quatrième priorité concerne le dispositif de veille et de contrôle de la sécurité sanitaire. M. Bernard Kouchner a rappelé le rôle du Sénat et de sa commission des affaires sociales dans l'importante réforme de l'administration sanitaire qui se traduira prochainement par l'installation d'une agence de sécurité sanitaire des produits de santé, d'une agence de sécurité sanitaire des aliments et d'un institut de veille sanitaire.

M. Bernard Cazeau s'est interrogé sur les modalités de la campagne d'information sur la contraception annoncée par le ministre. Il a souhaité par ailleurs que les contrats emploi-consolidé soient réservés aux publics en difficulté.

M. François Autain s'est enquis de la pilule dite du " lendemain ".

Mme Martine Aubry a reconnu qu'il était difficile, par la seule négociation, de faire baisser le prix des pilules de deuxième génération. Elle a annoncé la mise sur le marché très prochaine d'une pilule dite du lendemain et a indiqué que la production du RU486 serait engagée dans les mois qui viennent.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis des crédits de la santé, a interrogé le secrétaire d'Etat à la santé sur l'état d'application des plans, annoncés depuis un an, en faveur de la lutte contre la douleur et du développement des soins palliatifs. Il lui a demandé quels chapitres budgétaires étaient concernés par la mise en oeuvre de ces plans et combien de postes de praticiens hospitaliers fléchés " douleur " avaient été créés cette année. Il l'a également interrogé sur la baisse des crédits du contrôle sanitaire de l'environnement et des observatoires de la santé, sur la réforme des urgences hospitalières et sur l'engagement financier du ministère de la santé en faveur de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments. Il a enfin rappelé que la commission des affaires sociales dénonçait depuis des années, dans ses rapports budgétaires, l'insuffisant contrôle de l'Etat sur le Comité national de lutte contre le tabagisme, pourtant destinataire de la majeure partie des crédits d'Etat en la matière. Il lui a demandé quelle était la situation actuelle de cette association.

M. Jean Delaneau, président, a regretté que les décrets d'application des dispositions de la loi du 28 mai 1996, qui concernent les thérapies génique et cellulaire, ne soient pas encore publiés. Il a rappelé que M. Claude Huriet, mandaté par la commission des affaires sociales, s'était entretenu avec le ministre de cette question au printemps, mais que le travail de l'administration semblait ne pas avoir avancé.

M. Jean-Louis Lorrain a interrogé le ministre sur la prise en charge des conséquences sanitaires de l'utilisation de l'amiante, sur la traduction budgétaire des travaux des Etats généraux de la santé et sur les campagnes de prévention. Il s'est demandé si la diffusion de la pilule du lendemain ne contribuerait pas à un relâchement des efforts de prévention. Il a enfin évoqué la situation d'adolescents en crise dont la prise en charge médicale, que ce soit en milieu hospitalier ou dans le secteur ambulatoire, ne semblait pas toujours adaptée.

M. Jean Chérioux a estimé indispensable que le développement des soins palliatifs se fasse en priorité par des actions à domicile.

M. Serge Franchis a observé que le combat en faveur de la lutte contre la douleur semblait en voie d'être gagné, mais que le développement des soins palliatifs semblait plus difficile à mettre en oeuvre.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, répondant aux intervenants, a d'abord regretté le retard de publication des décrets d'application de la loi relative aux thérapies génique et cellulaire.

Il a précisé l'état d'application des plans en faveur de la lutte contre la douleur et du développement des soins palliatifs. Il a indiqué à cet égard que le " carnet douleur ", destiné à tous les patients hospitalisés, serait envoyé aux établissements de santé avant la fin du mois, et qu'une circulaire du 22 septembre dernier avait donné les instructions nécessaires à la systématisation de l'usage des réglettes pour mesurer la douleur.

Il a affirmé que, grâce à la bonne volonté de fondations, la distribution de 1.000 pompes d'analgésie contrôlée serait réalisée dans le courant de l'année 1999. L'information des patients sur les centres de lutte contre la douleur est déjà disponible sur minitel et le sera sur internet à la fin du mois. Les caractéristiques des ordonnances infalsifiables, qui remplaceront le carnet à souche, sont en cours de publication dans deux bulletins officiels. Enfin, des formes pédiatriques d'antalgiques majeurs sont actuellement mises sur le marché ou sorties de la réserve hospitalière.

Dans les établissements de santé, vingt comités de lutte contre la douleur ont été créés et une circulaire déléguera prochainement au personnel infirmier la prescription et la délivrance des antalgiques.

La lutte contre la douleur est prise en considération dans le manuel d'accréditation des établissements de santé ainsi que dans le cahier des charges des réseaux de soins qui sera prochainement publié.

Enfin, au début du mois de décembre, sera lancée une grande campagne d'information sur le thème de la lutte contre la douleur.

Evoquant les soins palliatifs, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a indiqué que l'Ordre des médecins avait été saisi le 24 juin dernier d'une demande de recensement de l'offre de soins en la matière et que 50 millions de francs étaient inscrits dans l'ONDAM pour développer les soins palliatifs.

Par ailleurs, 50 millions de francs, provenant du fonds d'action sociale de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), devraient également être consacrés à ce développement.

Un des quatre groupes de travail sur l'hôpital qui ont été mis en place la semaine dernière sera notamment chargé d'évaluer les coûts liés aux soins palliatifs : le système des points ISA est en effet très défavorable aux activités de soins qui nécessitent un personnel nombreux ne faisant pas d'actes techniques.

Enfin, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a indiqué qu'une brochure sur le deuil serait diffusée aux médecins avant la fin de l'année. Il a rappelé que huit postes de praticiens hospitaliers fléchés " douleur " avaient été créés depuis le début de l'année et que de quinze à vingt postes seraient créés l'an prochain.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a affirmé que la baisse évoquée des crédits du contrôle sanitaire de l'environnement et des observatoires régionaux de la santé n'était qu'apparente, certains crédits ouverts à ce titre en 1998 étant transférés, pour 1999, à l'Institut de veille sanitaire et à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Il a précisé que le Gouvernement avait posé des conditions au maintien des subventions accordées au Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT) et qu'elles n'étaient pas remplies à ce jour.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a affirmé que l'engagement budgétaire du ministère de la santé en faveur de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments était d'ampleur comparable à celui des deux autres ministères de tutelle, le ministère de l'économie et celui de l'agriculture. Il a précisé qu'ayant obtenu le report des crédits non consommés en 1998 pour les nouvelles agences, le ministère de la santé n'avait besoin que d'un peu plus de 8 millions de francs pour financer sa participation à cette Agence en 1999.

Il a rappelé qu'à la suite du rapport du Professeur Claude Got, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 comportait des dispositions de nature à améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles ; il a cependant reconnu que des problèmes importants demeuraient en matière de préretraite.

Il a précisé que le projet de budget de la santé pour 1999 avait pris en compte les crédits nécessaires à l'organisation des Etats généraux de la santé et notamment à l'envoi du questionnaire qui serait adressé à chaque foyer.

Evoquant la pilule du lendemain, il a observé que la diffusion de toute innovation thérapeutique faisait naître des craintes pour l'avenir de la prévention : il a ainsi cité l'exemple des trithérapies, dont la délivrance aurait pu entraîner une trop grande banalisation du Sida et un relâchement des efforts de prévention. Il a estimé que ces craintes ne devaient pas conduire à se priver des innovations thérapeutiques mais qu'il fallait maintenir une politique de prévention efficace.

Il a fait siens les propos de M. Jean-Louis Lorrain sur la situation de certains adolescents en crise et a informé les membres de la commission qu'un groupe de travail interministériel sur les souffrances psychiques des adolescents venait d'être mis en place. Il a également déclaré partager le voeu de M. Jean Chérioux que soient développés les soins palliatifs à domicile. Observant que le paiement à l'acte n'était pas toujours bien adapté, il a annoncé une prise en charge forfaitaire de ce type de soins dans le cadre de réseaux qui seront prochainement mis en place.

Il a fait siens les propos de plusieurs orateurs concernant la nécessité d'une meilleure orientation des patients dans les services d'urgence.

Il a reconnu, avec M. Serge Franchis, que le combat en faveur des soins palliatifs était plus récent et donc moins engagé que celui qui concerne la prise en charge de la douleur.

II. EXAMEN DE L'AVIS

Réunie le mercredi 25 novembre 1998 , sous la présidence de M. Jean Delaneau, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Louis Boyer sur les crédits consacrés à la santé dans le projet de loi de finances pour 1999 .

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a précisé, à titre liminaire, que les crédits du budget de la santé étaient répartis au sein de deux agrégats, intitulés " politique de santé publique " et " offre de soins ", parmi les six agrégats que comporte le fascicule budgétaire consacré à la santé et à la solidarité. Il a indiqué que les crédits de ces deux agrégats affichaient une très légère progression de 0,2 % par rapport à ceux ouverts en loi de finances pour 1998, mais qu'à structure constante la progression des crédits de la santé s'établissait à 3,6 %.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a d'abord évoqué les deux priorités budgétaires annoncées par le Gouvernement, d'une part, la mise en oeuvre des dispositions de la loi du 1 er juillet 1998 relative au renforcement de la sécurité et de la veille sanitaires, d'autre part, la lutte contre les exclusions.

Le projet de loi de finances prévoit en effet les crédits nécessaires à l'installation, dès le début de l'année prochaine, de trois nouveaux établissements publics : l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et l'Institut de veille sanitaire.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a précisé que la première agence, qui contrôlerait l'ensemble des produits de santé, bénéficierait de 119 millions de francs, dont 34,9 millions de francs de mesures nouvelles par rapport à la subvention accordée par l'Etat à l'Agence du médicament en 1998. Il a rappelé que les crédits budgétaires ne devraient constituer qu'une part modeste du budget total de la future agence qui bénéficierait, comme l'ancienne Agence du médicament, de droits et taxes prévus par la loi.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a affirmé que la seconde Agence de sécurité sanitaire, chargée des aliments, disposerait d'un budget bien moins élevé, les subventions accordées par l'Etat en 1999 s'élevant à 31,4 millions de francs dont 8 millions de francs inscrits au budget de la santé.

Troisième établissement public institué par la loi du 1 er juillet 1998, l'Institut de veille sanitaire, qui prendra la suite du réseau national de santé publique, bénéficiera d'une subvention de 62,5 millions de francs dont plus du tiers sont des moyens nouveaux. M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué que le reste des crédits correspondait, outre la subvention à l'ancien réseau national de la santé publique, aux moyens des registres de pathologies et à 3 millions de francs qui étaient antérieurement affectés aux observatoires régionaux de la santé. A cet égard, la Fédération des observatoires régionaux de la santé estime cependant que, lorsqu'ils reviendront aux observatoires, ces 3 millions de francs se réduiront à 2,49 millions de francs au maximum : ils seront en effet soumis à la TVA, sans tenir compte des éventuels frais de gestion de l'Institut de veille sanitaire.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a également évoqué la gestion des crédits ouverts en loi de finances pour 1998 pour l'installation des trois établissements publics créés par la réforme de la veille et de la sécurité sanitaires. Il a indiqué que, ces crédits n'ayant pas encore été utilisés, les agences n'étant pas encore créées, un arrêté du 21 août était venu annuler 34 des 80 millions de francs ouverts en loi de finances initiale afin de permettre le financement des Etats généraux de la santé. Le projet de loi de finances rectificative pour 1998 vient quelque peu compenser cette perte en demandant l'ouverture de 9 millions de francs supplémentaires pour les nouvelles agences. M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il s'assurerait auprès du ministre que les 55 millions de francs demeurant disponibles seraient bien reportés sur l'exercice 1999.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite évoqué la seconde priorité retenue par le Gouvernement, la lutte contre les exclusions, qui bénéficiait de 250 millions de francs dont 194 millions de francs de mesures nouvelles. Il a rappelé que l'appréciation de cet effort devait tenir compte d'un certain nombre d'effets de " yoyo budgétaire " : ainsi, si le Gouvernement annonce le quasi-doublement, en 1999, des crédits de l'article 40 du chapitre 47-11, il convient de rappeler que ces mêmes crédits avaient été réduits d'un tiers dans la loi de finances pour 1998.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite abordé l'examen des crédits de la lutte contre les grands fléaux sanitaires. Il a rappelé que les crédits de la lutte contre la toxicomanie représentaient plus du quart du budget de la santé et regretté que le plan triennal de lutte contre la toxicomanie, annoncé depuis l'entrée en fonctions du Gouvernement, n'ait encore pas vu le jour. Prenant acte des critiques formulées par la Cour des comptes à l'égard des plans précédents, il a estimé que le futur plan de lutte, compte tenu de son délai d'élaboration, ne pourrait être critiqué comme ayant été conçu dans la précipitation.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué que les crédits du chapitre 47-18, jusqu'ici exclusivement consacrés à la lutte contre le Sida, seraient cette année également utilisés pour promouvoir le dépistage, la prévention et la surveillance épidémiologique de l'hépatite C. Il a regretté l'indigence des crédits de la lutte contre le tabagisme, en baisse de moitié, qui s'élevaient à 1,5 million de francs. Rappelant que l'an dernier il avait évoqué le manque de transparence des actions menées par le comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), et qu'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), publié en cours d'année, lui avait donné raison, il a indiqué que le ministère semblait continuer de préférer déléguer à cette association la politique de lutte contre le tabagisme à condition qu'elle accepte de renouveler ses instances dirigeantes. Il a regretté que la réponse au questionnaire budgétaire, cette année, ne soit pas plus détaillée que celle des années précédentes : elle ne fait en effet mention d'aucune précision, ni de délai, ni de contenu, pour décrire l'exigence ministérielle.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a enfin évoqué les crédits budgétaires destinés à l'adaptation de l'offre de soins. Il a indiqué qu'il interrogerait le ministre sur les raisons qui l'ont conduit à proposer une baisse de 36 % des crédits utilisés pour financer le fonctionnement des " centres 15 ". En cohérence avec les propos tenus par M. Charles Descours, rapporteur, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, il a regretté que les crédits du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux soient si faibles par rapport aux besoins.

En conclusion de son intervention, M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a proposé d'émettre un avis de sagesse sur les crédits de la santé pour 1999.

M. Lucien Neuwirth a évoqué les plans ministériels d'amélioration de la prise en charge de la douleur et de développement des soins palliatifs. Il a interrogé le rapporteur pour avis sur les crédits budgétaires inscrits en leur faveur au budget de la santé.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, lui a indiqué que le ministre prévoyait de consacrer 400.000 francs, l'an prochain, pour financer l'élaboration d'un didacticiel consacré à la douleur mais que les crédits nécessaires au développement des soins palliatifs seraient engagés par l'assurance maladie.

M. Louis Souvet , évoquant des questions d'actualité concernant la sécurité de l'eau et de la viande, a demandé au rapporteur pour avis des précisions sur l'étendue des compétences de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments. Il a fait part de son étonnement devant la proposition du rapporteur d'émettre en commission un avis de sagesse sur les crédits de la santé, estimant qu'il était plus logique qu'une telle position soit exprimée en séance publique.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, lui a répondu qu'il tenait le même discours en commission et en séance publique. Il a indiqué que la future Agence de sécurité sanitaire des aliments serait compétente pour la viande comme pour l'eau destinée à la consommation humaine et qu'elle pourrait formuler des recommandations et diligenter des contrôles.

M. Jean Delaneau, président, a rappelé que la commission avait déjà, dans le passé, émis des avis de sagesse à l'adoption de crédits budgétaires.

M. François Autain a indiqué que les membres de la commission appartenant au groupe socialiste adopteraient le rapport de M. Louis Boyer, rapporteur pour avis.

Se félicitant que le Gouvernement ait tiré dans le budget toutes les conséquences de la loi du 1 er juillet 1998 adoptée à l'initiative des sénateurs Huriet et Descours, il a estimé que les critiques formulées par le rapporteur pour avis à l'égard du budget étaient le plus souvent constructives et fondées. Il s'est déclaré partisan d'obtenir le report sur l'exercice 1999 des crédits ouverts en 1998 pour l'installation des agences de sécurité sanitaire et a fait siens les propos du rapporteur pour avis sur le comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT).

M. Francis Giraud , évoquant la veille sanitaire, a rappelé l'efficacité remarquable des registres de pathologies.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il existait 23 registres et que 4 millions de francs avaient été ouverts en leur faveur en 1998.

M. Jean-Louis Lorrain a demandé au rapporteur pour avis si les crédits de la santé amorçaient un transfert à l'Etat des compétences sanitaires des départements, notamment en matière de lutte contre la tuberculose.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'un tel transfert devrait être prévu par la loi et s'est déclaré favorable à un tel changement dans la répartition des compétences entre Etat et départements.

Mme Nicole Borvo a indiqué que les membres de la commission appartenant au groupe communiste approuveraient aussi le rapport pour avis. Elle a estimé insuffisante la création des agences de sécurité sanitaire eu égard à l'importance des enjeux. Elle a également estimé insuffisants les efforts accomplis en matière de prévention de la toxicomanie et de lutte contre le Sida.

La commission, sur proposition de M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a décidé à l'unanimité d'émettre un avis de sagesse sur les crédits de la santé pour 1999.

AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

Le présent rapport analyse les crédits rassemblés au sein de deux agrégats, intitulés " Politique de santé publique " et " Offre de soins ", parmi les six que comprend cette année le fascicule budgétaire consacré à la santé et à la solidarité.

Ces crédits, d'un volume très modeste de 3,79  milliards de francs -à comparer avec les 79,9 milliards de francs du budget de la santé et de la solidarité- affichent une très faible progression de 0,2 %.

A structure constante cependant, si l'on tient compte de la débudgétisation du financement des centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie, la progression des crédits de la santé est de 3,6 %.

Votre commission approuve cette progression : elle a en effet constamment défendu l'idée selon laquelle les crédits du budget de la santé, à condition bien sûr d'être convenablement utilisés, étaient utiles et méritaient des redéploiements en provenance d'autres secteurs de l'action publique.

Notre système de santé, en effet, demeure trop orienté vers le curatif et le budget de la santé constitue le premier outil d'impulsion pour le financement d'actions préventives et d'adaptation de l'offre de soins.

Le présent projet de budget comporte des points très positifs, au premier rang desquels la mise en oeuvre des dispositions de la loi du 1 er juillet 1998 tendant au renforcement de la veille et de la sécurité sanitaires. Votre commission y est d'autant plus sensible que cette réforme est issue d'une proposition de loi sénatoriale de nos collègues Claude Huriet et Charles Descours, résultant elle-même des travaux d'une mission d'information conduite par la commission des Affaires sociales.

Votre commission approuve aussi l'augmentation des crédits en faveur du renforcement de l'accès aux soins des plus démunis, qui ne remplace pas, toutefois, l'institution d'une couverture maladie universelle.

Elle approuve aussi l'amélioration du dépistage, de la prévention et de la surveillance épidémiologique de l'hépatite C que prévoit le présent budget.

En revanche, elle déplore l'indigence des crédits de la lutte contre le tabagisme et le recours au Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT) pour mettre en oeuvre une politique publique importante, la baisse des crédits de l'aide médicale urgente et l'insuffisance des moyens du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux.

Pour l'ensemble de ces raisons, votre commission a émis un avis de sagesse pour l'adoption des crédits de la santé.

I. LE PROJET DE BUDGET PERMET LA MISE EN OEUVRE DE LA RÉFORME, D'INSPIRATION SÉNATORIALE, DE LA VEILLE ET DE LA SÉCURITÉ SANITAIRES

Le Gouvernement affiche comme prioritaire la mise en oeuvre de la loi n° 98-535 du 1 er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et au contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme.

Cette réforme constitue l'aboutissement des travaux de votre commission, engagés par une mission d'information présidée par M. Charles Descours, et qui a donné lieu à un rapport de M. Claude Huriet.

La proposition de loi issue de ces travaux a été approuvée dans son contenu par le Gouvernement dirigé par M. Alain Juppé, Premier ministre, sous l'impulsion de M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat chargé de la santé et de la sécurité sociale.

Le nouveau Gouvernement ne s'est pas écarté de cette position et a favorisé l'inscription de la proposition de loi à l'ordre du jour du Parlement. Il propose aujourd'hui, dans le projet de loi de finances, d'adopter les crédits qui en permettront la mise en oeuvre.

A. LE BILAN D'ACTIVITÉ DES AGENCES EXISTANTES ET DU RÉSEAU NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE

La réforme du 1 er juillet 1998 renforce les règles de sécurité sanitaire applicables à de nombreux produits destinés à l'homme.

Elle met aussi en place trois nouveaux établissements : l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) et l'Institut de veille sanitaire (IVS).

L'agence chargée des produits de santé se substituera à l'Agence du médicament et, pour ce qui concerne leurs missions de contrôle sanitaire externe, à l'Agence française du sang et à l'Etablissement français des greffes. L'Institut de veille sanitaire se substituera au Réseau national de la santé publique et aura des attributions notablement élargies par rapport à celles antérieurement dévolues à cet organisme.

Il convient donc, avant l'installation des nouveaux établissements, qui devrait intervenir au début de l'année prochaine, de dresser un bilan d'activité des organismes existants.

1. L'Agence du médicament

L'Agence du médicament, établissement public administratif créé par la loi du 4 janvier 1993 relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament, a été installée à Saint-Denis au cours de l'année 1993, à l'exception des services de la Direction des laboratoires et des contrôles ; certaines unités de cette direction ont rejoint le site en mars 1994.

En 1996 et 1997, les laboratoires de contrôle de l'Agence se sont installés sur des nouveaux sites plus fonctionnels : les laboratoires chargés du contrôle des médicaments immunologiques, à Lyon (Domilyon) et les laboratoires de contrôle de Montpellier dans de nouveaux locaux sur le site de Vendargues : ce laboratoire est plus particulièrement destiné au contrôle des médicaments chimiques.

La réimplantation des derniers laboratoires sur le site de Saint-Denis s'achèvera à la fin de l'année 1998. Ces laboratoires seront destinés aux contrôles et aux analyses concernant les médicaments protéiques, les produits issus des biotechnologies et le contrôle des produits sanguins et des produits de thérapie cellulaire.

Il est prévu que la future agence de sécurité sanitaire des produits de santé soit installée à Saint-Denis sur le site de l'actuelle Agence du médicament : il est donc cohérent que le projet de rapprochement des laboratoires soit mené à bien jusqu'à la fin de l'année.

a) Le budget et les effectifs de l'Agence

Les moyens financiers de l'Agence reposent pour l'essentiel sur:

- des crédits budgétaires d'Etat ;

- et des ressources propres (droits, taxes et redevances directement rattachés au budget de l'Agence) et acquittées par les industriels (autorisation de mise sur le marché, taxe sur les spécialités pharmaceutiques, enregistrement des réactifs de laboratoire).

Ils se sont établis, en 1998, à 402 millions de francs contre 465 millions de francs (dont 124,8 millions de francs d'emprunt) en 1997, 316 millions de francs en 1996 et 273 millions de francs en 1995.

Compte tenu d'une décision modificative, le budget de l'Agence pour 1998 s'est finalement élevé à 432 millions de francs : la part des droits, taxes et redevances perçus sur l'industrie et les laboratoires d'analyse de biologie médicale dans les ressources globales de l'Agence représentait environ 52 % de ce budget.

Les effectifs employés par l'Agence du médicament sont passés de 430 fin 1994 à 611 au 31 décembre 1997. Les emplois des personnels relevant du ministère chargé de la santé ont été progressivement transférés sur le budget de l'Agence du médicament ; cette opération a été achevée par le transfert de 19 emplois de personnels administratifs titulaires dans le cadre de la loi de finances pour 1997.

b) L'activité de l'Agence du médicament

Depuis 1993, les procédures d'évaluation et de contrôle ont été rénovées, les retards accumulés dans les années précédant sa création ont été résorbés et de nouvelles missions ont été prises en charge par l'établissement.

En juin 1995, le conseil d'administration de l'Agence a approuvé les orientations stratégiques de l'Agence. Cinq axes ont été retenus :

- conforter la place de l'Agence au sein de l'Europe du médicament ;

- renforcer la participation de l'Agence à l'élaboration et à la définition des nouvelles politiques de santé publique ;

- développer l'information sur le médicament et le réactif de laboratoire ;

- accroître le rôle de l'Agence en matière de formation (initiale et continue) ;

- renforcer l'action internationale de l'Agence du médicament.

L'activité de l'Agence s'est orientée, depuis cette date, autour de ces cinq axes. L'analyse de son activité effectuée dans le cadre de la mission d'information sur les conditions du renforcement de la veille sanitaire et de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme a montré que son bilan d'activité était satisfaisant et donnait raison au Sénat d'avoir pris l'initiative de la création de l'Agence du médicament en 1993.

2. L'Agence française du sang

Créée en juillet 1992 sous forme d'un groupement d'intérêt public, l'Agence française du sang a été transformée en établissement public administratif de l'Etat par la loi du 4 janvier 1993.

a) Les missions et le statut

L'Agence française du sang a contribué à la définition de la réglementation relative à la sécurité transfusionnelle et a contrôlé, par les interventions de son service d'inspection, le respect de la réglementation sanitaire par les établissements de transfusion sanguine. Elle a développé des missions d'intérêt général pour le secteur transfusionnel, telles que la promotion du don, la formation des personnels en liaison avec l'Institut national de la transfusion sanguine et la recherche transfusionnelle avec le conseil scientifique. Elle a également mis en oeuvre le dispositif d'hémovigilance, qui permet de recenser et de prévenir les incidents transfusionnels immédiats ou retardés ; enfin, elle a défini l'organisation territoriale des activités transfusionnelles en France.

Son action, aux termes de la loi, a tendu à assurer la satisfaction des besoins des malades en produits sanguins labiles présentant le meilleur degré de sécurité et à faciliter l'adaptation de la transfusion sanguine aux évolutions scientifiques et techniques dans le respect des règles éthiques : non-lucrativité, bénévolat, anonymat du don.

b) Les actions menées depuis la création de l'établissement

L'Agence a élaboré ou actualisé des références médico-techniques

L'ensemble des règlements prévus par la loi ont été homologués par le ministre chargé de la santé : ils sont relatifs à la liste des 92 produits sanguins labiles, à leurs caractéristiques, et aux bonnes pratiques de prélèvement, de préparation, de distribution et de qualification biologique des dons. Les recommandations relatives à la transfusion autologue et au suivi des receveurs ont également été rédigées.

Elle a mis en place un dispositif de contrôle médico-technique des établissements

L'Agence est chargée de veiller au respect des textes normatifs. A cette fin, ses agents habilités effectuent des missions d'inspections médico-techniques auprès des établissements de transfusion sanguine en liaison avec les services déconcentrés de l'Etat. Tous les sites transfusionnels, au nombre de 165 sites relevant des 43 établissements, ont fait l'objet de contrôles par le service d'inspection. Ces contrôles ont débouché sur des mesures correctives diverses allant de l'adaptation jusqu'à la suspension d'agrément, la cessation de certaines activités et le transfert d'activités.

Elle a organisé un dispositif d'hémovigilance

La mise en oeuvre de l'hémovigilance a été structurée par la nomination des coordonnateurs placés auprès des DRASS et des correspondants dans les établissements de santé et les établissements de transfusion sanguine. Les outils de l'hémovigilance ont été mis en place : il s'agit de la traçabilité des produits sanguins labiles qui permet l'échange d'information sur les produits transfusés et les receveurs entre les hôpitaux et les établissements de transfusion, de la généralisation du numéro de don unique qui permet de sécuriser les échanges de produits sanguins, et enfin de l'informatisation des fiches d'incidents transfusionnels notifiés à l'Agence. Un réseau informatique consacré à l'hémovigilance a aussi été créé.

Elle a développé des actions de recherche transfusionnelle

Pour assurer le développement des thérapeutiques et techniques nouvelles en transfusion, l'Agence a engagé le financement de projets de recherche qui ont été validés et évalués par son Conseil scientifique, pour un budget d'environ 2,3 millions de francs chaque année : ces projets ont été réalisés par les établissements de transfusion et par l'Institut national de la transfusion sanguine.

Elle a mis en oeuvre la nouvelle organisation transfusionnelle prévue par la loi

La mise en place de l'ensemble du dispositif prévu par la loi du 4 janvier 1993 a été menée à son terme avec, en mai 1995, l'agrément des nouvelles structures transfusionnelles et la fin de la période transitoire ouverte par la loi.

En concertation avec les DRASS, l'Agence a ainsi élaboré les schémas d'organisation de la transfusion sanguine dans chacune des régions métropolitaines et d'outre-mer, schémas qui ont été approuvés par les arrêtés ministériels du 27 février et du 22 mars 1995. Les regroupements des activités en vue de permettre une sécurité transfusionnelle homogène sur tout le territoire ont permis la constitution d'un nombre plus restreint d'établissements de transfusion (43 contre 140). Leurs directeurs ont été agréés par le Président de l'Agence en 1996.

Au total, l'autosuffisance en produits sanguins labiles a été préservée : malgré une baisse régulière des prélèvements (- 5,84 % en 1996 et - 4,35 % en 1997), la France demeure autosuffisante en produits sanguins labiles du fait d'une limitation des prescriptions de transfusion et des quantités de sang utilisées, même si des ajustements sont nécessaires entre établissements pour équilibrer l'offre et la demande de produits notamment lors de certaines périodes de l'année.

Enfin, la réforme de la tarification des produits sanguins labiles a été mise en oeuvre. Les conclusions du rapport IGF/IGAS de mai 1996 avaient, en effet, mis en évidence la nécessité de procéder à l'aménagement du système de tarification qui ne valorisait pas assez les produits de base et surestimait la valeur des opérations de transformation.

Dans ce contexte, la démarche d'ensemble de la réforme a été entreprise selon trois axes :

- la révision des tarifs de cession des produits sanguins labiles;

- la redéfinition des tarifs du plasma destiné au fractionnement ;

- et la réévaluation de l'organisation et du financement de la distribution de produits sanguins labiles.

Cette importante réforme, qui repose sur le principe d'une tarification nationale unique et a été conduite à enveloppe constante pour l'assurance maladie, a été mise en place par un arrêté du 23 décembre 1997.

c) Le budget de l'établissement et son personnel

Le budget de l'Agence, conformément à la loi du 4 janvier 1993, est alimenté par une subvention de l'Etat et une dotation en provenance de l'assurance maladie, seule autre ressource de l'établissement.

Il a atteint, en 1998, 116,3 millions de francs, dont 30,73 millions de francs de subvention de l'Etat, contre 29,35 millions de francs en 1997.

Depuis 1995, le budget et les effectifs de l'Agence ont évolué de la façon suivante :


AFS

Montant du budget (en MF)

Effectifs

1995

104,28

70

1996

100,91

73

1997

106,81

78

1998

116,63

80

L'Agence gère également le Fonds d'orientation de la transfusion sanguine. Il est financé par un prélèvement de 4 % (5 % jusqu'au 1 er avril 1996) sur le montant de la cession des produits sanguins labiles dont le tarif a été relevé au 1 er août 1998 et destiné à subventionner les établissements de transfusion pour les investissements nécessaires à la mise en place des schémas et pour les actions de recherche et de formation. Son budget s'est élevé en 1998, à 141 millions de francs, contre 138 millions de francs en 1997.

3. L'Etablissement français des greffes

a) Les missions et le statut de l'Etablissement

L'Etablissement français des greffes a été créé par l'article 56 de la loi n° 94-43 du 18 janvier 1994. Il s'agit d'un établissement public national sous tutelle du ministre chargé de la santé, qui couvre le champ des greffes d'organes, de tissus, de moelle osseuse et de cellules et est notamment chargé de promouvoir le don d'organes et de tissus, d'enregistrer l'inscription des patients en attente de greffe sur une liste nationale, de gérer cette liste, d'attribuer les greffons, prélevés ou non sur le territoire français, en fonction de règles de répartition homologuées par le ministre, et de préparer des règles de bonnes pratiques dans le domaine des greffes.

L'Etablissement fonctionne en continu, 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Il s'est organisé au niveau territorial sur le mode auparavant retenu par l'association France transplant, avec un siège national et un réseau de sept coordinations interrégionales couvrant le territoire métropolitain et les départements d'outre-mer. A l'heure actuelle, l'Etablissement emploie 90 personnes dont 56 au siège parisien, y compris une permanence de régulation nationale pour les répartitions d'organes. Les coordinations régionales emploient 34 personnes.

Contrairement à l'Agence française du sang ou à l'Agence du médicament, l'Etablissement français des greffes ne dispose pas de corps d'inspection propre. Les contrôles, dans les établissements de santé et les banques de tissus et de cellules, du respect des bonnes pratiques sont donc effectués par les corps d'inspection de l'Etat. Cependant, l'Etablissement apporte son concours pour la délivrance et le renouvellement des différentes autorisations prévues dans le domaine des greffes d'organes, de tissus et de cellules, et participe indirectement au contrôle du respect des bonnes pratiques par l'intermédiaire de sa mission d'évaluation des activités de prélèvement, de greffe et de conservation des organes, tissus et cellules en France.

b) Le budget de l'Etablissement

Le budget de l'Etablissement français des greffes, conformément à la loi du 29 juillet 1994, est alimenté par une subvention de l'Etat et une dotation de l'assurance maladie.

Depuis 1995, le budget et les effectifs de l'établissement ont évolué de la façon suivante :


EFG

Montant du budget (en MF)

Effectifs

1995

54

78

1996

61,55

88

1997

63,24

80

1998

68,77

100

Pour l'année 1998, la subvention de l'Etat s'est élevée à 22,3 millions de francs.

c) Le bilan d'activité de l'Etablissement

La mise en place effective de l'Etablissement a été réalisée au mois de décembre 1994.

Les principales actions conduites par l'Etablissement, au-delà de la mise en place de la régulation nationale, ont concerné l'élaboration des règles de répartition et d'attribution des organes prélevés sur une personne décédée, de règles de bonnes pratiques de prélèvement de tissus, d'organes et de cellules souches hématopoïétiques.

L'Etablissement a participé activement au renforcement de la sécurité sanitaire des greffes. A ce titre, il a été amené à donner son avis dans le cadre des travaux du groupe de sécurité microbiologique de la Direction générale de la santé. Par ailleurs, il a participé à l'élaboration de textes importants, tels que le décret n° 97-306 du 1 er avril 1997, relatif aux conditions d'autorisation des établissements de santé effectuant des prélèvements d'organes et de tissus à des fins thérapeutiques, et le décret n° 97-928 du 9 octobre 1997 relatif aux règles de sécurité sanitaire applicable à tout prélèvement d'éléments ou toute collecte de produits du corps humain et à leur utilisation à des fins thérapeutiques.

L'Etablissement a également entrepris un programme d'information sur le don destiné à lutter contre le manque de greffons. En 1996 et 1997, une campagne a été lancée dans les établissements de santé et auprès des professionnels de santé libéraux. Au cours de l'année 1998, cette campagne d'information a été élargie à l'ensemble de la population : cette action est d'autant plus nécessaire qu'a été mis en place, cette année, le registre national automatisé des refus de prélèvement sur une personne décédée. L'Etablissement a été chargé de la conception et de la gestion de ce registre et il est également tenu d'informer le public de sa mise en oeuvre.

Enfin, l'exercice de ses compétences a conduit l'Etablissement à participer à l'expertise concernant des sujets transversaux tels que l'élaboration de la réglementation relative aux produits thérapeutiques annexes ou l'encadrement des activités relatives aux cellules, y compris celles issues du sang.

4. Le Réseau national de santé publique

a) Le statut et les missions du Réseau

Le Réseau national de santé publique a été créé en 1992 sous forme d'un groupement d'intérêt public constitué entre l'Etat (Direction générale de la santé et Direction des hôpitaux) et deux établissements publics (INSERM et Ecole nationale de la santé publique), pour renforcer le dispositif d'épidémiologie d'intervention en France.

Ses missions de surveillance et d'investigation épidémiologiques ainsi que d'évaluation des risques en matière de maladies infectieuses et de morbidité et de mortalité d'origine environnementale ont été organisées autour de quatre fonctions principales :

- la gestion des systèmes d'information sanitaire (recueil systématique permanent et traitement des données épidémiologiques) ;

- l'animation de réseaux de professionnels de santé ;

- le développement d'une capacité d'investigation en situation d'urgence ;

- le développement d'une expertise méthodologique et technique d'épidémiologie et d'évaluation de risque.

b) Le budget du Réseau

Pour répondre à ses missions permanentes, le Réseau national de santé publique a disposé de moyens propres dont le financement a été assuré par l'Etat sous forme d'une subvention de fonctionnement, de moyens mis à disposition par les membres du GIP et de subventions sur des programmes nationaux ou communautaires.

Le Réseau national de santé publique dispose actuellement d'un effectif global de 82,5 agents. Son budget s'est élevé, en 1998, à 69 millions de francs, alimenté notamment par une subvention de l'Etat de 27,3 millions de francs (contre 14,8 millions de francs en 1996 et 22,1 millions de francs en 1997).

La subvention versée par l'Etat au titre du fonctionnement du Réseau (chapitre 47-12, article 80) a évolué de la façon suivante :


1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

2,4 MF

4,621 MF

13,866 MF

13,866 MF

14,866 MF

22,166 MF

27,367 MF

Dans ce cadre, les activités propres du Réseau national de la santé publique ont été réalisées :

- soit directement par la mise en oeuvre de moyens permanents ;

- soit indirectement en faisant appel à des moyens extérieurs (conventions d'études passées avec des organismes extérieurs, en raison de leur compétence scientifique et de leur domaine d'activités en matière d'épidémiologie).

L'activité du Réseau national de santé publique a également reposé sur les moyens mis en oeuvre par l'Etat dans le cadre des DRASS, avec les Cellules interrégionales d'épidémiologie d'intervention.

c) Bilan d'activité du Réseau

Dès sa création, la priorité du Réseau national de santé publique a été de développer les fonctions d'investigation et d'expertise ; elles se sont notamment exprimées à l'occasion du contrôle de l'épidémie nationale de listériose en août 1993, de l'expertise sur l'hépatite C débutée en fin 1993, et plus récemment lors de l'épidémie de légionellose, à Paris, en juin 1998.

Le développement de ses missions de surveillance s'est effectué dans le domaine des maladies à prévention vaccinale, des maladies respiratoires, des maladies d'origine alimentaire, de la maladie de Creutzfelt-Jacob, des hépatites, des zoonoses et du Sida.

Depuis janvier 1996, le Réseau national de santé publique gère le système national des notifications des maladies à déclaration obligatoire. Les maladies à déclaration obligatoire font ainsi l'objet d'une publication sur le serveur Internet du Réseau ainsi que dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du ministère de la santé.

L'action du Réseau s'est également concrétisée dans le domaine des risques sanitaires d'origine environnementale, comme la pollution atmosphérique en milieu urbain avec la mise en place, dans huit villes, de pôles de surveillance épidémiologique des effets de la pollution atmosphérique sur la santé en milieu urbain. Il s'est également intéressé à la pollution chronique des sols et aux phénomènes de contamination de la chaîne alimentaire et de l'eau par des toxiques et des agents microbiens.

C'est ainsi que le Réseau national de santé publique s'est progressivement structuré en trois unités techniques opérationnelles :

- l'unité des maladies infectieuses (UMI);

- l'unité " santé-environnement " (USE);

- l'unité des systèmes d'information et de la communication (USIC).

B. L'INSTALLATION DES NOUVEAUX ÉTABLISSEMENTS EN 1999

1. L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

Selon le ministère, le projet de décret relatif à la future Agence créée par la loi du 1 er juillet 1998 fait actuellement l'objet d'une consultation interministérielle : il sera transmis au Conseil d'Etat au cours de l'automne et publié à la fin de l'année.

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé sera juridiquement mise en place à la date de la nomination de son directeur général, et au plus tard au 31 décembre 1998.

Cette Agence, qui contrôlera l'ensemble des produits de santé, bénéficiera de l'essentiel des crédits ouverts en loi de finances au titre de la veille et de la sécurité sanitaires, soit 119,9 millions de francs. Sur ces 119,9 millions de francs, près de 85 millions proviennent de transferts : 80 millions de francs correspondent à la subvention de l'Etat à l'ancienne Agence du médicament, auxquels s'ajoutent 25 transferts d'emplois, en provenance de l'administration centrale (13 personnes) ou de l'Agence française du sang (12 personnes), correspondant à des crédits d'un montant d'environ 4,5 millions de francs.

Les mesures nouvelles qui doivent accompagner l'extension des missions de la nouvelle Agence par rapport à celles de l'Agence du médicament, s'élèvent donc à 34,9 millions de francs. Ces crédits permettront notamment la création de 61 emplois.

Il faut noter que la subvention de recherche à l'Agence du médicament, qui s'élevait à 810.000 francs, est reconduite au profit de la nouvelle Agence des produits de santé.

Les crédits budgétaires ne devraient constituer qu'une part modeste de son budget total : elle bénéficiera en effet, comme l'ancienne Agence du médicament, des droits et taxes prévus par la loi.

Les crédits soumis au vote du Parlement dans le cadre de la loi de finances pour 1999 (chapitre 36-81, articles 11 et 12) s'établissent ainsi :



Chapitre 36-81, article 11 :

 

- base subvention à l'Agence du médicament 1998 :

79,653 MF

- création de 4 emplois fonctionnels de direction :

2,809 MF

- prise en compte de l'accord salarial dans la fonction publique :

1,194 MF

- mise en oeuvre des nouvelles missions :

(création de 57 emplois, ajustement de moyens de fonctionnement, transfert de 25 emplois provenant des structures assurant antérieurement certaines missions confiées à l'AFSSAPS).

35,446 MF

Chapitre 36-81 article 12 (recherche)

 

- base subvention 1998 à l'Agence du médicament reconduite :

0,81 MF

L'Agence a reçu l'agrément du comité de décentralisation pour une implantation à Saint-Denis, sur le site actuellement occupé par l'Agence du médicament.

2. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments

Selon le ministère, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments sera, dans un premier temps, constituée par le CNEVA, l'Agence du médicament vétérinaire et par une Direction de l'expertise et de l'évaluation scientifique, à constituer. Le projet de décret relatif à son organisation et son fonctionnement, en cours de rédaction par le ministère de l'agriculture, a fait l'objet d'échanges interministériels : après arbitrage, il sera transmis au Conseil d'Etat et pourra être publié avant la fin de l'année.

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments sera, elle aussi, juridiquement mise en place à la date de nomination de son directeur général, et au plus tard au 31 décembre 1998.

Cette seconde Agence de sécurité sanitaire disposera d'un budget bien moins élevé que celui de l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé, avec un total de subventions de l'Etat de 31,4 millions de francs.

Au sein de ces 31,4 millions de francs, la contribution du budget de la santé est assez modeste et s'élève à 8 millions de francs. La majeure partie de cette contribution correspond, en fait, au transfert à l'Agence du laboratoire d'hydrologie et à des subventions accordées, comme l'an dernier, à l'observatoire des consommations alimentaires. Les mesures nouvelles, qui situent l'effort du ministère de la santé pour créer une structure véritablement nouvelle, s'élèvent à 3 millions de francs seulement.

L'Agence devrait, en 1999, disposer d'un effectif supplémentaire de 50 emplois, auxquels s'ajouteront les 12 emplois du laboratoire d'hydrologie.

Un plan de localisation d'ensemble des agences a été présenté au comité de décentralisation : il propose de " compléter le pôle santé publique de l'Est parisien par l'installation de l'Agence sur le site actuel du CNEVA, à Maisons Alfort ".

3. L'institut de veille sanitaire

L'Institut de veille sanitaire (IVS) sera constitué à partir du GIP Réseau national de santé publique (RNSP). Le ministère indique que, comme pour les deux agences de sécurité sanitaire, le projet de décret, relatif à son organisation et son fonctionnement, a été préparé et fait actuellement l'objet d'une consultation interministérielle : il sera transmis au Conseil d'Etat, puis publié avant la fin de l'année.

L'Institut de veille sanitaire sera juridiquement mis en place à la date de nomination de son directeur général et au plus tard au 31 décembre 1998.

Ce troisième établissement public, institué par la loi du 1 er juillet 1998, bénéficiera d'une subvention de l'Etat de 62,5 millions de francs, dont plus du tiers sont des moyens nouveaux. Le reste des crédits correspond, outre la subvention à l'ancien réseau national de la santé publique, aux moyens des registres de pathologies, et à 3 millions de francs qui étaient antérieurement affectés aux observatoires régionaux de la santé (ORS).

Lorsque votre rapporteur a interrogé le ministre sur ce transfert, ce dernier a répondu que les 3 millions de francs ne feraient que transiter par l'Institut de veille sanitaire puisqu'ils seront consacrés au financement de la maintenance des tableaux de bord des observatoires régionaux.

La Fédération des observatoires régionaux de la santé, que votre rapporteur a interrogée à ce sujet, estime cependant que, lorsqu'ils reviendront aux ORS, ces 3 millions de francs se réduiront à 2,49 millions au maximum : il seront en effet soumis à la TVA, sans tenir compte des éventuels frais de gestion de l'Institut de veille sanitaire.

Dans le projet de budget pour 1999, la subvention de l'Etat aux ORS, à ces 3 millions près, resterait identique à celle votée pour 1998.

En 1999, l'Institut de veille sanitaire devrait disposer de 100 emplois, permettant :

- le recrutement en propre de tous les personnels travaillant actuellement pour le RNSP :

. contractuels,

. personnels de l'Etat (9 emplois inscrits au budget de l'Etat seront ainsi transférés à l'IVS),

. personnels de la fonction publique hospitalière,

. personnels travaillant pour le centre européen de surveillance épidémiologique du Sida

- et le recrutement de 15 personnes supplémentaires.

Comme pour les deux agences de sécurité sanitaire, un plan de localisation a été présenté au comité de décentralisation : ce plan propose le maintien de l'IVS sur le site actuel du RNSP à Saint-Maurice.

4. Les Etablissements français du sang et des greffes

La loi du 1 er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et au contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme prévoit notamment un dispositif portant réorganisation du service public transfusionnel : un établissement public opérateur unique de la transfusion sanguine se substituera à l'ensemble des organismes du secteur transfusionnel.

L'Etablissement français du sang (EFS), qui prend la suite de l'Agence française du sang, deviendra le gestionnaire du service public transfusionnel. Dans ce cadre, les établissements de transfusion sanguine perdront leur personnalité morale, mais conserveront des conseils d'établissement associant les acteurs locaux de la transfusion et les représentants de l'Etat et de l'assurance maladie ainsi que du secteur sanitaire. Ces établissements seront dirigés par des directeurs nommés par le Président de l'Etablissement national ; ils bénéficieront d'une délégation de gestion pour la gestion de leur site.

L'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé, compétente pour l'ensemble des produits, se verra transférer des missions relatives à la sécurité sanitaire des produits actuellement du ressort de l'Agence française du sang :

- élaboration de la liste et des caractéristiques des produits sanguins labiles ;

- autorisation d'importation des produits sanguins labiles ;

- hémovigilance ;

- inspection des établissements de transfusion ;

- agrément des établissements de transfusion ;

- établissement des bonnes pratiques.

L'organisation territoriale de la transfusion sanguine continuera à se faire dans le cadre des schémas territoriaux, mais les établissements de transfusion sanguine seront désormais agréés par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, à la demande de l'Etablissement français du sang.

La réforme comporte également des changements pour les personnels des établissements de transfusion sanguine. Ces personnels, actuellement au nombre de 9.000 ayant actuellement des statuts très divers, seront repris par l'Etablissement. A terme, le nouveau dispositif législatif prévoit qu'ils seront régis par une convention collective qu'il appartiendra à l'Etablissement français du sang de négocier avec les organisations syndicales représentatives du personnel.

Dans ce nouveau contexte, la part de financement assurée par l'Etat à l'Agence française du sang pour 1999 sera de 29,69 millions alors qu'elle était de 30,73 millions en 1998. En effet le projet de loi de finances prévoit le transfert de 12 emplois de l'Agence française du sang en direction de l'AFSSAPS. Par ailleurs, des créations d'emplois sont prévues à l'Agence française du sang afin de mettre en oeuvre les chantiers indispensables à la création de l'Etablissement français du sang, dont la mise en place d'un système d'information et de gestion administrative et financière ainsi que la préparation de la convention collective des personnels de la transfusion sanguine.

Pour l'Etablissement français des greffes, le projet de loi de finances prévoit une dotation de l'Etat en progression de 14 %, qui s'établit à 25,5 millions de francs.

Cette augmentation de moyens sera affectée à trois objectifs prioritaires :

- la poursuite de la réalisation du schéma directeur informatique de l'établissement;

- le renforcement des moyens opérationnels des sept coordinations interrégionales, l'objectif étant de doter toutes les coordinations de moyens humains équivalents ;

- et l'extension des locaux de l'établissement.

5. La gestion des crédits ouverts en loi de finances pour 1998

L'an dernier, le Parlement avait adopté, dans le cadre de la loi de finances pour 1998, l'ouverture de 80 millions de francs de crédits budgétaires pour l'installation des trois futurs établissements de sécurité et de veille sanitaires prévue par la proposition de loi sénatoriale alors encore en discussion.

Ces crédits étaient inscrits à l'article 60 (" Etablissement de veille et de sécurité sanitaire ") du chapitre 36-81 (" Etablissements nationaux à caractère sanitaire et social ") du budget de l'emploi et de la solidarité (fascicule II - Santé, solidarité et ville).

Les Agences de sécurité sanitaire et l'Institut de veille n'ayant été institués dans la loi que le 1 er juillet 1998, et les crédits ne pouvant être dépensés dans l'attente de la publication des décrets d'application de la loi, un arrêté du 21 août 1998 a annulé, sur ce chapitre 36-81, 34 millions de francs sur les 80 millions de francs dont il était initialement doté.

A la même date du 21 août 1998, un décret d'avance n° 98-734 ouvrait des crédits d'un montant équivalent à ceux qui avaient été annulés, soit 34 millions de francs, pour le financement des Etats généraux de la santé...

Restaient donc, après l'arrêté d'annulation, 46 millions de francs pour les futures agences.

Aujourd'hui, le projet de loi de finances rectificative pour 1998 vient partiellement compenser les pertes résultant de cet arrêté : il prévoit en effet l'ouverture de 9 millions de francs sur le chapitre 36-81 destinés à l'installation des nouvelles Agences.

On ne peut donc que constater que la " cagnotte " des 80 millions de francs aura été bien utile, cette année, aux services du ministère de la santé pour financer temporairement d'autres opérations, et qu'elle se trouve réduite, en fin d'année, de 25 millions de francs.

Votre commission souhaite s'assurer, auprès du ministre, que les 55 millions restants, ouverts au titre de 1998, seront bien reportés sur l'exercice 1999. En effet, si l'installation des agences devrait juridiquement intervenir, selon le ministère, à compter de la nomination de leur directeur général et, au plus tard, au 31 décembre 1998, les crédits ne pourront être utilement utilisés qu'au cours de l'année 1999.

Votre commission souhaite également interroger le ministre sur la répartition de ces 55 millions de francs entre l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et l'Institut de veille sanitaire.

Sans cette information, en effet, le Parlement ne peut connaître, à la seule analyse des crédits budgétaires proposés par le projet de loi de finances pour 1999, le montant réel des dotations réelles qui seront accordées aux nouveaux établissements publics l'an prochain.

II. LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI D'ORIENTATION RELATIVE À LA LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS

La lutte contre les exclusions et la mise en oeuvre des programmes régionaux pour l'accès à la prévention et aux soins, institués par l'article 71 de la loi d'orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, constitue la seconde priorité gouvernementale affichée, cette année, dans le budget de la santé.

Le Gouvernement indique à cet égard que 250 millions de francs, dont 194 millions de francs de mesures nouvelles, seront ainsi affectés aux programmes régionaux d'accès aux soins :


 

Montant (Mf)

Chapitre budgétaire

1 - Mesures acquises

56,0

 

Lits d'hébergement médicalisés

15,0

47-21

Education à la santé, programmes régionaux de santé

9,0

47-11

Actions santé - précarité

32,0

47-11

2 - Mesures nouvelles

194,0

 

Renforcement des structures d'éducation à la santé

21,5

47-11

Accès aux soins, développement des lieux d'écoute

36,5

47-11

Renforcement des secteurs psychiatriques

18,3

47-11

Formation des acteurs de terrain

20,2

47-11

Actions spécifiques dans les TOM

3,5

47-19

Lutte contre le saturnisme

4,5

47-12 et 37-13

Actions spécifiques toxicomanie (25 points d'écoute)

18,5

47-15

Consultations d'alcoologie dans les centres d'hébergement

25,0

47-17

Prise en charge maladies infectieuses adaptée aux plus démunis

12,5

47-18

Logistique de la coordination des réseaux santé-social

23,5

37-13

Vacations catégorie A pour animer les réseaux santé-social

10,0

31-96

TOTAL

250

 

L'appréciation de cet effort en faveur de la lutte contre les exclusions doit tenir compte d'un certain nombre d'effets d'optique... et aussi d'effets de " yoyo budgétaire " .

D'effets d'optique, car l'effort annoncé en faveur de la lutte contre les exclusions rassemble des actions qui sont également prises en considération dans d'autres domaines de l'action gouvernementale : ainsi, l'institution de consultations d'alcoologie dans les centres d'hébergement peut, comme le fait le Gouvernement, être inscrite au titre de la lutte contre l'exclusion, à condition de ne pas être comptabilisée une deuxième fois en mesure nouvelle de la lutte contre l'alcoolisme. Il en est de même pour les 25 " points d'écoute " pour les toxicomanes.

Il faut aussi tenir compte d'effets de " yoyo budgétaire " : ainsi, le Gouvernement annonce le quasi-doublement des crédits de l'article 40 du chapitre 47-11, intitulé " interventions sanitaires en direction de publics prioritaires ". Si l'on doit se féliciter d'une telle progression, il convient aussi de rappeler que ces mêmes crédits avaient été réduits d'un tiers, l'an dernier, dans la loi de finances pour 1998.

Enfin, l'importance de l'effort budgétaire en faveur de l'accès aux soins des personnes les plus démunies ne saurait faire oublier que le projet de loi instituant une couverture maladie universelle, annoncé depuis un an et dont la mise en oeuvre sera, seule, de nature à favoriser très concrètement l'amélioration de la santé de ces personnes, n'a toujours pas été déposé sur le bureau des Assemblées.

III. LA LUTTE CONTRE LES GRANDS FLÉAUX SANITAIRES FAIT L'OBJET D'EFFORTS D'AMPLEUR CONTRASTÉE

Si le Gouvernement affiche comme objectifs prioritaires du budget de la santé la mise en oeuvre des lois concernant la veille et la sécurité sanitaires et la lutte contre l'exclusion, le poste le plus important de ce budget demeure celui de la lutte contre les fléaux sanitaires. Il représente en effet 1.666 millions de francs, soit plus du tiers du budget de la santé.

La lutte contre la toxicomanie fait l'objet de l'effort le plus important : si ses crédits régressent légèrement (- 1,9 %), ils s'établissent toutefois à 1.052 millions de francs.

La lutte contre le Sida, qui voit son champ élargi à l'hépatite C, est dotée de 523 millions de francs, soit une progression de 5,5 % par rapport à 1998.

Mais la lutte contre l'alcoolisme, et surtout la lutte contre le tabagisme, se voient attribuer des crédits indigents, d'une ampleur sans commune mesure avec celle qui serait nécessaire pour prévenir les conséquences sanitaires et sociales de ces deux fléaux.

A. LA LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE BÉNÉFICIE DE CRÉDITS D'UN VOLUME SATISFAISANT, MAIS UN PLAN GOUVERNEMENTAL D'ACTION FAIT TOUJOURS DÉFAUT

Les crédits de la lutte contre la toxicomanie sont retracés au sein de deux chapitres budgétaires. Le chapitre 47-15, doté de 815 millions de francs, a vocation à financer les actions sanitaires et sociales engagées par le ministère de la santé. Le chapitre 47-16 concerne l'action interministérielle de lutte contre la toxicomanie : après avoir progressé de 27 % l'an dernier, ses crédits sont réduits de 19,5 % cette année, une partie des crédits ouverts pour 1998 n'ayant pas été consommée et devant faire l'objet d'un report sur l'exercice 1999.

1. L'utilisation des crédits ouverts en 1998 (chapitre 47-15)

Les crédits prévus en loi de finances initiale sur le chapitre 47-15 s'élevaient à 779,6 millions de francs, répartis en 86 millions de francs pour l'article 10, 631 millions de francs pour l'article 40, 13 millions de francs pour l'article 50 et 49,6 millions de francs pour l'article 60.

Chapitre 47-15, article 10

Ces crédits ont été utilisés pour le remboursement aux centres hospitaliers de la prise en charge des sevrages des patients toxicomanes et l'achat de méthadone dans les centres spécialisés de soins aux toxicomanes.

Chapitre 47-15, article 40

En 1998, la somme de 631 millions de francs inscrite en loi de finances initiale a été abondée de crédits interministériels provenant du chapitre interministériel 47-16 de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) pour un montant de 20,1 millions de francs : les crédits de cet article se sont donc élevés, au total, à 651 millions de francs.

Déconcentrés dans les DDASS, les crédits inscrits en loi de finances initiale ont permis de financer les centres spécialisés de soins aux toxicomanes (624,4 millions de francs) et la partie " ville " de réseaux " toxicomanie-ville-hôpital " (6,5 millions de francs).

Les crédits provenant de la MILDT, eux aussi déconcentrés dans les DDASS, ont par ailleurs permis :

- de poursuivre le rattrapage des déséquilibres budgétaires de l'ensemble des centres spécialisés de soins aux toxicomanes (soit 4,8 millions de francs) ;

- le développement du dispositif spécialisé de soins (centres de soins en ambulatoire pour développer les traitements de substitution ; centres avec hébergement collectif) (soit 12,3 millions de francs) ;

- le financement de centres de soins en ambulatoire pour leur activité de conseil auprès des professionnels médicaux ou sociaux amenés à prendre en charge des personnes toxicomanes (soit 3 millions de francs).

Utilisation des crédits du chapitre 47-15, article 50

Les crédits inscrits en loi de finances initiale sur l'article 50, soit 13 millions de francs, ont permis le financement de l'association nationale des intervenants en toxicomanie (ANIT) à hauteur de 490.000 francs.

Ces crédits ont, eux aussi, été abondés de crédits interministériels, provenant du chapitre interministériel 47-16 de la MILDT à hauteur de 5 millions de francs. Ces crédits ont été attribués à l'association " Toxibase " qui gère une banque de données informatisées sur les toxicomanes.

Les 12.410.000 francs restants ont été sous-répartis sur l'article 60.

Utilisation des crédits du chapitre 47-15, article 60

Les crédits inscrits en loi de finances initiale sur l'article 60, s'élevaient à 49,6 millions de francs.

Ils ont été abondés de 12,4 millions de francs provenant de l'article 50, de 11,7 millions de francs de crédits interministériels provenant du chapitre 47-16 (MILDT) et de 4 millions de francs destinés à la création de points écoute dans le cadre de la loi relative à la lutte contre les exclusions, soit un total de 77,7 millions de francs.

Les crédits inscrits en loi de finances, déconcentrés dans les DDASS, ont permis le financement :

- des 78 " points écoute " déjà existants pour les jeunes ou leurs parents (soit 29,1 millions de francs) et celui de nouveaux points écoute créés en fin d'année en application de la loi relative à la lutte contre les exclusions (soit 4 millions de francs) ;

- de 2 " sleep-in " à Paris et Marseille (soit 12 millions de francs) ;

- de 8 Quartiers Intermédiaires pour Sortants (QIS) au sein de maisons d'arrêt (soit 5 millions de francs) ;

- du " Kaléidoscope " de Paris (soit 3,5 millions de francs) ;

- de 26 ateliers d'insertion (soit 11,6 millions de francs) ;

- d'actions de prévention (soit 800.000 francs).

Les crédits provenant de la MILDT, déconcentrés dans les DDASS, ont permis :

- le renforcement des points écoute (soit 3,7 millions de francs) ;

- le financement d'un " sleep-in " (soit 6 millions de francs) ;

- le financement d'actions de formation (soit 2 millions de francs).

2. Les actions développées dans le domaine sanitaire et social

Les objectifs du plan triennal 1993-1996, prolongé par le plan gouvernemental du 14 septembre 1995, ont été atteints en 1997. Trois axes prioritaires ont été poursuivis en 1998 : l'amélioration du volet préventif de la lutte contre la toxicomanie, la diversification des modes de prise en charge et la mise en oeuvre de mesures de réinsertion des toxicomanes.

a) L'amélioration du volet préventif de la lutte contre la toxicomanie

Elle s'est traduite par la création de " points écoute ", d'une banque de données informatisées et la conduite d'actions de formation.

La création de " points écoute jeunes " et de " points écoute parents "

Afin d'intervenir au plus près de la population, et tout particulièrement auprès des jeunes en difficulté, 63 " points écoute jeunes " ont été progressivement créés. Il s'agit de permanences d'accueil, d'écoute et d'accompagnement éducatif qui ont pour objectifs de prévenir l'inadaptation de jeunes en difficulté, d'aider au rétablissement de leur équilibre psychologique et social, de répondre à des situations d'urgence liées à des détresses affectives, familiales et sociales et de favoriser l'accès à un service social.

De nombreuses familles se trouvent également désemparées face aux problèmes réels ou supposés de consommation de toxiques par leurs enfants : les " points écoute parents ", au nombre de 14, leur offrent un accueil et proposent des entretiens visant à prévenir ou à arrêter la détérioration de leur relation avec leurs enfants et éventuellement de prendre contact avec le système de soins. Ces points écoute sont implantés en priorité dans les quartiers en difficulté.

La constitution d'une banque de données informatisée

L'information pour tous les publics sur les problèmes de toxicomanie est un des points essentiels de la prévention : c'est pourquoi a été progressivement créé le service " Toxibase ", une banque de données documentaires informatisées sur les toxicomanies qui regroupe 17.000 documents sur les problèmes des toxicomanies. Accessible au grand public par le minitel et sur le réseau Internet, Toxibase propose une revue documentaire trimestrielle, une revue de presse et un service de recherche documentaire destinés à un public restreint.

Les actions de formation

Dans le cadre des crédits déconcentrés auprès des DRASS, des programmes de formation ont été financés dans 20 régions. Ces formations axées sur le thème de l'information et de la prévention des toxicomanies, touchent un public divers relevant du secteur médico-social, de la justice, de l'enseignement ou de l'entreprise.

b) La diversification des modes de prise en charge sanitaire des toxicomanes

Ce volet sanitaire vise cinq objectifs :

La poursuite de l'augmentation des capacités de prise en charge des toxicomanes avec hébergement

Le plan triennal 1993-1996 prévoyait le doublement des capacités de prise en charge avec hébergement des toxicomanes, le nombre de places devant être porté de 620 à 1.240. Cet objectif a été atteint fin 1997.

En 1998, un centre de post-cure supplémentaire a été financé, portant ainsi à 1.261 places la capacité de prise en charge avec hébergement hors familles d'accueil.

Le recours aux traitements de substitution

Les traitements de substitution constituent une modalité de prise en charge des personnes pharmaco-dépendantes majeures aux opiacés, notamment à l'héroïne. Ces traitements contribuent à l'amélioration de la situation du patient d'un point de vue social et somatique et concourent à la réduction des risques infectieux. Ils s'insèrent dans une stratégie thérapeutique d'ensemble de la dépendance visant, à terme, le sevrage.

Les deux médicaments disponibles sont la Méthadone et le Subutex. La Méthadone est le plus ancien des médicaments de substitution employés ; sa prescription initiale ne peut être réalisée que par des médecins exerçant dans un centre spécialisé de soins aux toxicomanes. Le Subutex, disponible en officine depuis février 1996, s'adresse à des patients pour la plupart déjà suivis en médecine libérale. Il peut être prescrit par tout médecin traitant après un examen médical dans le cadre d'un travail en réseau permettant d'assurer un suivi sanitaire et social.

Les plans gouvernementaux de lutte contre la toxicomanie ont fait en sorte que chaque département dispose, dès la fin de l'année 1997, d'une possibilité de prise en charge avec substitution. Cet objectif est atteint :

- 79 départements bénéficient aujourd'hui d'un centre spécialisé de soins aux toxicomanes permettant la dispensation de Méthadone (137 centres de soins prescrivent ce médicament) ;

- certains départements ne disposent pas de centres spécialisés de soins développant les traitements par la Méthadone. Il s'agit souvent de départements semi-ruraux qui organisent un mode de prise en charge fondé sur un travail en réseaux entre médecins généralistes ayant recours au traitement par Subutex, travailleurs sociaux et hôpitaux.

En 1998, environ 6.000 personnes bénéficiaient d'un traitement par la Méthadone et environ 50.000 personnes d'un traitement par le Subutex.

Le ministère prévoit d'amorcer, en 1999, une réflexion sur les indications comparées des différents traitements de substitution afin que l'accessibilité aux traitements de substitution s'établisse sur la base d'indications cliniques plus affinées que la seule notion de dépendance avérée aux opiacés.

Le développement des réseaux toxicomanie/ville/hôpital

Les réseaux toxicomanie/ville/hôpital visent à assurer la continuité des soins entre les médecins généralistes, les centres spécialisés de soins aux toxicomanes et les différents services hospitaliers concernés par l'accueil des toxicomanes au sein d'un même hôpital. Ils s'inscrivent dans les stratégies liées au sevrage et aux prises en charge avec substitution. Il existe aujourd'hui cinquante réseaux ville/hôpital.

L'ouverture du secteur hospitalier à la prise en charge des toxicomanes

Plusieurs textes réglementaires, comme la circulaire du 3 avril 1996, ont eu pour objet de réserver un certain nombre de lits pour le sevrage des toxicomanes. Elle affirme que, " du fait de sa mission de service public, l'hôpital doit offrir aux patients toxicomanes les soins médico-psycho-sociaux qu'ils requièrent ". Cette politique sera poursuivie en 1999.

La réduction des risques infectieux liés au VIH et aux hépatites

Dans le cadre de la prévention des risques infectieux, depuis 1993, ont été mis en place :

- 86 programmes d'échanges de seringues ;

- 148 distributeurs automatiques ou récupérateurs de seringues ;

- 32 lieux de contact pour usagers de drogues actifs les plus marginalisés, dits " boutiques ".

Ces " boutiques " sont des lieux refuges offrant des soins infirmiers de première urgence et dispensant du matériel d'injection stérile. Ils accueillent les toxicomanes non sevrés pour les écouter et les informer, notamment sur les risques infectieux, et tenter d'ouvrir un dialogue qui pourrait être l'amorce d'une démarche de soin. Elles assurent enfin une orientation vers le dispositif sanitaire et social.

Depuis 1997, a été aussi engagé un programme de réduction des risques liés aux hépatites B et C qui prévoit un plan d'études et de recherche, des mesures d'information et de réduction des risques et un plan d'information des professionnels de santé. Plusieurs actions ont déjà été menées :

- en partenariat avec la Croix Rouge, un programme de vaccination contre l'hépatite B a été réalisé dans 23 départements ;

- une campagne de vaccination contre l'hépatite B a été effectuée auprès des personnes en détention ;

- dans le cadre d'un programme national de santé relatif à l'hépatite C, une campagne d'information et de dépistage a déjà été menée en faveur des personnes toxicomanes dans tous les lieux d'accueil ou de contact pour toxicomanes (boutiques, bus, sleep-in, centres de soins spécialisés).

Ces actions ont été poursuivies et complétées en 1998 par :

- la diversification du contenu des trousses de prévention ;

- une information des professionnels par la diffusion d'une brochure d'information présentant une information générale sur le VHC et des recommandations sur l'articulation entre l'action des praticiens des réseaux toxicomanie ville/hôpital et celle des référents hospitaliers spécialisés dans la prise en charge de l'hépatite C.

c) La mise en oeuvre de mesures de traitement social et de réinsertion des toxicomanes

Longtemps, la politique de lutte contre la toxicomanie ne s'est exprimée que dans les domaines sanitaire et répressif. Or, le phénomène de la toxicomanie a évolué, les problèmes sanitaires s'avérant imbriqués avec des difficultés sociales. C'est pourquoi il apparaît nécessaire de proposer un " traitement social " de la toxicomanie qui s'est notamment traduit par la création de " sleep-in " et du " kaléidoscope ".

Les sleep-in, au nombre de trois, sont des centres d'hébergement de nuit en urgence pour toxicomanes actifs en situation de grande précarité. Ils offrent la possibilité d'une consultation sanitaire et sociale spécialisée dans l'accueil et l'orientation.

Le " Kaléidoscope ", qui fonctionnera en 1999, est un centre de jour et d'activités pour toxicomanes actifs et s'appuie sur la même démarche que celle des sleep-in, à savoir l'aide à l'insertion et l'accès aux soins.

D'autre part, 25 ateliers d'aide à l'insertion offrent, pour les toxicomanes suivis ou non sur le plan sanitaire en centre spécialisé de soins aux toxicomanes, une aide à l'insertion en proposant des remises à niveau scolaire, des activités permettant de recouvrer un sentiment d'estime de soi (chantier humanitaire par exemple) et l'acquisition de compétences pré-professionnelles.

Enfin, 8 quartiers intermédiaires sortants (QIS) ont été créés pour prévenir la récidive et la rechute dans la toxicomanie des toxicomanes sortant de prison.

La lutte contre la toxicomanie bénéficie donc de crédits d'un niveau satisfaisant qui a permis des réalisations intéressantes. Toutefois, depuis l'entrée en fonctions du Gouvernement, se fait attendre un plan triennal qui n'a toujours pas vu le jour. Il est vrai qu'un rapport de la Cour des comptes avait critiqué les plans précédents, et notamment leur impréparation et l'insuffisante évaluation des politiques déjà mises en oeuvre : à tout le moins peut-on espérer que compte tenu de ses délais d'élaboration, le futur plan, s'il doit voir le jour, ne s'exposera pas à de telles critiques...

B. LA LUTTE CONTRE LE SIDA ET LES MALADIES TRANSMISSIBLES : UN EFFORT SIGNIFICATIF EN FAVEUR DE LA PRÉVENTION ET DU DÉPISTAGE DU VHC

1. L'évolution des crédits budgétaires

Le chapitre 47-18, jusqu'ici exclusivement consacré à la lutte contre le Sida, est cette année élargi à la lutte contre l'ensemble des maladies transmissibles.

Il rassemblera donc les crédits antérieurement répartis entre :

- le chapitre 47-18 (" Programmes et dispositifs de lutte contre le Sida "), doté de 472,8 millions de francs en 1998 ;

- les articles 51 et 52 du chapitre 47-12 (" Veille, alerte et interventions sanitaires "), respectivement consacrés aux dépenses non déconcentrées et déconcentrées de la lutte contre les épidémies et maladies transmissibles, dotés de 3,3 et 6,6 millions de francs en 1998 ;

- et l'article 70 du chapitre 47-12 ( Subventions aux Instituts Pasteur ), doté de 14 millions de francs en 1998.

Les crédits du chapitre 47-18 nouveau (" Lutte contre le Sida et les maladies transmissibles ") s'élèvent, cette année, à 523,5 millions de francs. A structure constante, ils progressent de 26,8 millions de francs.

L'augmentation des moyens inscrits au chapitre 47-18 permettra notamment, à hauteur de 16 millions de francs, de renforcer le dispositif de prévention, de dépistage et de surveillance épidémiologique de l'hépatite C. Sur ces 16 millions de francs, 3 millions de francs seront consacrés à l'élargissement de l'activité des consultations de dépistage anonyme et gratuit au dépistage de l'infection par le VHC.

2. Utilisation des crédits en 1998

Le bilan de l'utilisation des crédits, au niveau national et local, n'intervient qu'en fin d'exercice budgétaire. Pour l'année 1998, il n'existe donc que des projections sur l'utilisation des crédits. Le tableau suivant globalise l'ensemble des actions engagées, par grand domaine d'intervention (niveaux national et local confondus) depuis 1996.

(En francs)

 

Bilan 1996

Bilan 1997

Projections 1998

DÉPISTAGE ANONYME ET GRATUIT

18.518.650

20.678.624

23.600.000

ETUDES/ÉPIDÉMIOLOGIE

13.070.401

14.147.176

6.000.000

PRÉVENTION dont

236.194.888

252.136.433

252.100.000

actions proximité (n.c. usage.drogue)

88.991.987

104.609.754

76.950.000

réduction des risques usage drogue

53.548.355

66.346.833

74.000.000

1er décembre

9.914.785

11.004.473

6.000.000

information dont Sida info service

38.354.447

41.065.643

40.150.000

communication

45.385.314*

29.109.730*

55.000.000

FORMATION

27.035.229

29.298.211

25.000.000

PRISE EN CHARGE EXTRA HOSPITALIÈRE dont

155.026.154

161.006.127

166.100.000

soutien aux malades

41.140.972

47.503.447

47.503.447

aides à la vie quotidienne

46.960.939

41.203.956

39.496.553

hébergement

61.354.014

67.184.045

74.000.000

réseau ville/hôpital

5.570.229

5.114.679

5.100.000

TOTAL

449.845.322

477.266.571

472.800.000

3. Situation de l'épidémie à VIH

a) Evolution du nombre de séropositifs

Le nombre de personnes séropositives n'est connu que par estimation. La dernière estimation faite en 1995 ne peut être affinée tant que les modalités de surveillance de l'infection n'ont pas été modifiées pour tenir compte de la modification introduite par les nouveaux traitements, qui se traduisent par un ralentissement important de l'évolution vers le Sida et la baisse de la mortalité par Sida : elle est de 110.000 personnes atteintes.

Le nombre des nouvelles contaminations est également une estimation : il serait de 53.000 par an et ce chiffre serait stable.

L'épidémie a progressé très rapidement chez les homosexuels et les usagers de drogue : la date à laquelle le nombre annuel de nouvelles contaminations a été le plus important se situerait entre 1983 et 1986 pour les homosexuels/bisexuels et entre 1984 et 1987 pour les usagers de drogue. Depuis cette date, le nombre de nouvelles contaminations diminue chaque année et de façon particulièrement nette chez les usagers de drogue. En revanche, l'épidémie chez les hétérosexuels a commencé en même temps que celle des homosexuels, mais a été beaucoup plus lente ; le nombre de nouveaux cas a augmenté faiblement mais régulièrement chaque année.

L'étude des personnes pour lesquelles il est possible de " dater " l'infection semble montrer qu'actuellement, le nombre de personnes homosexuelles infectées égale celui des personnes hétérosexuelles dans la même situation. Cependant, compte tenu de la faible dimension de la population homosexuelle par rapport à l'ensemble de la population, le risque de contamination demeure 400 fois plus important pour un usager de drogues par voie intraveineuse que pour un hétérosexuel et 5 fois plus important pour un homosexuel que pour un hétérosexuel.

Malgré tout, compte tenu de la taille de la population hétérosexuelle (18 millions d'hommes et 19 millions de femmes), et malgré la lenteur de la diffusion de l'infection dans cette population, il est assez probable que, dans un avenir plus ou moins proche, le nombre de nouveaux cas annuels de contamination par le VIH chez les hétérosexuels soit supérieur à celui qui est constaté chez les homosexuels ou chez les usagers de drogue.

Les modifications du système de surveillance de l'infection à VIH qui doivent intervenir en 1999 (notification à visée épidémiologique des séropositivités, du Sida avéré et des décès) permettront d'affiner l'ensemble de ces données sur l'évolution récente de l'épidémie à VIH.

b) Evolution du nombre de cas de Sida déclarés

En France, le système de surveillance du Sida a été mis en place en 1982 et repose sur la déclaration obligatoire des cas faite par les praticiens depuis 1986.

Le nombre cumulé de cas de Sida déclarés au 31 décembre 1997 était de 47.407, en augmentation de 8 % sur un an. Le nombre cumulé de décès, à la même date, est estimé entre 34.000 et 37.000.

Grâce au développement des trithérapies, on assiste, depuis la fin de l'année 1996, à une chute brutale (moins 50 % en un an) du nombre de nouveaux cas de Sida : 1.671 cas de Sida avéré ont ainsi été déclarés en 1997. La même diminution s'observe également en ce qui concerne les décès, dont le nombre est passé de 2.824 en 1996 à 1.311 en 1997.

La diminution du nombre de nouveaux cas de Sida a intéressé de façon égale les trois principaux groupes de transmission. La répartition des cas de Sida déclarés en 1997 selon le mode de contamination était en effet de :

- 34,7 % par relation homo ou bisexuelle ;

- 18,9 % par usage de drogues ;

- 34,6 % par relations hétérosexuelles ;

- 0,4 % par transmission materno-foetale (6 cas).

Ces tendances concernent les formes tardives de l'infection par le VIH : en effet, ces formes se développent plus de 10 ans après la contamination pour la moitié des individus. Les tendances de l'épidémie de sida avéré ne reflètent donc pas l'évolution actuelle des nouvelles contaminations.

C. LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME ET LE TABAGISME DEMEURE LE PARENT PAUVRE DU BUDGET DE LA SANTÉ

1. Evolution des crédits

La lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme demeure dotée de crédits indigents, sans commune mesure avec les conséquences sanitaires et sociales de ces deux fléaux.

Une fois de plus, il convient de dénoncer que, pour faire meilleure figure, la nomenclature du budget de la santé ne distingue pas les crédits de la lutte contre le tabagisme de ceux de la lutte contre l'alcoolisme.

Les crédits du chapitre 47-17 (" Programmes et dispositif de lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme ") s'élèvent, dans le projet de loi de finances pour 1999, à 90 millions de francs, en régression apparente de 95 millions de francs par rapport à la loi de finances pour 1998. Cette régression résulte de la conjonction de :

- la débudgétisation du financement des " Centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie " (CHAA) désormais intitulés " Centres ambulatoires de soins en alcoologie " (CASEA), à hauteur de 120 millions de francs. Cette débudgétisation est la conséquence d'une disposition de la loi relative à la lutte contre les exclusions, qui a donné à ces centres le statut d'établissement médico-social, et surtout d'un article du projet de loi de financement de la sécurité sociale qui prévoit explicitement que leur financement sera assuré, non plus par l'Etat, mais par l'assurance maladie ;

- la décision d'accorder une mesure nouvelle de 25 millions de francs qui permettra la création de consultations d'alcoologie dans les centres d'hébergement et de réadaptation sociale (CHRS).

Sur les 90 millions de francs du chapitre 47-17, 88,5 millions de francs, selon le ministère, seraient affectés à la lutte contre l'alcoolisme, et 1,5 million de francs seulement à la lutte contre le tabagisme.

L'an dernier, votre commission avait évoqué le manque de transparence des actions menées par le Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), qui reçoit l'essentiel des crédits de la lutte contre le tabagisme ouverts chaque année en loi de finances. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales, en cours d'année, lui a donné raison. Toutefois, le ministère semble avoir choisi de ne pas reprendre en main, lui-même, la politique de lutte contre le tabagisme et de continuer à privilégier la solution CNCT à condition que cette association accepte de renouveler ses instances dirigeantes.

La réponse au questionnaire budgétaire de votre commission, cette année, n'est pas plus détaillée que celles des années précédentes : il ne fait mention d'aucune précision, ni de délai, ni de contenu, pour décrire l'exigence ministérielle :

" Une enquête menée par l'Inspection générale des affaires sociales a mis en évidence un certain nombre de dysfonctionnements dans la gestion de cette association. Le relevé des constatations met l'accent sur les irrégularités commises par l'ancien directeur. Suite à ces constats, l'Etat a porté plainte contre le directeur du CNCT. En revanche, l'intérêt des missions du CNCT et l'efficacité de son action ne sont pas remis en cause par les inspecteurs de l'Inspection générale des affaires sociales. Afin de permettre à l'association de poursuivre son action sur des bases saines, l'association a été incitée à procéder au renouvellement de ses instances dirigeantes. Ce n'est qu'à l'issue de cette phase que seront appréciées l'opportunité et les conditions d'un soutien financier au CNCT. Les subventions allouées au comité national contre le tabagisme sont récapitulées dans le tableau ci-après.

 

1993

1994

1995

1996

1997

CNCT

1.330.000

1.370.000

1.410.000

1.360.000 +

1.000.000

1.600.000

Outre la subvention versée en 1996, le CNCT a reçu en 1996, une subvention exceptionnelle d'un montant d'un million de francs afin de mettre en place un site internet d'informations sur le tabac. Les subventions annuelles attribuées par le ministère de l'emploi et de la solidarité à l'association servent pour moitié au financement de l'activité judiciaire de l'association qui veille au respect et à l'application des lois visant à limiter les méfaits du tabagisme.

L'autre moitié permet à l'association de veiller au respect de l'interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif en ce qui concerne la signalétique ainsi que par une action d'information et de formation. Le CNCT apporte aussi une aide à l'arrêt du tabac par une aide téléphonique non médicalisée et développe des actions de prévention notamment auprès des jeunes et des femmes enceintes ".

2. Evolution de la consommation de tabac et d'alcool depuis 1991

a) Evolution de la consommation de tabac

Le marché global du tabac, tous produits confondus, accuse une diminution en volume et une hausse en valeur depuis l'entrée en vigueur de la loi du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, dite loi " Evin ". L'ensemble du marché du tabac a ainsi enregistré une diminution de 11,2 %.

Par ailleurs, on constate une modification des habitudes de consommation. Deux tendances opposées pour la consommation de tabac se dégagent ainsi : les fumeurs ont tendance globalement à se tourner vers des produits moins nocifs comme les cigarettes légères, mais qui sont aussi des produits plus onéreux. Par ailleurs, face aux augmentations successives des prix du tabac, un certain nombre de fumeurs se tournent vers le tabac à rouler, au coût moindre, mais dont la nocivité est plus importante. Ainsi, la consommation de tabac en vrac a augmenté, notamment chez les jeunes, de 43 % depuis 1991 corrélativement aux augmentations successives des prix des cigarettes. Cependant, le regain de faveur constaté pour le tabac à rouler depuis plusieurs années ne compense pas la désaffection enregistrée sur les cigarettes.

Les hommes sont toujours plus nombreux à fumer que les femmes (un sur trois contre une femme sur cinq). Néanmoins, la proportion des fumeurs est en diminution régulière depuis 15 ans (46 % en 1980, 38 % en 1991, 35 % en 1996) environ alors que pour les femmes, la proportion de fumeuses croît passant de 17 % en 1980 à 20 % en 1991 et 21 % en 1996.

Si l'on observe la consommation de tabac selon la profession, on constate que, chez les hommes, les ouvriers sont les plus nombreux à fumer (50 % contre 44 % chez les employés et 30 % chez les cadres). Chez les femmes, l'on enregistre les plus forts taux de consommatrices de tabac dans les professions intermédiaires : seules 25 % des ouvrières fument contre 31 % des femmes occupant des postes intermédiaires.

b) Evolution de la consommation d'alcool depuis 1990

Le tableau suivant retrace la diminution globale de la consommation d'alcool depuis 1990 :

 

1990

1991

1993

1994

1995

1996

Vin en litres

72,7

66,8

63,5

62,5

63,5

60,0

Bière en litre

41,5

40,5

40,1

40

39,1

39,6

Spiritueux en litres d'alcool pur

2,49

2,49

2,49

2,49

2,52

2,43

Total en litres d'alcool pur

12,6

11,9

11,5

11,4

11,5

11,1

Source : Produktschap voor gedistilleerde Dranken, Schiedam, Pays-Bas (1997)

IV. LES CRÉDITS DESTINÉS À L'OFFRE DE SOINS SONT INSUFFISAMMENT RESTRUCTURANTS

Les crédits destinés à l'adaptation de l'offre de soins, par leur ampleur, ne contribueront pas à donner l'impulsion nécessaire à la restructuration hospitalière. Trois exemples méritent d'être évoqués :

- la régression de plus d'un tiers des crédits de l'aide médicale urgente ;

- la stagnation des crédits de l'ANAES ;

- la dotation insuffisante, au regard des besoins, du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux.

A. LES CRÉDITS DESTINÉS AUX " CENTRES 15 " RÉGRESSENT DE PLUS D'UN TIERS

En 1998, les chapitre 47-11 (" Programmes et dispositifs en faveur de la santé des populations ") comprenaient deux articles 61 et 62, respectivement dotés de 16 et 16,5 millions de francs, destinés à financer les dépenses non déconcentrées et déconcentrées répertoriées sous la rubrique " Pathologies, organisation des soins, techniques médicales et secours d'urgence ".

Ces crédits sont transférés, dans le projet de loi de finances pour 1999, dans les articles 71 et 72 du chapitre 47-19 intitulé " Organisation du système de soins ".

Si les crédits de l'article 71 (dépenses non déconcentrées) sont maintenus au niveau qui était le leur l'an dernier (article 61 du chapitre 47-11), les crédits de l'article 72 régressent de 16,5 à 10,5 millions de francs, soit une baisse de 36 %.

Votre commission ne comprend pas les raisons qui motivent une telle baisse, les crédits de l'article 72 étant destinés à financer le fonctionnement et le matériel des services d'aide médicale urgente.

En réponse au rapporteur spécial de l'Assemblée nationale, le ministère a précisé que cette baisse " amènera à reconsidérer le principe d'une subvention forfaitaire à l'ensemble des centres 15, ces crédits devant être redéployés au profit d'actions plus ciblées correspondant aux objectifs prioritaires de la politique de santé publique ".

Autant dire que l'on en sait pas beaucoup plus...

Mandaté par votre commission, votre rapporteur interrogera le ministre sur ce point lors de la discussion des crédits de la santé pour 1999 en séance publique.

B. LES CRÉDITS DE L'ANAES SONT EN STAGNATION

L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) a été créée par l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée. Il s'agit d'un établissement public de l'Etat à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de la santé. Le décret n° 97-311 du 7 avril 1997 a précisé l'organisation, ainsi que le rôle de cette agence : elle reprend, en les élargissant, les missions de l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation médicale (ANDEM).

Au titre de sa mission d'évaluation, qui concerne les domaines ambulatoire et hospitalier, l'Agence est chargée notamment d'élaborer ou de valider des recommandations de bonne pratique clinique et des références médicales ou professionnelles en matière de prévention, de diagnostic ou de thérapeutique, d'élaborer ou de valider des méthodes d'évaluation, de réaliser ou de valider des études d'évaluation technologique.

Elle peut également être chargée de l'évaluation d'actions et de programmes de santé publique. L'Agence donne enfin un avis sur les actes, prestations et fournitures avant leur prise en charge ou leur remboursement par l'assurance maladie, à l'exception du médicament.

Au titre de sa mission d'accréditation, elle est chargée de l'élaboration des référentiels de qualité des soins et des pratiques professionnelles et, aussi et surtout, de la procédure d'accréditation des établissements de santé publics et privés et des organismes mentionnés à l'article L. 710-5 du code de la santé publique (réseaux de soins et groupements de coopération sanitaire).

Cette procédure sera prochainement testée, à l'aide d'un manuel d'accréditation, dans une cinquantaine d'établissements de santé.

Le budget de l'ANAES, en 1998, a essentiellement été alimenté par une subvention de l'Etat d'un montant de 37,33 millions de francs et d'une dotation globale versée par les caisses d'assurance maladie de 74,66 millions de francs.

Pour 1999, les crédits budgétaires affectés à l'ANAES sont simplement reconduits : inscrits à l'article 70 du chapitre 36-81 (" Etablissements nationaux à caractère sanitaire et social "), ils s'élèvent à 37,3 millions de francs.

Une telle stabilité est regrettable dans la mesure où elle est décidée pour l'année 1999 au cours de laquelle doit intervenir la montée en charge de la procédure d'accréditation des établissements, dont les conséquences structurantes sur l'offre hospitalière ne sont plus guère discutées.

C. LES CRÉDITS DU FONDS D'INVESTISSEMENT POUR LA MODERNISATION DES HÔPITAUX SONT INSUFFISANTS AU REGARD DES BESOINS

Par la loi de finances pour 1998, le Parlement a institué un Fonds d'investissement par la modernisation des hôpitaux (FIMHO) destiné à subventionner les investissements hospitaliers rendus nécessaires par les opérations de restructuration de l'offre de soins.

Ce fonds était doté de 503 millions de francs en autorisations de programme et de 153 millions de francs en crédits de paiement.

Votre commission avait salué, l'an dernier, la création de ce fonds et regretté qu'il soit si faiblement doté compte tenu des besoins.

Les conditions d'utilisation de ce fonds, au cours de l'année, lui ont donné raison.

En effet, conformément aux termes d'une circulaire du 28 janvier 1998 qui a défini les critères d'éligibilité aux subventions du fonds, des projets d'investissement ont été sélectionnés parmi les 91 dossiers déposés.

Compte tenu des financements disponibles, le taux de subvention ne pourra pas dépasser le quart du total des investissements : ce taux est relativement faible, et ne permet pas d'assurer à des établissements en difficulté financière les moyens de se restructurer.

Pour 1999, les crédits ouverts au titre du FIMHO par le projet de loi de finances (chapitre 66-12) sont en baisse : le fonds ne devrait disposer que de 250 millions de francs en autorisations de programme et de 150 millions de francs en crédits de paiement.

En cohérence avec les observations qu'elle a formulées, à l'occasion de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, au sujet du fonds d'accompagnement social des restructurations, votre commission estime que les crédits publics destinés à l'offre de soins devraient favoriser, dans des conditions financières satisfaisantes, l'adaptation de l'offre hospitalière.

Le niveau des crédits proposés à l'article 66-12 du budget de la santé et de la solidarité ne permettra pas de satisfaire cet objectif.

*

* *

Compte tenu de l'ensemble de ces observations, votre commission a émis un avis de sagesse pour l'adoption des crédits de la santé pour 1999.



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