ANNEXES


ANNEXE N° 1 :

OBSERVATIONS DES COMMISSIONS
SUR L'APPLICATION DES LOIS EN 2002-2003

(extraits du « Bulletin des commissions »)

AFFAIRES CULTURELLES

Mercredi 29 octobre 2003

Rappelant que, conformément aux instructions du Bureau du Sénat, les commissions permanentes étaient appelées, chaque année, à dresser un bilan de la publication des textes d'application des lois relevant de leur domaine de compétence, M. Jacques Valade, président , a considéré que cet exercice était fondamental, même si son exposé pouvait paraître fastidieux. Il a indiqué qu'il ne se livrerait pas à une présentation exhaustive des textes d'application, un document de synthèse étant annexé au bulletin des commissions.

Il a tout d'abord constaté qu'au cours des douze derniers mois, la commission des affaires culturelles avait connu une activité législative importante et vu la publication de six lois relevant de sa compétence :

- loi n° 2002-1578 du 30 décembre 2002 modifiant l'article 43 de la loi n° 84-610 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives ;

- loi n° 2003-339 du 14 avril 2003 portant ratification de l'ordonnance n° 2000-549 du 15 juin 2000 relative à la partie législative du code de l'éducation ;

- loi n° 2003-400 du 30 avril 2003 relative aux assistants d'éducation ;

- loi n° 2003-517 du 18 juin 2003 relative à la rémunération au titre du prêt en bibliothèque et renforçant la protection sociale des auteurs ;

- loi n° 2003-707 du 1er août 2003 modifiant la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive ;

- loi n° 2003-708 du 1er août 2003 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives.

M. Jacques Valade, président , a cependant observé que le rythme de parution des textes réglementaires, qui avait connu une accélération sur la période 2001-2002, dans un contexte lié au changement de législature, s'était ralenti l'an dernier et n'était pas à la mesure du rythme législatif imposé à la commission au cours du premier semestre 2003.

Evoquant tout d'abord le secteur de la culture, il déploré que la loi d'origine sénatoriale du 4 janvier 2002 relative aux établissements publics de coopération culturelle (EPCC) ne soit toujours pas applicable, en dépit des efforts réitérés de son rapporteur, M. Ivan Renar, le décret nécessaire à la création d'EPCC à caractère administratif n'étant pas paru.

Il a émis le voeu que la loi du 18 juin 2003 relative à la rémunération au titre du droit de prêt en bibliothèque et renforçant la protection sociale des auteurs, qui nécessite quatre décrets, s'applique plus rapidement, tout en soulignant que les dispositions relatives aux rabais consentis par les libraires pour les achats des collectivités étaient d'application directe.

Il s'est enfin inquiété de la parution des décrets d'application de la loi du 1 er août 2003 relative à l'archéologie préventive, pour laquelle la situation est encore plus complexe : certaines dispositions nécessitent l'adaptation des décrets pris pour l'application de la loi de 2001, qui n'a pas été abrogée, et d'autres exigeront de nouveaux décrets, qu'il s'agisse de l'ouverture des opérations de fouilles à de nouveaux opérateurs ou de l'agrément d'opérateurs autres que l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP). M. Jacques Valade, président, a émis le voeu que ces mesures soient rapidement prises, la situation sur le terrain étant très tendue.

Dans le secteur de l'éducation, où subsiste un stock important de dispositions anciennes non applicables, il s'est félicité de la célérité avec laquelle le Gouvernement avait publié, un mois après sa promulgation, le décret et l'arrêté permettant de rendre applicable la loi relative aux assistants d'éducation et d'engager les procédures de recrutement pour la rentrée scolaire. Il a rappelé que, de façon exceptionnelle, le rapporteur avait pu bénéficier, lors de la période d'examen du texte, de l'avant-projet de loi de décret, et que son contenu avait fait l'objet d'engagements du ministre chargé de l'éducation en séance publique.

Il a suggéré que cette pratique exemplaire soit davantage développée, dans la mesure où elle accélère la mise en oeuvre de la loi.

Mais il a déploré que dans ce secteur important, qui fait aujourd'hui l'objet d'un débat national, cinq lois ne soient toujours pas applicables et qu'il manque encore douze décrets et trois arrêtés. Il a notamment rappelé que demeurait partiellement inapplicable la loi d'origine sénatoriale du 15 décembre 1998 relative au contrôle de l'obligation scolaire. Il a également regretté l'inapplicabilité de plusieurs dispositions importantes de la loi sur l'enseignement supérieur du 26 janvier 1984, pourtant adoptée après déclaration d'urgence, alors qu'un nouveau projet de loi relatif aux universités était annoncé.

Abordant le secteur de la communication, M. Jacques Valade, président , a noté que deux décrets en Conseil d'Etat pris pour l'application des articles 51 et 54 de la loi du 30 septembre 1986 étaient encore attendus, le premier approuvant le cahier des charges de TDF et le second relatif au droit de grève dans cette société et les autres sociétés de programme. Il a constaté que ces dispositions venant d'être abrogées lors de l'adoption en première lecture au Sénat du projet de loi relatif à France Telecom, ces décrets devenaient sans objet.

M. Louis de Broissia a souligné que cette péripétie n'inciterait pas les services à se hâter en la matière, l'histoire leur donnant raison a posteriori.

La situation n'est guère meilleure pour la loi du 1 er août 2000, qui prévoyait la publication d'une quinzaine de décrets, auxquels s'ajoutaient les textes nécessaires à la mise en place de France Télévisions. Alors qu'un effort avait été constaté l'an dernier avec la publication de plusieurs textes relatifs à la réorganisation du secteur public de l'audiovisuel, à la révision des obligations des diffuseurs et à l'élaboration du cadre réglementaire de la TNT, un seul décret a été publié, le 4 juillet 2003, relatif à la répartition du coût du réaménagement des fréquences. M. Jacques Valade, président , a cité parmi les nombreuses dispositions non encore appliquées, celles relatives à la création d'un Conseil consultatif des programmes, à la retransmission des événements majeurs, notamment sur le plan sportif, ou à la détermination de proportions minimales de services en langue française assurés par les distributeurs sur le câble ou le satellite.

De même, alors que la loi prévoyait le dépôt par le Gouvernement sur le bureau des assemblées de neuf rapports, quatre seulement ont été publiés à ce jour. Le président s'est interrogé, au vu de ces statistiques, sur le bien-fondé de la multiplication des rapports dans les textes législatifs.

Dans le domaine de la recherche, il a constaté que la situation s'était améliorée avec la parution le 7 novembre 2002 d'un décret portant dispositions générales applicables aux agents non titulaires recrutés dans les services d'activités industrielles et commerciales (SAIC) des établissements publics d'enseignement supérieur. Mais il a déploré que, plus de trois ans après le vote de la loi, et à la veille de la discussion par le Parlement des nouvelles mesures en faveur de l'innovation inscrites dans le projet de loi de finances, soient encore attendus les textes permettant la mise en place de SAIC dans les établissements de recherche.

Dans le domaine des sports, les retards demeurent importants : la loi du 6 mars 1998 nécessite la révision d'un décret pour permettre l'homologation des enceintes sportives ; la loi du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage n'est toujours pas complètement applicable, pas plus que la loi du 6 juillet 2000 modifiant la loi de 1984 relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives, (dite loi Buffet) pour laquelle dix décrets ne sont pas intervenus.

En conclusion de son exposé, M. Jacques Valade, président , a incité les rapporteurs à utiliser tous les moyens disponibles pour accélérer la parution des textes d'application des lois : questions écrites et orales, questions posées aux ministres lors des auditions, rappel des textes attendus à l'occasion des avis budgétaires.

Mme Danièle Pourtaud , tout en souscrivant à la recommandation du président concernant la préparation, parallèlement à l'examen des projets de loi, des textes réglementaires d'application, a souhaité que cette pratique soit mise en oeuvre dans la plus grande transparence, afin de préserver les droits de l'opposition.

AFFAIRES ÉCONOMIQUES

Mercredi 29 octobre 2003

La commission a tout d'abord entendu une communication de M. Gérard Larcher, président , sur l'application des lois relevant de la Commission des Affaires économiques du 1 er octobre 2002 au 30 septembre 2003.

Après avoir rappelé que, depuis plusieurs années, l'évolution des chiffres concernant l'application des lois suivies par la commission constituait des motifs sérieux d'insatisfaction et d'inquiétude, il a estimé que l'alternance gouvernementale n'avait pas occasionné d'amélioration de ce bilan d'application des lois, et a fait part de ses inquiétudes concernant une « fracture réglementaire ».

Il a fait part de son intention d'en saisir le Président du Sénat et M. Jean-François Copé, Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.

Il a mis en évidence cinq indicateurs préoccupants :

Le premier indicateur concerne l'évolution quantitative des décrets en attente, puisque le nombre de textes d'application devant être pris pour appliquer totalement les lois suivies par la commission des affaires économiques depuis 1981 atteint 272.

M. Gérard Larcher, président , a insisté sur le ralentissement du travail réglementaire sur les textes législatifs examinés par la commission, qui accuse cette année une évolution modeste : 50 décrets seulement ont été publiés - chiffre le plus faible depuis 1990, alors même qu'il se maintenait déjà, depuis cinq ans, à un niveau relativement bas. Il a cependant indiqué qu'une telle diminution était « traditionnelle » après un changement de Gouvernement.

Cette diminution de la production réglementaire, a-t-il relevé, s'accompagne d'une accélération de la production législative : ainsi, au cours de l'année écoulée, la commission des affaires économiques a vu la publication de 11 lois qui, à elles seules, appellent la publication de 106 décrets supplémentaires, soit plus de deux fois le nombre de décrets publiés cette année. M. Gérard Larcher, président , a ainsi considéré que le travail réglementaire n'arrivait pas à suivre le rythme du législatif, et s'était engagé, arithmétiquement, vers une progression plus que regrettable du nombre de mesures non appliquées.

Le deuxième indicateur concerne les délais de publication des textes d'application.

M. Gérard Larcher, président , a estimé que cette année encore, les délais d'application des lois suivies par la commission ne pouvaient être considérés comme satisfaisants : c'est ainsi que 90% des décrets publiés au cours de la période considérée l'ont été plus d'un an après la parution de la loi.

Le troisième indicateur concerne le dépôt des rapports.

M. Gérard Larcher, président , n'a observé aucune amélioration cette année pour ce volet -traditionnellement le plus mal traité- de l'application des lois, puisqu'un seul rapport a été déposé en application des lois suivies par la commission des affaires économiques : il s'agit du bilan des dispositions de l'article 16 de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat.

Quant aux lois promulguées dans le même temps cette année, elles appellent la publication de sept rapports supplémentaires.

Au total, sur les 102 rapports attendus depuis 1988, 44 seulement ont été effectivement déposés, soit 43,1 %. La majorité de ces rapports reste donc en attente.

Sur la base de ces chiffres, M. Gérard Larcher, président , a déploré que ces rapports, qui, en faisant le point sur l'évolution d'un secteur ou sur l'application d'une loi, constitueraient une source d'information précieuse tant pour les membres du Gouvernement que pour les parlementaires, ne soient ni élaborés, ni transmis au Parlement, alors même que celui-ci avait le plus souvent pris la précaution de fixer un délai à ce dépôt.

Le quatrième indicateur concerne des disparités malencontreuses à l'encontre des mesures introduites par le Sénat.

M. Gérard Larcher, président , s'est félicité que les mesures introduites par le Sénat représentent, pour les textes suivis par la commission, 24 % des mesures votées au cours de la XIIe  législature, contre 13 % sous la XIe  législature.

Il s'est en revanche alarmé du taux d'application de ces mesures introduites par le Sénat et attendant une disposition réglementaire, qui est à ce jour nul sous la XIIe législature, alors que le taux d'application des mesures prévues par le texte initial est déjà de 13 % et celui des mesures issues de l'Assemblée nationale de 12 %.

Il a rappelé que ce mauvais traitement avait déjà suscité une observation appuyée de sa part sous le précédent gouvernement.

Le cinquième indicateur concerne le taux d'application des lois adoptées après déclaration d'urgence.

Cette année encore en effet, a indiqué M. Gérard Larcher, président , leur applicabilité reste inférieure à la moyenne des autres lois, puisque 69 % seulement des lois adoptées après déclaration d'urgence depuis 1981 (contre 74% pour la moyenne des lois) ont reçu tous leurs textes d'application.

M. Gérard Larcher, président , a ensuite évoqué les différentes causes avancées par les services ministériels pour expliquer ces retards, à savoir :

- des concertations ou négociations laborieuses

C'est ainsi que le décret attendu à l'article 5 de la loi n° 2001-6 du 4 janvier 2001, concernant le réseau sanitaire bovin et la circulation des bovins, n'a pu être publié en raison d'un désaccord profond des professionnels sur les modalités de l'évaluation sanitaire des cheptels.

De même, à l'article 34 de la loi n° 89-412 du 22 juin 1989, le décret sur les conditions dans lesquelles des ingénieurs et techniciens non vétérinaires peuvent réaliser certaines interventions n'a pu aboutir, faute de consensus.

A l'article 7 de la loi n° 99-471 du 8 juin 1999, c'est encore la concertation avec les professionnels qui freine la publication du décret sur les règles de construction et d'aménagement des locaux quant à leur résistance aux insectes xylophages.

- une complexité rédhibitoire

C'est la raison invoquée pour la non-rédaction du décret attendu à l'article 53 de la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997, sur les conditions d'obtention de l'aide à la préretraite dans le secteur de la pêche.

- le choix d'une solution non réglementaire

Concernant l'application de l'article 46 de la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997 relatif au repos hebdomadaire de l'équipage, le Gouvernement a privilégié la voie de la négociation pour parvenir à un accord. Le décret en Conseil d'Etat attendu n'est donc, dans ces conditions, plus nécessaire.

De même, pour l'application de l'article 12 de la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 sur les caractéristiques des servitudes dont peuvent bénéficier les opérateurs mobiles, la voie contractuelle a été choisie de préférence à la rédaction des décrets attendus.

Enfin, le décret attendu par la loi n° 2001-454 du 29 mai 2001, sur l'application de la procédure « d'extrême urgence » pour les expropriations nécessaires à la construction du l'itinéraire à très grand gabarit Bordeaux-Toulouse, n'a pas été utile car ladite procédure a pu être évitée au profit d'acquisitions réalisées à l'amiable.

- un rejet du Conseil d'Etat

Le projet de décret rédigé en application de l'article 2 de la loi n° 2002-3 du 3 janvier 2002, visant à fixer des règles spécifiques pour les travaux de construction de certains ouvrages routiers présentant des risques particuliers n'ayant pas été approuvé par le Conseil d'Etat, un nouveau projet est en cours de rédaction.

- un empressement moindre pour appliquer les mesures issues du Sénat ?

Ainsi, l'article 21 de la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, relatif aux conditions dans lesquelles les carburants doivent comporter un taux maximal d'oxygène, introduit par le Sénat, n'est toujours pas appliqué ; pas plus que son article 24, faisant obligation aux transports publics d'utiliser des carburants oxygénés, introduit en commission mixte paritaire...

De même, le décret en Conseil d'Etat, prévu par le Sénat à l'article 3 de la loi n° 99-588 du 12 juillet 1999 portant création de l'ACNUSA, tendant à la limitation du trafic des hélicoptères, ne semble pas faire partie des urgences, alors que l'article 7 de cette même loi est d'ores et déjà applicable.

- un pur et simple enlisement administratif

Certains décrets sont, au dire des services sollicités, « en cours de rédaction », « en cours de signature », « en attente d'arbitrage ministériel »..., et ce depuis plusieurs années, sans qu'aucune difficulté particulière soit alléguée ; citons notamment le décret prévu par la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 sur l'identification des ovins et des caprins (article 93), ou celui prévu à l'article 83 de la loi n° 98-467 du 17 juin 1998 sur les conditions de stockage ou de destruction des armes chimiques.

De même, concernant la loi n° 2001-43 du 16 janvier 2001, les directions générales des douanes et du transport maritime se rejettent mutuellement la responsabilité pour l'enlisement des décrets prévus aux articles 8 et 10.

- un rapport d'une teneur insuffisante

C'est la raison invoquée pour la non-transmission au Parlement du rapport prévu à l'article 5 de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996, sur l'évolution du parc hôtelier (mesure votée sur amendement sénatorial).

M. Gérard Larcher, président , a, inversement, salué la vélocité remarquable avec laquelle certains autres décrets ont été publiés, venant ainsi contrebalancer ces mauvais indicateurs, et faisant la preuve qu'une volonté politique forte permet d'aplanir ces difficultés et de trouver les conditions d'un travail réglementaire rapide et efficace. Il a cité notamment :

- l'application de la loi n° 2003-322 du 9 avril 2003 relative aux entreprises de transport aérien, et notamment à la société Air France, rendue pleinement applicable deux mois et demi après sa publication ;

- la publication des premiers décrets d'application de la loi n° 2003-8 du 3 janvier 2003 relative aux marchés du gaz et de l'électricité et au service public de l'énergie.

M. Gérard Larcher, président , a ensuite regretté que ces retards récurrents de l'application des lois compromettent à la fois l'image et le bon fonctionnement de nos institutions :

- c'est ainsi que nombre de problèmes demeurent en suspens, dans l'attente d'une solution promise mais non effective, et que des pans entiers de l'économie française (filière « bois », secteurs agricoles, chasseurs...) doivent subir, outre l'inquiétude liée à la fragilité de leur situation, les affres de l'attente et de l'incertitude ;

- ce décalage entre l'annonce de la mesure et sa mise en oeuvre donne une piètre image de l'efficacité du travail parlementaire et gouvernemental, et ne peut qu'aggraver, à terme, la désaffection de l'opinion pour la vie publique ;

- quant aux parlementaires, ils se trouvent, de plus en plus fréquemment, en situation de devoir modifier des lois non encore totalement applicables (loi n° 2000-1208 dite loi « SRU », loi n° 2000-698 relative à la chasse, loi n° 2000-108 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité...), ce qui, en les privant du retour d'expérience nécessaire à l'évaluation du droit existant, nuit à la qualité et à la sérénité de leur réflexion ;

- au sein de l'Union européenne enfin, la non-application de directives transposées dans le droit français (loi n° 2001-43 du 16 janvier 2001 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine des transports ; loi n° 2001-6 du 4 janvier 2001 portant diverses dispositions d'adaptation du droit communautaire en matière de santé des animaux et de qualité sanitaire des denrées) pose pour la France un problème de crédibilité et peut aboutir à des sanctions.

Il a donc estimé que ce déficit réglementaire, dont le coût est impossible à chiffrer, se traduisait, tant en termes économiques que psychologiques, par des conséquences très négatives, et que les ministères devraient tout mettre en oeuvre pour le combler.

Constatant ensuite que l'application des lois était devenue une préoccupation majeure de la classe politique, sur tous les bancs, M. Gérard Larcher, Président , a cité les 21 questions posées cette année par les sénateurs sur les lois relevant de la commission.

Il a attiré l'attention des commissaires sur le message au Parlement de M. Jacques Chirac, du 2 juillet 2002 : « L'exigence de la responsabilité doit se traduire par le renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement. Dans le prolongement direct des principes consacrés par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, je souhaite que le Parlement se donne désormais réellement les moyens d'évaluer l'action publique. Ceux qui votent la loi doivent pouvoir s'assurer de sa bonne application par le Gouvernement et l'administration. La représentation nationale n'épuise pas sa mission au service de la volonté générale quand elle a énoncé le droit. »

Mais il a rappelé que constitutionnellement, le Parlement ne disposait d'aucune information systématique sur l'application des lois votées, et d'aucun pouvoir efficace pour accélérer la publication des décrets en attente.

Il a en outre regretté qu'à cette impuissance constitutionnelle du Parlement s'ajoutent les difficultés liées à l'imbroglio du suivi, concernant notamment l'opacité de la lecture du Journal officiel, dont les visas sont par trop elliptiques et, le plus souvent, omettent de citer la loi à laquelle s'applique le décret.

Il a en outre regretté que les services ministériels mettent parfois peu d'empressement à communiquer les informations sur le sort réservé aux décrets et aux rapports attendus.

Ainsi, le ministère de l'agriculture, malgré de pressantes sollicitations, n'a pas été en mesure de rendre compte de tous les textes en attente.

Un autre exemple concerne les deux rapports prévus par les articles 15 et 18 de la loi n° 96-588 du 1er juillet 1996, qui sont cette année officiellement enterrés, alors que leur dépôt avait été annoncé l'an dernier par le cabinet de M. Francis Mer comme différé « afin de permettre au nouveau gouvernement d'en apprécier le contenu », et imminent sous réserve d'une actualisation.

M. Gérard Larcher, président , a ensuite fait état de deux initiatives récentes issues de l'Assemblée nationale ayant pour objet la recherche d'une solution législative ou constitutionnelle pour améliorer l'information et l'implication du Parlement concernant l'application des lois :

- la proposition de loi constitutionnelle n° 241 de M. Paul Quiles et les membres du groupe socialiste, visant à inscrire dans le premier alinéa de l'article 34 de la Constitution le fait que « Le Parlement vote la loi. Il en contrôle l'application et en évalue les résultats dans les conditions prévues par une loi organique » ;

- la proposition de résolution n° 1023 de M. Jean-Luc Warsmann proposant de compléter l'article 86 du règlement de l'Assemblée nationale par un alinéa prévoyant que, dans les six mois suivant la publication d'une loi et, le cas échéant, de façon périodique, le rapporteur de la loi présente à la commission un rapport sur l'application de celle-ci.

M. Gérard Larcher, président , s'est félicité de la publication, le 30 septembre dernier, d'une circulaire de M. Jean-Pierre Raffarin relative à la qualité de la réglementation, et visant essentiellement à améliorer la lisibilité de la réglementation et la communication sur l'application des lois.

Elle prévoit notamment :

- l'adoption, par chaque ministère, d'une charte de la qualité de la réglementation ;

- la désignation de hauts fonctionnaires responsables de la qualité de la réglementation ;

- la mise en place d'une procédure (non systématique) pour les études d'impact ;

- l'élaboration d'un tableau prévisionnel des décrets en Conseil d'Etat pour les six mois à venir ;

- l'élaboration, pour chaque loi promulguée, d'un échéancier prévisionnel des décrets nécessaires, et transmission de cet échéancier au Parlement.

Cet échéancier, a-t-il précisé, doit être rédigé « dans les jours suivant la promulgation de la loi » ; et non, comme c'était le cas dans les circulaires du 1er juin 1990, du 2 janvier 1993 et du 30 janvier 1997, dès l'envoi du projet de loi au Conseil d'Etat.

C'est pourquoi, tout en saluant l'avancée incontestable que constitue cette circulaire et l'intérêt des dispositifs qu'elle met en place, M. Gérard Larcher, président, a cependant déploré qu'elle ne prévoie aucune incitation à raccourcir les délais d'application.

Après avoir estimé que ces initiatives parlementaires et gouvernementales amorçaient une prise de conscience, et qu'il appartenait également à la commission des affaires économiques de participer à cette réflexion, quitte à « inventer son rôle » dans un domaine où le Parlement n'est, a-t-il jugé, pas assez « présent », M. Gérard Larcher, président , a identifié deux pistes qui, sans excéder les compétences du Parlement ni les attributions de la commission, permettraient d'améliorer le travail de suivi réalisé par celle-ci, et s'est proposé de les inscrire à l'ordre du jour de la prochaine réunion de bureau de la commission.

La première proposition consiste à mieux structurer ses liens avec les ministères. En réponse à l'initiative de M. Jean-Pierre Raffarin de désigner, dans chaque ministère, un responsable de l'application des lois, la commission pourrait désigner en son sein un interlocuteur pour chaque loi, qui pourrait être le rapporteur de la loi, ou, lorsque celui-ci ne fait plus partie de la commission, le rapporteur budgétaire pour avis du secteur concerné.

Il pourrait notamment :

- être destinataire des échéanciers prévisionnels de parution des décrets établis par les ministères ;

- informer périodiquement la commission de l'évolution de l'application de la loi ;

- organiser, si nécessaire, une communication médiatique sur le sujet ;

- avoir mandat pour interroger le ministre sur l'application des lois, soit par voie de questions écrites ou orales, soit au cours des auditions en commission.

Dans cette même logique, M. Gérard Larcher, président , a proposé d'organiser une audition de M. Jean-François Copé sur ce sujet. Cette audition serait l'occasion de préciser aux parlementaires le processus de publication des décrets, de faire le point sur les décrets en attente, et de présenter à la commission les interlocuteurs ministériels sur l'application des lois.

Il a estimé que la commission affirmerait ainsi sa volonté d'être mieux associée à « l'aval des lois ».

La seconde proposition consiste à « mieux s'impliquer en amont ». Ainsi, afin de mieux affirmer l'implication du législateur dans le suivi des lois, M. Gérard Larcher, président , a enfin rappelé que les rapporteurs avaient la possibilité d'inscrire dans la loi un délai-limite pour la publication d'un décret- une façon pour le Parlement de demander l'application d'une procédure d'urgence sur une mesure réglementaire. L'obligation pour le Gouvernement « de prendre dans un délai raisonnable les mesures qu'implique nécessairement l'application de la loi » (CE, 28/08/2000) est en effet sanctionnée par le Conseil d'Etat. Il a cependant constaté qu'une telle mention, même en cas de sanction par le Conseil d'Etat, n'était pas toujours suivie d'effets.

Un large débat s'est alors engagé.

M. Gérard César , après avoir approuvé les propositions de M. Gérard Larcher et regretté l'inertie réglementaire, a appelé de ses voeux une collaboration accrue avec l'Assemblée nationale en matière d'application des lois, et a jugé que, d'une manière générale, un colloque constituait le cadre de communication le plus adapté.

M. Jean-Paul Emorine s'est dit peiné du blocage rencontré dans la rédaction du décret concernant le réseau sanitaire bovin, et a regretté que des fonctionnaires ministériels se permettent dans certains cas de réinterpréter la loi.

M. Max Marest a lui aussi appelé de ses voeux une meilleure collaboration avec l'Assemblée nationale et a regretté que le Parlement soit tenu à l'écart de l'élaboration des décrets.

Après avoir rappelé la stricte frontière tracée par la Constitution entre le pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire, M. Gérard Larcher, président , a jugé difficilement réalisable la proposition qui avait été évoquée par des précédents gouvernements d'annexer aux projets de loi les projets de décrets. Mais il a estimé que le Gouvernement pourrait sans doute communiquer au Parlement l'échéancier de publication des décrets ainsi que les principes de leur contenu.

Il s'est ensuite déclaré soucieux de recueillir tant au cours des présents débats qu'ultérieurement toute suggestion permettant de faire évoluer favorablement la situation afin d'être en mesure de les soumettre au bureau de la commission lors de sa prochaine réunion.

M. Jean-Pierre Vial a souhaité voir développer les simulations et expérimentations.

M. Daniel Raoul a partagé le souhait de voir les projets de décrets systématiquement communiqués au Parlement.

Intervenant dans le même sens, M. Jean-Paul Alduy a rappelé les difficultés qu'avait créées sur le terrain le décalage entre l'annonce des mesures prévues par la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains et leur application effective, et a lui aussi appelé de ses voeux une meilleure information du Parlement sur les projets de décrets et leur échéancier de publication.

Il a d'autre part estimé qu'un toilettage des mesures non appliquées pourrait utilement être réalisé par le biais de propositions de loi.

M. François Gerbaud a rappelé à ses collègues que la revendication d'une meilleure association du Parlement au travail réglementaire était une demande de longue date, puisqu'elle avait déjà été formulée en 1967 par M. Taittinger, et qu'elle s'était toujours vu opposer un refus ; il a néanmoins estimé que les récentes innovations en matière d'information des assemblées concernant notamment l'évaluation des mesures législatives étaient l'occasion pour le Parlement d'amorcer une évolution dans le domaine de l'application des lois.

M. Alain Fouché a confirmé les incompréhensions occasionnées sur le terrain par l'application tardive de certaines dispositions de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains.

M. Jean Bizet a, quant à lui, suggéré que l'efficacité dans l'élaboration des décrets permettant l'application de la loi devienne, à l'avenir, un des éléments de la rétribution au mérite des fonctionnaires en charge de ce texte dans les ministères.

M. Max Marest a enfin suggéré qu'il pourrait être intéressant de connaître ce que pratiquent les autres pays en matière de suivi parlementaire de l'application des lois.

AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Mercredi 22 octobre 2003

M. André Dulait, président, a ensuite présenté un bilan du contrôle de l'application des lois au 30 septembre 2003 .

Durant l'année parlementaire 2002-2003, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a procédé, en tant que commission saisie au fond, à l'examen de quatre projets de loi distincts de ceux autorisant la ratification ou l'approbation d'accords et traités internationaux.

Deux textes de loi, d'application directe, n'appellent pas de commentaires particuliers. Il s'agit de la loi relative à la répression de l'activité de mercenaire (M. Michel Pelchat, rapporteur) et de la loi relative aux privilèges et immunités de la délégation du comité international de la Croix rouge en France (M. Robert Del Picchia, rapporteur).

La loi relative à la programmation militaire pour les années 2003 à 2008 (M. Serge Vinçon, rapporteur), à l'exception d'une demande du rapport du Gouvernement sur son exécution, ne prévoyait pas de dispositif réglementaire d'application et est donc d'application directe. Toutefois, en vertu de l'article 38 de la Constitution, ce texte a prévu que « les dispositions rendues nécessaires par la suspension au 1 er janvier 2003 des dispositions du Livre II du Code du service national » seraient prises par voie d'ordonnance. C'est à ce titre qu'a été publiée une ordonnance le 5 juin 2003. En application de la loi d'habilitation elle-même, le projet de loi de ratification de ladite ordonnance a été déposé devant le Parlement le mercredi 22 octobre 2003.

La loi portant diverses dispositions relatives à certains personnels de DCN et GIAT Industries (M. Serge Vinçon, rapporteur) prévoyait, dans son article 2, qu'un décret en Conseil d'Etat permettrait de faire bénéficier les personnels ouvriers de GIAT, recrutés par les collectivités publiques ou les établissements publics, des dispositions réglementaires régissant les agents de même catégorie. Actuellement en cours d'examen au Conseil d'Etat, ce décret devrait sortir prochainement.

Enfin, la loi du 22 octobre 1999, portant organisation de la réserve militaire et du service de défense, restait encore dans l'attente, à la fin de l'an passé, de trois dispositions réglementaires d'application. L'une d'entre elles a été prise par un décret du 25 février 2003 et concerne la situation des agents publics non titulaires, exerçant une activité dans la réserve opérationnelle.

Restent deux dispositions réglementaires à venir concernant la possibilité d'une prime de fidélité pour les réservistes exerçant une activité dans la réserve opérationnelle et la définition des catégories d'activités du service de défense.

La commission a pris acte de la communication de son président sur le contrôle de l'application des lois pour l'année parlementaire 2002-2003 .

AFFAIRES SOCIALES

Mercredi 29 octobre 2003

Enfin, la commission a entendu une communication de M. Alain Gournac, vice-président , sur le contrôle de l' application des lois au 30 septembre 2003 .

M. Alain Gournac, vice-président, a rappelé que, conformément aux instructions du Bureau du Sénat, les commissions permanentes présentent, chaque année, un bilan de l'application des lois intervenues dans leur domaine de compétences, qui fait l'objet d'une communication du Président du Sénat et de l'établissement d'un document de synthèse.

Il a souligné combien cet exercice était fondamental pour mesurer le degré de difficulté pratique d'application de la législation et pour disposer d'une vision panoramique de la réalité de l'entrée en vigueur des lois, adoptées cette année et au cours des précédentes sessions parlementaires. Toutefois, pour éviter un exposé oral qui pourrait sembler fastidieux, il a souhaité se limiter à en donner un bref aperçu sous la forme de quelques observations.

Sa première observation a porté sur le bilan de l'année parlementaire écoulée, allant du 1 er octobre 2002 au 30 septembre 2003, au cours de laquelle huit lois relevant au fond de la compétence de la commission des affaires sociales ont été promulguées.

M. Alain Gournac, vice-président , a signalé qu'elles étaient issues, pour moitié, d'initiative parlementaire, dont trois sur quatre d'origine sénatoriale concernant respectivement la responsabilité civile médicale, l'allocation personnalisée d'autonomie et la consommation de tabac par les jeunes.

Sur ces huit lois, seule celle relative à la négociation collective en matière de licenciements économiques est effectivement applicable aujourd'hui, car d'application directe. Quatre autres lois ne sont que partiellement applicables, les mesures d'accompagnement n'ayant été adoptées que dans des proportions allant de 25 % à 80 %. Il a notamment fait observer que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2003 n'a reçu, à ce jour, que 30 % des mesures d'accompagnement annoncées et qu'en outre, aucun des rapports prévus au fil de ses articles n'a été effectivement déposé. Enfin, les trois dernières lois n'ont encore bénéficié de la publication d'aucun texte d'application. Se trouve, dans ce cas de figure, la loi sur les retraites adoptée cet été en session extraordinaire. Cette situation, que l'on peut parfaitement comprendre en raison du bref délai écoulé depuis lors et de la complexité du dispositif, reste préoccupante car les principales dispositions de ce texte doivent entrer en vigueur le 1 er janvier 2004. Il devient donc urgent de publier rapidement les mesures d'application attendues.

La deuxième observation de M. Alain Gournac, vice-président , a porté sur la situation, qui demeure améliorable, concernant les lois antérieurement promulguées. Il s'est limité à celles adoptées entre 1996 et 2002, mais a remarqué que certains textes très anciens, citant l'exemple d'une loi relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme qui remonte à 1991, attendent encore leurs décrets d'application.

Sur quarante-sept textes, seuls vingt-six sont désormais pleinement applicables, soit à peine plus de la moitié (55,3 %) ; dix-sept autres sont toutefois partiellement applicables mais les deux derniers, adoptés l'un et l'autre en 1999, demeurent à ce jour totalement inapplicables, en l'absence de dispositif d'accompagnement (la loi créant le Conseil national des communes « Compagnons de la Libération » et celle portant création des chèques-vacances).

Par ailleurs, il a observé, globalement, que la très grande majorité des mesures d'application (88,5 %) est publiée entre six mois et deux ans à dater de la promulgation du texte de loi auquel elles se rapportent, ce qui reste un délai que l'on peut trouver long, surtout lorsque la loi a fait l'objet d'un examen par le Parlement en procédure d'urgence.

Enfin, sa troisième observation a porté sur le fait que, compte tenu des alternances politiques que notre pays connaît désormais avec une certaine régularité, il n'est pas rare qu'un texte précédemment adopté ne soit pas encore rendu totalement applicable avant d'être modifié par une loi postérieure portant sur un objet semblable ou connexe.

Il a mentionné notamment la loi du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps de travail, profondément remaniée par la récente loi du 17 janvier 2003 relative aux salaires, au temps de travail et au développement de l'emploi.

Il a constaté, à l'occasion de ce texte notamment, mais la même observation pouvait être faite les années précédentes, que lorsque les dispositions législatives ont été adoptées sur initiative parlementaire, a fortiori contre l'avis du Gouvernement, elles ne font pas l'objet d'une publication rapide des mesures d'application. Une fois encore, il a souligné combien les dispositions d'origine parlementaire demeurent moins bien loties que les autres dans le processus de l'application des lois.

Son deuxième exemple a porté sur la loi du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie.

Certes, ce texte a fait, à l'époque, l'objet d'une publication satisfaisante des décrets d'application, contrainte par l'exigence de son entrée en vigueur au 1 er janvier 2002. Toutefois, un défaut de conception de l'APA, figurant dans le texte d'origine, a conduit à prendre en urgence un nouveau décret, en mars 2003, pour modifier le barème de participation financière des bénéficiaires de l'APA, puis à voter une nouvelle loi, le 31 mars 2003, renforçant notamment les procédures de contrôle, d'ouverture des droits à cette prestation et de financement temporaire pour 2003.

Or, a-t-il fait observer, la situation n'est toujours pas stabilisée puisque le bouclage du dispositif ne sera définitivement acquis que si un financement pérenne est trouvé. En effet, au-delà de cette date, la montée en charge du régime, largement supérieure aux estimations initiales, mettra à nouveau en difficulté les conseils généraux qui en sont les principaux financeurs. Il a donc considéré vraisemblable qu'une remise à plat d'ensemble soit prochainement nécessaire.

A l'issue de cette communication, M. Alain Vasselle a considéré que « trop de loi tue la loi » et s'est interrogé sur le point de savoir s'il était concevable que le Parlement refuse d'examiner un projet de loi lorsque le Gouvernement ne présentait pas les projets de décrets d'application en même temps que le texte de loi auquel ils se rapportent, afin que l'on puisse avoir une idée générale du dispositif complet proposé.

M. Alain Gournac, vice-président, a également déploré la suractivité législative que l'on constate depuis plusieurs années. Il a rappelé qu'il avait été question, un temps, de subordonner l'adoption d'une nouvelle loi à la suppression parallèle d'un autre texte mais que cette intention était restée lettre morte.

M. Jean Chérioux a souligné l'intérêt que pourrait présenter une recherche historique permettant de mesurer l'effet des alternances, et surtout des alternances de courte période, sur le volume de production législative.

FINANCES

Mardi 28 octobre 2003

La commission a ensuite entendu une communication de M. Jean Arthuis , président , sur le contrôle de l'application des lois dont elle avait été saisie au fond pour la période du 1 er octobre 2002 au 30 septembre 2003.

M. Jean Arthuis, président , a tout d'abord rappelé l'importance de la fonction de contrôle dans les prérogatives du Parlement et souligné que cet exercice constituait un excellent instrument de mesure des difficultés pratiques d'application de certains dispositifs législatifs.

Il a tout d'abord remarqué que les délais d'application des lois les plus récentes s'étaient de nouveau détériorés. S'appuyant plus particulièrement sur les statistiques visant les lois promulguées au cours de l'hiver 2002-2003, il a indiqué qu'un tiers seulement des textes réglementaires attendus avaient été pris. Concernant les lois votées durant l'été et dont la commission avait été saisie au fond (sécurité financière, outre-mer et mécénat), il n'a pu que constater qu'aucun texte n'avait été publié. Il a avancé l'idée que les raisons des retards constatés tenaient sans doute à la complexité des dispositifs votés.

Citant à titre d'exemple la loi de sécurité financière, M. Jean Arthuis, président , s'est inquiété de l'inflation du recours à des textes réglementaires. Il s'est interrogé sur ce fait en redoutant, soit un dessaisissement involontaire du Parlement au profit du pouvoir réglementaire, soit un manque inquiétant de préparation des dispositifs soumis à son approbation, nécessitant a posteriori des consultations plus longues et plus difficiles avec les acteurs concernés.

Il a souligné, ensuite, en ce qui concernait les lois plus anciennes, que la résorption du stock continuait. Il a cependant relevé qu'un nombre encore important de textes d'application restait en instance et a regretté que des lois votées en 1994 fassent toujours l'objet de ce contrôle.

M. Jean Arthuis, président , a précisé que le bilan d'application des lois auquel se livraient, chaque début de session, tous les présidents de commission était essentiellement formel, puisqu'il s'agissait de contrôler la prise des actes réglementaires prévus par les textes.

Il a attiré l'attention des commissaires sur l'initiative de M. Jean-Luc Warsmann, député, auteur d'une proposition de résolution de l'Assemblée nationale visant à instituer une information systématique des commissions sur l'application des lois. Le dispositif proposé consistant en une communication, par le rapporteur initial du projet de loi, six mois après la promulgation de la loi, sur le bilan de la mise en application de ladite loi. M. Jean Arthuis, président a souligné que cette proposition n'était pas sans intérêt et que si l'Assemblée nationale l'intégrait à son Règlement, le Sénat devrait en examiner les effets.

M. Jean Arthuis, président , s'est ensuite félicité des travaux de la commission en matière de contrôle. Il a ainsi rappelé que la moitié des rapports d'information publiés au cours de la session 2002-2003 émanait de la commission des finances.

Il a précisé que, depuis l'ouverture de l'actuelle session, la commission avait par ailleurs entendu sept communications sur des missions de contrôle effectuées par les rapporteurs spéciaux. Il a félicité les commissaires pour cet « exploit », compte tenu de la charge de travail importante qui était la leur en période de discussion budgétaire.

De même, il a rappelé que la création au sein de la commission d'un groupe de travail sur la mise en oeuvre de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) avait déjà conduit à la publication d'un rapport d'information, s'inscrivant ainsi parfaitement dans le processus de contrôle et d'évaluation de la politique budgétaire et rejoignant, de fait, celui du contrôle de l'application des lois.

Enfin, M. Jean Arthuis , président , a renouvelé ses encouragements aux commissaires à faire appel à l'assistance de la Cour des Comptes telle que prévue par l'article 58-2 de la loi organique précitée et consistant en la rédaction d'études sur des sujets relevant de la compétence des différents rapporteurs spéciaux, rappelant que cette procédure avait déjà fonctionné à cinq reprises depuis le début de l'année 2003.

La commission a alors donné acte au président de sa communication .

LOIS

Mercredi 29 octobre 2003

La commission a tout d'abord entendu la communication du président sur l' application des lois au 30 septembre 2003.

M. René Garrec , président , a constaté que la session 2002-2003, première de la douzième législature avait connu une intense activité législative, la commission des lois ayant été particulièrement sollicitée.

Il a précisé que seize lois, dont deux constitutionnelles, avaient été adoptées sur le rapport de la commission des lois pendant la session ordinaire 2002-2003, et deux pendant la session extraordinaire, soit dix-huit lois pour l'année parlementaire 2002-2003, représentant presqu'un tiers du total des cinquante-cinq lois votées au cours de la même période, hors conventions, traités et accords internationaux.

M. René Garrec , président , s'est félicité du nombre important de lois d'origine parlementaire examinées par la commission (huit, dont cinq issues de propositions du Sénat).

Il a souligné que sur les dix-huit lois adoptées, cinq étaient d'application directe, quatre étaient devenues entièrement applicables au cours de la session, trois étaient partiellement applicables et six n'avaient encore fait l'objet d'aucune des mesures d'application prévues.

Il a ensuite déploré que, seules, vingt-et-une mesures d'application, dont seulement quinze expressément prévues par les lois votées au cours de cette même période, aient été publiées, soit un très faible taux d'application de 12 % par rapport aux cent-vingt-quatre mesures attendues.

Il a cependant relevé que deux lois adoptées lors de la onzième législature étaient devenues applicables lors de la session (la loi n° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant l'efficacité de la procédure pénale et la loi n° 2001-1135 du 3 décembre 2001 relative aux droits du conjoint survivant et des enfants adultérins et modernisant diverses dispositions du droit successoral), et que d'autres mesures d'application étaient venues compléter l'application partielle de quinze lois antérieures à la présente session.

Il s'est enfin félicité que l'oeuvre de codification de notre droit ait connu des avancées significatives, puisque sept ordonnances, prises sur le fondement de la loi n° 99-1071 du 16 décembre 1999 portant habilitation du Gouvernement à procéder par ordonnances à l'adoption de la partie législative de certains codes, ont fait l'objet d'une ratification expresse par le Parlement. Il a également rappelé que la loi n° 2003-591 du 2 juillet 2003 habilitant le Gouvernement à simplifier le droit avait prévu de poursuivre cette oeuvre de codification.

La commission a pris acte de la communication de son président sur le contrôle de l'application des lois pour l'année parlementaire 2002-2003 .

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