B. DES RELATIONS COMMERCIALES ENTRE LA FRANCE ET LE BOTSWANA ENCORE MARGINALES

1. Des échanges économiques insignifiants

Dépourvue de tout substrat historique ou culturel particulier, la connaissance mutuelle de la France et du Botswana est encore faible et son volet politique ne s'est pas traduit, à ce stade, par des échanges économiques très significatifs.

Le commerce bilatéral, traditionnellement excédentaire en notre faveur, mais en baisse tendancielle (+ 72 millions de francs en 1995, + 58 millions de francs en 1996, + 53 millions de francs en 1997 et + 42 millions de francs en 1998) reste très limité et ne correspond nullement au potentiel et à la richesse du pays.

Le montant de nos ventes (82 millions de francs en 1997 et 72 millions de francs en 1998), essentiellement des produits industriels, représente moins de 1 % des importations botswanaises. Nos achats en provenance du Botswana (29 millions de francs en 1997 et 1998) sont constitués en quasi-totalité de produits agro-alimentaires (viandes de conserve).

Notre part de marché se trouve ainsi loin derrière celle de l'Afrique du Sud, omniprésente (74 %), mais aussi de nos concurrents européens (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Suède) ou asiatiques (Japon, Chine, Corée).

Cependant, une large part des produits français distribués dans ce pays transite par des importateurs sud-africains et est donc comptabilisée comme exportations françaises vers l'Afrique du Sud. Les importations du Botswana proviennent pour 80 % de la " Southern African Customs Union (SACU) " et pour 8 % de l'Union européenne, celle-ci lui achetant en retour près des trois quarts de ses exportations.

Les très importantes potentialités du Botswana sont encore mal exploitées par les sociétés françaises : le Botswana est le " champion mondial " de la croissance économique (8,2 % sur 30 ans) et la 11 e économie de l'Afrique sub-saharienne. La COFACE, pour sa part, le considère comme le seul pays d'Afrique présentant un " très bon risque ".

En 1997, s'est tenu le premier Forum économique franco-botswanais, autour d'une vingtaine de sociétés françaises. Le CNPF-International a, pour sa part, organisé en juillet 1997 une mission à Gaborone avec plusieurs représentants d'entreprises françaises.

Les principales entreprises françaises qui ont opéré dans le pays sont Bouygues (qui a réalisé quatre chantiers dont deux hôtels et, sur Protocole, l'Hôpital de Francistown et dont la filiale DTP/Terrassement est associée à la réalisation de la nouvelle mine de cupronickel de Phoenix, Spie-Batignolles qui a construit la base aérienne militaire de Molepolole pour 1,3 milliard de francs en 1990, Charbonnages de France (qui a évalué les réserves botswanaises), Rhône-Mérieux 1 ( * ) , Total, Air Liquide, BIC (qui a installé en 1992 une usine d'assemblage de stylos), Beymann, Kalahari Buttons, Ingérique, Vista (filiale de France Télécom qui couvre la moitié du territoire en téléphonie mobile, et, dans le secteur de l'eau, Europipe (fourniture de tubes en acier - 45 millions de francs), Dègremont (qui a participé en 1996-1997 au projet d'adduction d'eau " North South Carrier ", et a fourni un lot de trois stations de traitement de l'eau ; cette société s'intéresse également à de petites stations de pompage et à une unité pilote de traitement des eaux).

Le contrat de construction du barrage principal de cette réalisation d'importance stratégique pour le Botswana a été attribué au groupement Odebrecht (Brésil) / Besix (Belgique), alors que son offre n'arrivait qu'en deuxième position derrière celle de SPIE-Batignolles. Les sociétés françaises et leurs partenaires ont cependant obtenu près de 600 millions de francs de commandes, soit environ 25 % du montant total de la première phase de cet ambitieux projet. Elles en suivent avec attention la seconde phase, qui prévoit le doublement de l'aqueduc pour un coût de 4 milliards de francs. Au Botswana, plus encore que dans d'autres pays d'Afrique australe, le domaine de l'eau est l'un des plus porteurs en termes d'investissements lourds et d'ingénieries.

2. Les secteurs d'activité potentiellement intéressants pour les entreprises françaises

D'autres secteurs d'activité peuvent intéresser les sociétés françaises :

- les transports, notamment l'aéronautique (en cours de privatisation, Air Botswana possède trois ATR 42) et le secteur ferroviaire qui est tributaire, à long terme, de la décision d'exploiter, via un raccordement au réseau namibien, l'énorme gisement identifié par Charbonnages de France. En appuyant la promotion de réseaux régionaux de transports, le pays souhaite transformer en atout son handicap initial d'enclavement pour devenir le carrefour de l'Afrique australe ;

- le tourisme (3 ème secteur d'activité avec 4,5 % du PNB) : encore peu développé et dominé par des groupes étrangers, ce secteur pourrait devenir, à la demande de l'ancien président Masire, l'un des axes majeur de partenariat entre la France et le Botswana. Le groupe Accor est en négociation pour reprendre la gestion des 8 hôtels de la chaîne Cresta, ainsi que pour la construction de nouvelles unités ;

- l'installation du réseau de télévision nationale : TDF a proposé un projet pilote (13 millions de francs), dont la réalisation serait essentielle pour le développement de nos relations bilatérales et de notre présence au Botswana ;

- la vente de matériels militaires en liaison notamment avec la construction de la base de Molepolole ;

- les télécommunications : la libéralisation partielle des télécommunications intéresse Alcatel qui, déjà bien implanté au Mozambique, confirme sa montée en puissance régionale dans un secteur porteur ;

- l'industrie textile : elle se met progressivement en place à la satisfaction d'industriels asiatiques, heureux de pouvoir bénéficier, par ce biais, des quotas européens que le Botswana n'utilise pas. Des sociétés allemandes ont déjà investi au Botswana dans ce créneau industriel ;

- les services financiers, secteur dans lequel les Américains tentent de mettre en place un centre régional financier " offshore " ;

- l'élevage et la production animale : ce domaine d'activité traditionnel doit être totalement réorganisé vers un élevage intensif, incluant de nouvelles technologies. Le groupe français SOCOPA s'intéresse à un partenariat avec la Botswana Meat Commission (BMC), entreprise d'Etat disposant du monopole d'achat, de l'abattage et de l'exportation de la viande, en cours de privatisation. La " filière autruche " devrait, quant à elle, permettre une diversification de l'élevage botswanais. Un consultant français, Pincemin SA, est chargé de réaliser l'étude de détail relative à l'installation au Botswana d'un complexe industriel intégré de cette filière ;

- la construction automobile : Peugeot avait marqué un vif intérêt pour la reprise du site de montage de la Botswana Motor Corporation, laissé vacant par la faillite de Hyundai et le départ de Volvo pour l'Afrique du Sud. Il vient d'y renoncer, faute d'avoir pu obtenir du gouvernement botswanais l'apurement des dettes de la plus importante unité industrielle du pays.

* 1 En 1978, Rhône-Mérieux se porta au secours du cheptel botswanais, auquel elle évita une catastrophe sanitaire. Cette opération fut à l'origine de la création du Botswana Vazccine Institute (BVI), avec lequel Rhône-Mérieux collabore toujours pour exporter dans toute l'Afrique.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page