B. DES RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES À APPROFONDIR

La situation économique et sociale de l'Algérie est extrêmement difficile, c'est d'ailleurs l'une des causes principales du mouvement de protestation.

La population souffre de l'appauvrissement et du chômage. Exprimé en dollars, le PIB algérien n'a guère progressé de plus de 0,5 % par an depuis 1980, alors que la croissance démographique était de l'ordre de 1,6 % par an. De 1990 à 1999, le PIB par habitant a donc été plus que divisé par deux, passant de 3.524 dollars en 1990 à 1.550 dollars en 1999. Aujourd'hui, on estime à 1,6 million (5,7 % de la population) le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté alimentaire évalué à 1.200 francs français par an.

Le chômage touche près de 30 % de la population active, plus particulièrement les jeunes (80 % des sans emploi). Le nombre de chômeurs a également beaucoup progressé entre 1994 et 1999, atteignant 2,1 millions en raison du programme d'ajustement structurel suivi par l'Algérie.

La situation est d'autant plus difficile que la couverture sociale reste faible. Plus de 20 % de la population n'est pas assurée contre les risques maladie, vieillesse, accidents du travail et chômage. La question du déficit en logements sociaux est également une forte source de frustration, tandis que parallèlement les inégalités de revenu ont progressé, un petit nombre tirant profit de l'exploitation et du commerce des hydrocarbures.

Ce constat doit être tempéré par la bonne tenue des « fondamentaux » de l'économie algérienne et l'accroissement des revenus pétroliers qui permettent d'espérer une relance de l'activité.

En effet, grâce à la politique de rigueur menée sous l'égide du FMI et avec le soutien de la communauté financière internationale depuis 1994, l'Algérie a restauré ses grands équilibres macroéconomiques. L'inflation a diminué fortement, passant de 16,7 % en 1990 et 30 % en 1995 à 1 % en 2000. Le déficit budgétaire est passé de 3,9 % du PIB en 1998 à 1,9 % en 1999. La dette publique a été restructurée et est en voie de remboursement rapide. Représentant 85 % du PIB en 1996, elle s'élève à 63 % du PIB en 2000. La balance des paiements, enfin, est devenue positive (+ 0,7 % du PIB en 1999).

Ces bons résultats s'expliquent en outre par une demande interne atone et la forte hausse des cours du pétrole. Celle-ci a permis de dégager plus de 12 milliards de dollars de recettes supplémentaires mais montre aussi l'extrême dépendance de l'Algérie vis-à-vis de cette ressource qui représente en 2000 plus de 96 % des exportations, 55 % des recettes budgétaires et 25 % du PIB.

Cette conjoncture devrait permettre au Gouvernement algérien de mener à bien un important programme de relance, à hauteur de 50 milliards de francs entre 2001 et 2004, fondé sur les dépenses d'équipements dans les domaines des transports, de la santé et de l'éducation. Il sera également particulièrement important de mettre en oeuvre les réformes visant à améliorer les modalités de gestion du secteur public, à moderniser le système bancaire et à procéder aux privatisations. Pour réussir ces réformes, l'Algérie compte notamment sur le soutien de la France et le retour des investisseurs français.

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