B. LES ENFANTS TOUCHÉS PAR LES CONFLITS ARMÉS : UN PHÉNOMÈNE QUI NE DIMINUE PAS

En dépit de l'adoption de plusieurs normes internationales destinées à protéger les enfants lors des conflits armés, l'analyse des conflits actuels donne au contraire l'impression que les enfants sont de moins épargnés par la guerre et ses conséquences.

Nommé en août 1997 représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés , M. Olara Otunnu , ancien ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, dresse dans ses rapports successifs un panorama inquiétant de la situation. Il écrivait ainsi en octobre 2000 que « dans quelque 50 pays à travers le monde, des enfants souffrent des effets et des séquelles des conflits armés. Au cours de la décennie 1986-1996 , 2 millions d'enfants ont été tués dans des conflits armés, plus de 6 millions ont été blessés ou rendus invalides et plus d'un million ont perdu leurs parents . On compte actuellement plus de 22 millions d'enfants déplacés par la guerre tant à l'intérieur de leur pays qu'à l'extérieur. Les enfants sont de plus en plus nombreux à être pris pour cibles, à être recrutés comme combattants ou enlevés pour servir d'esclaves sexuels. Le nombre des enfants soldats est évalué à 300 000 . Quelque 800 enfants par mois sont tués ou mutilés par des mines terrestres . Ces statistiques atroces sont encore loin de traduire tout le mal dont ont été victimes des enfants qui ont connu les horreurs de la guerre. »

Après la tragédie rwandaise, l'Angola ou encore la République démocratique du Congo comptent parmi les exemples les plus frappants de cette situation catastrophique, alors que plus près de nous, les conflits de la dernière décennie dans les Balkans ont aussi apporté leur lot de victimes chez les enfants.

La caractéristique de ces conflits est d'ignorer de plus en plus la différence entre civils et combattants et de créer un niveau de violence sans précédent sur les civils , y compris les enfants.

Outre les dommages directs subis par les enfants, atteints dans leur chair ou à travers leurs proches, les préjudices indirects à moyen terme sont tout aussi importants. La situation de guerre chronique dans certains pays, notamment en Afrique, entraîne une déstructuration profonde de la famille et des communautés traditionnelles, du système éducatif, des services de santé et des institutions sociales. De ce point de vue, les enfants touchés par la guerre alimentent de véritables générations sacrifiées.

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