b) Des interventions qui ont leur limite

Comme il a déjà été observé, l'apport éventuel de crédits budgétaires semble souvent secondaire par rapport :

- dans le cas du CIRI, aux contributions des actionnaires et à l'attitude des créanciers ;

- dans les bassins miniers, aux actions des sociétés de reconversion sous forme de prêts et d'apports en fonds propres ;

- aux garanties d'emprunts par l'Etat.

L'ingénierie financée et les actions de médiation ou de coordination entre de très nombreux intervenants, de même que l'environnement des entreprises, sont également essentiels.

Dans un très intéressant numéro de la Gazette de la Société et des Techniques publiée par les annales des Mines 50 ( * ) , il est noté que : « l'implantation pérenne d'entreprises dans un territoire résulte d'une alchimie complexe où les aides financières ne constituent qu'un élément secondaire par rapport à d'autres facteurs, comme une main-d'oeuvre de qualité et nombreuse, des services de formation, des infrastructures, une offre de R & D, un tissu industriel complémentaire, une qualité de vie pour les salariés, etc. » .

Prenant l'exemple de la mutation réussie du choletais, en proie à une grave crise dans le secteur de la chaussure, la gazette souligne le travail de fourmi réalisé auprès des entreprises et des salariés par une plate-forme, informelle, de reconversion professionnelle.

Celle-ci regroupait quelques individus qui ont rempli une véritable fonction d'intermédiation sur le marché du travail local, palliant le caractère limité et peu coordonné de l'action des cellules de reclassement fonctionnant sur les différents sites industriels. A côté de cette plate-forme s'est constitué, à l'initiative du sous-préfet, un comité de pilotage de l'économie choletaise, sorte de communauté de travail, multilatérale et, elle aussi, informelle, qui, petit à petit, a coordonné toutes les actions de développement sur le territoire.

Le comité -observe la gazette- a adopté la vision intégrée et prospective indispensable à tout traitement des mutations économiques, allant au-delà d'une simple logique de réparation .

Comme pour les chantiers navals du Havre -poursuivent les auteurs de cet article-, on assiste à un débordement des cadres institutionnels de l'action (est-ce parce qu'ils sont inadaptés ?) dans les initiatives qui donnent les meilleurs résultats.

A des phénomènes localisés touchant des secteurs industriels en déclin ou en grande difficulté (textile, sidérurgie, chantiers navals, etc...), ont ainsi succédé des processus diffus et permanents d'adaptation de toutes les entreprises, dont les plans sociaux ne constituent qu'un des aspects les plus spectaculaires.

A côté de deux configuration assez bien connues, mais peu fréquentes, comme celle de la grande-entreprise-prospère-qui-restructure ou celle de l'intervention publique spectaculaire (Moulinex, Chausson, Superphénix) apparaît donc une troisième configuration qui peut être qualifiée de « mutations territoriales endogènes » (endogène, dans la mesure où les ressources extérieures sont limitées et l'accompagnement des mutations s'effectue au plan local).

Dans ces processus, l'Etat peut exercer des fonctions importantes à condition de laisser certains individus prendre l'initiative de jouer de nouveaux rôles. Il jouit d'une réputation de neutralité et les financements publics, même amoindris, demeurent attractifs et peuvent donc en attirer d'autres.

Un article du Monde de l'économie, paru le 26 novembre, insiste pour sa part -point de vue que partage votre rapporteur- sur l'absolue nécessité d' anticiper des mutations structurelles des entreprises.

* 50 N° 13 - mars 2002.

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