II. LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE L'AZERBAÏDJAN

A. L'INFLUENCE DU CONFLIT DU HAUT KARABAGH

Le Haut Karabagh, conquis par les Russes sur la Perse en 1805, a été attribué à l'Azerbaïdjan dans le cadre des compromis russo-turcs de 1921. Ce territoire s'étend sur 4.400 km² et compterait 150.000 habitants (76% d'Arméniens en 1989) .

Le conflit du Haut-Karabagh a fait près de 20 000 victimes depuis le début de la revendication indépendantiste en 1987. Un accord de cessez-le-feu, négocié le 12 mai 1994, a gelé une situation militaire très favorable aux Arméniens qui occupent entre 15 et 20 % du territoire de l'Azerbaïdjan (le Haut-Karabagh proprement dit et les districts azerbaïdjanais environnants considérés comme un « glacis protecteur »). Bakou a accueilli, depuis 1992, entre 500 000 et 800 000 réfugiés et personnes déplacées et Erevan à peu près 200 000.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les répercussions internationales de ce conflit :

l'implication des puissances régionales (Russie, Turquie, Iran) ;

la « caisse de résonance » constituée par les « diasporas » notamment en Russie, aux Etats-Unis et en France, qui se sont employées à mobiliser les relais d'opinion ;

la menace directe qu'a paru faire peser le conflit sur les perspectives pétrolières en compromettant la sécurité des investissements (le front se trouve par endroits à 30 km de l'oléoduc Bakou Tbilissi Ceyhan).

A l'origine de la création du Groupe de Minsk (chargé sous l'égide de l'OSCE de fournir un cadre aux négociations) dès 1992, la France a été désignée, en 1997, aux côtés des Etats-Unis et de la Russie pour en assurer la co-présidence .

Les perspectives de résolution de ce conflit sont malheureusement, aujourd'hui, très réduites après l'échec des négociations de Rambouillet entre les présidents azerbaïdjanais et arménien en février 2006.

B. UNE IMPLICATION ACCRUE DE L'OCCIDENT ET UN DIALOGUE NOURRI AVEC LA FRANCE

Le Président Aliev a assuré une diversification des partenaires économiques du pays (constitution de plusieurs consortia dans la Caspienne). Les interventions gouvernementales américaines se sont accrues.

L'Azerbaïdjan est membre du Partenariat pour la Paix et souhaite une implication accrue de l'OTAN dans la région . Bakou, qui était favorable au désarmement de l'Irak sur la base des résolutions de l'ONU, a marqué son soutien aux Etats-Unis dès le début de leur opération militaire. Un détachement de 150 militaires azerbaïdjanais est déployé en Irak depuis août 2004. L'Azerbaïdjan est officiellement devenu le 43 e membre du Conseil de l'Europe le 25 janvier 2001. Cette adhésion est intervenue simultanément à celle de l'Arménie. Par ailleurs, l'Accord de Partenariat et de Coopération entre l'UE et l'Azerbaïdjan est entré en vigueur en juillet 1999.

La France souffrait initialement d'une image assez mauvaise en Azerbaïdjan, du fait de ses rapports privilégiés avec l'Arménie. Ainsi elle avait été exclue du fameux contrat de 1994 portant sur trois gisements géants off-shore. Cette image s'est progressivement améliorée grâce aux relations qu'entretiennent les deux chefs d'Etat.

Aujourd'hui, la France assure la co-présidence du groupe de Minsk ; par ailleurs, elle a rejoint le consortium de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Cehyan à hauteur de 5 %.

Les liens parlementaires entre la France et l'Azerbaïdjan sont denses . Le Président du Sénat s'est rendu en Azerbaïdjan en 1999. Le ministre de l'économie, M. Kahrad Aliev, a participé, en décembre 2002, au colloque « L'Azerbaïdjan : la montée en puissance », organisé par le Centre français du commerce extérieur et le Sénat. Le Président du groupe sénatorial d'amitié France-Caucase, M. Ambroise Dupont, y a effectué de nombreuses visites. M. Mourtouz Aleskerov, Président du Parlement azerbaïdjanais est venu en France en décembre 1999, puis en novembre 2004, dans le cadre de sommets organisés par le Président du Sénat, avec ses homologues des trois pays du Sud-Caucase.

Il est important de resserrer les liens entre notre pays et l'Azerbaïdjan . Une convention fiscale visant à éviter les doubles impositions est entrée en vigueur en octobre 2005. Aujourd'hui, nous est présentée une convention d'assistance administrative mutuelle pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des infractions douanières. Elle présente un double intérêt. Tout d'abord, elle repose, ainsi que l'indique son préambule, sur la défense d'intérêts communs tant économiques, sociaux, fiscaux et commerciaux que culturels. De plus, elle permettra de mieux lutter contre le trafic de drogue, problème particulièrement aigu dans cette partie du monde.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page