2. Façonnés par l'activité humaine,

La Camargue a été, historiquement, façonnée par les activités humaines, à partir de comptoirs commerciaux, installés sur la rive du Rhône. Pendant des siècles, l'occupation demeura précaire, avec une sorte d'équilibre entre les territoires exploités et la partie qui restait ou revenait périodiquement à l'état sauvage. Entre 1850 et 1869, la création des digues du Rhône, puis de la digue à la mer, pour se protéger des inondations, isolent artificiellement la Camargue mais la privent également d'apports réguliers en eau douce et limons fournis par le fleuve. Pour maintenir ce milieu naturel et développer l'agriculture, est mis en place un réseau hydraulique complexe, avec l'installation de stations de pompages pour prélever l'eau du Rhône et en creusant un réseau dense de canaux à travers le delta 2 ( * ) . Ainsi faut-il considérer que la Camargue, zone humide naturelle d'intérêt majeur, est en réalité un milieu artificiel géré par l'homme et dépendant étroitement des activités qui y sont pratiquées.

L'agriculture -culture du riz et élevage- ainsi que la saliculture sont ainsi les deux activités qui ont façonné les paysages de Camargue.

Encore actuellement, la structure économique du PNR de Camargue est caractérisée par le poids important de l'agriculture, qui occupe 18 % des actifs.

On compte 132 exploitations agricoles réparties sur 25.365 ha de terres agricoles, soit 30 % de la superficie du parc. Parallèlement à une diminution du nombre d'exploitations agricoles, on constate une augmentation de leur taille et un développement important des grandes exploitations (plus de 100 ha).

La riziculture constitue un des piliers des activités économiques, pratiquées dans le parc, avec 128 exploitations rizicoles qui couvrent près de la moitié de la surface agricole. Ainsi, en 2005, cette filière a généré près de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le Pays d'Arles. Enfin, 95 % des exploitations agricoles situées dans le PNR bénéficient de l'IgP 3 ( * ) « riz de Camargue ». On note aussi la présence de nombreuses autres cultures, comme les oléagineux, les cultures légumières ou encore la vigne et l'arboriculture.

L'élevage extensif de taureaux et de chevaux est également caractéristique de la Camargue et se pratique dans les marais, les sansouires et les pelouses.

- L'élevage de taureaux est principalement destiné à la production d'animaux de course, et on compte sur le territoire du Parc environ 6.455 bovins répartis dans 41 manades.

On distingue :

- les taureaux de race Camargue (« Raço di Biou »), qui représentent 70 % du cheptel et sont destinés aux courses à la cocarde sans mise à mort. Une AOC « Taureau de Camargue » est reconnue depuis 1996 ;

- les taureaux espagnols ou taureaux de combat représentent 30 % du cheptel bovin, soit environ 1.600 têtes, et sont destinés aux corridas avec mise à mort.

- L'élevage de chevaux représente 3.000 chevaux de race Camargue répartis dans une trentaine de manades, en respectant les prescriptions de l'Association des éleveurs de chevaux de race Camargue, qui fixe notamment la charge maximale à 1 UGB pour 2 ha.

La saliculture ou production de sel est considérée comme activité agricole même si, par beaucoup d'aspects, elle se rapproche d'une activité industrielle.

Les salins camarguais, avec plus de 18.000 ha (16 % de la surface du parc) sont les plus importants d'Europe, avec deux zones distinctes de production, l'une sur la commune des Saintes-Maries de la Mer (salins d'Aigue Mortes) avec 3.950 ha et l'autre près de Salin de Giraud (14.000 ha), pour une production annuelle moyenne de 800.000 tonnes 4 ( * ) .

Il convient également de souligner la forte croissance des activités tertiaires et artisanales qui occupent près des deux tiers des actifs, concentrées autour des Saintes-Maries de la Mer. L'hôtellerie-restauration y prédomine car le PNR de Camargue est une destination touristique privilégiée.

* 2 L'espace deltaïque est structuré en périmètres d'irrigation et de drainage, organisés pour la plupart en structures associatives « d'arrosants et de drainants ».

* 3 IgP = indication géographique protégée par l'Europe en 2000.

* 4 Néanmoins, le groupe industriel « Salins-International » conduit un projet de restructuration après la perte d'un gros client, Arkema, groupe chimiste qui achetait le tiers de sa production. La production annuelle de Salin de Giraud devrait être limitée à 150.00 t, destinées essentiellement au déneigement.

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