II. UNE GRAVE CRISE POLITIQUE LIÉE AU PARTAGE DU POUVOIR ET DES RICHESSES

A. LA CRISE NÉE DES ÉLECTIONS DE 2007

En dépit de l'instauration du multipartisme en 1991, la démocratie kenyane n'a pas connu d'alternance immédiate, le président Arap Moi élu en 1992 et en 1997, s'étant maintenu au pouvoir jusqu'en 2002 du fait des divisions de l'opposition.

L'arrivée au pouvoir de Mwai Kibaki, en décembre 2002 a représenté la première alternance et une rupture avec 40 ans de pouvoir du parti Kanu.

Les élections générales de décembre 2007, dont les résultats contestés donnaient vainqueur le président sortant Mwai Kibaki, ont donné lieu à deux mois de violence généralisée à l'échelle du pays. Plus de 1 500 personnes sont mortes et 600 000 ont été déplacées dans des violences à caractère ethnique.

L'ancien secrétaire général des Nations-unies, M. Kofi Annan a été mandaté par l'Union africaine afin de proposer une médiation.

En février 2008, le président Mwai Kibaki et le chef du Mouvement démocratique orange, Raila Odinga, ont signé un accord de partage du pouvoir. La formation d'un cabinet de coalition, en avril 2008, a fait diminuer le niveau de violence.

L'ODM, parti de M. Odinga, conserve une courte majorité au parlement.

Mais les ressorts profonds de la crise ne sont pas seulement institutionnels.

La lutte contre la corruption, contre les inégalités ont été au coeur des revendications des partisans de Raila Odinga.

Ces inégalités alimentent les tensions entre certaines ethnies. Dans un pays qui compte 42 ethnies, les bantous, dont font partie les Kikuyus représentent le groupe le plus important. Le facteur ethnique est très présent dans la vie politique et économique kenyane et l'ethnie kikuyue, qui a marqué l'histoire de l'émancipation du Kenya et réputée pour son esprit d'entreprise est perçue comme prédominante. Ses membres se sont implantés dans des régions du pays où l'ethnie n'était traditionnellement pas majoritaire comme dans la vallée du Rift, à l'ouest du pays, qui a été l'un des principaux théâtres des affrontements.

Les ressorts profonds de la crise sont le partage du pouvoir, la répartition des terres et des richesses et les inégalités sociales et économiques dans un pays qui reste affecté par une grande pauvreté.

B. UNE PAUVRETÉ PERSISTANTE

1. Un pays à faible revenu

Le Kenya compte 38 millions d'habitants, avec une croissance démographique de 2,7 % et une espérance de vie de 56 ans.

Avec un PIB par habitant de 1500 dollars par an, classé au 152 ème rang sur 177 pour l'indice de développement humain, le Kenya reste un pays pauvre même s'il est le seul de la région qui ne figure ni au nombre des pays les moins avancés, ni parmi les pays très endettés, ce qui lui donne notamment accès aux prêts.

Plus de la moitié de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, dans un contexte de très fortes inégalités de revenus. Sur la côte et dans le Nord-est du pays, ce pourcentage passe à 70 %. La corruption, phénomène très présent, bien que combattue avec détermination par les autorités, reste durement ressentie par la population.

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