2. Des exigences qui se diversifient et peuvent être difficiles à concilier

L'encadrement des jeux par un double monopole public et une tutelle du ministère de l'intérieur sur les casinos trouve sa justification dans une identité historique entre la préservation de l'ordre public et la sphère étatique. La conception de l'ordre public a cependant évolué et la dimension de lutte contre la criminalité est devenue moins prégnante. Avec la montée de l'individualisme et des comportements de jeu compulsif, la problématique de santé publique et de lutte contre l'addiction est ainsi devenue une préoccupation croissante.

Pour autant, la politique publique sur les différents maillons de la chaîne (information, prévention, offre de soins et accompagnement psychologique) est encore assez limitée et l'addiction aux jeux demeure davantage traitée dans le cadre d'une approche globale des addictions et drogues (en particulier avec le Plan de prise en charge et de prévention des addictions et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé - INPES) que de manière spécifique.

De nombreux acteurs privés, tels que SOS Joueurs, Adictel (services d'aide aux joueurs dépendants) ou le Centre de recherche sur le jeu excessif, tentent donc de pallier les carences de l'Etat. Ils bénéficient souvent de l'aide financière et logistique de la Française des jeux, du PMU et de grandes sociétés de casinos, qui cherchent à asseoir leur légitimité en endogénéisant une politique du « jeu responsable ».

Une telle approche, en dépit des louables intentions des opérateurs publics, ne peut être que supplétive car elle est fondamentalement porteuse de conflits d'intérêts . Le dynamisme commercial , dont témoignent le lancement de nouveaux jeux et l'attribution d'un « bonus » lors de la première inscription du joueur sur le site de paris en ligne, n'est pas totalement « absous » par la démarche médiatisée de promotion du jeu responsable .

En outre, les importantes recettes fiscales perçues par l'Etat sur le secteur des jeux (environ 4,6 milliards d'euros en 2008) entretiennent souvent, dans l'esprit de nos concitoyens, un soupçon d'ambiguïté, voire d'hypocrisie . L'Etat n'aurait aucun intérêt à canaliser l'offre de jeux puisqu'il s'agit d'un secteur surtaxé, la fiscalité constituant en quelque sorte la contrepartie rationnelle du préjudice éventuel causé à la société.

La commercialisation d'un jeu tel que le Rapido , au contenu addictif manifeste, a cependant illustré les limites de la légitimité du monopole public. L'offre de jeux d'argent et de hasard sous tutelle de l'Etat a donc trouvé un nouveau motif de légitimation dans la contribution déterminante du secteur des jeux au financement de la filière équine et du sport amateur et de haut niveau .

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