B. UN ALÉA POTENTIELLEMENT CATASTROPHIQUE : LA CRISE DE LA DETTE DANS LA ZONE EURO

Un scénario de forte récession, analogue à celle de 2009 (où le PIB s'est contracté de 2,7 % en volume) paraît cependant exclu, sauf en cas de forte aggravation de la crise de la dette de la zone euro 8 ( * ) .

1. Quatre crises potentielles imbriquées les unes dans les autres

La crise de la zone euro peut être schématisée comme quatre crises potentielles imbriquées les unes dans les autres, dont pour l'instant les deux premières se sont réalisées et dont la troisième doit absolument être évitée, faute de quoi la situation deviendrait incontrôlable. C'est alors l'existence même de l'euro qui serait menacée.

Les quatre crises potentielles de la zone euro

La Grèce s'est d'elle-même rendue insolvable, sans que cela provienne d'une augmentation autoréalisatrice de ses taux.

Compte tenu des faibles sommes en jeu, la crise grecque n'aurait normalement pas dû s'étendre. Toutefois la zone euro a tardé à réagir, l'annonce de la mise en place du Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) et, surtout, du Fonds européen de stabilité financière (FESF), n'ayant été annoncée que le 10 mai 2010, dans une cacophonie montrant d'importants désaccords au sein de la zone euro, au point que certains commentateurs se demandent ce qui se serait passé sans l'intervention du président des Etats-Unis et du directeur général du FMI. La crise s'est donc étendue à un « deuxième cercle », celui du Portugal et de l'Irlande, victimes d'une crise autoréalisatrice qui aurait pu être évitée.

L'insistance de l'Allemagne à ce que certains Etats fassent défaut - la Grèce, comme cela a été décidé le 21 juillet 2011, pour 21 % en valeur actualisée, puis, le 26 octobre 2011, pour 50 % en valeur nominale, mais aussi, potentiellement, chaque Etat recourant au futur mécanisme européen de stabilité (MES), comme cela a été annoncé par l'Eurogroupe le 28 novembre 2010 -, jointe à l'absence de dispositif susceptible de rassurer les marchés au sujet de l'Espagne et de l'Italie, a favorisé en juillet et en août 2011 un début d'extension de la crise à ces deux pays, et, en conséquence, aux banques. L'annonce le 26 octobre 2011 de la future mise en place d'un dispositif disposant d'une capacité de financement de l'ordre de 1 000 milliards d'euros n'a visiblement pas rassuré les marchés. Ainsi, les taux d'intérêt à dix ans de l'Italie ont continué d'augmenter, avec une émission au taux de 6,06 % le 28 octobre, les taux d'intérêt sur le marché secondaire atteignant désormais plus de 6,5 %.

Il faut absolument éviter que cette troisième crise potentielle ne se concrétise. En effet, si l'Italie et l'Espagne perdaient l'accès aux marchés, la situation deviendrait vraisemblablement incontrôlable. S'il est techniquement et politiquement possible de mettre rapidement en place un dispositif préventif efficace permettant de « démultiplier » les moyens des fonds actuels - comme on le verra plus loin -, un tel dispositif ne serait peut-être pas en mesure de ramener à un niveau acceptable des taux d'intérêts qui auraient fortement augmenté.

Par ailleurs, il est probable que les marchés perdraient définitivement confiance en la capacité des Etats de la zone euro à gérer leur monnaie unique. Alors que l'Europe serait plongée dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale, et que la question de la sortie de l'euro de certains Etats deviendrait un enjeu majeur des débats politiques nationaux, ils se focaliseraient vraisemblablement sur l'un des problèmes essentiels de la zone euro : du fait de l'impossibilité de dévaluer leur monnaie, certains Etats (Espagne, Portugal, Grèce) ont un déficit extérieur très important (de l'ordre de 10 points de PIB) qui, s'il se maintenait susciterait des crises d'endettement à répétition. Aucun dispositif de stabilité, même impliquant la BCE, ne serait perçu comme crédible, puisque c'est l'existence même de la zone euro qui serait remise en question.


* 8 La nature de la crise de la dette a été précisément exposée par le président Philippe Marini dans de précédents rapports. Votre rapporteure générale ne s'y attardera donc pas.

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