C. UN MODÈLE ÉCONOMIQUE EN TRANSITION

Le développement du numérique représente des évolutions profondes à court terme, bien que les ebooks et audiobooks ne représentent encore que 1,8 % du chiffre d'affaires des éditeurs en 2010, soit 49 millions d'euros.

L'utilisation des supports dématérialisés remet en cause les principes fondamentaux sur lesquels l'édition s'est construite à deux égards. En aval, la libre circulation des oeuvres risque de porter atteinte aux droits d'auteur et bouleverse l'équilibre des schémas contractuels classiques ; en amont, la rentabilité de l'imprimé est concurrencée par le coût de production très faible des oeuvres digitales.

Le passage aux supports dématérialisés représente cependant une opportunité pour les éditeurs , en ce qu'il atténue deux problèmes de gestion majeurs liés au support imprimé : le poids des retours et l'indisponibilité de certaines oeuvres à cause des coûts de production. De plus, il constitue une opportunité de valoriser des oeuvres peu accessibles en version imprimée.

1. La réorganisation du circuit du livre

Le taux de retour moyen représente un quart des livres placés en librairie (23 % en 2010) : sur le nombre d'exemplaires envoyés au libraire, un sur quatre est renvoyé à l'éditeur faute d'avoir trouvé acheteur après une certaine date. Ces invendus n'occasionnent aucune recette pour l'éditeur, mais une triple dépense : le coût de transport, le coût de stockage et le coût de mise au pilon.

Dans l'économie numérique, les coûts de transports sont moindres et pris en charge par l'acheteur particulier. D'autre part, les livres écoulés sur le modèle de la « longue traîne », à quelques exemplaires par an sur une très longue période, deviennent beaucoup plus rentables puisqu'ils peuvent être valorisés en permanence sans nécessiter de transport ou de stockage dans une vitrine physique.

2. Une économie de la profusion

Certains éditeurs choisissent de gérer l'incertitude par la surproduction, en finançant le coût du risque par des économies d'échelle. C'est la stratégie des livres de poche, qui représentaient un quart des ventes totales en 2009. Les best-sellers fonctionnent ainsi comme de véritables « livres-locomotives ». Cette stratégie rend le marché globalement bipolaire, entre des tirages à plus de 100 000 exemplaires et des tirages inférieurs à 1 000 titres.

Le passage au numérique risque d'aggraver cette logique d'abondance et la bipolarisation .

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