B. LA MISE EN oeUVRE D'UN CADRE D'ACTION MULTILATÉRAL

La volonté de la France de ne plus agir seule en Afrique l'amène en outre à promouvoir, à chaque occasion, les enceintes ad hoc pour favoriser les actions multilatérales. C'est le cas de l'enceinte de concertation et de coordination, née en 1997 de la volonté de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne d'agir au profit de la structure de paix et de sécurité de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Depuis quelques années, le groupe s'est élargi à d'autres pays (Canada, Pays-Bas et Allemagne) et à l'Union européenne (UE). Les Britanniques sont à l'origine d'une structure de même nature au profit de l'Afrique de l'Est (« the friends of EASTBRIG ») et la France a organisé une concertation au profit de la CEEAC/CEMAC (Afrique centrale).

Comme l'a souligné récemment, M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, ce qui est en jeu en Afrique, « c'est notre capacité à aider le continent africain à construire sa propre architecture de défense et de sécurité » 6 ( * ) . Depuis plus d'une douzaine d'années, la priorité de notre politique de sécurité en Afrique vise donc à aider le continent à bâtir son propre dispositif de sécurité collective , à travers l'Union africaine et les organisations sous-régionales (c'est l'objet du concept « RECAMP » - renforcement des capacités africaines de maintien de la paix), et à faire de l'Union européenne un partenaire majeur de l'Afrique en matière de paix et de sécurité , avec la définition de la stratégie conjointe Union européenne-Afrique, adoptée à Lisbonne en décembre 2007 et la transformation du concept RECAMP en EURORECAMP.

1. Impliquer davantage l'Union européenne en Afrique

La stratégie de la France est de faire de l'Union européenne un partenaire majeur de l'Afrique en matière de paix et de sécurité.

Ce soutien de l'UE aux opérations en Afrique est toutefois assez récent. Jusqu'à la signature d'une stratégie conjointe de l'Union africaine (UA) et de l'UE en décembre 2007, l'essentiel de l'action européenne passait par le canal financier de l'aide au développement. Cette stratégie conjointe comporte aujourd'hui trois volets : le soutien aux opérations conduites par les Africains, le renforcement du dialogue politique et le volet opérationnel de l'architecture africaine de paix et de sécurité.

Depuis 2008, l'UE et l'UA, dans le cadre d'EURORECAMP/AMANI AFRICA, travaillent à la mise sur pied d'une capacité de planification et de conduite des opérations au niveau continental. Un premier cycle (2008-2010) a consacré la capacité opérationnelle initiale de cet échelon stratégique. L'UE s'est engagée à conduire un deuxième cycle (2011-2013) qui a notamment pour but la validation du concept de force de déploiement rapide de la FAA.

La France a tenu un rôle central dans les opérations de l'UE en Afrique. En 2008 et 2009, elle avait ainsi fourni à l'EUFOR au Tchad et en République centrafricaine près de 2 000 hommes sur les 3 700 de la force. Elle est impliquée dans l'opération de réforme du secteur de sécurité menée par l'UE en République démocratique du Congo (EUSEC RDC) ainsi que dans la première opération maritime de l'UE, Atalanta. La France a par ailleurs été à l'origine de l'opération EUTM Somalia (renforcement des forces de sécurité somaliennes).


* 6 Allocution prononcée à l'Institut d'études politiques de Paris le 1 er février 2012

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