C. UN PROJET MIXTE PASSAGERS-FRET QUI S'INSCRIT DANS L'OBJECTIF D'UN RÉSEAU EUROPEEN DE TRANSPORT

1. Une ligne répondant aux objectifs du réseau européen de transport

Le réseau transeuropéen de transport (programme TEN-T) vise à concrétiser deux grands objectifs de l'Union européenne : le bon fonctionnement du marché intérieur et le renforcement de la cohésion économique et sociale.

Pour ce faire, divers objectifs spécifiques devront être mis en oeuvre : la mobilité durable des personnes et des marchandises dans toute l'UE ; une infrastructure de haute qualité ; une couverture efficace de l'ensemble du territoire de l'UE, qui relie les régions insulaires, enclavées et périphériques aux régions centrales et qui relie entre elles les grandes agglomérations et régions de l'UE ; l'interopérabilité et l'intermodalité à l'intérieur des différents modes de transport et entre ceux-ci ; l'utilisation optimale des capacités existantes ; la viabilité financière du réseau ; et enfin la connexion du réseau aux pays membres de l'Association européenne de libre-échange (AELE), les pays d'Europe centrale et orientale et les pays méditerranéens.

Ainsi, des projets prioritaires ont été définis par la Commission européenne. Ceux-ci sont des projets européens d'intérêt commun qui :

- visent à résorber un goulet d'étranglement ou à compléter un chaînon manquant sur un axe majeur du réseau transeuropéen ;

- sont d'une dimension telle qu'une planification à long terme au niveau européen apporte une valeur ajoutée importante ;

- présentent des avantages socio-économiques potentiels ;

- améliorent de manière significative la mobilité des personnes et des marchandises entre les pays de l'UE ;

- contribuent à la cohésion territoriale de l'Union en intégrant les réseaux des nouveaux pays de l'UE ;

- contribuent au développement durable des transports.

Ces "corridors" doivent quadriller l'Europe du nord au sud et d'ouest en est. Ils seront connectés entre eux et engloberont 94 ports et 38 aéroports. Au final, ce sont 15 000 kilomètres de voies ferrées à grande vitesse qui seront créées, et 35 projets d'infrastructures transfrontaliers qui seront développés.

Source : la Transalpine

La nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin s'intègre donc dans un projet beaucoup plus large de corridor méditerranéen allant d'Algésiras à la frontière orientale de l'Union européenne.

Le projet de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin répond aux objectifs du réseau européen de transports, ainsi que l'a rappelé le Commissaire européen M. Siim Kallas lors du sommet de Tallinn en octobre 2013. Ce dernier a également engagé les États à « faire leur part », sous peine de mettre en péril la totalité du projet.

2. Un tracé et une réalisation en plusieurs étapes

Le projet de la ligne ferroviaire Lyon-Turin sera une ligne mixte passagers et fret.

La ligne ferroviaire actuelle, ancienne et mal adaptée à nos modes de transport modernes, a été modernisée. Les travaux de rénovation ont permis de faire passer sa capacité à 20 millions de tonnes de marchandises par an.

Néanmoins, malgré les travaux accomplis, elle n'est toujours pas à même de supporter un transfert de la route vers le ferroviaire, du fait de contraintes telles que son altitude et les pentes des rampes d'accès. Le tracé et la construction d'une nouvelle ligne sont donc incontournables.

La longueur totale de ligne nouvelle entre Lyon et Turin est d'environ 269 kilomètres dont 193 kilomètres en tunnels et 76 kilomètres à l'air libre. Cette ligne sera divisée en trois tronçons :

- Un accès français entre Lyon et St Jean de Maurienne, d'une longueur de 140 kilomètres ;

- Une section transfrontalière entre St Jean de Maurienne et Suse/Bussoleno, de 64 kilomètres ;

- Un accès italien entre Suse/Bussoleno et Turin, d'une longueur de 65 kilomètres.

Pour les accès français, les deux premières phases (respectivement entre Lyon et Chambéry et entre Avressieux et Saint-Jean-de-Maurienne) ont fait l'objet d'une enquête publique qui s'est déroulée début 2012. La commission d'enquête a rendu un avis favorable assorti de 3 réserves et le décret de déclaration d'utilité publique a été publié le 23 août 2013.

Source : la Transalpine

Outre le tunnel, plusieurs ouvrages d'art devront être construits le long du tracé de la ligne, dont 6 viaducs et 8 tunnels de plusieurs kilomètres.

Ces travaux et projets, outre les gains en termes d'aménagement du territoire, sont pourvoyeurs d'emplois dans la région. Déjà, sur la période 2002-2010, pour les constructions des descenderies, ce sont environ 400 emplois directs qui ont été générés. La réalisation de la section internationale du Lyon-Turin, côté français, génèrera sur les 5 années de pleine activité du chantier plus de 2 000 emplois directs. En pic d'activité, il pourrait même atteindre 2 800 emplois. À cela il faut ajouter les chantiers des accès français, qui nécessiteront également une main d'oeuvre importante.

Source : projet de loi

Plusieurs types de trains circuleront. Ainsi, sur la ligne nouvelle construite en première phase des accès français (Lyon - Chambéry), des trains de voyageurs (TGV et TER) pourront circuler jusqu'à une vitesse de 220 km/h et les trains de fret et d'autoroute ferroviaire jusqu'à une vitesse de 120 km/h. Sur la ligne construite en seconde phase des accès français (Avressieux - Saint-Jean-de-Maurienne), seuls des trains de fret d'autoroute ferroviaire pourront circuler jusqu'à une vitesse de 120 km/h.

Sur la section transfrontalière, les trains de voyageurs pourront rouler jusqu'à une vitesse de 220 km/h et les trains de fret et d'autoroute ferroviaire jusqu'à 120 km/h.

Sur l'itinéraire d'accès italien au tunnel transfrontalier, les trains de voyageurs pourront circuler à une vitesse de 220km/h et les trains de fret et d'autoroute ferroviaire à 120km/h.

À terme, les temps de transport seront donc considérablement réduits : Paris-Milan se fera en 4h contre près de 7h aujourd'hui .

Sur le plan du report modal, les deux États se sont engagés à le promouvoir par une politique conjointe (hausse ciblée des péages routiers, horaires de circulation, marchandises transportées, interdictions de certains poids lourds dans les tunnels, mise en oeuvre des dispositions prévues par la directive Eurovignette, ...). Lyon-Turin ferroviaire estime à près de 40 millions de tonnes les marchandises transférables d'ici 2035. La part du marché ferroviaire sur l'axe passerait de 15% aujourd'hui à près de 45%.

Rappelons que l'autoroute ferroviaire alpine (AFA), lancée en 2003, offre aujourd'hui 4 à 5 navettes quotidiennes entre le terminal ferroviaire d'Aiton près de Chambéry en Savoie, et celui d'Orbassano dans le Piémont près de Turin. Ces navettes sont composées de 11 wagons portant chacun 2 poids lourds. En moyenne, moins de 30 000 poids lourds sont ainsi transportés chaque année. La mise en place de la nouvelle ligne ferroviaire permettra d'augmenter significativement le nombre de poids lourds empruntant l'AFA. Les estimations font état de 700 000 poids lourds ainsi transportés à l'horizon 2035 grâce à la mise en place de la nouvelle ligne ferroviaire.

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