II. UNE NÉCESSAIRE INSTITUTIONNALISATION DU CONSORTIUM DES CENTRES INTERNATIONAUX DE RECHERCHE AGRICOLE

A. UNE NOUVELLE ARCHITECTURE DU CGIAR, CRÉATRICE DE SYNERGIES

La réforme de 2009, mise en oeuvre en 2010, a réorganisé la structure du CGIAR.

1. Les deux piliers, financier et opérationnel, du CGIAR

L'architecture du système CGIAR repose désormais sur deux piliers. Elle comprend d'une part, le Fonds CGIAR , un fonds fiduciaire, et d'autre part, le Consortium des centres internationaux de recherche agricole ou Consortium CGIAR 28 ( * ) .

Pilote financier, le Fonds soutient la mise en oeuvre des nouveaux programmes et centralise les différentes donations des partenaires du Consortium. Il est géré par la Banque mondiale.

Pilote stratégique et opérationnel, le Consortium regroupe quinze centres, « foyers d'expertise et de gestion de la recherche 29 ( * ) » dans une structure unique de gouvernance afin d'organiser les programmes de recherche mondiaux (« Méga-programmes »). Ces derniers sont au nombre de seize à ce jour 30 ( * ) .

Figure n° 4 : Les quinze centres internationaux de recherche agricole soutenus par le CGIAR

- le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO/WARDA)

- Bioversity International (IPGRI)

- le Centre international d'agriculture tropicale (CIAT)

- le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR)

- le Centre international d'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT)

- le Centre international de la pomme de terre (CIP)

- le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA)

- l'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT)

- l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)

- l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA)

- l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI)

- l'Institut international de recherche sur le riz (IRRI)

- l'Institut international de gestion de l'eau (IWMI)

- le Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF)

- le Centre mondial sur le poisson (World Fish Centrer)

Source : CGIAR

Parrainée par le FAO 31 ( * ) , le FIDA 32 ( * ) et la Banque Mondiale, la nouvelle organisation du CGIAR vise donc à harmoniser le financement et la mise en oeuvre de la recherche agricole internationale pour le développement à travers le Fonds CGIAR et le Consortium CGIAR .

Cette mission consiste à :

- gérer les résultats en conformité avec le « Cadre de Stratégie et de Résultats » ( SRF 33 ( * ) ) et les « Méga-programmes » ( CRP 34 ( * ) ), qui sont issus de ce cadre SRF ;

- garantir une gouvernance efficace et une utilisation efficiente dans la collecte et l'utilisation des ressources ;

- collaborer et travailler avec les bailleurs de fonds , les exécutants et les utilisateurs de la recherche du SRF, ainsi que les autres partenaires extérieurs soutenant le SRF.

Figure n° 5 : Les seize « Méga-programmes » du CGIAR

Les seize « Programmes de recherche » (CRP) sont :

- Améliorer les rendements et le profit lié aux productions

CRP sur les céréales en zone aride

CRP sur les légumineuses à graine

CRP sur l'élevage et la pêche

CRP sur le maïs

CRP sur le riz

CRP sur les racines, tubercules et bananes

CRP sur le blé

- Améliorer l'intégrité environnementale et la durabilité

CRP sur le changement climatique, l'agriculture et la sécurité alimentaire

CRP sur les forêts, les arbres et l'agroforesterie

CRP sur l'eau, les terres et les écosystèmes

- Améliorer la productivité, le profit, la durabilité et la résilience des systèmes

de production

CRP sur les systèmes intégrés pour les régions tropicales humides

CRP sur les systèmes agricoles aquatiques

CRP sur les systèmes arides

- Améliorer les politiques et les marchés

CRP sur les politiques, les institutions et les marchés

- Améliorer la nutrition et les diètes

CRP sur l'agriculture pour la nutrition et la santé

- Gestion et conservation des collections de productions végétales

CRP sur la gestion et la conservation des collections de productions végétales

Source : CGIAR

2. Une réforme réussie

La mise en oeuvre de la réforme a eu pour effet d'accroitre la confiance des donateurs, ce qui a augmenté considérablement le financement global du CGIAR . Ce dernier est ainsi passé de 500 millions de dollars en 2008 à 1 milliard de dollars en 2013. ( Cf . Figure n° 6).

Ce montant comprend :

- d'une part, les donations faites par les pays au Fonds CGIAR pour être réparties ensuite entre les centres et les programmes,

- et d'autre part, les fonds directement alloués par les donateurs aux centres internationaux, dans une relation bilatérale, sans transiter par le Fonds CGIAR.

S'agissant des contributions allouées au Fonds CGIAR, elles provenaient en 2012 d'une trentaine de pays. ( Cf. figure ci-dessous)

Figure n° 6 : Liste des contributions au fonds CGIAR en 2012 (en millions de dollars)

Australie

40,6

Luxembourg

0,6

Bengladesh

0,1

Mexique

1,0

Belgique

8,4

Pays Bas

37,8

Canada

15,6

Nouvelle Zélande

2,0

Chine

2,8

Nigeria

0,6

Danemark

6,1

Norvège

18,5

Commission européenne

21,0

Portugal

0,6

Finlande

3,9

Russie

3,8

France

1,6

Espagne

0,5

Fondation Gates

25,8

Suède

38,2

CRDI

8,0

Suisse

15,0

FIDA

2,6

Thaïlande

0,1

Inde

3,1

Turquie

0,5

Iran

1,0

Royaume Uni

74,1

Irlande

5,3

Etats-Unis

123,1

Japon

1,8

Banque mondiale

50,0

Corée

0,3

TOTAL

514

Source : CGIAR

La réforme a également permis l'intégration des thématiques environnementales et de durabilité dans la programmation . A titre d'illustration, trois méga-programmes sont dédiés à l'intégrité environnementale, la durabilité et l'adaptation aux changements climatiques.

Enfin, elle a entraîné la constitution de synergies de programmation et de financement .

S'agissant des financements, il convient de rappeler qu' avant la réforme, ils pouvaient être fléchés ou non. Les premiers étaient affectés à un projet de recherche précis, en fonction des règles propres du bailleur concernant le niveau des dépenses éligibles et les modalités d'évaluation

En ce qui concerne les fonds non fléchés, ils étaient administrés par le secrétariat du CGIAR. Ces fonds n'étant pas destinés à des opérations de recherche particulières, les centres pouvaient donc les utiliser sans instruction particulière.

Depuis la réforme, le financement est principalement assuré par un fonds fiduciaire géré par la Banque mondiale et dirigé par le « Conseil du Fonds » composé de représentants des pays donateurs, des pays en développement, des organisations régionales, des organisations internationales, et des fondations.

Les donateurs disposent de trois « fenêtres » pour allouer leurs financements :

- la « Fenêtre 1 » dite « Système » pour les contributions non fléchées , utilisables pour les activités de l'ensemble du système ;

- la « Fenêtre 2 » dite « CRP » ou Méga-Programmes qui destine ces fonds à des CRP particuliers ;

- la « Fenêtre 3 » dite « Centres » pour un fléchage transitoire des fonds vers un (ou plusieurs) centre(s). Cette fenêtre est, en principe, destinée à disparaître d'ici peu.

Dans le cadre de ce nouveau fonctionnement, les financements bilatéraux directs d'un donateur vers un centre demeurent possibles, et restent encore importants, mais doivent impérativement intégrer les coûts totaux afin de participer au fonctionnement de base du système.

L'apport majeur de la réforme résidant dans la dimension mondiale de ce partenariat qui associe l'ensemble des acteurs de la recherche agricole pour le développement, les financements du Groupe ne sont désormais plus réservés aux seuls centres internationaux de recherche qui en sont membres. Deux Méga-Programmes illustrent cette nouvelle politique du Groupe :

- le méga-programme sur le riz qui associe à trois centres adhérents du Consortium CGIAR ( Africa rice , IRRI et CIAT), le CIRAD 35 ( * ) , l'IRD 36 ( * ) et le JIRCAS 37 ( * ) ;

- le méga-programme sur les systèmes arides qui fait collaborer neuf centres adhérents du CGIAR (Bioversity International, CIAT, CIP, ICARDA, ICRAF, ICRISAT, ILRI, IWMI et WorldFish) avec trois centres de recherche non adhérents et une organisation internationale (FAO).

Réciproquement, les projets de recherche du CGIAR bénéficient des contributions (matérielles et de compétences) des autres partenaires.

Ces financements se répartissent entre les centres internationaux et le Consortium de la manière suivante :

Figure n° 7 : Budgets des centres internationaux et du Consortium de 2010 à 2013 en millions de dollars US

Centres internationaux de recherche

Budget 2013

Budget 2012

Budget 2011

Budget 2010

Centre international d'agriculture tropicale (CIAT) Cali ( Colombie )

74,6

73,6

62,4

62,2

Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) Bogor ( Indonésie )

44,5

33,8

28,0

24,9

Centre international d'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) Mexico ( Italie )

156

116,0

81,6

60,8

Centre international de la pomme de terre (CIP) Lima ( Pérou )

50,9

44,1

33,8

34,1

Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) Beyrouth ( Liban )

55,5

39,9

37,4

39,4

Centre international de gestion des ressources aquatiques vivantes (World Fish) Penang ( Malaisie )

35,9

27,3

17,8

17,7

Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF) Nairobi ( Kenya )

57,5

52,6

43,1

42,1

Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) Hyderabad ( Inde )

64

60,2

67,0

64,7

Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) Washington ( États - Unis )

114,3

84,1

81,8

70,0

Institut international de gestion de l'eau (IWMI) Battaramulla ( Sri Lanka )

40,4

40,7

35,1

31,5

Institut international d'agriculture tropicale (IITA) Ibadan ( Nigeria )

64,3

63,1

47,4

53,2

Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI) Nairobi ( Kenya )

72,9

55,8

43,6

44,5

Institut international de recherche sur le riz (IRRI) Los Baños ( Philippines )

81,3

86,5

77,5

58,4

Centre du riz pour l'Afrique (Africa Rice) Cotonou ( Bénin )

30,6

22,7

22,4

22,4

Bioversity Int (Anciennement Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI)) Rome ( Italie )

38,9

37,3

36,9

38,1

Consortium, Fonds et autres bureaux

20

13.9

ND

ND

TOTAL

1001,6

851.6

715,8

664,0

Source : CGIAR


* 28 La coordination entre ces deux piliers est assurée par la Conférence globale sur la recherche agricole pour le développement ( GCARD ). Depuis 2010, la CGARD réunit, tous les deux ans, l'ensemble des partenaires et des donateurs du CGIAR afin de proposer les grandes orientations en matière de recherche agricole pour le développement. La CGARD n'intervient pas sur les aspects financiers. Elle n'a qu'un rôle consultatif et d'orientation.

* 29 Cf. paragraphe 1 de l'article 15 de l'Acte constitutif.

* 30 L'article 4 de l'Acte constitutif du Consortium stipule que ce dernier « a pour objet d'assurer la direction d'ensemble du système du CGIAR, et de coordonner les activités des Centres adhérents et des autres partenaires dans le contexte du Cadre de stratégie et de résultats et des Programmes de recherche du CGIAR, afin de leur permettre d'accroître leur contribution individuelle et collective à la réalisation des objectifs du CGIAR. »

* 31 Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

* 32 Fonds International pour le Développement Agricole.

* 33 Strategic Results Framework .

* 34 CGIAR Research Programs .

* 35 Le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement.

* 36 L'Institut de Recherche pour le Développement.

* 37 Japan International Research Center for Agricultural Sciences.

Page mise à jour le

Partager cette page