D. LES PROJETS DE CHAÎNES CÂBLÉES EN FRANCE

1. Des câblo-opérateurs français

a) L'évolution des services

(1) Les chaînes thématiques

On constate dans notre pays que les chaînes thématiques du câble connaissent depuis deux ans une certaine relance. Aujourd'hui, le câble et le satellite, dont les capacités sont considérablement améliorées grâce à la compression numérique, présentent, en effet, des perspectives prometteuses pour les opérateurs de ces chaînes. Néanmoins, les niches sont de plus en plus rares et TF1 n'hésite pas à se montrer pessimiste sur l'avenir de ces chaînes.

Au nombre des projets de chaînes de jeux, on peut citer Ludocanal. FRANCE TÉLÉCOM s'est montré intéressé par ce projet en décidant de prendre une participation à hauteur de 40 % dans son capital jusque là détenu par Matra Hachette Multimédia. L'opérateur se montre cependant des plus discrets sur la date de lancement.

Canal Soleil, chaîne à destination des « Seniors », public convoité par les opérateurs de chaînes, doit être lancé au printemps 1996 et être reprise sur le bouquet numérique de Canalsatellite ainsi que pour certains sites câblés.

D'autres projets sont en cours d'élaboration. Ainsi, M6 envisage une chaîne à destinée aux femmes et LCI un canal santé.

(2). Le paiement à la séance

Sans recenser l'ensemble de nouveaux services proposés sur le câble en 1995, on relève que MULTIVISION est la première chaîne européenne de télévision à la séance.

Lancée en Ile-de-France en mai 1994 et proposée à tous les réseaux câblés français en décembre 1994 (mais reprise en dehors des réseaux de Lyonnaise Communications par ceux de FRANCE TÉLÉCOM Câble et de la Compagnie générale de Vidéocommunications), la chaîne propose un service de near pay per view. Les téléspectateurs abonnés au câble et disposant d'un décodeur Visopass simple (la réservation d'un film s'effectue par minitel ou par téléphone) ou interactif (l'utilisateur actionne la touche « envoi » de sa télécommande et inscrit son code confidentiel) ne payent que ce qu'ils regardent.

La procédure de facturation est simplifiée. Le Visiopass contient une carte à mémoire créditée au départ de 200 francs. A chaque consommation, la puce est débitée du montant correspondant, soit 29 francs par séance. Tous les mois, Visiopass appelle automatiquement un serveur de gestion qui envoie à l'utilisateur un relevé des consommations. En retour, l'ordinateur déclenche la facturation correspondante.

La grille des programmes est inspirée par un souci de simplicité. La chaîne propose un film par jour avec une séance toutes les deux heures, de 10h30 à 0h30, sauf le samedi soir, réservé à des retransmissions de grands spectacles, de concerts, de rencontres sportives. Elle peut diffuser un film en première diffusion neuf mois après sa sortie, étant entendu qu'elle reverse 12 à 13 francs aux producteurs pour chaque achat.

Un an après son lancement, Multi vision comptait, en juin 1995, 230 000 abonnés, consommant en moyenne un film tous les deux mois. La société espère 300 000 foyers d'ici fin 1995. Si elle ne dispose actuellement que de deux canaux, elle devrait en avoir dix dès janvier 1996 et 60 à 70 avant fin 1998.

En 1995, elle a été la seule chaîne française à diffuser intégralement le tournoi de tennis de Wimbledon.

(3). Le téléachat

Deux chaînes de téléachat ont commencé à émettre en 1994. Parce que moins d'un million de foyers reçoit ces chaînes, la rentabilité de ces deux projets semble aléatoire.

ï La première a commencé à diffuser en octobre 1994. CLUB TÉLÉACHAT est distribuée sur une partie du réseau de la métropole Lille Roubaix Tourcoing par la société PBRK. en association avec M6 et Lyonnaise Communication.

ï La seconde, TÉLÉACHAT a commencé à diffuser en novembre 1994. Elle diffuse en continu sur les réseaux câblés de FRANCE TÉLÉCOM et de la Lyonnaise des eaux, en proposant quelque 10 000 produits référencés Par an dans les domaines les plus divers.

FRANCE TÉLÉCOM possède 34 % du capital de cette chaîne. Les 64 % restants sont détenus par PLAISANCE TÉLÉVISION, filiale commune de la GÉNÉRALE OCCIDENTAL et de PLAISANCE FILM.

(4)Le « village virtuel » proposé par la Lyonnaise Communications

Afin de parvenir aussi rapidement que possible à faire des profits dans ce secteur, la Lyonnaise Communications envisage de faire passer par le câble toute une série de services. Elle s'apprête par ailleurs à mettre en service I e numérique sur le câble en janvier 1996, ce qui lui permettrait d'offrir Plusieurs canaux par cette voie.

FRANCE TÉLÉCOM ayant donné son accord, une voie de retour a été ouverte en septembre 1995, ce qui permet le transport de services interactifs. Aux différents programmes de télévision et de vidéo à la demande, baptisés TV Câble, des services « PC câbles évolutifs » pourraient être prochainement proposés. Depuis juin 1995, et pour une période d'essai, les abonnés qui sont équipés d'un ordinateur PC, sont reliés à un « village virtuel ». Ils se verront offrir une vingtaine de services (commerce, kiosques à journaux, banques, musées...).

Une expérimentation à plus grande échelle est également effectuée à Grenoble. Le « /M// service network » propose un réseau multiservices, accessible sur le téléviseur, constitué de communication personnelle, de services multicâble et de vidéo à la demande.

D'autres projets vont également voir le jour. Ils permettront de présenter des programmations « spécialisées dans leur contenu, mais fédératrices dans le public recherché », comme le relève le CSA.

b). L'urgente nécessité de conventionner les chaînes câblées en arabe

Les exploitants de réseaux câblés et les gestionnaires d'immeubles sont confrontés à une demande de plus en plus pressante concernant la réception de chaînes en provenance des pays du bassin méditerranéen. Fin septembre 1995, le câble et le satellite touchaient en France, 130 896 foyers arabophones, dont 29 088 pour le câble et 101 808 pour le satellite ; quelque 97 000 foyers seraient par ailleurs équipés de paraboles, permettant la réception directe. Ils représentent 10 % des foyers équipés en paraboles.

Cette demande est, en partie, à l'origine des conflits en matière d'installation d'antennes paraboliques : l'antenne individuelle permet de recevoir quasiment toutes les chaînes voulues, alors qu'à partir de 100 foyers desservis par une installation collective (antenne collective ou réseau câblé), seules peuvent être distribuées les chaînes choisies par l'opérateur de l'installation en accord avec la commune et qui ont conclu une convention avec le CSA.

La forte demande de réception des chaînes du bassin méditerranéen ne peut donc être satisfaite pour le moment par les installations collectives, les chaînes provenant de ces pays n'ayant pas encore de convention avec le CSA.

Actuellement, seule la chaîne publique égyptienne ESC est titulaire d'une telle convention. Sa reprise est donc d'ores et déjà possible sur les réseaux câblés.

Il est devenu urgent de régler ce problème dont l'aspect social est essentiel. Le CSA a entamé des démarches afin de permettre la distribution d'autres chaînes du bassin méditerranéen (Maroc, Tunisie,...) sur les réseaux câblés et les antennes collectives.

Le ministre de la Culture a cependant fait part de la décision du Gouvernement de surseoir, pour le moment, à une telle mesure, compte tenu de considérations relatives à la sécurité du pays.

Ce statu quo, qui favorise en réalité la diffusion de la réception directe par satellite sans aucun contrôle, ne peut être que provisoire et devrait être rapidement tranché en faveur du conventionnement.

En effet, aucune chaîne sous influence intégriste n'est actuellement retransmise par les satellites destinés au public européen. Pour capter les chaînes diffusées en Iran, il faudrait installer de coûteuses -et peu discrètes- paraboles d'environ 3 mètres de diamètre opérant dans Une gamme de fréquences particulière.

Par ailleurs, une chaîne destinée au public arabophone serait en préparation sur le câble.

Compte tenu du nombre important de foyers équipés de paraboles pointées s ur le satellite Eutelsat II F3 pour recevoir directement les chaînes des États du Maghreb, et malgré les refus des pouvoirs publics de conventionner des chaînes arabophones sur le câble, la SOFIRAD et des investisseurs privés proposeraient, avec cette chaîne, six heures par jour de programme multi diffusé. Bilingue arabe et berbère, s ous-titrée en français, la chaîne devrait faire largement appel aux productions des télévisions publiques et privées pour remplir sa grille.

2. Des câblo-opérateurs étrangers

Les câblo-opérateurs américains sont de plus en plus présents en France, ce qui est de bon augure et semble indiquer que la situation du câble n'est pas désespérée...

C'est ainsi que le numéro un mondial de la communication, TIME WARNER s'intéresse au marché français.

Sa filiale Cité Réseau a remporté, à la fin de 1994, les marchés de câblage de Limoges, Brive et Montreuil. Elle vise les 150 villes moyennes de 25 000 à 100 000 habitants, auxquelles les câblo-opérateurs français ne semblent pas s'intéresser. Elle Propose un bouquet d'une vingtaine de chaînes à raison de 35 francs pour le service de base de 14 canaux et 99 francs pour un service étendu de 21 canaux, le tarif ordinaire étant d'environ 145 francs. Ce bouquet exclut des programmes comme Planète, Canal Jimmy et LCI, lesquels doublent -à eux trois- le prix d'un abonnement.

Grâce à ce tarif attractif, Cité Réseau espère un taux de pénétration de 25 à 30 %. Sur le moyen terme, elle vise, d'ici 2001-2002 l'installation de 500 000 prises pour un investissement de 1,2 milliard de francs et 10% du marché des villes non câblées.

Plusieurs autres opérateurs américains ont pris pied en France :

ï TCI, Canal+ et la Générale d'Images ont créé un société de programmation pour le câble et le satellite, « MULTITHÉMATIQUES », dont chacun possède le tiers de parts, ce qui va permettre à la chaîne française cryptée d'exporter ses formats de chaînes thématiques en s'appuyant sur le leader mondial des câblo-opérateurs.

ï FALCON CÂBLE et APAX PARTNERS sont entrés sur le marché du câble français en prenant des participations dans le capital de Réseaux Câblés de France, à hauteur, respectivement, de 5 % et de 9,5 %.

ï TCI et LENFERT détiennent chacune 14,5 % du capital de Vidéo Pole France. Toujours chez les opérateurs de réseaux hors Plan câble, un nouveau câblo-opérateur, Média réseau, s'implante dans les communes du sud-est (Carpentras, Cavaillon...) et de la banlieue parisienne (Marne-la-Vallée).

ï Ce dernier compte dans son capital le câblo-opérateur américain UNITED INTERNATIONAL HOLDING INC (UIH).

ï SOUTHWESTERN BELL, pour sa part, est entrée à hauteur de 10 %, avec option de monter à 20 %, du capital des filiales de la CGV exploitant les réseaux « concessifs ».

ï Enfin, US West détient 7,4 % de Lyonnaise Communications.

Les investisseurs américains et canadiens sont également entrés sur le marché des DOM-TOM. Ainsi, UIH a pris 39,5 % du capital de Téléfenua, la société d'exploitation du réseau, en micro-ondes, de Tahiti. On note également la volonté des sociétés américaines de pénétrer le marché de la Caraïbe française (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin) et conforter ainsi leur hégémonie sur l'arc caraïbe.

Les câblo-opérateurs américains participent également au projet du Conseil général du Rhône de mise en place d'un réseau de services multimédia et de télécommunications à haut débit pour l'ensemble des communes de ce département (250 000 prises dans 282 communes). Ce projet a été présenté dans le cadre de l'appel à propositions sur les autoroutes de l'information.

La concession de ce câblage a été accordée le 3 avril 1995 pour trente ans à la société Rhône Vision Câble, détenue à 50,12% par des entreprises françaises dont Alcatel-Alsthom (20 % via sa filiale Rediffusion, le plus grand câblo-opérateur suisse). Les groupes américains Time Warner et Comcast détiennent chacun 24,9 % du capital.

3. Du secteur public

Les opérateurs du secteur public cherchent également à se diversifier sur le câble.

Trois sociétés du secteur public : France Télévision, la SEPT ARTE et l'Institut national de l'audiovisuel se préparent à lancer deux chaînes thématiques, l'une consacrée à l'histoire, l'autre à la fiction.

a). La chaîne Histoire

L'INA, la SEPT ARTE et France Télévision, ainsi que des partenaires privés, se proposent, en effet, de lancer d'ici la fin de l'année 1995 une chaîne thématique, consacrée à l'histoire. Elle serait diffusée, dans un premier temps, sur le câble, au sein de l'offre de base, à un prix « nettement inférieur à la moyenne du marché ». Les émissions seront multi diffusées et proposées quatre fois sur trois semaines.

Le programme sera ordonné de façon cohérente sous la forme de modules et de cycles de programmes « obéissant à des logiques garanties par des historiens ». Le programme sera par ailleurs expliqué : les émissions seront systématiquement précédées d'une présentation rappelant le contexte du fait traité et le mettant en perspective. L'accent sera mis, semble-t-il, sur l'histoire contemporaine. Le programme sera enfin clairement identifié, grâce à une grille de rendez-vous réguliers.

La chaîne sera diffusée pendant les premières années, six heures Par jour en semaine et douze heures le week-end ; elle devrait partager son canal sur les réseaux câblés avec la chaîne parlementaire. A terme, elle disposera d'un canal entier lui permettant de diffuser au moins douze heures Par jour. Magazines et documentaires constitueront l'essentiel de l'offre de la chaîne, en particulier pendant sa phase de montée en puissance. La fiction et le cinéma seront également proposés. Ce projet évite, heureusement, la Précipitation du lancement de La Cinquième, les erreurs et le coût qui en furent les conséquences.

Sur le long terme, cette chaîne a vocation à constituer une base de données sur les fonds audiovisuels disponibles et à proposer un service de vidéo à la demande.

La chaîne prévoit de parvenir à l'équilibre dès 1997 et de résorber les Pertes initiales des deux premières années (qui ne devraient pas atteindre 10 millions de francs) en 1999. A cinq ans, en 2000, elle devrait dégager 6 millions de francs de bénéfices (52,66 millions de francs de produits et 46,65 millions de francs de charges).

b) La chaîne Fiction

Les programmes de la chaîne Fiction seront prioritairement issus des oeuvres coproduites par les chaînes du service public. Soit ces chaînes possèdent déjà les droits câble, soit ces droits seront acquis auprès des producteurs. Toutes les oeuvres seront diffusées en langue française.

Le principe de la programmation est celui de la multi diffusion : 12 heures de programmes seront proposées chaque jour, à partir d'un module initial de 3 heures de programmes frais quotidiens. Tous les programmes seront diffusés (module de 3 heures) une première fois en soirée à une heure de grande écoute, puis rediffusés trois fois l'après-midi ou en « Access prime time » à des jours et heures différents, soit quatre fois trois heures (12 heures) en l'espace de 21 jours. L'offre de programmes diffusés atteindra 4 380 heures par an, dont 1 100 heures de programmes en première diffusion. Les plages de diffusion quotidienne s'étendent de 12 heures à 24 heures (midi minuit).

Les modules de 3 heures ont été construits par genres, et l'ordonnancement de la grille est ainsi conçu de façon à ce que chaque jour soit proposée, durant la plage horaire de grande audience (dite « prime time », soit entre 21 heures et 24 heures), une programmation d'un genre différent avec des rendez-vous hebdomadaires par genre, de façon à bien identifier la grille et fidéliser le téléspectateur : le mardi sera, par exemple, consacré à la comédie, le mercredi au policier, le vendredi à l'aventure, le dimanche aux oeuvres de prestige, etc.

Le cas échéant, ces programmes pourront être prolongés par des services télématiques donnant des renseignements aux téléspectateurs qui le souhaitent sur les oeuvres présentées, créant ainsi une offre complémentaire de services et d'interactivité.

France Télévision parie pour l'hypothèse d'une commercialisation de la chaîne sur le service de base du câble, au prix de rémunération de 3 francs par mois et par abonné. La chaîne a prévu un taux de pénétration d'environ 25 à 30 % la première année, pour progresser ensuite d'environ 10 % par an et plafonner à 70 %.

Si la chaîne n'était pas commercialisée sur le service de base, la seconde hypothèse retenue est celle d'une commercialisation « optionnelle » sur les réseaux du câblo-opérateur Lyonnaise Communications pendant les deux premières années d'exploitation, les autres réseaux conservant la même figuration.

Concernant le plan de charges, il apparaît que la chaîne thématique, via ses sociétés mères ou directement, devra se porter acquéreur des droits de diffusion câble et satellite car les dispositions contractuelles signées à ce jour ne permettent de les assurer que d'une façon minoritaire par rapport au volume nécessaire. Ces acquisitions ont été valorisées à un montant qui devrait rencontrer l'adhésion, -dans une première phase dite de décollage-, des cédants des droits (accord USPA). Pour les deux premières années de fonctionnement, il sera fait appel, pour l'immense majorité, aux programmes de fiction coproduits par les sociétés du secteur public.

L'antenne sera également ouverte à des programmes issus des pays francophones et de l'Union Européenne. A partir de la troisième année, la part des programmes « extérieurs » ira croissant. Afin de donner une attractivité commerciale à la chaîne thématique, celle-ci cherchera des ententes avec les sociétés mères afin de pouvoir diffuser en priorité (« primo diffusion ») certaines oeuvres préalablement choisies pour leur grand intérêt.

S'agissant de l'hypothèse « service de base », le premier exercice laisserait apparaître un déficit de 19 millions de francs. Le « petit équilibre » serait atteint en 3 ans (+ 1,3 million de francs en 1998), le « grand équilibre » en 5 ans (+ 6,7 millions de francs en fan 2000).

Dans l'hypothèse « optionnelle Lyonnaise Communications », le premier exercice fait apparaître un déficit de 22,6 millions de francs. Le « petit équilibre » serait également atteint en 3 ans (+ 0,9 million de francs en 1998), le « grand équilibre » en 5 ans (+ 0.3 million de francs en l'an 2000), hors recettes issues de la diffusion directe satellitaire en numérique à destination des foyers.

4. Quel paysage audiovisuel câblé en l'an 2000 ?

Combien faut-il de foyers abonnés pour amortir la fabrication et ta diffusion des programmes ?

La France représente-t-elle, à elle seule, un marché suffisamment important pour que ses deux grands câblo-opérateurs réalisent des profits sur cette activité ?

Les réponses à ces questions sont contradictoires. Certaines études prévoient 15 % de français abonnés au câble en Tan 2000, d'autres, le double...

a). Certaines études sont optimistes...

D'après une étude (16 ( * )) , la France a 20 ans de retard sur les États-Unis en équipements, mais elle est au niveau de 1990 dans ce pays pour l'offre de programmes.

Dans l'hexagone, 8 % des foyers sont raccordés et reçoivent en moyenne 12,6 chaînes alors qu'aux États-Unis, 60 % des foyers reçoivent entre 30 et 53 chaînes et, parmi ces derniers, 35 % reçoivent plus de 54 chaînes.

Le taux de raccordement (ratio entre le nombre de foyers raccordés et le nombre de foyers raccordables) est de 68 % aux États-Unis, contre 30 % en France.

Ce taux stagne aux États-Unis depuis 1990, ce qui révèle un seuil de résistance équivalent à environ un quart des foyers ; 97 % des foyers américains sont en effet raccordables.

L'étude constate que l'offre stimule la demande et que le taux de pénétration augmente avec le nombre de chaînes proposées. Parallèlement, l'hyper segmentation s'accompagne d'un développement de l'interactivité.

Aux États-Unis, l'offre de programmes diffusés sur le câble favorise la culture et l'information, à égalité avec le divertissement, la musique et la jeunesse (37 chaînes), suivies des chaînes pay per view (20 chaînes). Si on analyse ensuite la demande, la répartition des abonnements montre une préférence du public américain pour le divertissement (21,6 %), suivi de l'art, la culture et l'éducation (15,7 %) puis vient l'information, l'économie et les institutions (13,5%). Les foyers américains s'abonnent davantage à l'unité et moins en package, contrairement à ce qui se pratique en France.

Le retard de la France tient, selon cette étude, moins à l'offre de programmes -qui couvre d'ores et déjà les principaux centres d'intérêt du public- qu'à la politique de prix pratiquée par les câblo-opérateurs : pour un coût équivalent, on accède aux États-Unis à sept fois plus de programmes qu'en France.

Cet obstacle du prix devrait se réduire à l'avenir, pour trois raisons : l'arrivée du numérique engendrera une baisse des coûts de diffusion qui bénéficiera au consommateur, les offres promotionnelles se développent avec l'arrivée de câblo-opérateurs plus offensifs ; des entreprises plus dynamiques pourraient prendre la relève des câblo-opérateurs de la première génération qui ont dû essuyé d'énormes pertes pendant 15 ans.

Le câble devrait donc être appelé à se développer d'ici l'an 2000 : c'est ainsi que 30 % des foyers français, soit 6,6 millions de foyers ; -dont 3,6 millions câblés et 3 millions équipés en réception par satellite- pourraient accéder à une centaine de chaînes.

Si le retard en équipement ne se rattrapait pas, l'offre de programmes serait sans doute identique en nombre à l'offre américaine actuelle, mais alors elle serait alors davantage tournée vers le service payant, les chaînes étrangères et l'éducation.

b) ...D'autres le sont moins.

Un sondage effectué en décembre 1994 pour le compte de Câble Marketing Concerto Media souligne cependant la décroissance de l'intérêt des téléspectateurs pour le câble.

Alors que 31,9 % des personnes interrogées se déclaraient intéressées par le câble en 1992 et 27,8 % en 1993, ce taux est descendu à 20,2 % en 1994. Le pourcentage de personnes se déclarant « pas intéressées » est de 68,8 % en 1994, contre 63,3 % en 1993.

Selon cette étude, la notoriété des chaînes câblées est faible ou stagnante.

* 16 . CARAT TV, étude de mars 1995, citée dans Stratégies du 10.3.1995

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