CHAPITRE PREMIER - LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES POUR 1996 UNE REPRISE INTERROMPUE OU SIMPLEMENT SUSPENDUE ?

La prévision de croissance associée au projet de loi de finances pour 1996 s'élevait à 2,8 %. L'affaissement de la conjoncture au cours du second semestre 1995, qui s'est accentué en fin d'année a conduit tous les Prévisionnistes à revoir à la baisse leurs perspectives.

Le Bureau d'informations et de prévisions économiques (le BIPE) et l'Office français des conjonctures économiques (l'OFCE) prévoient, respectivement, une croissance de 1,2 et 1,4 %.

Ces estimations qui décrivent une croissance molle supposent, cependant, un rebond de l'activité dont la probabilité reste à apprécier. Lors de son audition devant votre commission des finances, le ministre de l'économie et des finances a toutefois fait état d'indicateurs très encourageants, qu'il s'agisse de la consommation ou de l'investissement.

I. RETOUR SUR 1994 ET 1995

Un regard rétrospectif sur l'année 1995 conduit à s'interroger sur le caractère de la reprise.

Après la récession de 1993, les économies européennes ont renoué avec la croissance au début de 1994. Mais, dès la fin du premier semestre de l'année 1995, la croissance s'est ralentie et le quatrième trimestre de l'année s'est traduit par un recul du PIB de 0,3 % en France (1 ( * ))

Après avoir augmenté de 2,9 % en volume en 1994, le PIB s'est accru de 2,4 % au cours de l'année écoulée. Mais la croissance était acquise depuis le début de l'année tandis que les évolutions ultérieures ont dessiné les Prémisses d'une récession.

La France n'est pas isolée en Europe devant ce phénomène. Dans son dernier rapport mensuel, le ministère allemand de l'économie indique que l'activité a décliné en Allemagne au cours du quatrième trimestre de l'année dernière. Le recul du PIB pourrait s'élever à 0,5 % par rapport au trimestre précédent.

Les autres pays européens connaissent un ralentissement de la croissance.

L'évolution économique en Europe paraît ainsi riche de contrastes par rapport à celle des Etats-Unis.

Ceux-ci ont connu une reprise beaucoup plus précoce puisqu'elle date de 1991, et nettement plus durable puisque la croissance s'y est prolongée pendant quatre ans à un rythme élevé.

Par contraste, la phase haussière du cycle économique en Europe s'est déclenchée plus tard (début 1994) et s'est affaissée plus tôt. Sans reprise en 1996, elle aura ainsi duré un an et demi contre quatre ans aux Etats-Unis.

Ce résultat décevant laisserait supposer que la croissance enregistrée en 1994 aurait été, pour l'essentiel, "accidentelle".

A l'appui d'une telle interprétation, il est loisible d'observer que hors effets de stocks, la croissance n'aurait été que de 1,1 % en 1994, c'est-à-dire que le PIB n'aurait pas dépassé son niveau de la fin de 1992.

Contributions à la croissance du PIB en 1993 et en 1994 (prix de 1980)

Source : Comptes nationaux : INSEE

Autrement dit, l'essoufflement de l'activité pourrait provenir de la conjugaison de la fin d'un cycle de stocks très accusé avec l'absence d'une prise de relais des autres déterminants de la croissance.

De ce dernier point de vue, la persistance d'une faible consommation des ménages et d'une croissance très hésitante des investissements en 1995 démontre que les composantes de la demande intérieure ont été plutôt mal orientées l'année dernière.

* 1 Source : INSEE Comptes nationaux.

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