B. LES CONSTRUCTEURS : "AUBE OU CRÉPUSCULE"

Le rapport d'activité du Groupement des Industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) s'ouvre par ce jugement : "L'année 1995 a été relativement difficile. "

L'industrie française traverse en effet une période de sortie de crise dont l'issue dépendra largement de sa capacité à se transformer en profondeur après avoir entrepris les efforts d'ajustement que lui a dictés la conjoncture.

1. L'évolution de l'activité

Evolution des chiffres d'affaires

Répartition du chiffre d'affaires par clients (en %)

Ventilation du chiffre d'affaires (non consolidé) - en %

Alors qu'elle avait continûment crû entre 1986 et 1992, l'activité du secteur 1 ( * ) s'est repliée de près de 19 % depuis cette date.

Ce repli a été beaucoup plus net pour les activités liées à la construction aéronautique civile puisque l'activité spatiale est en croissance régulière depuis plusieurs années alors que l'inflexion des chiffres d'affaires militaires a été moins accusée que celle des recettes civiles.

Commandes globales (en millions de francs)

La chute du chiffre d'affaires a suivi avec un décalage normal l'évolution des commandes.

Leur volume s'est contracté brusquement à partir de 1990 lorsque la phase haute du cycle de l'industrie aéronautique fut atteinte.

Mais cet effet-volume fut renforcé par un effet-prix qui, pour les constructeurs nationaux, a revêtu deux aspects :

- une inflexion des prix de vente des produits sous l'effet d'une concurrence acharnée ;

- une influence très négative de la dévalorisation du dollar contre franc.

2. L'évolution -des résultats

Evolution des résultats des principaux avionneurs

BOEING

MAC DONNELL DOUGLAS

BRITISH AEROSPACE

DASA

AEROSPATIALE

Evolution des résultats des principaux motoristes

ROLLS ROYCE

GENERAL ELECTRIC aircraft engines

*Le résultat net n'est pas disponible au niveau de cette branche d'activité de General Electric

SNECMA

PRATT & WHITNEY

En 1991, le CA total de P&W s'élevait à 6,7 milliards de dollars pour un effectif total supérieur à 400,000 personnes

Entre 1991 et 1995, les avionneurs européens ont accumulé des résultats négatifs à rencontre de leurs concurrents américains qui ont, au cours de cette période, engrangé des capacités financières considérables.

Une même observation s'applique pour ce qui est des motoristes.

Cumul des résultats nets entre 1991 et 1995 (1)

Source : Rapports d'activité annuels

1) des devises contre francs

2) Le résultat pour 1991 n'est pas disponible

Sur la base de parités conventionnelles les résultats des principaux concurrents du secteur se sont traduits par une amélioration des capacités financières des entreprises américaines de 63,7 milliards de francs quand les Européens voyaient les leurs se dégrader de 38,5 milliards de francs. L'écart cumulé est impressionnant et s'élève à plus de 100 milliards de francs.

Ces chiffres sont globaux et ne distinguent donc pas les résultats des productions civiles de ceux des productions militaires.

Mais, ils permettent d'appréhender les effets de la période récente sur les capacités financières des groupes concurrents et, partant, sur leur capacité de développement à venir.

Cette analyse un peu sombre doit cependant être tempérée.

Les résultats des sociétés européennes et américaines se rapprochent avec le temps à un rythme qui ne prend pas encore entièrement en compte les efforts entrepris récemment en Europe pour s'adapter à la concurrence.

La dégradation des résultats des entreprises européennes a eu pour contrepartie une progression des parts de marché d'Airbus.

Evolution des parts de marché des trois grands constructeurs civils

Les indicateurs de productivité physique démontrent -avec quelques nuances- la compétitivité fondamentale de l'industrie européenne.

La reprise du marché devrait favoriser l'adaptation de l'industrie aéronautique européenne dont les structures doivent et peuvent être améliorées comme le montrent les initiatives récemment prises.

Enfin, malgré le scepticisme de certains, l'environnement monétaire devrait, sous certaines conditions, être à l'avenir plus favorable aux entreprises européennes du fait de l'adoption de la monnaie unique et du maintien de conditions monétaires moins tendues en Europe qu'aux Etats-Unis

* 1 Les chiffres commentés agrègent les recettes tirées des différentes activités des adhérents du GIFAS qui sont à la fois militaires et civiles et concernent les industries aéronautiques, mais aussi les industries spatiales. Il serait souhaitable d'améliorer l'information économique en produisant des chiffres pour chacun de ses secteurs.

Le chiffre d'affaires civil des industries aéronautiques peut être estimé à 30,5 milliards de francs hors Espace.

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