E. FRANCE 2 EN 1996

1. Le budget de 1996

a) Les ressources

Le budget 1996, tel qu'il a été approuvé par le conseil d'administration du 15 décembre 1995 pour un montant de 4 880,6 millions de francs, ce qui représente une progression de 2 % par rapport au budget 1995, soit + 97,1 millions de francs en valeur absolue, présentait des risques par rapport aux besoins de la grille de programmes exprimés en année pleine.

Toutefois, le dynamisme des investissements publicitaires de télévision qui s'est confirmé tout au long du premier semestre permettait de financer l'évolution prévisible des dépenses en 1996.

Ces éléments ont conduit France 2 à adopter un budget équilibré à hauteur de 117,5 millions de francs, soit une progression de 2,4 % par rapport à la loi de finances 1996.

Le chiffre d'affaires net de recettes publicitaires réalisé au 30 juin 1996 s'élève à 1 066,8 millions de francs pour un montant attendu, pour la même période, de 966,6 millions de francs (+ 10,5 %), soit un supplément de ressources de 100,2 millions de francs.

Dans ces conditions, l'objectif prudent de ressources publicitaires supplémentaires fixé par le budget modificatif 1996 à 117,5 millions de francs semblait réalisable.

Cependant, l'évolution prévue du marché publicitaire à la télévision pour la fin de l'année 1996 pourrait conduire à des ressources nettes supplémentaires à hauteur de 157 millions de francs, sous réserve du maintien de la conjoncture du marché publicitaire et d'une stabilisation de l'audience au niveau constaté au premier semestre 1996.

b) Les dépenses

L'objectif du coût de la grille de programmes de 2 270,3 millions de francs était inférieur à la réalisation de 1995 (- 6,9 millions de francs). Or à ligne éditoriale constante, la grille des programmes nécessitait au minimum 163,2 millions de francs d'investissements supplémentaires, résultant notamment :

- des effets de l'accord France Télévision/Producteurs qui porte le quota de production obligatoire de 15 % à 16% et permet d'affecter aux programmes de fiction, documentaires et jeunesse 76 millions de francs de moyens supplémentaires ;

- du glissement du prix des programmes (+ 2,5 % en moyenne) ;

- de l'inflation chronique existant sur le marché des films long métrage français de qualité ;

Grâce à des économies très sensibles obtenues par :

- la renégociation des grands contrats de flux et la suppression d'émissions,

- la réduction du volume d'achats de programmes au profit des coproductions en stock,

- la réduction ou l'abandon de certains objectifs,

L'écart entre les besoins et les chiffres du budget a été réduit. En outre, des économies d'environ 9,5 millions de francs ont été faites sur les dépenses hors programme par rapport au budget.

Mais par ailleurs, d'autres suppléments inéluctables de dépenses sont venus s'ajouter aux besoins spécifiques de la grille :

- les contributions (versements aux auteurs) calculées par rapport aux recettes publicitaires seront en augmentation de 4,8 millions de francs.

- l'augmentation des avances sur exercices ultérieurs (+ 5,6 millions de francs) qui concerne la réévaluation des droits relatifs à la Coupe du monde de football 1998 et des Jeux olympiques d'hiver 1998.

D'autre part, il convient de financer la participation de France 2 à hauteur de 8,5 % du capital de TPS décidée au printemps 1996, ainsi que le développement des chaînes thématiques, ce qui représente pour l'année une charge supplémentaire de 27,5 millions de francs.

En terme de coût de grille diffusée, le besoin supplémentaire par rapport au budget notifié en début d'année ressort à 129 millions de francs et l'augmentation du stock est estimée à 12,6 millions de francs.

Le résultat d'exploitation 1996 - hors charges exceptionnelles - devrait être un bénéfice de 20,8 millions de francs contre un bénéfice budgété de 27,7 millions de francs.

2. Les risques d'exécution du budget 1996

Le budget 1996 sera-t-il suffisant pour assurer la continuité de la ligne éditoriale inaugurée à l'automne 1994 et poursuivie en 1995 ?

En effet, deux objectifs nouveaux nécessitant 127,3 millions de francs de financement supplémentaire viendront s'additionner aux besoins courants de France 2 :

L'accord France Télévision/Producteurs, destiné à favoriser la production française, signé en 1994, portera le quota de production obligatoire de 15 à 16 %. Supplément d'investissement 1996 : 76 millions de francs.

La couverture des Jeux Olympiques, d'été d'Atlanta et du Championnat d'Europe de football, dont le coût total imputable à l'année 1996 s'élève à 51,3 millions de francs.

Le contrôle très rigoureux des dépenses tant de programmes que de charges générales a permis à France 2 d'économiser plus de 200 millions de francs de charges au cours des deux exercices écoulés.

Une réduction supplémentaire de 127 millions de francs destinée au financement des deux objectifs ci-dessus imposera des aménagements de la grille des programmes actuelle qui devront tenir compte des conséquences sur l'audience donc sur le niveau des ressources publicitaires.

Cette situation résulte également d'une diminution des ressources.


• Les ressources publiques s'élèvent à 2 653,1 millions de francs en retrait de 33,8 millions de francs par rapport au budget 1995, soit 1,2 %. Elles représentent environ 54 % de l'ensemble des ressources contre 56 % au budget 1995.

Cette diminution en valeur absolue, une première dans l'histoire de France 2, conduira paradoxalement France 2 à renforcer sa dépendance par rapport à la publicité, ce qui est contradictoire avec le souhait exprimé de voir réduire cette dépendance et alors que l'on insiste, avec raison, sur la nécessité de renforcer le caractère public de la chaîne.


• Le dynamisme des investissements publicitaires de télévision ont permis la progression des recettes nettes attendues pour l'exercice 1995, malgré une moins value sur les autres ressources propres (20 millions de francs). Les recettes en publicité ont été portées à 2 015,4 millions de francs, soit une progression de 1,6 % par rapport au chiffre réalisé en 1995.

L'objectif de 90 millions de francs d'autres recettes commerciales, fixé par la loi de finances, ne sera pas atteint, et ce, en dépit des efforts qui seront faits par la filiale de France 2.

Après cette correction, les autres recettes (parrainage et autres recettes commerciales) sont évaluées à 212,1 millions de francs contre 182 millions en 1995, soit une progression de + 16,5 %.

Dans le même temps, le coût prévisionnel de la grille (2 270,3 millions de francs) est inférieur à la réalisation 1995 de 12,7 millions de francs.

Malgré des mesures d'économies par rapport à la grille actuelle concernant principalement :

- la suppression d'émissions de flux ;

- la réduction du volume d'achats de programmes au profit des coproductions en stock (films, séries, téléfilms) ;

- la réduction ou l'abandon de certains objectifs, le respect de l'enveloppe budgétaire nécessitera un aménagement de la grille des programmes actuelle.

En effet, à ligne éditoriale constante, l'évolution du budget 1996 par rapport à 1995 nécessitera au minimum 130 millions de francs environ d'investissements supplémentaires indispensables au financement :

- du glissement inéluctable du prix des programmes (+ 2,5 % en moyenne) ;

- de l'inflation chronique existant sur le marché des films long métrage français de qualité en raison de la bataille que se livrent, sur le marché des droits pour la diffusion numérique par satellite, les opérateurs de bouquets, et qui se répercute sur le marché des droits diffusés en analogique ;

- des effets de l'accord France Télévision/Producteurs qui portera le quota de production obligatoire de 15 à 16 % et permettra d'affecter aux programmes de fictions, documentaires et jeunesse 76 millions de francs de moyens supplémentaires.

En outre, France 2 doit participer aux actions de développement et de diversification du groupe France Télévision dans le cadre des grandes orientations :

- protocole d'accord avec TF1 pour constituer un pôle de diffusion numérique de programmes francophones, utilisant le satellite Eutelsat ;

- création de chaînes thématiques nouvelles : Histoire, Fiction française ;

- coopération au niveau européen : Euronews, alliances internationales : NHK, ZDF, accords de production à caractère international : Beta Taurus Allemagne, Regency États-Unis ;

- développement de l'activité en réseau (programmes interactifs) et hors réseau (production et édition de CD-Rom et vidéodisques interactifs) ;

- adaptation aux nouvelles évolutions technologiques : son stéréo numérique NICAM.

Toutes ses missions pourront-elles être financées dans le cadre du budget existant ?

3. Les perspectives pour 1997

Lors du conseil d'administration du 15 novembre 1996. les perspectives du budget de France 2 pour 1997 ont été analysées.

Le projet de budget pour 1997 est identique au budget initial pour 1996, et en recul de 2,4 % par rapport au budget rectificatif de 1996 adopté par le Conseil d'administration le 30 septembre 1996.

Les économies demandées sur les programmes sont extrêmement élevées : 205 millions de francs.

Elles s'appuient sur des hypothèses selon lesquelles :

- la renégociation des contrats avec les animateurs-producteurs rapporterait 140 millions de francs. La réalité est différente : les renégociations ont permis de réduire le montant des engagements de 347 millions de francs, mais compte tenu de la nécessité de financer des programmes de remplacement, l'économie nette est de 96 millions de francs dont seulement 70 millions de francs s'imputeront sur 1997 ;

- les économies à réaliser à travers la gestion des stocks via de moindres dépréciations sont arbitrairement fixées à 60 millions de francs : les évaluations montrent qu'atteindre un objectif aussi ambitieux en un an à partir de notre stock actuel n'est pas possible.

En fait, compte tenu des effets reports et de l'évolution du coût des programmes, (notamment inflation des droits télévisuels et sportifs dans un univers de plus en plus concurrentiel), en l'absence de mesures d'économies, l'insuffisance de financement du budget 1997 est d'environ 350 millions de francs.

Ce budget amène à procéder à un choix entre :

- la modification de la grille de France 2 dans une perspective de maximisation des ressources publicitaires (suppression des émissions culturelles et des magazines d'information) se traduirait par une augmentation de l'audience auprès de la cible « ménagère de moins de 50 ans » de 0,6 % soit un gain de recettes publicitaires qui peut être évalué à environ 200 millions de francs par rapport à la grille actuelle. Sur le plan budgétaire, cette grille serait moins coûteuse que la grille actuelle (de l'ordre de 100 millions d'économies) :

- le renforcement d'une ligne éditoriale de « service public » .

Si cette ligne éditoriale était recherchée (avec par exemple l'arrêt des émissions de divertissement à compter du second semestre 1997), l'effet sur l'audience serait de - 1,4 % sur la cible précitée, de - 0,9 % sur l'audience globale, soit une perte de recettes publicitaires évaluée à 400 millions de francs par rapport à la grille actuelle. Cette grille permettrait en revanche des économies (de l'ordre de 150 millions de francs par rapport à la grille actuelle) mais qui ne compenseraient pas le manque à gagner sur les recettes publicitaires.

France 2 risquerait donc d'être acculée au déficit si sa ligne éditoriale actuelle est maintenue ou renforcée.

La réduction de l'engagement de France 2 dans TPS (la moitié de 8,5 % du capital, soit 4,25 %) a, par ailleurs, procuré une économie totale pour France Télévision de 110 millions de francs, la diminution des budgets de fonctionnement de service généraux représente 5 millions de francs, la renégociation des contrats avec TDF et Médiamétrie constitue 16 millions de francs d'économies.

Ces économies ne semblent pas suffisantes.

France 2 envisage désormais de « réexaminer, sans tabou, la configuration de France Supervision » et rappelle que l'arrêt de la diffusion représenterait une économie nette annuelle de 60 millions de francs.

Par ailleurs, l'objectif des 17 % du chiffre d'affaires investis dans la production audiovisuelle, tel qu'il résulte de l'accord avec l'USPA, et qui aurait dû être atteint dès 1997, pourrait être étalé, afin de procurer une économie de 48 millions de francs.

Ces deux derniers postes, imposées par le budget tel qu'il a été fixé par la tutelle, sont donc particulièrement inquiétants et significatifs des effets à moyen terme d'un programme de court terme et de courte vue. Les économies sur le développement technique et sur le soutien à la Production audiovisuelle, qui devraient constituer les deux axes prioritaires de la stratégie du secteur public, auront des effets plus dévastateurs que la rigueur un temps imposée...

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