2. Une réforme mal construite

a) La non déductibilité des prélèvements sociaux

Si l'on ne peut qu'approuver la déductibilité annoncée des nouveaux points de CSG, qui reste cependant encore à confirmer puisqu'elle n'apparaît pas dans le projet de loi de finances, il n'en reste pas moins que les deux premiers points de la CSG ainsi que le nouveau prélèvement social de 2 % continueront de ne pas être déductibles.

Or, en dehors de considérations historiques, qui s'expliquent sans doute mais qui ne justifient pas, il n'y a plus désormais aucune raison, autre que budgétaire, pour qu'une moitié des prélèvements sociaux soit déductible et que l'autre ne le soit pas.

b) Une hausse brutale et inégalement compensée

Le Gouvernement précédent avait fait part de son souhait de poursuivre le basculement des cotisations maladie sur la CSG. Toutefois, il avait l'intention de procéder progressivement, par étapes, afin d'éviter des effets économiques perturbants.

La hausse brutale de 4,1 points proposée par le Gouvernement actuel ne respecte pas le même principe de prudence. Elle aura des effets néfastes pour tous les agents économiques dont les anticipations se trouveront ainsi démenties . Cela sera notamment le cas pour toutes les opérations financières en situation de report d'imposition qui se trouvent soumises à la CSG lors de leur dénouement.

La forte hausse de la CSG aura également un effet perturbant sur le secteur d'activité des jeux. C'est d'ailleurs pourquoi le Gouvernement propose de réduire l'assiette de la CSG sur les sommes misées sur les jeux exploités par la Française des jeux, sur les sommes engagées auprès du PMU et sur le produit brut de certains jeux réalisés dans les casinos. Mais cette diminution de l'assiette ne compensera que très partiellement la hausse du taux de la CSG.

Votre commission des finances renouvelle à cette occasion les réserves que lui avait déjà inspirées l'an dernier l'assiette de la CSG sur les casinos . En effet, celle-ci pèse non pas sur les gains nets des joueurs, mais sur le produit brut des casinos, qui est la part des mises des joueurs leur revenant. Ce mécanisme anti-économique aboutit à faire peser la CSG sur le bénéfice des établissements, dont certains se trouvent de ce fait dans une situation critique. Il est par ailleurs contraire à la nature de la CSG, qui est une imposition sur les personnes et pas sur les sociétés. A titre de comparaison, la CSG précomptée par les établissements financiers sur les revenus des produits de placement qu'ils versent s'impute bien sur les revenus de leurs clients, et non pas sur leurs propres bénéfices.

Enfin, la compensation de la hausse de la CSG par une diminution des cotisations maladie apparaît inégale selon les catégories de revenus : elle dégagerait un gain de pouvoir d'achat pour les salariés, serait neutre pour les titulaires de revenus de placement et les fonctionnaires, et semble incomplète pour une grande partie des non-salariés.

Sans vouloir entrer dans des querelles de chiffrage, votre rapporteur pour avis observe simplement que, dans le cas le plus favorable des salariés du régime général, le "taux de change" proposé par le Gouvernement actuel entre les cotisations maladie et la CSG n'est que de 1,16 (4,75 points de cotisations contre 4,1 point de CSG), alors que celui proposé l'an dernier par le Gouvernement précédent était de 1,3 (1,3 point de cotisations contre 1 point de CSG).

A cet égard, il convient de rappeler que la réforme de la CSG votée l'an dernier ne dégageait un excédent qu'en raison de l'extension de l'assiette, mais que le basculement cotisations/CSG proprement dit devait dégager pour 1997 un solde négatif de - 1,7 milliard de francs.

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