RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 25 - PROJET DE LOI DE FINANCES ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - MER : MARINE MARCHANDE


René REGNAULT


COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 25 - 1997/1998

Table des matières






N° 85

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Alain LAMBERT,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 25

ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :

IV
. - MER :

· MARINE MARCHANDE
Rapporteur spécial : M. René RÉGNAULT

(1) Cette commission est composée de : MM. Christian Poncelet, président ; Jean Cluzel, Henri Collard, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini, René Régnault, vice-présidents ; Emmanuel Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Alain Lambert, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré, René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 (1997-1998).

Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

L'effort en faveur de la formation maritime se poursuit

L'an dernier, les crédits consacrés à la formation maritime ont augmenté de 5,7 %. Votre rapporteur se félicite de constater que pour 1998 l'effort devrait se poursuivre puisque les crédits s'établiront à 76,7 millions de francs, en hausse de 3,3 % par rapport à 1997.

L'augmentation des moyens consacrés à la formation maritime s'explique à la fois par la modernisation en cours du réseau scolaire et par la progression continue des effectifs.


Il importe également de préparer l'avenir en anticipant la compensation des nombreux départs à la retraite qui interviendront ces prochaines années, et concerneront 20 % des effectifs de la pêche et du commerce d'ici à l'an 2000. A défaut, il serait nécessaire de recourir à des marins et à des officiers formés à l'étranger, au risque de perdre un savoir-faire précieux.

Un effort en faveur de la sécurité maritime à développer

Le domaine de la sécurité maritime a connu des évolutions majeures depuis quelques années.

Suite à l'accident de l'Estonia en 1994, une révision très importante des règles de sécurité a été établie en 1995 par l'Organisation Maritime Internationale (OMI). Toutes les mesures nouvelles, qui touchent au domaine de la stabilité, de la protection de l'incendie, du sauvetage et des radiocommunications, sont applicables aux navires construits à partir du 1er juillet 1997. Certaines de ces règles sont applicables rétroactivement aux navires transbordeurs selon un calendrier s'achevant en 2005.

En regard de normes de sécurité de plus en plus exigeantes, le contrôle des navires est assuré par les inspecteurs et contrôleurs des 15 centres de sécurité des navires (CSN) avec le concours des unités des Affaires Maritimes.

Dans le cadre du Memorandum de Paris, 27 postes supplémentaires d'inspecteurs des CSN étaient prévus : si cet objectif n'est pas encore atteint, le budget 1998 prévoit la création de 5 postes d'inspecteurs et 7 postes de contrôleurs .

L'année 1998 verra l'équipement de l'ensemble des moyens nautiques des affaires maritimes en matériels de radiocommunication conformes au Système Mondial de Détresse et de Sauvetage en mer (SMDSM) dont la date d'entrée en vigueur est fixée au 1er février 1999.

Votre rapporteur ne peut que se réjouir de l'effort budgétaire réalisé en direction de la sécurité maritime, même si ces moyens supplémentaires restent encore modestes en regard des enjeux.

L'avenir de la flotte de commerce française


En matière de flotte de commerce, la France occupe le 8ème rang européen en nombre d'unités (210) et le 7ème rang en capacité, avec une flotte inférieure de plus de moitié à celle de ses principaux concurrents européens (l'Allemagne et les Pays-Bas atteignant 590 navires chacun).

L'année 1998 sera l'occasion d'importantes modifications dans les régimes de soutien à la flotte de commerce française .

Le plan pluriannuel de soutien à la marine marchande s'achevant le 31 décembre 1997, les modalités de renouvellement de ce dispositif réglementaire devront bientôt être fixées.

Dans le domaine des aides à l'investissement, la Commission Européenne a récemment apporté des modifications à des "orientations communautaires en matière d'aides d'Etat au transport maritime" (JOCE 5 juillet 1997), demandant que soit abandonnée la notion de subvention d'investissement assis sur la valeur du navire pour parvenir à la mise à niveau équivalent des charges pesant sur les armements (impôts et charges sociales).

Le renouvellement du plan de soutien à la marine marchande devrait prendre en compte ce nouvel élément.

D'autre part, le projet de loi de finances pour 1998 supprime le dispositif d'encouragement fiscal en faveur de la souscription de parts de copropriété de navires de commerce .

La loi du 5 juillet 1996 et son décret d'application du 23 septembre 1996 ont été mis en oeuvre à partir du dernier trimestre 1996.

Au total, 25 navires ont fait l'objet d'un agrément pour un investissement de 5,6 milliards de franc s , dont 16 navires neufs sur lesquels 6 ont été construits en France.

Les navires, dont le dossier a été agréé, construits dans un chantier naval français, représentent un montant total investi de 2,4 milliards de francs soit 42 % de l'investissement total.

Votre rapporteur rappelle que le repli de notre flotte de commerce depuis les années 70 a eu pour conséquence une réduction des emplois embarqués, notamment pour la navigation internationale au long cours.

Votre rapporteur considère donc comme essentiel qu'une réflexion soit rapidement engagée sur les modalités de soutien à la flotte de commerce, de manière à disposer d'une aide pérennisée, au service des emplois maritimes.

La privatisation de la CGM

La cession de l'entreprise publique CGM au secteur privé (CMA) est intervenue le 19 novembre 1996.


Il faut rappeler que, au total, 2,825 milliards de francs ont été injectés dans la CGM préalablement à sa privatisation.

Au terme de la première phase de l'appel d'offres, close le 8 août 1996, neufs candidats avaient déposé une lettre d'intention en vue de la reprise globale de la CGM.

La Compagnie générale maritime et financière (CGMF) qui détenait pour le compte de l'Etat 100 % des actions de la CGM, les a cédées aux prix et conditions convenus le 19 novembre 1996, assurant ainsi la privatisation de l'entreprise.

Depuis la reprise de la CGM par la CMA, le nouveau groupe se place au 14ème rang mondial avec une soixantaine de navires et un parc de 170 000 conteneurs. L'activité de la CGM, dont près de 50 % est représenté par la ligne des Antilles, a progressé de 10% en 1996 par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires des deux sociétés s'établit à 7 milliards de francs en 1996 dont 4,5 milliards pour la CMA et 3 milliards pour la CGM.

Votre rapporteur estime qu'il est encore trop tôt pour porter un jugement sur la privatisation de la CGM notamment en ce qui concerne les conditions d'armement des navires, les aspects sociaux et les exigences de desserte des départements et territoires d'Outre-mer.

Surtout, les modalités de développement du nouveau groupe restent encore incertaines : la décision d'augmenter le capital de 80 millions de francs de la CMA, autorisée le 18 septembre par le tribunal de commerce de Marseille fait l'objet d'un contentieux judiciaire.

I. PRÉSENTATION GENERALE DES CRÉDITS DU BUDGET DE LA MARINE MARCHANDE POUR 1998

A. LES GRANDES MASSES DU BUDGET DE LA MARINE MARCHANDE POUR 1998

Le budget de la marine marchande correspond au fascicule IV. - Mer du budget de l'Equipement, du Logement, des Transports et du Tourisme, abstraction faite des crédits consacrés aux ports maritimes.

Ainsi définis, les crédits inscrits au budget de la Marine marchande pour 1998 s'élèvent à 5,619 milliards de francs, en stabilité (-0,2%) par rapport au budget voté de 1997 (5,629 milliards de francs).

en millions de francs

B. LES PRINCIPAUX AGRÉGATS DU BUDGET DE LA MARINE MARCHANDE POUR 1998

en millions de francs

1. Agrégat 01. Administration générale

Les crédits affectés à l'administration générale représentent 8 % du budget de la Marine marchande, en hausse de 11 % par rapport à 1997.

Cette hausse intervient après une diminution sensible en 1997 de 15,4 % résultant principalement de la fusion des services généraux de la Mer avec ceux de ses deux ministères d'accueil , celui de l'Equipement et celui de l'Agriculture.

La progression de l'agrégat résulte cependant, pour 26 millions de francs de:

- transferts : 90 emplois de l'Etablissement national des invalides de la marine sont transférés au titre III pour 12,2 millions de francs .

- mesures d'ajustement de crédits de rémunération et de transformations d'emplois pour 9,5 millions de francs .

- mesures d'extension en année pleine pour 4,3 millions de francs .

Les moyens nouveaux (19 millions de francs) comprennent notamment :

- la création de 26 emplois en faveur de la sécurité maritime et de l'enseignement maritime pour 5 millions de francs.

-
l'abondement du chapitre 34-98 - moyens de fonctionnement des services déconcentrés - pour apurer les arriérés de paiement à l'égard de France Telecom pour 9 millions de francs.

Des mesures d'économie ont pu être réalisées puisqu' une révision des services votés pour 6 millions de francs porte sur des réductions d'emplois pour 3,7 millions de francs et une réduction des moyens de fonctionnement des services déconcentrés des affaires maritimes pour 2,4 millions de francs.

2. Agrégat 02. Gens de mer

Les crédits consacrés aux gens de mer représentent 2,4 % du budget de la Marine marchande, en diminution de 14 % par rapport au budget voté de 1997. Ils atteignent 134,2 millions de francs en crédits de paiement et 7 millions de francs en autorisations de programme.

La diminution de cet agrégat s'explique entièrement par la diminution des crédits consacrés aux dépenses d'action sociale, qui est elle-même une opération de vérité budgétaire .

a) Formation professionnelle maritime

Dans le domaine de la formation professionnelle maritime , les dotations ou subventions de fonctionnement progressent de 5,6 à 7 millions de francs pour les écoles nationales de la marine marchande et restent stables à 4,3 millions de francs pour l'enseignement privé agréé et 4 millions de francs pour les bourses. Les crédits consacrés à la promotion sociale et à la formation continue baissent de 6,3 % pour s'établir à 14,7 millions de francs.

Les crédits consacrés à l'apprentissage, via l'AGEMA, continuent de progresser pour atteindre 76,7 millions de francs soit une hausse de 3,3 % pour 1998 après celle de 5,7 % en 1997.

Les dépenses d'équipement (chapitre 56-37) progressent en autorisations de programme pour s'établir à 7 millions de francs (+16,6 %), mais sont reconduites en crédits de paiement au niveau de 6,1 millions de francs.

b) Action sociale

Les dépenses d'allocations compensatrices (chapitre 46-37), qui assurent un revenu de remplacement aux marins âgés de plus de 50 ans licenciés pour raison économique, sont réduites de 45 millions de francs en 1997 à 20 millions de francs pour 1998.

Cette très forte diminution est surprenante, s'agissant de dépenses obligatoires résultant d'une convention entre l'Etat et l'UNEDIC. Cependant la mesure est justifiée par l'existence prévisible d'un report de 40 millions de francs fin 1997, suffisant pour faire face aux obligations de l'Etat .

En 1996, 130 millions de francs de reports de crédits étaient venus compléter une dotation de 72 millions de francs en loi de finances initiale pour le chapitre 46-37. En 1997, 152 millions de report de crédits ont complété la dotation de 45 millions de francs.

L'ouverture traditionnelle en loi de finances rectificative des crédits de l'article 40 du chapitre 46-37 relatif à la contribution de l'Etat aux plans sociaux en faveur des dockers explique la hauteur de ces reports.

Le projet de loi de finances rectificative pour 1997 prévoit d'ailleurs un abondement du chapitre 46-37 à hauteur de 47,42 millions de francs.

3. Agrégat 03. Etablissement national des Invalides de la Marine

D'un montant de 4,599 milliards de francs pour 1997 , la subvention d'équilibre de l'Etat à l'ENIM (chapitre 47-37) représente à elle seule 82 % du budget de la Marine marchande . Elle est stable après une hausse de 1,5 % en 1997.

Cependant l'année 1998 prévoit un transfert de 90 emplois au titre III du budget de la marine marchande, ce qui aboutit à une transformation du contenu des agrégats "administration générale" et " établissement national des invalides de la marine". A structure constante, les crédits consacrés à l'ENIM s'élèveraient à 4.611 millions de francs, soit une très légère progression (+0,26 %).

Les prévisions pour l'exercice 1998 traduisent une stabilité de la subvention de l'Etat qui représentera 49,7 % du budget de l'ENIM , d'un montant de 9,25 milliards de francs pour 1998. La stabilité de ce budget est consécutive, pour l'essentiel, à la stabilité des ressources propres et à la restriction des dépenses (43 % de la diminution des dépenses provient de la diminution des dépenses de personnel).

L'article 47-37 (subvention à l'établissement national des invalides de la marine) fait l'objet de mesures d'annulations importantes , en fin d'année : 200 millions de francs ont été annulés à ce titre en 1996, 372 millions de francs ont de nouveau été annulés par l'arrêté du 19 novembre 1997 .

Ces arrêtés d'annulation ne remettent pas en cause l'engagement de l'Etat mais témoignent au contraire d'une surévaluation des crédits. On peut toutefois s'interroger sur l'ampleur de ces annulations qui, pour être justifiées, représentent tout de même 5,6 % du budget total.

4. Agrégat 04. Signalisation et surveillance maritimes

Les crédits consacrés à la signalisation et la surveillance maritime atteignent 116,2 millions de francs et représentent 2 % du budget de la Marine marchande , en diminution de 6 % par rapport au budget voté de 1997. Toutefois, les autorisations de programme sont en hausse de 30 % à 86,2 millions de francs .

Cette diminution globale des crédits est rendue quelque peu imprécise du fait des changements de nomenclature budgétaire, mais deux mouvements contraires sont à l'oeuvre :

- Une baisse des moyens de fonctionnement . Les moyens de fonctionnement des services déconcentrés (chapitre 34-98) regroupent les crédits de l'ancien chapitre 35-32 (polices maritimes et signalisation maritime - entretien et exploitation) qui s'élevaient à 43,3 millions de francs. Seuls les articles 10 (flottille de surveillance), 40 (centre de surveillance et sauvetage) et 60 (signalisation maritime) concernent l'agrégat et représentent 32,2 millions de francs pour 1998.

La diminution des moyens de fonctionnement inscrits à l'agrégat "signalisation et surveillance maritime" doit toutefois être comparée à l'accroissement des moyens de fonctionnement des services déconcentrés des affaires maritimes, inscrits également au chapitre 34-98 (article 30), mais comptabilisés dans l'agrégat "administration générale".

- Une hausse des crédits d'équipement (chapitre 53-32), qui s'établissent en crédits de paiement à 62,8 millions de francs, contre 58,8 millions de francs en 1997 et en autorisations de programme à 76,5 millions de francs contre 56,5 millions de francs en 1997.

5. Agrégat 05. Protection et aménagement du littoral

Les crédits consacrés à la protection et à l'aménagement du littoral représentent seulement 0,3 % du budget de la Marine marchande , mais augmentent de 21 % en crédits de paiement et 39 % en autorisations de programme.

Les moyens affectés à la lutte contre la pollution accidentelle du littoral et de la mer restent stables en fonctionnement à 1,8 million de francs (chapitre 35-33), et s'accroissent de 13 % en équipement, pour s'établir à 5 millions de francs (chapitre 53-30, article 90).

6. Agrégat 06. Flotte de commerce

Les crédits consacrés à la flotte de commerce représentent 6 % du budget de la Marine marchande . Pour 1998, ils diminuent de 10 % en crédits de paiement, pour s'établir à 283 millions de francs, et de 4 % en autorisations de programme, pour s'établir à 190 millions de francs.

La contribution de l'Etat aux charges sociales de la Compagnie générale maritime (chapitre 45-35) est réduite pour 1998 de 3 millions de francs et s'établit à 110 millions de francs, en baisse de 2,6 % par rapport à 1997. Cette subvention budgétaire, qui demeure en dépit de la privatisation de la CGM , est destinée à financer le surcoût du régime de retraite propre à la Compagnie par rapport au régime général.

Les subventions à la flotte de commerce (chapitre 63-35) diminuent de 14 % en crédits de paiement, pour s'établir à 173 millions de francs, et de 4 % en autorisations de programme, pour s'établir à 190 millions de francs.

Il faut de plus noter que le chapitre 63-35 fait régulièrement l'objet d'importantes mesures de régulation : l'arrêté du 26 septembre 1996 a annulé 27 millions de francs en autorisations de programme et 11,8 millions de francs en crédits de paiement. L'arrêté du 9 juillet 1997 a annulé 49,5 millions en autorisations de programme (25 %) et 19,8 millions en crédits de paiement (10 %).

Il faut toutefois rappeler que, comme chaque année, le collectif budgétaire propose l'inscription sur le chapitre 45-35 d'une dotation d'environ 100 millions de francs, correspondant au remboursement par l'Etat de la part maritime de la taxe professionnelle (92 millions de francs sont prévus à ce titre dans le projet de loi de finances rectificatives pour 1997).

II. L'ADMINISTRATION DE LA MER

A. LES EMPLOIS DE L'ADMINISTRATION DE LA MER

Les emplois relevant du budget de la Marine marchande diminuent de 2.433 emplois en 1997 à 2.426 emplois en 1998 soit une réduction de 7  emplois résultant de 44 suppressions d'emplois et 37 créations, notamment dans le secteur de la sécurité maritime.

La suppression des emplois gelés en 1996 (20) et de ceux mis en réserve au titre de 1997 (24) a été en partie compensée par la création de 37 emplois dont 4 emplois d'inspecteurs (sécurité maritime), 4 emplois de professeurs (enseignement maritime) et 12 emplois pour l'armement des CROSS des Antilles et de la Réunion.

Les mesures catégorielles, l'intégration d'agents contractuels dans le corps des inspecteurs des affaires maritimes, le plan d'intégration des agents administratifs dans le corps des adjoints et des mesures de reclassement doivent faciliter la constitution en 1998 de deux corps uniques de catégorie B et de catégorie C regroupant 1.350 agents relevant actuellement de 7 statuts différents.

En outre, la réorganisation des services déconcentrés qui vient d'entrer en application au 1er septembre 1997 avec la suppression des quartiers en tant que services généralistes et la fusion des directions départementales et régionales devrait à terme être un facteur d'optimisation de la répartition des agents .

Emplois budgétaires des services déconcentrés

effectifs budgétaires catégories

effectifs autorisés au 01.01.1997

créations d'emplois prévues pour 1998

suppressions d'emplois prévues pour 1998

Effectifs budgétaires 1998

personnel civil

1813

29

44

1798

titulaires

1732

29

20

1741

dont A

160

24

184

B

601

5

606

C

971

20

951

non-titulaires

81

24

57

dont A

21

21

0

vacataires (surveillants de port)

60

3

57

personnels militaires

618

19

11

626

officiers

311

7

5

313

personnels hors budget défense

307

12

6

313

total services déconcentrés

2431

48

55

2424

emplois centrale

2

0

0

2

total mer

2433

48

55

2426

B. LA MODERNISATION DE L'ADMINISTRATION CENTRALE

En 1997, ont été fusionnés les services généraux de l'ancienne entité ministérielle mer avec ceux des deux ministères d'accueil (ministère de l'équipement et ministère de l'agriculture). Ce regroupement devrait permettre une meilleure coordination entre les services et abaisser les coûts de fonctionnement de l'administration.

Le décret n° 97-164 du 24 février 1997 a institué une réorganisation de l'administration de la mer et a fixé les nouvelles attributions des administrations centrales chargées de ce secteur.

A partir des trois directions du ministère de l'équipement traitant de la mer ont été constituées deux nouvelles directions : l'une à dominante économique , la direction des transports maritimes, des ports et du littoral (DTMPL), l'autre à dominante sociale, pédagogique ou liée à la sécurité maritime , la direction des gens de mer et des affaires maritimes (DAMGM).

Deux arrêtés en date du 30 mai 1997 ont fixé l'organisation de la direction du transport maritime, des ports et du littoral et de la direction des affaires maritimes et des gens de mer.

La direction du transport maritime, des ports et du littoral se voit attribuer les fonctions précédemment exercées par les anciennes directions de la flotte de commerce d'une part et des ports et de la navigation maritimes d'autre part, hormis la sécurité des navires et de la navigation. Ses nouvelles compétences se regroupent autour de trois thèmes : les transports maritimes, les ports, le littoral et les activités nautiques.

La direction des affaires maritimes et des gens de mer aura pour compétences la gestion des gens de mer (réglementation sociale applicable aux marins, inspection du travail maritime), la sécurité des navires et la signalisation maritime, ainsi que la gestion des personnels et des moyens de fonctionnement des services déconcentrés des affaires maritimes.

Cette réorganisation s'est accompagnée de modifications dans la nomenclature et la gestion des crédits inscrits au fascicule "mer".

C. L'ORGANISATION DES SERVICES DÉCONCENTRÉS DES AFFAIRES MARITIMES

Les services déconcentrés de l'administration chargée de la mer sont constitués de deux réseaux principaux :

- celui des affaires maritimes , qui comprend les directions régionales et départementales des affaires maritimes auxquelles il faut rajouter les personnels de l'enseignement maritime

- celui des services maritimes au sein des directions départementales de l'équipement, pour l'essentiel compétents en matière de création et d'exploitation de ports maritimes et en matière de signalisation maritime (service des phares et balises, désormais rattaché fonctionnellement, depuis le décret du 24 février 1997, à la DAMGM).

Le décret du 19 février 1997 a procédé à la réorganisation suivante.

La réforme généralise le niveau des directions régionales des affaires maritimes en créant 7 nouvelles directions. Ceci a pour effet de doter l'ensemble des régions littorales d'une direction régionale et par conséquent de créer cinq nouvelles structures de ce type à Boulogne, Caen, La Rochelle, Sète et Ajaccio et deux supplémentaires dans les DOM à Pointe-à -Pitre et Cayenne.

Dans le cadre de cette réforme, les quartiers vont devenir le siège d'un ou plusieurs services spécialisés de la direction départementale . La circulaire du 8 août 1997 comme le rapport de la Cour des comptes en date de septembre 1997 confirment l'utilité des quartiers " dont le coût de fonctionnement (...) est au total peu élevé malgré la diminution et la dispersion de la population assujettie ".

La réforme de l'organisation des affaires maritimes a été engagée pour une mise en place à compter du 1er septembre 1997.

III. LA FORMATION ET L'ACTION SOCIALE EN FAVEUR DES MARINS

A. LA FORMATION MARITIME

L'an dernier, les crédits consacrés à la formation maritime ont augmenté de 5,7 %. Pour 1998 l'effort devrait se poursuivre puisque les crédits s'établiront à 76,7 millions de francs, en hausse de 3,3 % par rapport à 1997.

Au total, l'ensemble des crédits de paiement consacrés à la formation maritime passe de 110,3 millions de francs en 1997 à 113,5 millions de francs en 1998, soit une progression de 2,9 %.

1. Les effectifs des écoles nationales de la marine marchande et des écoles maritimes et acquacoles

L'augmentation des moyens consacrés à la formation maritime s'explique à la fois par la modernisation en cours du réseau scolaire et par la progression continue des effectifs.

En effet, les formations dans les écoles maritimes et aquacoles ainsi que dans les écoles nationales de la marine marchande sont en cours de rénovation, car l'année 1998 sera marquée par l'entrée en vigueur des textes réglementaires transposant la convention internationale adoptée en 1995 sous l'égide de l'Organisation Maritime Internationale. Celle-ci impose un nouveau système de communication et de sécurité en mer.

Par ailleurs, les effectifs des écoles d'enseignement maritime continueront à croître. Pour 1998, 917 élèves officiers sont attendus dans les 4 écoles nationales de la marine marchande, soit une hausse de 10 % par rapport à 1997 et 1.732 élèves dans les 12 écoles maritimes et aquacoles. Les effectifs des écoles maritimes et aquacoles connaissent une véritable explosion depuis 3 ans puisqu'ils ont augmenté de 44 %.

Effectifs des écoles nationales de la marine marchande (élèves officiers)

formations

ANNEES SCOLAIRES

évolution

1993-94

1994-95

1995-96

1996-97

1997-98

97-98/96-97

officiers "commerce"

745

702

672

660

812

23%

officiers "pêche"

62

63

104

100

71

-29%

total officiers

807

765

776

760

883

16%

Après une décroissance régulière et significative entre 1993 et 1996, le nombre d'élèves officiers devrait croître de nouveau en 1998 . Cette progression concernera les officiers de commerce alors que le secteur "pêche" diminue.

Effectifs des écoles maritimes et acquacoles

ANNEES SCOLAIRES

évolution

1993-94

1994-95

1995-96

1996-97

1997-98

97-98/96-97

total élèves EMA

1261

1146

1423

1508

1732

15%

Depuis 1994, le nombre d'élèves des écoles maritimes et acquacoles ne cesse de croître si bien que depuis 1994, le nombre d'élèves a progressé de 37 %.

Au total, l'augmentation des moyens consacrés à la formation maritime est indispensable pour suivre l'accroissement continu des effectifs .

2. Le budget de l'AGEMA

Depuis 1992, date à laquelle les écoles de formation maritime et acquacoles sont devenues des établissements publics locaux d'enseignement dotés de la personnalité morale et de l'autonomie financière, le rôle de l'association pour la gestion des écoles maritimes et acquacoles (AGEMA) s'est réduit. Toutefois, elle a conservé le recrutement et la gestion des personnels des écoles et du siège de l'association.

La structure du budget de l'AGEMA montre une forte part de subvention de l'Etat dans les ressources totales (94 %) alors que le produit de la taxe d'apprentissage ne représente que 1 % du budget global.

Les salaires et charges représentent l'essentiel des dépenses (96 %). Les salaires et charges du siège représentant 5 millions de francs, la subvention de l'Etat est intégralement utilisée pour la couverture des salaires et charges des personnels des écoles.

Budget de l'AGEMA pour l'année 1997

dépenses

montant

pourcentage

ressources

montant

pourcentage

salaires et charges

75 760

96%

subvention Etat

74 200

94%

taxe apprentissage

600

1%

achats et charges externes

2 698

3%

produit des prestations

2 221

3%

charges financières

501

1%

contribution de la formation continue

2 048

3%

dotations aux amortissements

270

0,34%

reprise sur provisions et amortissements

160

0,20%

total

79 229

100%

79 229

100%

(en milliers de francs)

Placée sous la tutelle du ministère de l'équipement, des transports et du logement, la situation financière de l'AGEMA s'est améliorée ces dernières années avec une réduction de son passif de 10 millions de francs en 1994 à 8 millions de francs en 1996 et la constatation d'un bénéfice de 2,3 millions de francs en 1996.

B. LES DEPENSES D'ACTION SOCIALE

L'article 10 du chapitre 46-37 permet de financer des mesures sociales au profit des marins du commerce licenciés pour raison économique qui, s'ils sont âgés de plus de 50 ans et réunissent 30 annuités de services, peuvent percevoir un revenu de remplacement (cessation anticipée d'activité) jusqu'à leur admission au bénéfice d'une pension de retraite à l'âge de 55 ans ou dès qu'ils réunissent 37,5 annuités de service.

Cet article permet également de financer les mesures d'accompagnement social du plan de réduction de la flottille de pêche décidé en avril 1991, et reconduit en 1993 et 1995, en assurant aux marins licenciés pour motif économique à la suite d'une sortie de flotte un revenu de remplacement dans les conditions identiques à celles évoquées précédemment pour les marins de commerce et, pour les marins âgés de moins de 50 ans, une allocation complémentaire de ressources (A.C.R).

Au titre de 1996, ont été mises en oeuvre :

- 200 cessations progressives d'activité (C.A.A) commerce.

- 14 C.A.A pêche.

Depuis 1985, 3616 marins de commerce ont pu bénéficier d'une mesure de cessation anticipée d'activité (au 1er juillet 1997).



Sur le long terme, le dispositif de cessation anticipée d'activité dans la flotte de commerce s'est considérablement réduit depuis 1990 et tend à se stabiliser autour de 200 départs annuels.

Les cessations anticipées d'activité dans la flotte de pêche sont en nombre beaucoup plus réduit
et enregistrent des variations d'une année sur l'autre : en moyenne, de 10 à 30 marins bénéficient chaque année de mesures de ce type. Depuis 1991, 116 marins et patrons de pêche ont pu bénéficier d'une mesure de cessation anticipée d'activité.

C. L'ETABLISSEMENT NATIONAL DES INVALIDES DE LA MARINE

1. Le régime spécial de l'Etablissement national des invalides de la marine (ENIM)

a) Les prestations de l'ENIM

Les ressortissants de l'ENIM bénéficient d'une protection sociale assurée pour la maladie, la maternité, l'invalidité, les maladies professionnelles et le décès par la caisse générale de prévoyance (CGP) et pour la vieillesse par la Caisse de Retraite des marins (CRM).

Ces deux organismes ne possèdent pas la personnalité juridique et ne disposent pas de l'autonomie financière. Ils forment des sections de l'ENIM qui a le statut d'établissement public national à caractère administratif.

En 1995, l'ENIM affiliait près de 47 000 travailleurs en activité dans le secteur de la pêche et du commerce maritimes. Il a versé un montant total de prestations de l'ordre de 8,3 milliards de francs dont plus de 5,8 milliards de francs de pensions.

Effectif au 31 décembre 1996


Années

Nombre d'actifs

Nombre de pensions

Nombre de

Commerce

Pêche

Ensemble

C.R.M.

C.G.P.

Ensemble

prestataires

1992

1993

1994

1995

1996

18.979

18.315

18.067

17.369

15.954

32.938

31.964

29.485

28.172

27.686

51.917

50.279

47.552

45.541

43.640

103.632

104.789

106.583

107.654

108.948

14.858

14.569

14.192

13.870

13.454

118.490

119.358

120.775

121.524

122.402

300.081

290.262

279.276

269.083

260.285

On remarque une diminution sensible du nombre de cotisants aussi bien dans le secteur "pêche" que "commerce" puisque au total, le nombre d'actifs a diminué de près de 9 000 unités depuis 1992 . Dans le même temps, le nombre de pensionnés a progressé de 4 000 unités, il y a donc 1 actif pour 3 pensionnés en 1996.

Il est possible de distinguer deux évolutions différenciées :

- une hausse des bénéficiaires du régime d'assurance-vieillesse (C.R.M),

- une diminution des bénéficiaires du régime d'assurance-maladie, maternité et invalidité (C.G.P).

b) L'évolution financière et l'équilibre du régime de l'ENIM

L'évolution de la situation financière de l'ENIM sur longue période montre que diminution des cotisations a été compensée par un accroissement corrélatif des compensations et de la subvention de l'Etat .

Evolution financière du régime de l'ENIM

1 990

1 995

1 996

1 997

1998 (e)

Ecart 1998/1990

Prestations

7 297

8 291

8 525

8 985

8 931

+22%

Cotisations

2 017

1 623

1 695

1 683

1 673

-17%

Compensations

1 270

2 598

2 774

2 955

2 944

+132%

Subvention Etat

4 242

4 464

4 139

4 599

4 600

+8%

(en millions de francs)

Les prestations ont progressé de 22% entre 1990 et 1998 alors que les cotisations diminuaient de 17% en raison d'une augmentation de la subvention de l'Etat (+8%) et d'un doublement des compensations (+132%).

L'accroissement des sources extérieures de financement a permis d'accroître le volume des prestations servies malgré la diminution du nombre de cotisants .

Il faut remarquer la tendance à la diminution des cotisations s'est ralentie depuis 1995 et en 1996, le produit des cotisations et contributions a augmenté de 2,95 %.

La diminution des ressources de l'ENIM s'explique par l'évolution démographique du régime mais également par la diminution de ses ressources d'origine professionnelle résultant de plusieurs dispositifs d'allègement de charges .

L'Etat met en oeuvre une politique sectorielle d'aide à la pêche et à la marine marchande en jouant sur le niveau des charges sociales des armateurs.

Ainsi, le taux normal de contribution des employeurs au titre de l'assurance-vieillesse, de 19,3 % en 1995, était réduit à 9,8 % pour les navires de transport international et transocéanique et à 6,8 % pour le registre des terres australes et antarctiques françaises.

Le taux de cotisation pour le régime d'assurance-maladie de 16,35 % en 1995, était réduit à 7,8% pour l'armement naval transocéanique et 4,8 % pour le pavillon "Kerguelen".

2. L'équilibre du budget de l'ENIM

Pour 1998, le budget de l'ENIM atteindra 9,25 milliards de francs .

- les prévisions de dépenses de pensions s'établissent à 6,8 milliards de francs pour la caisse de retraite des marins et la Caisse Générale de Prévoyance, soit une hausse de 0,7 %.

- les prestations servies en matière d'assurance-maladie s'élèveraient à 2,1 milliards de francs, en baisse de 2,4 %, le nombre de personnes couvertes diminuant.

- les dépenses d'intervention sociale augmenteront de 5,4 % à 49,9 millions de francs.

Récapitulation des dépenses en 1996

(en francs)

Ressources

Dépenses

I - Contributions des armateurs et cotisations des marins

Caisse de Retraites des Marins

Caisse Générale de Prévoyance

II - Cotisations des pensionnés

III - Autres ressources

Subvention de fonctionnement

Versements FSV, FSI

Contributions diverses

Subvention de la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie

Subventions diverses (démographie)

Divers

total recettes de fonctionnement


887.121.885

676.787.261

110.170.503

4.139.000.000

23.289.902

36.458.298


511.086.633

2.240.009.653

32.129.838

8.656.053.973

Pensions sur la Caisse de Retraites des Marins (CRM)

Allocations proportionnelles de veuves

Pensions sur la Caisse Générale de Prévoyance (CGP)

Prestations sur la Caisse Générale de Prévoyance (CGP)

Action sanitaire et sociale

Fonds de solidarité

Personnel

Matériel

Divers

total dépenses fonctionnement




6.019.213.942

6.525.243


433.298.881


2.035.990.100

46.353.614

26.691.105

137.382.884

28.331.453

61.838.626

8.795.625.848

3. La réforme du statut de l'ENIM

L' ENIM est un établissement public jouissant de l'autonomie financière . Toutefois, il ne présente pas les caractéristiques habituelles propres aux organismes ayant reçu cette qualification juridique. Un conseil supérieur chargé d'assister le ministre aux fins de "surveillance" et de "protection" de l'établissement est institué en lieu et place d'un conseil d'administration.

Le décret du 2 juillet 1985 prévoit que l'ENIM constitue une direction de l'administration de la mer au ministère de l'urbanisme, du logement et des transports . Dans le cadre de la réforme des services de la Mer, l'ENIM, qui était jusqu'à présent une direction d'administration centrale gérant un établissement public administratif, devait devenir un établissement public administratif de plein exercice, soumis à la tutelle de l'Etat. Les fonctions de gestion des prestations et de tutelle de l'établissement se trouveraient ainsi clairement distinguées.

Une nouvelle phase de concertation a été engagée sur ce projet afin de préciser le statut du futur établissement public .

La réforme du statut de l'ENIM doit évidemment prendre en compte sa particularité : l'Etat a largement contribué à la mise en place et à la gestion du régime de sécurité sociale des marins.

Rappelons l'origine du régime de protection sociale des marins : à l'initiative de Colbert, un règlement royal du 23 septembre 1673 avait ordonné de prélever 6 deniers par livre sur la solde des officiers de marine pour alimenter un fonds de retraite.

L'organisation administrative et financière de l'Etablissement national des invalides de la marine a été fixée par un décret du 30 septembre 1953.

Si l'ancienneté des relations entre l'Etat et le régime spécial des marins doit permettre de se garder de modifications trop brutales qui ruineraient l'équilibre de ce régime, une rénovation semble nécessaire.

Cette rénovation devra prendre en compte les particularités du régime et les aspects sociaux.

Il apparaît notamment, dans le cadre de cette réforme, que la situation des personnels de l'établissement devra être clarifiée: actuellement, les 569 emplois de l'ENIM se répartissent en 323 emplois sur le budget général "mer", 179 emplois sur le chapitre 47-37 (subvention à l'ENIM) et 67 emplois sur le budget de l'ENIM.

IV. LA SECURITE MARITIME : UN ENGAGEMENT BUDGETAIRE A DEVELOPPER

A. LE SAUVETAGE MARITIME

1. Bilan des accidents en mer

Depuis 1994, les statistiques relatives aux opérations de sauvetage en mer demeurent relativement stables. La prédominance des opérations engagées au profit des usagers de la plaisance et des loisirs nautiques est constante.

Bilan synthétique des interventions en mer concernant les bateaux de commerce, de pêche et de plaisance

1 994

1 995

1 996

pourcentage

commerce

331

348

405

9 %

pêche

589

561

563

12 %

plaisance

3 463

3 529

3 644

79 %

nombre d'opérations

4 383

4 438

4 612

100 %

Il faut remarquer que les trois quarts des opérations concernant les interventions en cas d'avarie sur des navires sont le fait des bateaux de plaisance , alors que les navires de commerce ne représentent que 9 % du total des opérations et les navires de pêche 12 %.

La conduite du sauvetage repose sur la disponibilité et la mise en oeuvre des moyens privés et publics sous l'autorité coordinatrice des CROSS.

Parmi les moyens privés, la société nationale de sauvetage en mer occupe une place prioritaire. Sa flottille réalise 45 % des opérations engagées par les CROSS.

Les moyens publics relèvent des administrations qui disposent d'unités nautiques et aéronautiques employées dans le cadre de la coordination des actions de l'Etat en mer (marine nationale, douanes, gendarmerie, affaires maritimes). Ces unités sont placées, en tant que de besoin, sous l'autorité opérationnelle des CROSS pour faire face aux situations de détresse survenant en mer.

2. La signalisation maritime

Rappelons que la hausse des crédits de l'agrégat "signalisation maritime" s'explique par une revalorisation des moyens consacrés à la signalisation maritime , alors que les moyens consacrés à la surveillance et à la recherche sont stables en moyens d'engagement.

L'année 1998 verra ainsi la modernisation du parc de bouées en métropole et la modernisation de la flottille dans le cadre d'un plan sur huit ans rendu possible par l'accroissement des moyens d'investissement consacrés à la signalisation.

Répartition des crédits consacrés à la signalisation maritime

chapitre

article

budget 1993

budget 1994

budget 1995

budget 1996

budget 1997

budget 1998

35-32 - entretien et exploitation

70

19,4

18,3

18,9

18,3

19,3

80

3,2

2,8

2,8

2,7

2,7

22

34-95 - dépenses informatiques

20

0,6

0,6

0,65

0,3

0,3

0,35

fonctionnement

23,2

21,7

22,35

21,3

22,3

22,35

53-32 - investissement

70

19,4

36,9

27,8

17,9

15,5

28,8

80

3,9

6,9

5,2

5,7

4,3

investissement

23,3

43,8

33

23,6

19,8

28,8

(en millions de francs)

Il faut remarquer une relative stabilité des dépenses de fonctionnement (chapitres 35-32 et 34-95) dans le projet de loi de finances pour 1998, qui confirme la stagnation des dépenses ordinaires depuis 1993.

Cependant, les crédits de paiement consacrés aux dépenses d'investissement sont en augmentation sensible (+45 %) alors qu'ils diminuaient depuis 1996. Le niveau atteint est toutefois inférieur aux dotations des budgets 1994 et 1995. Le profil du chapitre 53-32 montre une variation des crédits relativement abrupte, sous la forme de baisses et de soudaines revalorisations pour faire face à la détérioration des matériels consacrés à la signalisation maritime.

Il apparaît que les dépenses liées aux grosses réparations de matériel naval prennent une importance accrue, compte tenu du niveau des crédits et de la vétusté du parc des engins navals. Les opérations concernant les établissements flottants des départements Antilles-Guyane ont dû être ralenties et celles relatives au littoral Nord différées.

Les nouveaux moyens devraient permettre la poursuite de la couverture nationale du GPS différentiel.

L'amorce du programme de remise à niveau des établissements de signalisation maritime concernera en 1998 la reconstruction de la tourelle La Foraine (Côtes d'Armor). L'automatisation des phares en mer portera sur le phare le plus éloigné des côtes françaises.

3. La subvention à la société nationale de sauvetage en mer

La Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) est une association reconnue d'utilité publique qui a pour vocation de concourir à l'assistance et au sauvetage des personnes en mer. Sa flottille réalise 45 % des opérations engagées par les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage.

La subvention à la Société Nationale de Sauvetage en Mer est stable à 4 millions de francs en crédits de fonctionnement après une hausse significative en 1997. Les crédits d'équipement sont également maintenus, à un niveau équivalent à celui atteint en 1997, c'est-à-dire sensiblement supérieur aux moyens accordés en 1995 et 1996.

En 1998, la S.N.S.M prévoit de poursuivre son plan de modernisation avec la mise en service de quatre canots tous temps et de deux vedettes légères. Entre 1995 et 1997, 12 canots et 9 vedettes ont ainsi été mis en service, permettant le renouvellement de la flotte.

Subvention à la société nationale de secours en mer

1994

1995

1996

1997

1998

fonctionnement

chapitre 46-32, art 20 subventions d'entretien

4 250 000

4 610 000

4 016 700

4 050 000

4 050 000

collectivités territoriales

4 450 000

5 000 000

5 200 000

4 750 000

dons

5 370 000

5 180 000

3 200 000

3 000 000

équipement

chapitre 66-32, art 20

AP

9 110 000

8 310 000

9 616 000

9 700 000

9 700 000

CP

9 110 000

8 310 000

9 616 000

9 700 000

9 700 000

collectivités territoriales

8 925 000

7 810 000

8 165 000

8 500 000

dons

5 690 000

4 700 000

4 2590 00

5 700 000

total Etat

13 360 000

12 920 000

10 632 000

13 750 000

13 750 000

Il faut remarquer l'importance des subventions des collectivités territoriales et des dons dont le montant est toutefois en légère diminution depuis 1994.

Le budget de la société de sauvetage en mer pour 1997 s'élève à 52,7 millions de francs dont 27,1 millions de francs de subventions publiques, soit 51,4 % du budget global . Le budget de la marine marchande contribue pour 13,7 millions de francs (26% du budget), les conseils régionaux pour 3,7 millions de francs, les conseils généraux pour 5,9 millions de francs et les communes pour 3,7 millions de francs. les dons s'élèvent à 16,8 millions de francs et les opérations de partenariat procurent 4,5 millions de francs.

Organisation de la société nationale de sauvetage en mer

La SNSM est divisée en deux composantes :

- la première composante "sauvetage au large et côtier" qui met en oeuvre de la côte jusqu'à 40 milles des embarcations spécialisées, armées par des équipages bénévoles.

Cette composante est structurée autour de 155 "stations" (bases de sauvetage) situées en métropole et dans les départements d'outre-mer. Elle compte environ 3500 "navigants" et 700 personnes pour le soutien à terre.

- une deuxième composante "sauvetage saisonnier" qui assure des formations et entraînements durant l'année scolaire en préparant aux épreuves des brevets et certificats nécessaires pour exercer la surveillance des plages.

Elle comprend 27 centres de formation et d'entraînement avec un encadrement de 300 bénévoles.

B. UN EFFORT EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ MARITIME À DÉVELOPPER

1. Le domaine de la sécurité maritime a connu des évolutions majeures depuis quelques années.

Suite à l'accident de l'Estonia en 1994, une révision très importante des règles de sécurité a été établie en 1995 par l'Organisation Maritime Internationale (OMI) en particulier pour les navires transbordeurs. Toutes les mesures nouvelles, qui touchent au domaine de la stabilité, de la protection de l'incendie, du sauvetage et des radiocommunications, sont applicables aux navires construits à partir du 1er juillet 1997. Certaines de ces règles sont applicables rétroactivement aux navires transbordeurs selon un calendrier s'achevant en 2005.

De nouvelles dispositions en matière de sécurité des vraquiers devraient être adoptées en novembre prochain lors d'une conférence internationale de l'O.M.I. Par ailleurs, le Code international de la gestion de sécurité entrera en vigueur à compter de 1998.

Depuis juillet 1992, dans le cadre de l'accord européen du Memorandum de Paris, des contrôle opérationnels sont effectués afin de vérifier la capacité réelle des équipages à conduire le navire et à réaliser des opérations commerciales en toute sécurité pour la vie humaine et l'environnement.

2. Les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage

Les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS) ont pour mission la recherche et le sauvetage maritimes, la surveillance de la navigation, la surveillance des pêches, des pollutions nautiques et la diffusion d'informations.

Ils participent donc activement aux missions de la sécurité maritime.

Pour 1998, l'augmentation de 3 millions de francs des crédits de fonctionnement des CROSS permettra :

- de financer le fonctionnement des services français de suivi des satellites de recherche et de sauvetage pour 2,4 millions de francs.

- d'accroître les crédits nécessaires à la diffusion des bulletins de météorologie marine à hauteur de 1,8 millions de francs.

- d'augmenter les crédits nécessaires au paiement des charges de communication des CROSS.

Crédits de fonctionnement des CROSS

chapitre

article

LFI 1995

LFI 1996

LFI 1997

PLF 1998

35-32

20

4,58

4,44

4,44

0

30

2,5

2,42

2,42

8,15

40

0

0

2,84

4,26

total

7,08

6,86

9,7

12,41

(en millions de francs)

D'autre part, les crédits d'équipement s'élèveront à 23,5 millions de francs pour 1998, soit une légère diminution.

3. Les nouveaux moyens consacrés à la sécurité maritime devront être développés

En regard de normes de sécurité de plus en plus exigeantes, le contrôle des navires est assuré par les inspecteurs et contrôleurs des 15 centres de sécurité des navires (CSN) avec le concours des unités des Affaires Maritimes.

Dans le cadre du Memorandum de Paris, 27 postes supplémentaires d'inspecteurs des CSN étaient prévus : si cet objectif n'est pas encore atteint, le budget 1998 prévoit la création de 5 postes d'inspecteurs et 7 postes de contrôleurs .

L'année 1998 verra l'équipement de l'ensemble des moyens nautiques des affaires maritimes en matériels de radiocommunication conformes au Système Mondial de Détresse et de Sauvetage en mer (SMDSM) dont la date d'entrée en vigueur est fixée au 1er février 1999.

Concernant les unités littorales des affaires maritimes (ULAM) mises en place en 1993 et qui apportent leur concours au contrôle des navires et de la navigation, deux politiques sont menées : la généralisation de leur implantation sur le littoral (5 nouvelles implantations pour 1998) et la modernisation de leurs moyens d'intervention en mer et à terre (7 vedettes côtières supplémentaires pour 3 millions de francs en autorisations de programme). La généralisation des ULAM était prévue dans le cadre de la réforme de l'organisation des services déconcentrés des affaires maritimes décidée par décret n°97-156 du 19 février 1997, dont les dispositions entrent en vigueur à partir du 1er septembre 1997.

Votre rapporteur ne peut que se réjouir de l'effort budgétaire réalisé en direction de la sécurité maritime, même si ces moyens supplémentaires restent encore modestes en regard des enjeux.

V. LA PRESERVATION DU PATRIMOINE MARITIME

A. LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION

Depuis 1994, plusieurs pollutions accidentelles ont touché le littoral, notamment à l'hiver 1993-1994, au cours duquel la pollution des plages de la Manche et de l'Atlantique a conduit à ouvrir des crédits spécifiques sur le chapitre 35-33 pour un montant de 5 millions de francs.

A l'été 1997, une pollution pétrolière dans le port du Havre s'est propagée sur les plages du Calvados et de Seine-Maritime.

Après plusieurs années d'investissements importants consacrés à l'acquisition de matériels de lutte contre la pollution par les hydrocarbures puis à la réalisation de bâtiments, l'effort budgétaire s'est limité à la maintenance du dispositif. Les crédits budgétaires qui s'accroissent de 13% en moyens d'équipement s'élèvent à 5 millions de francs pour 1998, ils devront permettre de :

- poursuivre le remplacement des barrages et prévoir des améliorations techniques.

- donner la priorité aux exercices de simulation sur le terrain, permettant d'améliorer la qualification technique du personnel engagé dans le dispositif Polmar.

- améliorer la prévention en soutenant les études et la recherche.

A ce titre, les études menées en 1997 par le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions des eaux) ont porté sur l'évolution du matériel de lutte sur le littoral et le traitement des déchets en cas de marée noire.

B. LE PATRIMOINE MARITIME : UNE RÉNOVATION NÉCESSAIRE

Les moyens affectés aux schémas de mise en valeur de la mer (chapitre 53-30, article 60 ancien) sont transférés à l'article 20 "aménagement, mise en valeur et protection du littoral" qui s'élève en autorisations de programme à 3,2 millions de francs et en crédits de paiement à 2,8 millions de francs.

Le coût unitaire moyen d'un schéma de mise en valeur de la mer est de l'ordre de 2 à 3 millions de francs et la participation financière sollicitée des collectivités territoriales est en général d'un tiers.

A ce jour, onze schémas de mise en valeur de la mer ont été lancés : un seul a été approuvé (Etang de Thau), 3 sont en phase de finalisation ((Baie de Bourgneuf, baie de Lannion, littoral charentais), les autres étant restés au stade de l'étude. L'objectif pour 1998 est donc modeste puisqu'il s'agit de finaliser les SMVM les plus avancés sans lancer de nouvelles procédures.

En revanche, les moyens consacrés à la protection des zones littorales contre l'érosion marine sont renforcés grâce à un doublement des autorisations de programme sur le chapitre 63-30 article 30 pour atteindre 6 millions de francs. Cette dotation devrait permettre la poursuite du contrat de plan concernant la région Picarde (3 millions de francs) mais également de nouvelles opérations de confortation sur le littoral comme celles concernant la côte des basques à Biarritz, la, protection de la vieille ville de Saint-Jean-de-Luz, la pointe de Grave en Gironde, les digues de Camargue et celles de l'Ile de Noirmoutier.

D'une manière générale, la sauvegarde du patrimoine maritime doit connaître une nouvelle impulsion.

L'action du ministère de l'Equipement, des transports et du logement intègre de plus en plus une vision patrimoniale dans ses activités, notamment pour la réhabilitation des sites portuaires, la maintenance du patrimoine des phares et balises, ... En tant que gestionnaire du littoral, le ministère contribue à sa conservation et à sa mise en valeur, par le développement du sentier du littoral ou les actions du Conservatoire du littoral qui mène des opérations de sauvegarde des grands sites littoraux.

A ce titre, le doublement de la dotation consacrée au sentier et aux opérations de limitation du rivage (1,4 millions de francs) devrait permettre le développement de la mise en place du sentier du littoral notamment dans les secteurs difficiles d'accès et présentant un intérêt paysager.

Enfin, le ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement apporte un modeste concours financier à des associations agissant en faveur du patrimoine maritime (500.000 F prévus en 1998, sur le chapitre 46-32, subventions dans le domaine maritime).

Il faut cependant rappeler que les moyens consacrés à la protection et à l'aménagement du littoral, bien qu'en progression de 21% en crédits de paiement pour 1998 ne représentent que 14 millions de francs en crédits de paiement, soit 0,3% du budget de la marine marchande.

VI. L'AVENIR DE LA FLOTTE DE COMMERCE FRANÇAISE RESTE A DEFINIR

A. LA SITUATION DE LA FLOTTE DE COMMERCE ET DE L'ARMEMENT FRANCAIS

1. la flotte de commerce française

En matière de flotte de commerce, la France occupe le 8ème rang européen en nombre d'unités (210) et le 7ème rang en capacité, avec une flotte inférieure de plus de moitié à celle de ses principaux concurrents européens (l'Allemagne et les Pays-Bas atteignant 590 navires chacun).

Toutefois, l'âge moyen de la flotte s'améliore au 1er janvier 1997 puisqu'il s'établit à 14,8 ans soit un abaissement de 6 mois par rapport à 1996 (15,2 ans), ce qui montre, pour l'ensemble de la flotte, un certain renouvellement.

Flotte de commerce sous pavillon français

Année

Passagers

Cargos

Pétroliers

Total

nombre

1.000 TPL

nombre

1.000 TPL

nombre

1.000 TPL

nombre

1.000 TPL

1 987

26

41

191

3 185

66

4 917

283

8 143

1 988

27

47

172

2 506

62

4 586

261

7 139

1 989

25

47

158

2 362

58

4 246

241

6 655

1 990

30

66

138

2 148

55

3 932

223

6 146

1 991

29

74

133

1 937

56

3 854

218

5 865

1 992

30

76

130

1 933

56

3 847

216

5 856

1 993

33

89

128

1 921

60

3 937

221

5 947

1 994

31

94

124

1 948

60

4 117

215

6 159

1 995

38

95

113

1 847

56

4 405

207

6 347

1 996

37

97

113

1 556

59

4 611

209

6 264

1 997

39

107

116

1 869

55

4 363

210

6 339

Situation au 1er janvier source : direction du transport maritime, des ports et du littoral

TPL : tonne de port en lourd

L'évolution de la flotte de commerce française montre qu'au delà d'une diminution globale des unités de la flotte sous pavillon français (réduite de 73 navires, soit 25 % depuis 10 ans), les différents types de navires ont connu une évolution différenciée :

- les navires à passagers ont progressé de 26 à 39 unités entre 1987 et 1997.

- le nombre de navires pétroliers a été réduit de 11 unités dans la même période.

- les cargos ont connu la baisse la plus significative puisque leur nombre a presque été divisé par deux depuis 10 ans.

D'autre part, l'analyse de l'évolution de la flotte sous pavillon français montre une diminution très significative de la flotte sous pavillon métropolitain, au profit du pavillon des Terres Australes et Antarctiques Françaises.

L'accroissement des immatriculations sous pavillon des Terres Australes et Antarctiques Françaises se poursuit puisque ces navires représentent désormais 42 % de la flotte française en unités mais 92 % de sa capacité de transport au 1er juillet 1997 (88 % au 1er janvier 1997).

L'immatriculation des navires au territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises, dans la mesure où elle permet de réduire les coûts d'exploitation, offre aux armements qui optent pour ce registre la possibilité d'être plus compétitifs sur le marché du transport maritime international.

LE COUT DU PAVILLON FRANCAIS

Le coût des équipages a fait l'objet d'une étude dans un rapport de la Commission européenne du 17 juin 1997, concernant l'application du principe de libre circulation des services aux transports maritimes à l'intérieur des Etats-membres (cabotage maritime) 1995-1996 et sur l'impact économique et social de la libéralisation du cabotage avec les îles.

Au 1er janvier 1996, le coût comparatif des équipages par type de navires et par registre sur la base d'une moyenne européenne montre que les seconds registres présentent des coûts d'équipage plus bas (Danemark, Portugal et Norvège) toutefois comparables au registre national néérlandais. Les registres plus compétitifs que la moyenne européenne sont ceux de l'Italie, l'Islande, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Grèce. Le registre français métropolitain a le coût le plus élevé dans l'espace économique européen (236 points) . Le registre TAAF est plus compétitif mais reste plus coûteux que la moyenne des registres européens et le plus coûteux des registres bis (133 points).

2. L'évolution de l'armement français

Le chiffre d'affaires de l'armement français s'élève à 23,2 milliards de francs en 1995 , contre 23,7 milliards de francs en 1994 et 22,9 milliards de francs en 1993. Malgré la croissance des volumes transportés, les recettes restent stables, en raison de la pression sur les taux de fret. La répartition du chiffre d'affaires par secteur s'établit ainsi :

lignes régulières

59,50%

passagers

22,60%

vrac sec

9,20%

pétrole

6,60%

gaz

1,10%

Le nombre d'entreprises a progressé : en 1995, il y avait 175 armements contre 161 en 1994.

Des efforts de productivité ont été réalisés qui ont abouti à une diminution des charges d'exploitation en 1995, pour s'établir à 24,3 milliards de francs.

L'année 1996 a été marquée par la reprise de la compagnie générale maritime par l'armement CMA. Le nouveau groupe est ainsi devenu le 14ème armement mondial dont le chiffre d'affaires s'établit à 4,5 milliards de francs

3. La privatisation de la CGM

La cession de l'entreprise publique CGM au secteur privé (CMA) est intervenue le 19 novembre 1996.

Il faut rappeler que, au total, 2,825 milliards de francs ont été injectés dans la CGM préalablement à sa privatisation.

Au terme de la première phase de l'appel d'offres, close le 8 août 1996, neufs candidats avaient déposé une lettre d'intention en vue de la reprise globale de la CGM.

A la suite d'une phase d'examen approfondi, 4 candidats ont remis au Ministre de l'économie et des finances une offre définitive de reprise. Après audition des candidats acquéreurs, des dirigeants de la CGM, et des représentants du Ministre de l'économie et des finances, la Commission de privatisation a rendu un avis favorable au projet d'arrêté du Ministre de l'Economie et des Finances prévoyant la cession au groupement formé autour de la Compagnie Maritime d'Affrètement (SNC Louis Dreyfus Armateurs, MM. Saade, Tristan Vieljeux et Farid Salem) pour un prix total, et symbolique, de 20 millions de francs.

En application de ce texte, la Compagnie générale maritime et financière (CGMF) qui détenait pour le compte de l'Etat 100 % des actions de la CGM, les a cédées aux prix et conditions convenus le 19 novembre 1996, assurant ainsi la privatisation de l'entreprise.

Depuis la reprise de la CGM par la CMA, le nouveau groupe se place au 14ème rang mondial avec une soixantaine de navires et un parc de 170 000 conteneurs. L'activité de la CGM, dont près de 50 % est représenté par la ligne des Antilles, a progressé de 10% en 1996 par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires des deux sociétés s'établit à 7 milliards de francs en 1996 dont 4,5 milliards pour la CMA et 3 milliards pour la CGM.

L'effectif du groupe s'élève à 2.443 salariés dont 334 pour la CMA. Le plan de reprise prévoit toutefois que 18% des effectifs sédentaires et navigants quittent l'entreprise à court terme. En effet, dans son offre d'achat, la CMA avait confirmé "son intention d'adhérer au protocole du 18 septembre 1996", protocole qui met le plan social à la charge du repreneur. Il faut rappeler qu'un plan social avait déjà réduit les effectifs de la CGM de 3.117 personnes en 1994 à 2.738 en 1995.

Un des engagements de la CMA était le processus de mise sous pavillon français de sa flotte, avec pour projet l'acquisition de 4 navires porte-conteneurs armés sous pavillon français. Un agrément fiscal a été transmis en ce sens en mai 1997 au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Deux porte-conteneurs de fort tonnage ont donc reçu l'agrément du ministère de l'Economie et des Finances.

Votre rapporteur estime qu'il est encore trop tôt pour porter un jugement sur la privatisation de la CGM notamment en ce qui concerne les conditions d'armement des navires, les aspects sociaux et les exigences de desserte des départements et territoires d'Outre-mer.

Surtout, les modalités de développement du nouveau groupe restent encore incertaines : la décision d'augmenter le capital de 80 millions de francs de la CMA, autorisée le 18 septembre par le tribunal de commerce de Marseille fait l'objet d'un contentieux judiciaire.

B. LA RENEGOCIATION DU PLAN MARINE MARCHANDE

L'année 1998 sera l'occasion d'importantes modifications dans les régimes de soutien à la flotte de commerce française .

Le plan pluriannuel de soutien à la marine marchande s'achevant le 31 décembre 1997, les modalités de renouvellement de ce dispositif réglementaire devront bientôt être fixées.

Le plan Marine Marchande 1990-1994 a été reconduit de 1995 à 1997 inclus, il comprenait trois volets essentiels :

- l'aide à l'investissement : en 1996, il a été consacré 79,9 millions de francs représentant des aides pour 12 navires, dont 3 unités neuves et 9 d'occasion. En 1997, 120 millions de francs devaient être consacrés à 5 navires

- l'aide à la consolidation et à la modernisation (ACOMO) : 90 millions de francs devaient y être consacrés en 1997 après 107 millions de francs en 1996.

- le remboursement de la part maritime de la taxe professionnelle .

Plan de soutien à la flotte de commerce 1990-1996

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

total

taxe professionnelle

37,8

57,3

45,3

65

79,1

73,5

108,2

466,2

ENIM

15,8

19,3

22,1

62,5

145

137,3

138,2

540,2

CAA

70,8

63,7

54,8

47,7

45

47,4

46,7

376,1

DO

124,4

140,3

122,2

175,2

269,1

258,2

293,1

1382,5

aide à l'investissement

67,5

99,7

121,1

152,7

123,3

114,7

83,4

762

ACOMO

34,2

88,8

71,5

55,5

44,6

59,1

75,2

428,9

CP

101,7

188,5

192,6

208,2

167,9

173,8

158,6

1190,9

total (DO + CP)

226,1

328,8

314,8

383,4

437

432

451,7

2573,4

bonifications d'intérêts

212,5

156,6

100,6

75,2

39

12

14,1

610

mesures d'aides à la flotte de commerce hors mesures fiscales

438,6

485,4

415,4

458,6

476

444

465,8

3183,4

Sur 6 ans, 3 milliards de francs ont été consacrés au soutien à la flotte de commerce, hors mesures fiscales.

Aide à l'investissement et ACOMO - chapitre 63-35

1996

LFI

disponible après modifications

consommation au 31 décembre

%

AP

228,2

230,8

172,6

75%

CP

210,4

222,1

158,6

71%

1997

AP

198,8

194,8

0

0

CP

201,3

244,9

175,8

72%

Dans le domaine des aides à l'investissement, la Commission Européenne a récemment apporté des modifications à des "orientations communautaires en matière d'aides d'Etat au transport maritime" (JOCE 5 juillet 1997), demandant que soit abandonnée la notion de subvention d'investissement assis sur la valeur du navire pour parvenir à la mise à niveau équivalent des charges pesant sur les armements (impôts et charges sociales).

Le renouvellement du plan de soutien à la marine marchande devrait prendre en compte ce nouvel élément.

Votre rapporteur regrette vivement que les orientations de l'Union Européenne ne prennent pas en compte l'utilité et l'efficacité des aides directes à la marine marchande.

C. LA SUPPRESSION DU REGIME FISCAL DES QUIRATS DE NAVIRES

Le projet de loi de finances pour 1998 supprime le dispositif d'encouragement fiscal en faveur de la souscription de parts de copropriété de navires de commerce .

Le dispositif des quirats autorise les personnes physiques à déduire de leur revenu imposable les sommes investies dans la flotte de commerce française, dans la limite annuel de 500.000 francs pour une personne seule et 1 million de francs pour un couple marié. Les sociétés sont autorisées à déduire de leur bénéfice imposable l'intégralité des sommes investies.

La loi du 5 juillet 1996 et son décret d'application du 23 septembre 1996 ont été mis en oeuvre à partir du dernier trimestre 1996. Au titre de 1996, ont été déposés 14 dossiers pour 15 navires dont 10 ont finalement reçu un agrément pour un montant investi de 2,7 milliards de francs. Au 31 août 1997, 24 dossiers représentant 51 navires ont été déposés et 11 agréments (15 navires) délivrés pour un montant investi de 2,958 milliards de francs.

Au total, 25 navires ont fait l'objet d'un agrément pour un investissement de 5,6 milliards de franc s , dont 16 navires neufs sur lesquels 6 ont été construits en France.

Dossiers traités au 1er septembre 1997

(en millions de francs)

Les navires, dont le dossier a été agréé, construits dans un chantier naval français, représentent un montant total investi de 2,4 milliards de francs soit 42 % de l'investissement total. Ce sont des unités spécialisées dans la construction desquelles les chantiers français peuvent faire valoir un savoir-faire et des prix compétitifs : il s'agit d'un paquebot, d'un catamaran de croisière, d'un navire sismique, d'un sablier, d'une vedette à passagers et d'un ravitailleur de plate-forme pétrolière.

Il apparaît donc qu'au-delà d'un effet volume sur la flotte de commerce française, le dispositif des quirats a un rôle dans la modernisation de la flotte de commerce française et le développement des nouvelles technologies.

L'analyse des agréments montre que pour les navires neufs, 6 sont construits en France, 4 en Europe (2 en Espagne et 2 aux Pays-Bas) et 6 en Asie (4 en Corée et 2 au Japon). Aucun investissement pour un navire d'occasion ne concerne la France, mais 5 navires d'occasion sur 9 concernent l'Union Européenne (Allemagne notamment).

Votre rapporteur rappelle que le repli de notre flotte de commerce depuis les années 70 a eu pour conséquence une réduction des emplois embarqués, notamment pour la navigation internationale au long cours.

Votre rapporteur considère donc comme essentiel qu'une réflexion soit rapidement engagée sur les modalités de soutien à la flotte de commerce, de manière à disposer d'une aide pérennisée, au service des emplois maritimes.

EXAMEN EN COMMISSION

Sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a procédé, sur le rapport de M. René Régnault, rapporteur spécial, à l'examen des crédits de l'équipement, des transports et du logement, IV - Mer : Marine marchande.

Un débat s'est alors ouvert, auquel ont participé MM. Alain Lambert, rapporteur général, Jacques Oudin et François Trucy .

En réponse à l'interrogation formulée par le rapporteur général sur les modifications envisagées dans le cadre de la réforme de l'Etablissement national des invalides de la marine, M. René Régnault a indiqué que la réflexion portait aujourd'hui sur la transformation de l'Etablissement national des invalides de la marine en un établissement public à part entière mais que le statut futur des personnels de cet établissement devait être précisé. Il a indiqué que le ministre de l'équipement, des transports et du logement avait décidé d'engager une concertation sur ce point.

A M. Jacques Oudin , qui souhaitait que figurent dans le rapport budgétaire d'une part une analyse détaillée de la situation de la flotte de commerce française puisque le premier armateur français se classait au 19ème rang mondial, et d'autre part des précisions sur les agréments délivrés dans le cadre du dispositif quirataire, M. René Régnault a promis de demander au Gouvernement l'ensemble des informations dont il disposait sur l'application du dispositif des quirats en faveur de la flotte de commerce et d'en informer la commission.

En réponse à M. François Trucy , le rapporteur spécial a reconnu que la subvention à la Société nationale de secours en mer pourrait de nouveau être abondée par des amendements parlementaires et il a indiqué qu'en matière de Comités régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS) des moyens d'équipement nouveaux devaient répondre aux exigences en matière de sécurité maritime. Il a ajouté que la réforme des armées avait pour conséquence d'imposer un remplacement des personnels du service national, et souligné par ailleurs la difficulté posée par l'évolution des crédits du budget de la défense qui pourrait impliquer le remplacement du personnel militaire par du personnel civil.

A l'issue de ce débat, la commission a décidé de réserver son vote sur les crédits de la marine marchande jusqu'après l'audition du ministre de l'équipement, des transports et du logement, prévue pour le 6 novembre.

Réunie le mercredi 12 novembre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission des finances a décidé de proposer au Sénat l'adoption des crédits de l'Equipement, des transports et du logement (IV. Mer : marine marchande) pour 1998.


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