AVIS n° 87 Tome XVII -PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - ENVIRONNEMENT


M. Bernard HUGO, Sénateur


Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome XVII - 1997/1998

Table des matières






N° 87

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME XVII

ENVIRONNEMENT

Par M. Bernard HUGO,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 et 85 (annexe n° 5 ) (1997-1998).

Lois de finances.

Mesdames, Messieurs,

Dans le projet de loi de finances pour 1998, les crédits consacrés à l'environnement s'élèvent à 1,885 milliard de francs, soit une quasi reconduction par rapport à 1997 (+0,9 %).

Il s'agit pour l'essentiel d'un budget de mission, pour lequel il convient de s'assurer que les orientations retenues permettent effectivement au ministère de jouer, en matière d'environnement, son rôle d'impulsion et de coordination.

Les priorités retenues pour 1998 portent sur l'amélioration de la protection de la nature, notamment par l'augmentation des crédits destinés aux parcs nationaux, le renforcement des moyens de l'administration générale et un soutien renforcé aux associations intervenant en matière d'environnement.

Au-delà du strict exercice budgétaire, il est intéressant de citer quelques chiffres qui permettent de prendre conscience de l'importance du secteur de la protection de l'environnement, dans l'économie nationale.

- En 1995, la production intérieure générée par les marchés de l'environnement a atteint 200 milliards de francs.

- La dépense nationale de protection de l'environnement réalisée par l'ensemble des agents économiques -administrations publiques, entreprises et ménages- s'élevait à 130 milliards de francs en 1995, soit 1,7 % du PIB, -plus que la moyenne européenne (1,2 %) mais moins que pour l'Allemagne, l'Autriche et les Pays-Bas où le ratio dépasse les 2 %-.

Les deux principaux postes de dépenses concernaient l'assainissement et l'épuration des eaux, pour 56 milliards de francs, ainsi que la gestion des déchets pour 43 milliards de francs, les moyens consacrés à la lutte contre la pollution de l'air étant évalués à 9,3 milliards de francs.

- Les emplois liés aux activités environnement étaient estimés à 434.000 en 1994 contre 418.000 en 1992 et les seuls emplois directs sont passés, entre 1992 et 1995, de 270.000 à 280.000, soit 1,2 % de la population active.

- Ces évolutions positives sont liées à la forte progression de l'activité des éco-industries, dont le chiffre d'affaires a connu une croissance proche du double de l'évolution économique générale depuis dix ans. Leur chiffre d'affaires, estimé à 138 milliards de francs en 1996, pourrait progresser de 4 % en 1997 et de 5 % en 1998, et il est réalisé aux trois quarts par des petites et moyennes entreprises (PME).

- En termes d'emplois, les perspectives du secteur sont donc bonnes en raison notamment de la réalisation d'objectifs ambitieux, à travers la mise en oeuvre des plans départementaux d'élimination des déchets et l'application du VIIe programme des Agences de l'eau.

D'après une enquête effectuée en 1996, 56 % des PME éco-industrielles prévoyaient d'embaucher.

- Compte tenu de ce contexte porteur, le programme de création d'emplois-jeunes concerne notamment le domaine de l'environnement. Le groupe de travail, présidé par M. Guy Hascoët a répertorié une douzaine de filières pour lesquelles les partenaires mobilisables sont essentiellement les collectivités territoriales, les associations et les établissements publics. 50.000 emplois jeunes pourraient être créés dans ces filières, qui concernent la collecte sélective et le tri des déchets, l'entretien des rivières et de leurs berges, la prévention des risques naturels, la protection et l'entretien des espaces naturels, la maîtrise des consommations d'énergie et d'eau, la lutte contre les nuisances sonores, la mise en oeuvre des énergies nouvelles et le traitement des effluents dispersés, tourisme vert, agriculture biologique, éducation à l'environnement.

L'environnement est indéniablement porteur en matière d'emplois pour les années à venir. Mais, dans ce domaine, il convient de veiller à ce que les emplois financés par le dispositif emploi-jeunes ne viennent pas concurrencer des emplois déjà existants, pourvus ou proposés dans la sphère des services marchands.

PREMIÈRE PARTIE -

LES PRINCIPALES ORIENTATIONS BUDGÉTAIRES EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT

I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT

(Dépenses ordinaires - crédits de paiement - autorisations de programme)

(millions de francs)

Agrégats

Dotation 1997

PLF 1998

% d'évolution

Importance agrégat en % total

Administration générale

DO + CP

562,68

574,60

+2,12

31

AP

17,90

23,00

+28,49

Connaissance de l'environ-nement et coopération internationale

DO + CP

75,84

82,65

8,97

4

AP

13,4

18,40

+ 37,31

Protection de l'eau et des milieux aquatiques

DO + CP

262,53

229,84

-12,47

12

AP

191,57

191,57

-

Prévention des pollutions et des risques

DO + CP

383,59

386,61

+0,78

21

AP

194,06

168,438

-13,25

Protection de la nature et des paysages

DO + CP

504,68

536,28

+6,26

28

AP

310,42

322,83

+4,00

Recherche

DO + CP

79,30

75,5

-4,79

4

AP

76,00

70,00

-7,89

TOTAL BUDGET

DO + CP

1.868,66

1.885,47

+0,89

AP

803,36

794,15

-1,14

Les crédits demandés pour 1998 au titre de l'environnement s'élèvent à 1.885,47 millions de francs (en dépenses ordinaires et crédits de paiement), en augmentation de + 0,89 % par rapport aux crédits votés pour 1997.

En revanche, les autorisations de programme diminuent de 1,14 % pour s'établir à 794,1 millions de francs.

La répartition des crédits par agrégat se décompose ainsi, en pourcentage du total :

- administration générale 31 %

- connaissance de l'environnement et coopération internationale 4 %

- protection de l'eau et des milieux aquatiques 12 %

- prévention des pollutions et des risques 21 %

- protection de la nature et des paysages 28 %

- recherche 4 %

A l'intérieur de ce volume de crédits -dont on peut considérer qu'il reste constant par rapport à 1997-, des orientations sont prises sur lesquelles il conviendra de s'interroger pour savoir si elles correspondent à des priorités en ce qui concerne la protection de l'environnement.

La répartition des crédits affectés à l'environnement traduit en réalité trois priorités :

- l'amélioration de la protection de la nature, notamment par l'augmentation des crédits destinés aux parcs régionaux ;

- un soutien renforcé aux associations intervenant en matière d'environnement ;

- un renforcement certain des moyens de l'administration générale.

Pour les autres actions, les crédits sont soit reconduits, soit en apparente diminution : il en est ainsi de la prévention des pollutions et des risques et de la politique de l'eau.

II. LES ORIENTATIONS BUDGÉTAIRES TRADUISENT CERTAINES PRIORITÉS

A. LA FORTE AUGMENTATION DES CRÉDITS DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE, DE LA CONNAISSANCE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

1. Un renforcement des services déconcentrés chargés de la mise en oeuvre de la politique de l'environnement

Les crédits consacrés à l'administration générale s'élèvent à 574,60 millions de francs, soit une hausse de 2,12 %.

On peut rappeler qu'en 1997 le ministère de l'environnement a bénéficié du transfert de 27 emplois du ministère de l'équipement, des transports et du tourisme (direction de l'architecture et de l'urbanisme). De nouvelles transformations d'emplois et un redéploiement d'emplois de l'administration centrale vers les services déconcentrés ont, comme en 1996, complété le dispositif budgétaire, s'inscrivant dans une tendance au renforcement des services déconcentrés de manière à développer une politique plus proche des citoyens.

Pour 1998, il est proposé un effort tout à fait particulier de créations d'emplois qui marque une rupture par rapport aux années précédentes.

Le projet de loi de finances pour 1998 comprend 34 créations d'emplois :

- création de 10 emplois dans les directions régionales de l'industrie de la recherche et de l'environnement (DRIRE) pour l'inspection des installations classées industrielles, dans le cadre d'un plan pluriannuel de renforcement de ces services. La Cour des comptes a souligné l'insuffisance des effectifs de ce secteur qui touche à la sécurité des personnes ;

- création de 18 emplois dans les directions régionales de l'environnement (DIREN) dans le cadre d'un plan pluriannuel de renforcement de ces services pour améliorer la mise en oeuvre des plans risques, le traitement de la raréfaction de l'eau, l'annonce des crues, l'assainissement, la police de l'eau et la protection de la nature ;

- création de 6 emplois en administration centrale pour améliorer la qualité de la décision publique, notamment par un développement des capacités d'expertise interne, une amélioration de l'information du public et une évaluation des politiques environnementales.

Même si on peut admettre que l'administration de l'environnement est une administration jeune -les directions régionales de l'environnement (DIREN) ont été créées par le décret n° 91-1139 du 4 novembre 1991- et qu'elle doit, de ce fait, consolider son implantation et son rôle au sein de l'administration tant centrale que territoriale, on ne peut s'empêcher de penser, que dans un contexte budgétaire de limitation des dépenses publiques, la création nette de 34 emplois est quelque peu excessive. D'autant plus que cet alourdissement des dépenses d'administration générale se fait au détriment de certains crédits d'intervention.

A tout le moins, il paraît utile de rappeler que l'administration de l'environnement doit rester une administration de mission dont le rôle est essentiellement de coordination et d'impulsion.

Les effectifs totaux s'élèveront en 1998 à 2.412, soit 503 en administration centrale, 753 affectés dans les DRIRE et 1.156 dans les DIREN.

2. L'accroissement des crédits destinés au secteur associatif

A l'inverse des efforts menés en 1996 et 1997, au titre de la maîtrise des dépenses budgétaires, les moyens de paiement augmentent de 8,97 % et les autorisations de programme de 37,31 %, et ceci résulte pour l'essentiel de la très forte augmentation des subventions aux associations.

En effet, le budget consacré aux associations passe de 22,7 millions de francs en 1997 à 25,8 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998.

En règle générale, les subventions sont attribuées à des associations qui interviennent dans la protection de l'environnement pour soutenir des actions spécifiques qui s'inscrivent dans les orientations retenues par le ministère en charge de l'environnement. Il s'agit d'aider les associations d'environnement à vocation nationale à réaliser des actions de protection de l'environnement et d'aider les associations régionales, par des crédits délégués aux directions régionales de l'environnement, pour les trois programmes suivants : vie associative régionale, journées de l'environnement et chantiers de jeunes.

Pour quelques associations d'envergure nationale, voire internationale, sont versées des subventions de fonctionnement destinées à aider les activités générales de ces associations ou le renforcement de leur impact.

De plus, les dotations budgétaires participent au financement de postes d'animateurs dans les associations.

Ces postes d'animateurs sont au nombre de 108. Ils étaient ainsi répartis en 1997 :

- 83,5 postes pour les associations régionales et locales ;

- 24,5 postes pour les associations nationales.

Ces postes sont gérés par le Fonds de coopération de la jeunesse et d'éducation populaire (FONJEP). L'aide financière annuelle du ministère par poste était de 45.412 francs en 1996 et en 1997 de 45.406 francs.

Pour 1998, outre le maintien de ces critères de subvention, deux thèmes nouveaux sont retenus pour orienter la répartition des mesures nouvelles :

- l'appui à la constitution d'instances fédératives capables de structurer la coopération des associations sur les différents enjeux environnementaux en France. Les réseaux thématiques en cours de création à France Nature Environnement illustrent cette orientation ;

- mieux représenter le mouvement associatif de culture française dans les négociations internationales.

Sans contester l'intérêt que présente le mouvement associatif pour favoriser une meilleure connaissance ou prise en compte par le grand public des questions de l'environnement, on peut se demander une fois encore si cette augmentation substantielle de crédits était prioritaire, dans un contexte de maîtrise des dépenses budgétaires.

Néanmoins, il est exact que l'on gagnerait sans doute à s'inspirer du modèle anglo-saxon pour encourager la présence d'organisations non gouvernementales françaises dans les réunions internationales traitant de questions environnementales, et pour appuyer les positions de la France.

Mais, comme l'a rappelé notre collègue M. Michel Barnier, lors de l'audition de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement le 17 octobre dernier devant la commission, le mouvement associatif peut, à l'occasion de conférences internationales, appuyer une structure gouvernementale, mais il ne saurait être question qu'il s'y substitue. Il faudrait donc également, soit par redéploiement de moyens, et en liaison avec le ministère des affaires étrangères, soit en affectant une création de poste prévue pour 1998 à la cellule internationale, renforcer les personnels compétents sur les questions d'environnement pour qu'ils interviennent de manière plus efficace au niveau international.

B. LA HAUSSE DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DE LA NATURE

L'Etat étant l'opérateur principal dans ce domaine, il est naturel qu'il y consacre une part importante de ses dotations d'intervention. Elles représentent 43 % (DO + CP) hors crédits d'administration générale.

Dans le projet de loi de finances pour 1998, le montant des dotations s'élève à 536,28 millions de francs au titre des dépenses ordinaires et des crédits de paiement, en augmentation de 6,26 % et les autorisations de programme sont fixées à 322,83 millions de francs, soit une hausse de 4 % par rapport à 1997.

La politique poursuivie en matière de protection de la nature s'oriente autour de quatre axes principaux : la constitution d'un réseau d'espaces protégés, la préservation de la diversité biologique, les actions menées en faveur des sites et des paysages et l'évaluation de l'impact des activités humaines sur l'environnement.

PLF 1998

DO + CP

Réseaux d'espaces protégés

434,1

Préservation de la diversité biologique

34,7

Sites et paysages

42,8

Evaluation impact activités humaines

24,7

(millions de francs)

Dans le projet de loi de finances pour 1998, l'effort le plus important est réservé aux parcs nationaux, au réseau des réserves naturelles et des parcs naturels régionaux et au programme de biodiversité.

1. Le soutien aux parcs nationaux

En ce qui concerne les parcs nationaux, les dotations progressent pour s'élever à 164,08 millions de francs (DO + CP) contre 155,477 millions de francs en 1997. Ces moyens supplémentaires sont destinés à la création de trois parcs déjà en projet en 1997. Il s'agit du projet de Parc national de la forêt tropicale en Guyane, du projet de Parc national marin en Corse et du projet de Parc national marin de la mer d'Iroise.

Le futur Parc national marin de Corse , qui concernerait une superficie marine de 100.000 hectares et littorale de 40.000 hectares entre Piana et Calvi, a fait l'objet d'un avant-projet qui a donné lieu à des délibérations favorables des collectivités locales et des chambres consulaires, du Conseil national de la protection de la nature et du comité interministériel des parcs nationaux sur le principe de sa création. Le dossier a été envoyé au Premier ministre en vue de sa prise en considération, étape obligatoire avant le lancement de l'enquête publique. Un chargé de mission a été nommé et un comité de pilotage, avec une large représentation de toutes les parties prenantes locales est en cours de mise en place, afin d'affiner le projet de parc et d'en préciser le contenu.

Le projet de Parc national de la forêt tropicale de Guyane constitue une priorité depuis l'engagement sur la diversité biologique pris par la France à la conférence de Rio de 1992. Cette idée de parc national fait suite aux nombreuses études qui, depuis plus de vingt ans, ont démontré l'intérêt scientifique et la richesse biologique exceptionnelle de la forêt guyanaise et ont conclu à l'intérêt de mettre en place un système de protection adapté comme un parc national.

Le projet de parc est à l'étude depuis 1993, sous la direction d'un comité de pilotage, mais il nécessite des actions plus renforcées de concertation sur le terrain avec l'ensemble des partenaires locaux, en raison d'un certain nombre de réticences émanant notamment de la population amérindienne. Néanmoins, les attitudes, notamment des élus, évoluent de façon positive à l'encontre du projet de parc qui apparaît désormais comme un réel outil de protection et de sauvegarde contre la déforestation, les pollutions, la raréfaction du gibier et les problèmes sociaux liés aux exploitations minières.

Le parc pourrait se mettre en place entre 1998 et l'an 2000 ; il occuperait la partie la plus au sud du département de la Guyane et l'établissement public chargé de sa gestion devrait représenter progressivement 100 emplois permanents (85 postes répartis entre Cayenne et trois sous-directions localisées dans les zones de vie et 15 autres non statutaires chargés de l'entretien des sentiers).

2. Des dotations en hausse pour les réserves naturelles

Les dotations pour les réserves naturelles progressent de 11,8 % pour s'établir à 36,87 millions de francs. La baisse des crédits se trouve ainsi stoppée et cela devrait permettre d'accompagner la création de nouvelles réserves tout en assurant le fonctionnement du réseau existant.

En août 1997, la France comptait 134 réserves naturelles protégeant 323.896 hectares et 34 projets sont en cours d'instruction, dont sept pourraient aboutir d'ici à fin 1997.

La principale difficulté pour l'Etat est d'ordre budgétaire puisque la progression de ses moyens financiers est insuffisant pour accompagner le développement rapide du réseau de réserves naturelles. L'objectif est de parvenir à 250 réserves en 2040.

3. La reconduction des crédits des parcs naturels régionaux

S'agissant des parc naturels régionaux, les moyens de fonctionnement sont reconduits à hauteur de 29,8 millions de francs et les autorisations de programme progressent de 16,86 % par rapport à 1997 pour être fixées à 15,24 millions de francs.

En 1997, il existe 32 parc naturels régionaux et les deux plus récents sont le Parc Loire-Anjou-Touraine, créé le 30 mai 1996 et le Parc du Verdon, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, créé le 3 mars 1997. Le territoire du marais poitevin n'est plus classé en parc naturel régional depuis le 1er janvier 1997, les régions Pays de la Loire et Poitou-Charente n'ayant pas demandé le renouvellement du classement.

L'ensemble des parcs couvre près de 10 % du territoire national et concerne 21 régions, 54 départements et plus de 2.618 communes pour une population de 2.457.000 habitants.

Une quinzaine de projets de parcs sont à l'étude, dont plusieurs pourraient être classés rapidement : il s'agit du Périgord-Limousin, du Perche, de l'Avesnois et du Gâtinais français. Néanmoins, l'examen de certains autres projets montre les limites du dispositif juridique quand il s'agit de territoires considérés comme dégradés ou fortement urbanisés qui cherchent à préserver ce qui leur reste d'espaces naturels.

La mission menée par notre collègue M. Gérard Larcher sur les territoires périurbains, a pour objet de proposer des formules nouvelles pour ce type de territoires : il ne s'agit plus là de la préservation des espaces naturels contre la croissance urbaine, mais bien plutôt de réconcilier des espaces situés à la périphérie des villes, tant avec leur environnement rural immédiat qu'avec le centre-ville dont ils dépendent.

4. Des moyens budgétaires accrus pour la préservation de la diversité biologique

Les actions pour préserver la diversité biologique bénéficient d'une dotation de 34,7 millions de francs, dont 5,5 millions sont affectés à l'établissement des listes de sites proposés pour le réseau Natura 2000 et pour l'élaboration des documents d'objectifs qui seront les futurs outils de gestion des sites retenus.

a) L'état d'avancement de la directive Natura 2000 au niveau européen

La mise en oeuvre de la directive européenne n° 94-43/CEE du 21 mai 1992 relative à la conservation des habitats naturels et des habitats d'espèces a pris beaucoup de retard en France par rapport aux autres pays européens. En effet, la France est avec le Luxembourg, le seul Etat membre à ne pas avoir adressé ses propositions de sites susceptibles de figurer dans le réseau Natura 2000 à la Commission européenne. Elle risque donc d'être traduite devant la Cour de justice des Communautés européennes pour manquement aux obligations découlant de cette directive.

Le 3 juillet 1997, la Commission européenne a procédé à une mise en demeure complémentaire auprès des autorités françaises, ce qui constitue une étape préalable à la saisine de la Cour de justice européenne.

Le 17 octobre 1997, elle a adressé des avis motivés aux dix " mauvais élèves " qui n'avaient rendu que des copies partielles ou pas de copie du tout. Il s'agit du dernier stade avant la saisine de la Cour.

Les autres Etats membres ont adressé à la Commission européenne des projets de listes, plus ou moins complets, couvrant des superficies significatives pour certains pays comme la Grèce, qui propose une liste de 245 sites couvrant 13,5 % de son territoire ou l'Italie qui propose 2.440 sites couvrant également 13,5 % de son territoire. La participation du Portugal est de l'ordre de 10 % de son territoire.

En revanche, le Royaume-Uni propose 255 sites couvrant 2,3 % (+ 3,2 % de superficie marine) de son territoire Des Etats comme l'Allemagne et l'Espagne proposent des sites recouvrant respectivement 0,3 % et 1,6 % de leur territoire, en annonçant des listes complémentaires. Les derniers pays à avoir rejoint l'Union européenne en 1995, l'Autriche, la Suède et la Finlande proposent respectivement des sites représentant 4 %, 9,7 % et 7,6 % de leur territoire. Ils ont également annoncé l'envoi de propositions complémentaires.

Il ressort de cette comparaison que seuls la Grèce et l'Italie ont communiqué des propositions de territoires importants (entre 13 et 17 % du territoire) et que seulement cinq pays (Belgique, Italie, Grèce, Portugal et Suède) ont envoyé des propositions complètes. Il apparaît donc que le critère du seul pourcentage de territoire à inclure dans le périmètre Natura 2000 n'est pas pertinent et qu'il ne s'agit pas de devoir à tout prix classer 10, voire 15 %, du territoire national.

Comme le soulignait notre collègue, M. Jean-François Le Grand, dans son rapport d'information sur la mise en oeuvre de Natura 2000 1( * ) , la sélection des sites doit au contraire privilégier le critère de l'excellence pour proposer non pas la totalité des sites qui correspondent aux critères définis dans la directive, mais plutôt parmi eux, ceux qui pourront faire partie du réseau parce que leur préservation pourra se faire à un coût économique et social raisonnable. Les 1.316 sites évalués par le Muséum national d'histoire naturelle qui couvrent 15 % du territoire français doivent donc être revus et sélectionnés dans cet esprit là. Il ne peut s'agir de les proposer tous.

Il convient de signaler que le retard pris par la France lui vaut, outre les menaces d'une procédure judiciaire devant la Cour de justice, d'être pénalisée sur le plan financier en ce qui concerne l'attribution des financements dans le cadre du programme LIFE.

Le règlement pour la mise en oeuvre de la deuxième étape de LIFE (1996-1999) a été adopté par le Conseil le 15 juillet 1996 et le volet LIFE-Nature a pour objet de soutenir financièrement des actions de conservation de la nature permettant la mise en oeuvre des directives " Habitats " (directive n° 92/43/CEE du Conseil du 21 mai 1992) et " Oiseaux " (directive n° 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979), et en particulier du réseau européen " Natura 2000 ".

Pour les exercices 1996 et 1997, en raison du retard pris dans la désignation des sites Natura 2000, seuls 5 dossiers ont été retenus en 1996 pour 3,62 millions d'Ecus de subventions communautaires (sur un total de 43,28 millions d'Ecus disponibles pour LIFE-Nature) et, en 1997, seuls 4 dossiers ont été sélectionnés pour un montant de 1,953 millons d'Ecus (sur un total de 43,62 millions d'Ecus pour LIFE-Nature).

b) Les difficultés de mise en oeuvre de la directive au niveau français

Au niveau français, la procédure de consultation prévue par le décret du 5 mai 1995 a été relancée par une circulaire du 11 août 1997 du ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement aux préfets de département, afin que le Gouvernement puisse transmettre à la Commission, dans les meilleurs délais, des propositions de sites. Une première liste de sites dont la transmission ne pose a priori pas de problème devait être transmise à l'automne par le Gouvernement. Elle est constituée d'espaces protégés, de forêts domaniales, d'espaces volontaires, notamment ceux qui souhaitent bénéficier d'un financement LIFE en 1998 ou encore de sites pour lesquels les consultations conduites par les préfets depuis 1996 ont déjà abouti.

En réalité, le Gouvernement a envoyé à Bruxelles à la mi-octobre une première liste de 74 sites concernant la région alpine, mais, semble-t-il, trop tardivement pour que la réunion d'évaluation avec les Etats membres concernés par les sites alpins, tenue à Salzbourg le 20 octobre dernier puisse les prendre en compte, ce qui a bien entendu retardé le processus communautaire.

Le 21 octobre dernier, le comité de concertation et de suivi de Natura 2000 s'est réuni et a prévu d'envoyer une première liste d'ici à fin 1997 et de faire parvenir une liste complémentaire au cours de 1998.

Dans son rapport précité, notre collègue Jean-François Le Grand fait valoir que la préservation de " l'extraordinaire biodiversité " du territoire français ne saurait s'identifier à la " France du vide ou à la sanctuarisation de nos espaces naturels ".

Le rapporteur du groupe de travail préconise d'utiliser l'opportunité offerte par la directive 92/43/CEE/Habitats naturels pour gérer le développement économique dans un meilleur respect de l'environnement en se plaçant dans une optique de développement durable.

Pour ce faire, le rapport fait un certain nombre de propositions concernant la définition d'outils contractuels, permettant de s'engager sur une gestion locale et concertée dans les territoires sélectionnés pour faire partie du réseau Natura 2000.

C. LE RECUL DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES AFFECTÉS À LA POLITIQUE DE L'EAU

1. La débudgétisation des ressources affectées à la politique de l'eau

Les crédits affectés à la politique de l'eau s'établissent à 229,8 millions de francs en moyens de paiement, soit une baisse de 12,47 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1997 et les autorisations de programme sont maintenues au même niveau, soit 191,5 millions de francs.

La diminution apparente de ces crédits est compensée par l'apport d'un fonds de concours créé en 1997 et alimenté par les Agences de l'eau à hauteur de 110 millions de francs. L'utilisation de ce fonds de concours en cours d'exercice devrait donc permettre de compenser la diminution des crédits budgétaires.

En 1997, le fonds de concours avait compensé essentiellement la diminution des autorisations de programmes qui avait représenté 90 millions de francs.

La contribution des agences de l'eau doit s'étendre sur toute la durée des VIIe programmes d'intervention, c'est-à-dire jusqu'en 2001. Le fonds de concours mobilisera ainsi 550 millions de francs sur cinq ans pour la participation au financement de travaux de restauration des rivières et d'aménagement des zones naturelles d'expansion des crues. Pour 1998, les contributions des six agences devraient être identiques à celles de 1997 et réparties de la façon suivante :

- Seine-Normandie 42,6 millions de francs

- Rhône-Méditerranée-Corse 24,8 millions de francs

- Loire-Bretagne 15,3 millions de francs

- Rhin-Meuse 10,2 millions de francs

- Adour-Garonne 9 millions de francs

- Artois-Picardie 8,1 millions de francs

Il faut également signaler que, comme en 1997, la politique de l'eau bénéficie d'un transfert de crédits de 22 millions de francs inscrits dans les budgets de l'agriculture et de l'équipement.

Sur le principe de la participation des agences de l'eau au financement de missions exercées par l'Etat, on ne peut que rappeler la position extrêmement réservée de la Commission des Affaires économiques. Elle avait considéré, en effet, que la participation des agences à l'entretien des cours d'eau et à la restauration des zones d'expansion des crues dépassait l'intérêt commun du bassin de chacune de ces agences, et elle s'était interrogée sur la remise en cause de l'équilibre financier des agences soumises à ce prélèvement annuel de 110 millions de francs, alors même que l'engagement avait été pris, dans le cadre du VIIe programme, de stabiliser le montant des redevances.

2. Les actions menées au titre de la politique de l'eau

La majeure partie des dotations est consacrée à la mise en oeuvre des plans gouvernementaux décidés les 4 janvier et 24 janvier 1994 ; il s'agit du plan Loire et du plan décennal de restauration des rivières prescrits au titre de la prévention des inondations.

Le programme décennal pour la Loire, intitulé " Loire, grandeur nature ", a trois objectifs :

- assurer la sécurité des personnes et des biens contre les crues exceptionnelles de la Loire ;

- améliorer la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs en eau ;

- mener des actions de préservation, de protection et de mise en valeur du patrimoine exceptionnel, que constitue le lit du fleuve sur la grande majorité de son parcours.

La réalisation du plan Loire prendra 10 ans et les 1,8 milliard de francs de travaux prévus, impliquent plus de 700 millions de francs de crédits de l'Etat.

Compte tenu de l'urgence des travaux de mise en sécurité, une part importante doit être réalisée d'ici à 1998, correspondant notamment aux opérations alternatives du barrage de Serre de la Fare.

Ainsi, de 1994 à 1997, 514,7 millions de francs ont été engagés. Le projet de budget pour 1998 permettra la poursuite du programme arrêté en 1994.

Le plan décennal de restauration des cours d'eau a pour objectif de prévenir les inondations . Un montant de 10,2 milliards de francs de travaux sont prévus sur dix ans, qui seront financés par les propriétaires riverains, les collectivités locales, l'Etat et ses établissements publics.

En ce qui concerne les cours domaniaux non navigables, l'Etat assure le maintien des capacités naturelles d'écoulement du lit et en 1997, 14 millions de francs étaient affectés à l'entretien, dont 10 millions de francs à l'entretien du lit de la Loire dans le cadre du plan " Loire grandeur nature ".

Au-delà, la plus grande part des investissements réalisés est affectée également à la Loire.

En ce qui concerne les cours d'eau non domaniaux, leur entretien est à la charge exclusive de leurs propriétaires riverains, mais l'Etat intervient sous forme de subventions aux travaux de restauration.

L'élaboration et la mise en oeuvre des contrats de rivière permettent de donner une cohérence d'ensemble aux travaux entrepris, puisqu'ils associent les collectivités territoriales, l'agence de l'eau concernée, l'Etat et les professionnels. Les aides attribuées dans le cadre de ces contrats sont financées depuis 1997 sur le fonds de concours des agences de l'eau.

De plus, si les propriétaires s'engagent sur l'entretien de leurs cours d'eau à travers un plan simple de gestion, ils peuvent bénéficier prioritairement de subventions de l'Etat. Ce dispositif a été institué par la loi du 2 janvier 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement et un premier plan simple de gestion de rivière a été approuvé en avril 1997.

D. LA STABILITÉ DES CRÉDITS DE LA PRÉVENTION DES POLLUTIONS ET DES RISQUES

La politique de prévention des pollutions et des risques inclut le problème général des risques naturels et a pour objet les relations entre les activités économiques qu'elles soient industrielles ou agricoles et l'environnement.

Les crédits consacrés à cette politique sont fixés à 386,61 millions de francs, soit + 0,79 % par rapport à 1997, mais les autorisations de programme diminuent de 13,25 % pour s'établir à 168,35 millions de francs.

On peut rappeler que l'an dernier cet agrégat avait connu une très forte augmentation en raison de la mise en oeuvre de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996, principalement grâce à un transfert de 105 millions de francs en provenance du ministère de l'industrie.

Outre la mise en oeuvre de la législation des installations classées pour la protection de l'environnement, les principales actions qui relèvent de cette politique de prévention se traduisent notamment par la prise en compte des risques naturels dans l'aménagement et la gestion des sites pollués et la mise en oeuvre de la loi sur l'air.

1. La prise en compte des risques naturels dans l'aménagement

Les plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) ont été institués par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement.

Ces documents élaborés par l'Etat visent à limiter les dommages corporels et matériels qui pourraient être occasionnés par des catastrophes naturelles, notamment en contrôlant strictement les implantations humaines dans les zones exposées.

Les PPR remplacent les plans d'exposition aux risques (PER), les périmètres de risques délimités en application de l'article R.111-3 du code de l'urbanisme, les plans de surfaces submersibles (PSS) et les plans de zones sensibles aux incendies de forêt (PZSIF). Leur réalisation est totalement déconcentrée sous l'autorité du préfet de département.

Les moyens financiers consacrés à la réalisation des PPR ont été portés de 15 à 35 millions de francs depuis 1994, auxquels il convient d'ajouter 5 millions de francs pour la réalisation d'atlas de zones inondables, dans la perspective de réaliser 2.000 de ces documents avant l'an 2000.

En 1997, les crédits consacrés à cette action ont été de 30 millions de francs (plus 4 millions de francs réservés aux atlas de zones inondables), et le projet de loi de finances pour 1998 reconduit la dotation au même niveau.

Au 1er juillet 1997, 2.851 documents (ramenés à la commune) visant à la prise en compte du risque dans l'aménagement étaient recensés, mais à des stades divers d'avancement comme l'indique le tableau ci-dessous.

Etat d'avancement des plans

Prescrits

mis à l'enquête

approuvés

TOTAL

PER (1)

172

58

384

614

R.111.3 (2)

12

24

1.052

1.088

PZSIF (3)

15

0

0

15

PPR (4)

774

42

318

1.134

TOTAL

973

124

1.754

2.851

Documents antérieurs ou en cours valant PPR :

(1) PER : plan d'exposition aux risques

(2) R.111.3 : périmètre de risques (art. R.111.3 du code de l'urbanisme)

(3) PZSIF : plan de zones sensibles aux incendies de forêt

(4) PPR : plan de prévention des risques

Depuis octobre 1995, date de publication du décret relatif aux PPR, 774 PPR ont été prescrits et 318 documents approuvés. On constate donc une relance significative de la réalisation des PPR qui devrait se poursuivre en 1998.

En outre, les études engagées pour les atlas de zones inondables et les PPR ont donné lieu à environ 250 projets d'intérêt général (PIG) prenant en compte la prévention des risques d'inondation dans les documents d'urbanisme (POS et schémas directeurs).

2. Le traitement des sites pollués

a) Réglementation et financement

La circulaire du 3 décembre 1993 a fixé les principes de la politique de traitement des sites pollués avec une volonté de transparence, de concertation, d'action de long terme et de réalisme. Un groupe de travail national a été mis en place. Il participe à l'élaboration d'un certain nombre de guides méthodologiques destinés aux divers intervenants sur les sites pollués : bureaux d'études, exploitants des sites, administration, sociétés chargées de la réalisation des travaux de réhabilitation.

Il faut souligner que la réhabilitation d'un site pollué est une opération onéreuse, dont le coût peut varier de quelques centaines de milliers de francs à plusieurs dizaines de millions de francs lorsque les sols sont pollués.

Une partie de ces sites pollués sont dits " orphelins " quand ils n'ont plus de responsable solvable. La prise en charge financière de ces sites incombe alors à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) selon des modalités qui varient en fonction du type de pollution.

- Dans le cas des sites pollués par des déchets ménagers et assimilés, le financement relève du fonds de modernisation de la gestion des déchets, créé par la loi du 13 juillet 1992 et alimenté par la taxe sur la mise en décharge de déchets ménagers et assimilés. Sur ce fonds, dont ce n'est pas la vocation principale, ont été financées depuis 1994 la réhabilitation d'une décharge ainsi que l'élimination de plusieurs dépôts (pneumatiques ou plastiques).

- Pour les autres sites pollués, les crédits utilisés pour les travaux de réhabilitation provenaient jusqu'en 1995, d'une part, du ministère de l'environnement, d'autre part, d'une contribution volontaire de l'association Entreprises Pour l'Environnement (EPE) et enfin de certaines agences de l'eau.

La loi du 2 février 1995 a institué une taxe sur l'élimination des déchets industriels spéciaux qui est affectée spécifiquement aux sites pollués sans responsable solvable autres que les sites pollués par des déchets ménagers et assimilés. Le produit de cette taxe était de 82,8 millions de francs en 1996 et en 1998, le montant attendu s'élève à 96,7 millions de francs.

b) L'inventaire 1996 des sites pollués

En décembre 1994, un premier inventaire des sites pollués avait été réalisé et il recensait 669 sites. Il a été actualisé pour l'année 1996 et a fait l'objet d'une publication en septembre 1997. Il permet de constater que 25 % des sites qui figuraient à l'inventaire de 1994 sont traités.

Cet inventaire n'est pas exhaustif de la totalité des sols pollués, mais de ceux susceptibles de générer des risques et des nuisances pour l'environnement et la santé publique. Il ne prend pas non plus en compte certaines sources de pollution, comme les décharges brutes d'ordures ménagères, inventoriées dans les plans départementaux de gestion des déchets ménagers, les sites contenant des déchets radioactifs recensés par l'ANDRA et les pollutions des sols diffuses, générées par les épandages.

De 1994 à 1996, le nombre de sites pollués est passé de 669 à 896 :

- 266 sont des nouveaux sites pollués recensés

- 86 sites, qui ont fait l'objet d'un traitement, passent en annexe I ou II (sites traités avec ou sans restrictions d'usages)

- 176 sites sont en cours de traitement

- 287 sites font l'objet d'un diagnostic approfondi ou d'une étude de faisabilité.

Au-delà des chiffres, cet inventaire permet de mieux cerner la nature de ces sites. Trois remarques s'imposent :

- tout d'abord, leur répartition géographique est assez cohérente avec le poids industriel présent et passé des régions : l'Ile-de-France, Rhône-Alpes et le Nord-Pas-de-Calais, rassemblent, à eux seuls, plus de 40 % des sites recensés ;

- moins d'un site sur deux est situé dans une zone habitée, mais 38 % sont situés à moins de 100 mètres d'une habitation, et 37 % à moins de 50 mètres d'un cours d'eau.

- les principales sources de pollution sont d'origine industrielle : métaux ferreux, chimie, traitement des déchets, industrie du pétrole et du gaz naturel, anciennes usines à gaz, ... Et les principaux polluants rencontrés sont les hydrocarbures (49 % des cas), le plomb (20 % des cas), et des produits tels que les solvants halogénés, le chrome, le zinc, le cyanure, le cuivre et l'arsenic.

L'éventail des situations de pollution est large et dans 64 % des cas, il y a eu pollution du sol ou de la nappe phréatique.

Mais, seuls 28 % de ces sites sont à proprement parler des sites pollués qui nécessitent un traitement des terres. Après évaluation de l'impact, les solutions les plus fréquemment utilisées sont le confinement, dans 60 % des cas, puis le stockage et le traitement biologique.

La permanence du problème des sites orphelins.

Sur l'ensemble des sites recensés en 1996, 174, soit 19 % du total, n'ont pas de responsable solvable ou sont sous la responsabilité d'un syndic. Cette catégorie est en augmentation puisque ce chiffre n'était que de 14 % en 1994, ce qui accroît la charge financière des pouvoirs publics.

En présentant ce bilan à la presse, la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a fait part de sa volonté de renforcer les moyens permettant de mieux identifier les responsables, notamment en passant outre des montages de sociétés écrans ou de filiales mises en liquidation.

De plus, la politique de prévention devrait être renforcée, notamment à travers un programme d'étude de sols sur 1.500 sites industriels exerçant des activités potentiellement polluantes. Ce programme devrait être lancé fin 1997.

3. La mise en oeuvre de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie

a) Le désengagement de l'Etat en ce qui concerne la mise en oeuvre de la surveillance de la qualité de l'air

La loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996 prévoit notamment le renforcement de la surveillance de la qualité de l'air. Il s'agit de mettre en place une surveillance dans l'ensemble des agglomérations de plus de 100.000 habitants avant le 1er janvier 1998 et sur l'ensemble du territoire national avant le 1er janvier 2000.

Un programme de développement du dispositif de surveillance de la qualité de l'air a été initié en 1996 et s'est poursuivi en 1997 de manière à terminer la mise en place d'une surveillance effective dans les agglomérations non couvertes et à conduire à une amélioration notable, qualitative et quantitative, de la surveillance de la qualité de l'air dans les agglomérations déjà surveillées. Il prévoit de mieux cerner la pollution de proximité, notamment d'origine automobile, et d'élargir le spectre des polluants recherchés, en prévision des directives européennes sur la qualité de l'air.

Actuellement, seulement six substances sont surveillées et il s'agit de l'anhydride sulfureux, des particules fines, des particules en suspension, du plomb, du dioxyde d'azote et de l'ozone. La liste des polluants surveillés devrait passer à treize, en application de la directive n° 96/62/CE du 27 septembre 1996 concernant l'évaluation et la gestion de la qualité de l'air ambiant.

Pour le financement de ce dispositif, 200 millions de francs de crédits ont été dégagés, dès 1996, et la loi de finances pour 1997 avait reconduit la même dotation, se répartissant comme suit :

Chapitres budgétaires

montants (millions de francs)

Objet

Procédure

Chap. 44-10 art. 90

50

Associations de gestion des réseaux de surveillance

Délégation aux préfets et aux DRIRE

Chap 34-20 art. 20

Chap. 57-20 art. 50

7

33

Etudes préalables

Plans régionaux de lutte pour la qualité de l'air

Plans de protection de l'atmosphère

Délégation aux préfets

Chap. 67-20 art. 92

110

Equipement des réseaux

Délégation à l'ADEME

TOTAL

200

Pour l'équipement des réseaux en stations de mesure, camions laboratoires, informatique de traitement des données, l'ADEME prend en charge, par le biais d'un appel d'offre, les négociations avec les fournisseurs pour bénéficier de conditions plus avantageuses -et dans ce cas il s'agit de subventions d'équipements en nature accordées aux réseaux-, ou alors elle verse une participation financière aux réseaux qui procèdent directement aux achats et travaux nécessaires.

En 1997, les actions suivantes ont été engagées, selon trois orientations principales :

- l'extension de la surveillance aux agglomérations de plus de 100.000 habitants. La date butoir était fixée au 1er janvier 1998, mais, à ce jour, il reste encore dix agglomérations comprises entre 135.000 et 100.000 habitants à couvrir. Il s'agit notamment de Lorient, Nîmes, Perpignan et Troyes.

On peut rappeler que fin 1996, quatre agglomérations de plus de 250.000 habitants sur 17 et 22 de plus de 100.000 habitants sur 41 ne disposaient pas de surveillance.

En définitive, l'objectif fixé concernait 26 agglomérations à équiper d'ici au 1er janvier 1998 et seulement 16 l'auront été.

Il faut espérer que ce retard sera comblé rapidement, d'autant plus que la loi a prévu que la couverture de l'ensemble du territoire national soit effective au 1er janvier 2000 ;

- il s'est s'agit également de renforcer les réseaux existants pour assurer une meilleure surveillance de la pollution automobile, une meilleure information du public et augmenter la quantité des polluants surveillés.

Pour y parvenir, ont été mis en place de nouveaux capteurs de pollution, notamment 45 analyseurs d'ozone et 65 capteurs de particules.

Cinq camions laboratoires sont venus compléter les quinze existants et une chaîne de référence nationale a été mise en place pour l'étalonnage des stations de mesure et des pôles régionaux ou interrégionaux de métrologie ont été créés ;

- de plus, l'Etat a renforcé ses moyens concernant les études et la mesure de la pollution atmosphérique, notamment par l'accroissement des activités du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air, la mise en place de la Banque de données sur la qualité de l'air (BDQA) gérée par l'ADEME, l'institution d'une surveillance sanitaire dans dix agglomérations françaises, en collaboration avec le Réseau national de santé publique.

Pour 1998, en revanche, les crédits inscrits dans le projet de loi diminuent de 15 % puisque seulement 170 millions de francs sont inscrits au lieu de 200 millions en 1997.

Ils devraient se répartir ainsi :

Chapitres budgétaires

montants
(millions de francs)

Objet

Chap. 44-10 art. 90

50

Associations de gestion des réseaux de surveillance

Chap 34-20 art. 20

10

Etudes préalables pour les plans régionaux de lutte pour la qualité de l'air

Mise en oeuvre d'actions de communication

Chap. 57-20 art. 50

60

Etudes et travaux divers dans le domaine de la pollution de l'air

Chap. 67-20 art. 92

50

Equipement des réseaux

TOTAL

170

Outre cette baisse importante de crédits qu'il convient de dénoncer -car elle va à l'encontre de la volonté du Parlement-, les orientations retenues pour 1998 sont contestables :

- il n'est pas fait mention, dans les éléments de réponse fournis par le ministère, de la mise en oeuvre des plans de protection de l'atmosphère. Or, l'article 8 de la loi les rend obligatoires dans les agglomérations de plus de 250.000 habitants ;

- pour l'équipement des réseaux, il est prévu d'affecter 50 millions de francs au lieu de 110 millions de francs en 1997.

Or, on a pu constater que l'extension de la surveillance aux agglomérations de plus de 100.000 habitants n'avait pu être achevée et il reste deux ans pour couvrir l'ensemble du territoire.

En réalité, l'Etat se désengage, ce qui est contraire à l'article 3 de la loi qui dispose que l'Etat assure, avec le concours des collectivités locales, la surveillance de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé et sur l'environnement.

On peut donc craindre que les collectivités locales, dont la participation reste pour le moment volontaire soient de plus en plus incitées à accroître leurs financements. Pour 1998, l'Etat ne s'est pas risqué à solliciter de façon obligatoire les collectivités locales mais pour compenser son désengagement, il fait appel aux taxes parafiscales et plus précisément à la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, dont le taux devrait être prochainement modifié.

Lors des débats à l'Assemblée nationale, la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a annoncé que le taux de la taxe serait porté de 180 francs à 250 francs par tonne pour dégager un produit supplémentaire de 37 millions de francs, qui sera affecté à l'équipement des réseaux de surveillance de la qualité de l'air.

Cette taxe, créée en 1985, avait été reconduite pour une durée de cinq ans par le décret du 11 mars 1990, et concernait les installations émettant des rejets à base de souffre, d'acide chlorhydrique et d'azote. Le décret du 3 mai 1995 a reconduit le dispositif en l'élargissant aux émissions de composés organiques volatils et en portant le taux de la taxe à 180 francs par tonne.

L'ADEME gère le produit de cette taxe qui est affecté principalement aux réseaux de surveillance de la qualité de l'air et- à la mise en place d'équipements.

En 1997, ce produit s'est élevé à 234,6 millions de francs, et 143 millions de francs ont été affectés aux équipements.

Comme il a été souligné plus haut, on ne peut qu'être très réservé sur ce procédé qui ne respecte pas les termes de la loi ; de plus, il convient de remarquer que cet apport supplémentaire de 37 millions de francs ne permet pas de retrouver le niveau atteint en 1997 (87 millions de francs au total en 1998 contre 110 millions de francs en 1997).

b) Les autres dispositions de la loi sur l'air restent inappliquées

Force est de constater que presque douze mois après le vote de la loi sur l'air, aucun texte d'application n'a été encore publié, ce qui illustre une nouvelle fois les lenteurs de l'administration.

Une seule disposition prévue à l'article 12 de la loi sur l'air, est d'application immédiate et concerne les pouvoirs du Préfet en cas de pics de pollution. Sur la base de cet article, une disposition de circulation alternée a été décrétée le 1er octobre 1997, car le seuil d'alerte niveau 3 avait été atteint à Paris en ce qui concerne le dioxyde d'azote.

Seuls les véhicules munis d'un numéro d'immatriculation impair, ainsi que les véhicules non polluants et une liste déterminée de véhicules prioritaires ont été autorisés à circuler dans Paris et ses 22 communes limitrophes, dans des conditions fixées par l'arrêté interpréfectoral d'Ile-de-France du 11 avril 1997 (catégories de véhicules et professions autorisées  ; durée des restrictions ; limitation de la vitesse de circulation). En contrepartie, les transports en commun étaient gratuits.

Cette première expérience s'est avérée concluante, et les franciliens ont dans l'ensemble accepté les contraintes de déplacement qui leur étaient ainsi imposées.

Mais, il faut souligner que le choix de véhicules autorisés à circuler était totalement arbitraire et dépourvu de logique environnementale.

Le critère pair et impair a en effet été retenu faute de disposer de textes d'application de l'article L.8-A du code de la route créé par la loi sur l'air et qui prévoit dans son troisième alinéa : " Les véhicules automobiles font l'objet d'une identification fondée sur leur contribution à la limitation de la pollution atmosphérique. Les véhicules ainsi identifiés peuvent notamment bénéficier de conditions de circulation et de stationnement privilégiés. "

Il semble bien que la rédaction du décret définissant les conditions d'attribution de cette " pastille verte " suscite d'intenses négociations entre le ministère de l'industrie et celui en charge de l'environnement.

La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, lors des débats sur les crédits de son ministère à l'Assemblée nationale, a annoncé que ce décret pourrait être très bientôt publié, mais les débats portent encore sur la liste des catégories de véhicules pouvant disposer de la pastille verte. Une première catégorie de véhicules propres inclut les véhicules électriques ou à gaz, ainsi que ceux fonctionnant à l'essence sans plomb et disposant d'un pot catalytique. Le litige porte sur les véhicules à moteur Diesel immatriculés en France depuis le 1er janvier 1997, que le ministère de l'industrie souhaite voir prendre en compte, car ils sont obligatoirement équipés d'un pot catalytique, ce qui limite considérablement l'importance de leurs émissions polluantes. Mais les défenseurs de l'environnement s'opposent farouchement, pour une question de principe, à cette demande, car ils craignent par ce biais, une réhabilitation du moteur Diesel.

Selon les éléments dont fait état la presse, la solution de compromis reposerait sur la création d'un label à deux niveaux qui permettrait de distinguer les voitures ayant le droit de rouler en toutes circonstances de celles ne disposant de cette possibilité que presque tout le temps.

Un tel compromis paraît source de beaucoup de confusions, alors même que le Gouvernement s'est engagé à ce que ce dispositif soit le plus simple possible pour les usagers. Plus généralement, on ne peut que dénoncer l'absolutisme des positions écologiques, alors qu'il faut chercher à appliquer des solutions raisonnables, dont le coût social et économique sera acceptable pour l'ensemble de nos concitoyens.

Il est avéré que les nouveaux véhicules Diesel équipés d'un pot catalytique sont réellement moins polluants que les anciens moteurs même s'ils n'atteignent pas un niveau de pollution zéro. De plus, il convient de rappeler qu'un moteur Diesel consomme moins qu'un moteur essence, ce qui induit moins de pollution à performances égales.

Il ne faut pas oublier que les pouvoirs publics ont largement encouragé le parc automobile à moteur Diesel, et que, même si la part du Diesel s'érode, en 1996, 41,6 % des immatriculations concernaient encore des voitures de ce type. Il est impensable de défendre le principe qu'en cas de pic de pollution plus de 40 % de la population serait dans l'impossibilité d'utiliser son véhicule. Il faut au contraire définir un dispositif raisonnable, acceptable pour la population et néanmoins efficace dans la lutte contre la pollution.

Au-delà du dispositif de la pastille verte à mettre en jeu les jours de pics de pollution, tout un volet de la loi est consacré aux encouragements pour des véhicules ou des carburants propres. Ils sont soit insuffisants soit restés lettre morte par défaut de texte d'application.

On peut ainsi rappeler le dispositif des articles L.8-B et L.8-C du code de la route issu d'un amendement sénatorial qui dispose que l'Etat, ses établissements publics et les entreprises nationales ainsi que les collectivités territoriales et leurs groupements gérant une flotte de plus de vingt véhicules doivent acquérir, lors du renouvellement de leur parc automobile au moins 20 % de véhicules fonctionnant à l'énergie électrique, au gaz de pétrole liquéfié ou au gaz naturel.

De plus, dans un délai de deux ans, ces mêmes catégories de personnes morales devront utiliser pour leurs flottes captives des carburants dont le taux d'oxygène a été relevé.

E. LA DIMINUTION DES DOTATIONS AFFECTÉES À LA RECHERCHE

Les crédits affectés à la recherche diminuent de 4,79 % en moyens de paiement pour revenir à 75,5 millions de francs (- 3,8 millions de francs) et les autorisations de programmes sont réduites de 7,89 % pour s'établir à 70 millions de francs (- 6 millions de francs).

Il s'agit, pour une large part d'un ajustement du montant des dotations de cet agrégat, compte tenu d'un niveau de consommation des crédits insuffisant, de l'ordre de 17 % du montant des crédits inscrits en loi de finances initiale pour 1996, et qui avaient fait l'objet d'un report sur le budget de 1997.

Au-delà de cet ajustement budgétaire qui ne fait que constater l'insuffisante consommation des crédits, il conviendrait de s'interroger sur les besoins réels du secteur de la recherche. Si ces besoins étaient effectivement surévalués, les années précédentes, l'ajustement effectué dans le projet de loi de finances pour 1998 est nécessaire. Mais s'il s'agit au contraire de besoins réels n'ayant pu être satisfaits du fait de procédure d'engagement trop lourdes ou inadaptée, il faut alors, plutôt que de diminuer le montant des crédits inscrits -ce qui est hasardeux à moyen terme-, réformer les procédures d'utilisation de ces crédits. A l'heure actuelle, dans le cadre de programmes définis préalablement, les projets de recherche font l'objet d'appel à propositions instruits par des conseils scientifiques et pilotés par des comités d'orientation. Des contrats sont ensuite conclus avec des laboratoires publics de recherche ou avec le secteur privé.

DEUXIÈME PARTIE -

L'ACCROISSEMENT DES MOYENS PUBLICS POUR LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

Comme il a été indiqué plus haut, le ministère en charge des crédits de l'environnement joue le rôle d'une administration de mission dotée d'un budget d'incitation pour initier des politiques et coordonner leur mise en oeuvre par d'autres intervenants, qu'ils soient publics ou privés. Pour que son action soit efficace, il faut veiller à préserver son caractère volontairement limité, au risque sinon de s'obliger à des augmentations de personnel et de budget alors même que la prise en compte de l'environnement est une notion transversale, qui doit être intégrée par chaque décideur public ou privé et ce, quelque soit son champ de compétences.

L'examen du fascicule budgétaire intitulé " état récapitulatif de l'effort financier consenti en 1997 et prévu en 1998 au titre de l'environnement " est à cet égard très instructif. En effet, si les crédits propres du ministère en charge de l'environnement n'augmentent que de 0,9 %, les dotations inscrites au budget général de l'Etat augmentent de 5,09 %.

Au delà du strict cadre ministériel, on peut également souligner l'accroissement des ressources extrabudgétaires, sous forme de redevances ou de taxes parafiscales qui contribuent à la protection de l'environnement. Elles sont gérées par des établissements publics sous la tutelle notamment du ministère en charge de l'environnement.

Enfin, il apparaît que les dépenses des collectivités locales au titre de la protection de l'environnement ne cessent de progresser. En 1996, elles se sont élevées à 116,6 milliards de francs et on peut penser que le durcissement et la multiplication des normes européennes vont entraîner un alourdissement supplémentaire de leurs budgets au titre de la protection de l'environnement et de la gestion de leurs ressources naturelles.

I. L'AUGMENTATION DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT PAR LES DIFFÉRENTS DÉPARTEMENTS MINISTÉRIELS

Les crédits consacrés par les départements ministériels à la protection de la nature et de l'environnement progressent par rapport à 1997 et sont évalués à 11,32 milliards de francs, soit 1,03 % du budget.

Ministères

1997

(DO + CP)

1998

(DO + CP)

Pourcentage du budget consacré à l'environnement en 1997

en %

Pourcentage du budget consacré à l'environnement en 1998

en %

Affaires étrangères et coopération

283,17

248,18

1,34

1,19

Agriculture et pêche

2 962,62

2 818,84

8,41

8,01

Aménagement du territoire et environnement

1 868,69

1 885,50

100

51,17

Culture et communication

60,16

84,90

0,40

0,56

Economie, finances et industrie (1)

1 133,62

26,00

4,43

0,15

Education nationale, recherche et technologie (1)

2 724,62

4 566,93

0,77

1,22

Emploi et solidarité

247,60

253,84

0,14

0,14

Equipement, transports et logement

1 000,76

998,13

0,81

0,80

Intérieur et décentralisation

257,34

201,87

0,34

0,26

Jeunesse et sports

6,14

17,50

0,21

0,60

Outre-Mer

68,51

85,14

1,41

1,63

Défense

58,59

58,89

0,01

0,01

Total ministères

10 671,82

11 320,72

0,99

1,03

(1) Crédits du budget des postes, télécommunications et espace transférés du budget de l'industrie au budget de la recherche et technologie en 1998.

(millions de francs)


Les départements ministériels qui consacrent des moyens pour la protection de l'environnement supérieurs à ceux du ministère en charge de l'environnement sont le ministère de l'agriculture et celui de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; ce dernier a bénéficié du transfert des crédits affectés au Centre national des études spatiales (CNES).

En ce qui concerne le ministère de l'agriculture les dépenses en faveur de l'environnement sont estimées à 2,8 milliards de francs pour 1998, et elles se traduisent principalement par la mise en oeuvre de mesures agri-environnementales depuis 1993.

Ces mesures relèvent de deux catégories :

- la prime au maintien des systèmes d'élevage extensif, dite " prime à l'herbe " : elle s'adresse aux systèmes herbagers extensifs pour un engagement quinquennal. Son montant, fixé à 200 francs par hectare en 1993, a été porté à 250 francs par hectare en 1994 et à 300 francs par hectare de 1995 à 1997. Arrivant à expiration à la fin de 1997, son renouvellement est en cours de négociation avec l'Union européenne.

- les programmes régionaux agri-environnementaux : opérations régionales lancées sur la base de cahiers des charges élaborés au niveau national, qui comprennent des aides à des méthodes culturales novatrices (extensification bovine et ovine, protection des eaux, conversion à l'agriculture biologique) et opérations dont les cahiers des charges sont élaborés au niveau régional dans des zones sensibles rencontrant des problèmes spécifiques (déprise, biotopes rares...).

Le ministère de l'agriculture accompagne également la mise en oeuvre des plans de développement durable (PDD) dont l'objectif est de proposer aux agriculteurs une organisation de systèmes de production de leur exploitation qui concilie activités agricoles, préservation du milieu naturel et gestion de l'espace. A l'heure actuelle, 60 petites régions ont participé à la phase expérimentale, ce qui concerne 1.200 agriculteurs. Il est prévu d'engager 5.000 PDD par an pendant cinq ans à compter de 1998.

Enfin, le ministère de l'agriculture développe des actions spécifiques aux zones de montagne et autres zones défavorisées par le biais d'indemnités compensatoire pour aider à la gestion et à l'entretien d'espaces herbagers.

II. LA FORTE PROGRESSION DES RESSOURCES PROPRES DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS SOUS TUTELLE DU MINISTÈRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT

On ne parlera ici que des principaux établissements publics intervenant dans le domaine de l'environnement et dont les dépenses financées sur ressources propres s'élèvent à 13,31 milliards de francs en 1997.

Il s'agit des agences de l'eau et de l'ADEME au sujet desquelles on peut rappeler que l'essentiel de leurs ressources provient de ressources propres, c'est-à-dire du produit de redevances ou de taxes parafiscales.

A. BILAN DE LA POLITIQUE DES AGENCES DE L'EAU

Bilan d'exécution du VIe programme (1992-1996)

Les aides financières attribuées par les six agences dans les principaux domaines d'intervention peuvent être ainsi résumées.

(millions de francs)

Domaine d'intervention

1992

1993

1994

1995

1996

TOTAL

Assainissement des collectivités locales

2 053

4 084

5 241

5 791

5 163

22 332

Lutte contre la pollution industrielle

1 453

1 402

1 455

1 555

1 386

7 251

Aménagement des ressources en eau

426

511

564

314

399

2 214

TOTAL

3 932

5 997

7 260

7 660

6 948

31 797

(Source : ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement)

Comme en 1995, le rythme de croissance du niveau des aides s'est ralenti en 1996, mais les grandes orientations de l'année précédente ont été poursuivies.

L'année 1996, comme l'année 1995, a vu se poursuivre la croissance importante des activités liées à la mise en oeuvre du programme de mise en conformité des bâtiments d'élevage suite à l'accord conclu avec la profession sur la maîtrise des pollutions d'origine agricole.

Les comités de bassin se sont tout particulièrement attachés à finaliser les schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) prescrits par la loi sur l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992.

Ces projets pour l'eau et les milieux aquatiques pour les dix à quinze années à venir, dans chacun des grands bassins, ont été élaborés à l'initiative des préfets coordonateurs, par les comités de bassin. Pour cela, les comités se sont appuyés sur des commissions spécialisées existantes, des commissions thématiques et/ou géographiques créées à cet effet et des secrétariats techniques communs aux agences de l'eau et aux directions régionales de l'environnement de bassin.

Le contenu d'un SDAGE privilégie une approche géographique permettant d'identifier les principaux problèmes des sous-bassins concernés, les évolutions possibles et souhaitables et une approche thématique permettant d'approfondir la connaissance et les orientations relatives à la gestion qualitative et quantitative de la ressource en eau, à la protection des milieux aquatiques, à la gestion des risques et des grands aménagements hydrauliques.

Le projet de SDAGE de chaque bassin, après avis favorable du comité de bassin à la fin de 1995, a fait l'objet d'une consultation officielle des conseils généraux et des conseils régionaux en 1996. Ces six projets ont été examinés favorablement par la mission interministérielle de l'eau le 9 mai 1996 et par le comité national de l'eau le 23 mai 1996. Les SDAGE ont été adoptés définitivement par les comités de bassin et approuvés par les préfets coordonnateurs de bassin au cours du deuxième semestre de 1996 et ils sont donc entrés en application, début 1997.

Les perspectives pour 1998

L'année 1998, seconde année du VIIe programme d'intervention des agences de l'eau, confirmera les orientations arrêtées par les instances de bassin fin 1996.

Le montant global des aides sur l'ensemble du VIIe programme d'intervention s'élève à environ 57 milliards de francs et les redevances à 51 milliards de francs selon le tableau ci-dessous :

(en millions de francs)

1997

1998

1999

2000

2001

Total

Total redevances

Adour-Garonne

846

885

940

961

988

4 620

4 039

Artois-Picardie

791

801

817

812

824

4 046

3 708

Loire-Bretagne

1 633

1 699

1 456

1 463

1 490

7 741

7 041

Rhin-Meuse

943

961

936

910

876

4 626

4 670

Rhône-Méditerranée-Corse

2 411

2 500

2 589

2 658

2 692

12 850

11 336

Seine-Normandie

4 300

4 533

4 656

4 732

4 809

23 030

20 105

TOTAL

10 924

11 379

11 394

11 356

11 679

56 913

50 899

Les montants globaux d'aides aux investissements arrêtés dans le cadre des VIIèmes programmes des six agences de l'eau sont les suivants :

- assainissement des collectivités 26,8 milliards de Francs

- lutte contre la pollution industrielle 6,2 milliards de Francs

- amélioration des pratiques agricoles 2,0 milliards de francs

- alimentation en eau potable 5,7 milliards de francs

- amélioration de la ressource et eaux

souterraines 2,6 milliards de francs

- milieux naturels 1,5 milliard de francs

soit un total d'aides aux investissements de 44,8 milliards de francs

En matière d'aides au fonctionnement, les montants arrêtés s'établissent ainsi :

- assistance technique 0,6 milliard de francs

- aides à l'élimination des déchets 1,0 milliard de francs

- primes pour épuration et aides au bon

fonctionnement 10,2 milliards de francs

soit un total d'aides au fonctionnement de 11,8 milliards de francs

Les critiques du pré-rapport du Commissariat général du Plan


Dans des premières conclusions diffusées en novembre 1997, le rapport du Commissariat général du Plan sur l'évaluation des politiques des agences de l'eau, demandé par le précédent Gouvernement démontre que la montée en puissance du dispositif des agences de l'eau ne s'est pas accompagnée d'une réelle recherche d'efficacité économique dans leurs interventions.

Selon ce rapport, la débudgétisation de la politique de l'eau au profit des agences a certes permis de planifier au cours des programmes quinquennaux les investissements à réaliser, mais les auteurs du rapport s'interrogent sur la perte d'efficacité économique que cette programmation quinquennale a entraînée. Le but pour l'agence étant d'atteindre le montant des travaux programmés, cette politique a en réalité favorisé les gros travaux, sans faire une application suffisamment stricte de la théorie du coût minimal.

Le rapport indique ainsi qu': " on compte aujourd'hui 10.000 stations d'épuration en France, alors que 4.000 communes seulement dépassent le seuil de 2.000 équivalents-habitants qui rend cet équipement obligatoire ".

Le rapport souligne également la faiblesse des aides au fonctionnement et indique que les choix d'investissement portent sur des travaux répondant plus à une logique pollution-dépollution que de prévention, en amont, des sources de pollution.

Enfin, s'agissant de la prise en charge du coût de ces investissements, le rapport considère que la logique pollueur-payeur n'est pas véritablement respectée, en faisant valoir que les travaux réalisés par les collectivités et les industriels ont été essentiellement payés par l'usager individuel : " le consommateur d'eau participe pour plus de 80 % à l'action collective de gestion et d'amélioration des ressources en eau, l'industrie pour 18 % et l'agriculture pour à peine 2 % ".

En définitive, le rapport relève que la redevance pollution domestique a été accrue de façon disproportionnée pour compenser la faible participation des agriculteurs, alors même que leur responsabilité dans la pollution des nappes phréatiques serait avérée et il fait observer que la pollution brute estimée des seuls éleveurs serait équivalente à celle de 254 millions d'habitants.

Face à ces premières conclusions, à propos desquelles on peut regretter que la presse s'en fasse l'écho alors même que les rapports ne sont pas encore officiellement transmis, on ne peut qu'appuyer la position de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement qui préconise " une logique d'amélioration du système, mais pas de remise en cause... (car) ... le système des agences n'est pas en faillite, même si ces rapports posent des questions auxquelles il faut répondre . "

Devant la conférence des présidents de comités de bassins qui s'est tenue à Douai, le 18 novembre dernier, Mme Dominique Voynet a fait état de ses propositions de réformes : améliorer l'application du principe " pollueur-payeur ", en prenant en compte les intrants utilisés sur les cultures, ainsi qu'en instituant une taxe sur les aménagements contribuant à aggraver les crues.

La ministre entend également instaurer plus de " transparence démocratique " dans le fonctionnement des agences de l'eau, en proposant la création d'une Haute Autorité de l'eau et en soumettant tous les cinq ans au contrôle du Parlement les programmes d'intervention des agences.

Enfin, elle entend donner une place plus grande aux associations représentant les usagers au sein des conseils d'administration des agences.

B. BILAN DE LA POLITIQUE DE L'AGENCE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE (ADEME)

1. La situation financière et politique de l'ADEME

La politique de l'ADEME s'inscrit dans le cadre du contrat d'objectif 1995-1998 conclu avec l'Etat, qui a défini treize " grands programmes " d'action et fixé des indicateurs d'évaluation. En matière d'environnement, les programmes concernent le bois-énergie, les biocarburants et bio-molécules, les déchets industriels banals, les déchets spéciaux et ultimes, les sites pollués, la réduction des émissions polluantes atmosphériques et les véhicules alternatifs.

En ce qui concerne le champ de compétences " environnement " de l'Agence, les années 1996 et 1997 ont été marquées par les faits suivants :

- avec un taux porté à 30 francs par tonne au 1er janvier 1996 et 35 francs par tonne au 1er janvier 1997, la taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés, gérée par l'ADEME dans le cadre du fonds de modernisation de la gestion des déchets, (FMGS) est devenu un puissant levier pour soutenir la modernisation d'ensemble de la filière collecte-élimination, en concertation avec les collectivités locales et avec les professionnels concernés ;

- en juin 1996 a été mis en place le comité de gestion de la taxe sur le traitement et le stockage des déchets industriels spéciaux ; dans ce cadre, l'ADEME a engagé les opérations les plus urgentes, s'agissant de la réhabilitation des sites " orphelins " pollués par des déchets industriels spéciaux ; elle a ainsi conduit la maîtrise d'ouvrage des travaux de réhabilitation sur 24 sites en 1996 ;

- dans le cadre du programme de mise en oeuvre de la loi sur l'air, l'Etat soutient de manière accrue le développement des réseaux de mesure de la pollution atmosphérique dans l'ensemble des agglomérations de plus de 100.000 habitants. L'ADEME est notamment chargée de réaliser des achats groupés de matériels.

Sur le plan financier, l'essentiel des moyens d'intervention de l'ADEME dans le domaine de l'environnement provient désormais des taxes fiscales et parafiscales. La subvention du ministère de l'environnement dans le projet de loi de finances pour 1998 est de 52 millions de francs en autorisations de programme. Elle marque un recul de 53,57 % par rapport à 1997, après avoir déjà diminué de 53,33 % entre 1997 et 1996.

Pour permettre à l'ADEME de financer ses dépenses de fonctionnement, le Gouvernement précédent avait augmenté le prélèvement pour frais de gestion au projet du FMGS sur le produit de la taxe de stockage des déchets ménagers et des déchets industriels spéciaux. La loi de finances rectificative pour 1996 autorisait, pour 1996 et 1997, que le prélèvement soit fixé par arrêté conjoint du ministre chargé de l'environnement et du ministre du budget, dans la limite de 8 % du projet brut de la taxe.

En conséquence, le décret n° 96-391 du 10 mai 1996 a modifié le décret du 29 mars 1993 pour fixer le montant de ce prélèvement à 5,5 % en 1996, 5,25 % en 1997 et 5 % à compter de 1998. Mais l'habilitation législative cessant au 1er janvier 1998, la situation doit être revue pour les années à venir et, dans le projet de loi de finances pour 1998, l'Assemblée nationale a proposé de proroger le dispositif pour deux ans. En tout état de cause, compte tenu de la diminution sans doute définitive des subventions en provenance du ministère de l'environnement, il faut réfléchir à un dispositif de financement pérenne.

Mais cette réflexion sur les ressources financières de l'Agence doit s'accompagner de mesures immédiates pour lui permettre de retrouver un fonctionnement satisfaisant.

Le conseil d'administration ne s'est pas réuni depuis janvier 1997 et son président n'a toujours pas été nommé depuis juin dernier. En conséquence, nombre de décisions sont en attente, comme par exemple l'adoption d'un barème plus favorable pour l'attribution des aides du fonds de modernisation de la gestion des déchets. Le comité de gestion de ce fonds a proposé en mars 1997 de doubler le taux des aides aux projets de collectes sélectives et de recyclage, mais la décision doit être prise par le conseil d'administration de l'ADEME. Beaucoup de projets élaborés par les collectivités locales se retrouvent en attente, alors même que cette modification permettrait de corriger le choix du " tout incinération " trop souvent privilégié dans les plans départementaux d'élimination des déchets.

Il importe donc que la situation se débloque au plus vite afin que l'agence retrouve sa pleine efficacité, notamment comme appui financier auprès des collectivités locales.

2. Les taxes fiscales et parafiscales gérées par l'ADEME

PRODUIT DES TAXES GÉRÉES PAR L'ADEME

(en millions de francs)

Constaté 1996

Estimé 1997

Taxe d'atténuation des nuisances sonores

35,5

39,7

Taxe sur les huiles de base

117,6

117,0

Taxe sur la pollution atmosphérique

146,0

188,4

Taxe sur les déchets ménagers et assimilés

668,0

764,0

Taxe sur les déchets industriels spéciaux

89,3

88,6

TOTAL

1 056,4

1 197,7

a) La taxe sur les déchets ménagers et assimilés

Cette taxe a été créée par la loi du 13 juillet 1992, qui a introduit un nouvel article 22-1 dans la loi du 15 juillet 1975. Le décret du 29 mars 1993 modifié et le décret du 18 septembre 1995 ont précisé les modalités de perception, d`affectation et de gestion de cette " taxe sur le traitement et le stockage des déchets ".

S'agissant des déchets ménagers et assimilés, les assujettis sont les exploitants des décharges, qui versent leur contribution à l'ADEME, au taux de 35 francs par tonne en 1997 et de 40 francs par tonne en 1998, sachant que le montant du forfait minimal annuel de taxation de chaque décharge a été réduit de 5.000 francs à 2.000 francs.

S'agissant des principes d'affectation de la taxe sur les déchets ménagers et assimilés, dans le cadre du fonds de modernisation de la gestion des déchets, la loi du 2 février 1995 a apporté deux modifications au régime antérieur :

- la possibilité de financer la remise en état des installations de stockage et des terrains pollués ; au 31 décembre 1996, l'ADEME avait déjà conclu à cette fin des conventions avec 27 départements ;

- l'aide aux départements prenant la responsabilité d'élaborer et de mettre en oeuvre les plans départementaux d'élimination des déchets (cela concerne actuellement l'Aisne, la Lozère, le Haut-Rhin, la Creuse, le Tarn-et-Garonne et la Réunion).

b) La taxe sur les déchets industriels spéciaux (DIS)

Cette taxe a été créée par la loi du 2 février 1995 et plusieurs décrets, dont celui n° 97-517 du 15 mai 1997 ont précisé le régime de perception et d'affectation de la taxe.

Fixée au même taux que la taxe sur les déchets ménagers et assimilés, la taxe est perçue, d'une part, sur les installations de traitement des DIS et, d'autre part, sur les installations de stockage ; les DIS qui sont déposés dans les centres de stockage sans traitement préalable entraînent un paiement de la taxe au taux double.

Conformément aux dispositions de l'article 22-3 nouveau de la loi du 15 juillet 1975, le produit de la taxe est entièrement consacré, déduction faite des frais de gestion de l'ADEME, au financement de la réhabilitation des sites pollués par les déchets industriels spéciaux, dès lors que la défaillance des responsables a été constatée (sites dits " orphelins ").

c) La taxe d'atténuation des nuisances sonores

Cette taxe a été créée par la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit et ses modalités de gestion ont été précisées par le décret du 20 juin 1994. Son taux a été augmenté au 1er janvier 1996 pour les décollages de nuit et pour les avions les plus bruyants.

Le décret du 18 mars 1994 a défini les modalités d'établissement des plans de gênes sonores relatifs aux six aérodromes (Paris-Orly, Paris-Charles de Gaulle, Lyon-Satolas, Nice-Côte d'Azur, Marseille-Provence et Toulouse-Blagnac).

Le produit de la taxe est de 45,8 millions de francs en 1996, ce qui représente 50 centimes par passager et le taux de recouvrement de la taxe dépasse 97,4 % pour l'ensemble des compagnies. L'ADEME, qui assure la gestion de la taxe, attribue aux riverains des aérodromes, sur proposition de la commission concernée, des fonds pour les aider à réaliser des travaux d'isolation, ou alors participer à des opérations de rachat des bâtiments les plus exposés au bruit.

Lors de la discussion des crédits de l'environnement, dans le projet de loi de finances pour 1998, l'Assemblée nationale a adopté un article additionnel modifiant le régime de cette taxe :

- cet article élargit le champ d'application de la taxe aux aéroports de province importants en abaissant le seuil de 40.000 à 20.000 mouvements par an. Trois plates-formes aéroportuaires viendront s'ajouter à la liste et il s'agit de Mulhouse-Bâle, Bordeaux-Mérignac et Strasbourg-Entzheim ;

- de plus, il propose le doublement du produit de la taxe d'ici à 1999 en en relevant le taux de 34 francs actuellement à 51 francs en 1998 et 68 francs en 1999. Le produit de la taxe s'élèverait alors à 82 millions de francs, soit 1 franc par passager, à comparer au montant de la taxe sur le bruit acquittée aux Pays-Bas qui représente 12 francs par passager.

Cette proposition de doublement progressif de la taxe paraît raisonnable étant donné la hausse importante des besoins d'insonorisation des riverains, notamment du fait de l'extension des pistes de Roissy. De plus, il s'avère que le coût d'insonorisation des bâtiment sanitaires et sociaux a été manifestement sous-évalué. Ainsi, pour la seule région Ile-de-France, le montant des travaux d'aide aux riverains, ainsi que ceux d'insonorisation des établissements sanitaires et sociaux dépassent 1 milliard de francs.

d) La taxe parafiscale sur les huiles usagées

Mis en place à partir de 1986 et géré alors par l'Agence nationale pour la récupération et l'élimination des déchets (ANRED), le dispositif de récupération et d'élimination des huiles usagées est actuellement fondé sur le décret du 31 août 1994 qui a institué une taxe parafiscale sur les huiles de base. Les pouvoirs publics envisagent de procéder à une modification de l'assiette de la taxe, afin de la limiter aux seuls lubrifiants, huiles et préparations lubrifiantes dont l'utilisation génère des huiles usagées. Actuellement, la taxe a pour assiette le tonnage d'huiles neuves ou régénérées, mises sur le marché en France, au taux de 150 francs par tonne et son produit est estimé à 116 millions de francs pour 1997; Son recouvrement est assuré par la direction générale des douanes et l'ADEME la gère dans le cadre d'un comité ad hoc, où sont représentés les administrations et les professionnels concernés par la filière " huiles ".

L'essentiel du produit de la taxe est consacré au financement des activités de collecte des huiles usagées, en vue de leur élimination par incinération à ou de leur régénération. En 1996, plus de 80 % du volume total d'huile usagée a pu être ainsi collecté.

e) La taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique

Comme cela a été rappelé à l'occasion du bilan de l'application de la loi du 31 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, cette taxe, créée en 1985, avait été reconduite pour une durée de cinq ans par le décret du 11 mai 1990. Elle était versée par les installations émettant des rejets dans l'atmosphère (émissions soufrées, émissions azotées, émissions d'acide chlorhydrique), chaque famille de polluant étant taxée au taux de 150 francs par tonne. Les cotisations versées par les assujettis aux réseaux de mesure de la pollution atmosphérique étaient déductibles de la taxe. Le décret du 3 mai 1995 a reconduit ce dispositif, en l'élargissant aux émissions de composés organiques volatiles et en portant le taux de taxation à 180 francs par tonne.

L'ADEME gère le produit de la taxe parafiscale, soit 186,1 millions de francs en 1996, sous l'autorité d'un comité ad hoc, présidé par le directeur de la prévention des pollutions et des risques, où siègent des représentants des administrations, des professionnels concernés et des associations de protection de l'environnement.

La taxe est principalement affectée au financement des réseaux de surveillance de la qualité de l'air, à la mise en place d'équipements et au développement de techniques innovantes de réduction de la pollution atmosphérique.

III. LES DÉPENSES D'ENVIRONNEMENT DES COLLECTIVITÉS LOCALES

(en millions de francs)

1994

1995

1996

Evolution 95/96 (%)

I Dépenses de protection de l'environnement

70 072

74 999

77 979

+ 3,97

dont Eau (assainissement-épuration)

39 481

42 776

44 095

+ 3,08

Déchets

23 066

24 533

26 004

+ 6,00

Nettoyage des rues

5 155

5 300

5 470

+ 3,21

Bruit

625

645

630

- 2,33

Protection patrimoine écologique

1 745

1 745

1 780

+ 2,01

II Dépenses " périphériques " de gestion des ressources naturelles

36 900

37 650

38 620

+ 2,58

dont mobilisation de la ressource en eau

28 800

29 220

29 840

+ 2,12

amélioration du cadre de vie

8 100

8 430

8 780

+ 4,15

TOTAL

106 912

112 649

116 599

+ 3,51

En 1996, la croissance des dépenses des collectivités locales en matière d'environnement a été modérée (+ 4 %) après de fortes progressions constatées en 1994 (+ 11 %) et 1995 (+ 7 %). C'est la gestion des eaux usées et des déchets qui représentent près de 90 % des dépenses, qui expliquent l'essentiel de cette augmentation.

L'environnement demeure encore une priorité pour les collectivités locales, et ce malgré le ralentissement économique constaté. En 1997, cette tendance s'est sans nul doute confirmée et, selon le rapport annuel publié par Bipe-Conseil, plusieurs facteurs y ont contribué : le lancement du VIIe programme des agences de l'eau, la mise en application des plans de gestion relatifs aux déchets ménagers, dont la quasi totalité devrait être adoptée fin 1997, et la mise en application de la loi du 31 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie.

A. LES DÉPENSES D'ASSAINISSEMENT-ÉPURATION

Le champ du compte de la gestion des eaux usées, tel qu'il est défini dans le Système européen de rassemblement de l'information économique sur l'environnement (SERIEE) comprend essentiellement les éléments suivants :

- prévention de la pollution de l'eau à travers des modifications de procédés ;

- réseaux d'assainissement ;

- traitement des eaux usées ;

- mesure, contrôle, analyses.

Les dépenses de fonctionnement sont en forte progression, avec un doublement entre 1990 et 1996. Cette augmentation est due à plusieurs facteurs : le plus grand nombre de ménages et d'entreprises desservis par les réseaux d'assainissement, l'augmentation de la capacité de traitement des eaux usées, le développement de modes de traitement plus performants et donc plus coûteux.

Les investissements ont connu, pour leur part, une baisse sensible sur la période 1991-1996 de l'ordre de 5% en francs courants sur l'ensemble des cinq années. Celle-ci résulte des deux évolutions suivantes :

- dans le domaine des réseaux d'assainissement, les investissements ont fortement chuté à partir de 1992, passant de 13 milliards de francs en 1991 à 9,5 milliards en 1993. Cette évolution serait due, pour l'essentiel, aux fortes variations des prix des travaux, qui auraient diminué de l'ordre de 30 % sur cette période. En 1994 et 1995, le montant des investissements se redresse, sans toutefois retrouver leur niveau antérieur. Il chute à nouveau en 1996 de 2 % ;

- dans le domaine du traitement des eaux usées, les investissements ont augmenté à un rythme soutenu, passant de 2,3 milliards de francs en 1990 à 5,1 milliards en 1995. Les objectifs fixés par la réglementation, notamment la directive européenne du 21 mai 1991 et la loi sur l'eau du 3 janvier 1992, imposent un effort important aux collectivités locales pour l'épuration de leurs eaux usées. Le rythme des investissements connaissait toutefois un ralentissement en 1995, auquel succède une baisse de près de 8 % en 1996.

Les grands sites industriels ont réglé à 80 % les problèmes de leurs rejets polluants tandis que les investissements consentis par les communes pour la modernisation de leur système d'assainissement ont permis une progression de 14 % du taux de dépollution de 1986 à 1995. Malgré ces progrès considérables, la pollution domestique demeure une des principales sources de dégradation des cours d'eau, avec la pollution d'origine agricole.

Environ 95 % des agglomérations de plus de 10.000 équivalents-habitants sont équipés d'une station d'épuration dont le rendement d'épuration moyen atteint 74 %. La filière prépondérante est le traitement par boues activées qui représente environ 60 % du nombre de stations d'épuration et 70 % de la capacité de traitement.

Mais, 56 % de la pollution brute par les matières organiques des agglomérations de plus de 10.000 équivalents-habitants est encore rejeté, sans traitement, dans le milieu naturel.

L'objectif est de porter, d'ici à l'an 2005, le taux d'élimination des pollutions rejetées dans les milieux aquatiques de moins de la moitié à l'heure actuelle à près des deux tiers, en portant l'effort, de façon prioritaire, sur les agglomérations urbaines et, dans un premier temps, sur celles de plus de 10.000 habitants ainsi qu'en privilégiant dans les zones rurales le recours aux techniques moins onéreuses de l'assainissement individuel.

Il s'agit d'appliquer les objectifs de la directive du 21 mai 1991 relative à la collecte et au traitement des eaux urbaines, transcrite en droit français par l'article 35 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 et le décret du 3 juin 1994 pris pour son application.

L'impact financier de l'adoption de la directive européenne sur les eaux résiduaires urbaines de 1991 a été estimé pour les collectivités locales à 83 milliards de francs sur la période 1992-2005. Aujourd'hui, les investissements réalisés correspondent à 40 % de ce montant global. Il est donc réaliste de penser que, grâce au maintien du soutien financier des agences de l'eau, les collectivités locales poursuivront ce rythme d'investissement et que l'ensemble du programme de mise en conformité des équipements d'assainissement avec les exigences de la directive européenne pourra être réalisé d'ici au 31 décembre 2005.

B. LES DÉPENSES DE TRAITEMENT DES DÉCHETS

Le compte de la gestion des déchets , tel qu'il est défini dans le SERIEE, comprend les éléments suivants :

- prévention de la production de déchets ;

- collecte et transport ;

- traitement et élimination ;

- mesure, contrôle, analyses.

Les dépenses relatives à la collecte sélective et au tri des déchets sont incluses dans ce compte, mais ni le recyclage ni les recettes qui lui sont associées.

Les dépenses relatives à la gestion des déchets municipaux connaissent une progression soutenue depuis 1992/1993, ce qui peut être rapproché de l'adoption de la loi du 13 juillet 1992 sur les déchets.

La forte augmentation des dépenses courantes (près de 9 % par an sur la période 1990-1996) peut s'expliquer par plusieurs facteurs :

- un effet mécanique compte tenu de l'augmentation de la quantité de déchets municipaux produits et collectés ;

- le développement de modes d'élimination plus complets. Les déchets municipaux sont moins mis en décharge et subissent des traitements plus poussés. Ainsi, selon les inventaires de l'ADEME, la proportion d'ordures ménagères mises en décharge est passée de 49,9 % en 1989 à 47 % en 1993. Dans le même temps, celle de déchets incinérés est passée de 42,3 % à 45,8 %. Ces traitements plus complets ont un coût plus important, qui se répercute sur la dépense ;

- le fort développement de la collecte sélective depuis le début des années 1990, qui est également un facteur d'augmentation des coûts. Dans les agglomérations de plus de 30.000 habitants, la collecte du verre est passée de 85 % des communes en 1988 à 96 % en 1994. Toujours en 1994, 2,8 % de ces communes sont désormais concernées par le tri à la source et 44 % par la collecte du papier. Enfin, le nombre de déchetteries a plus que doublé, passant, selon l'ADEME, de 350 en 1990 à 885 en 1993.

Les dépenses d'investissement, après avoir augmenté de 9 % également sur 1990-1994, ont baissé de 5 % en 1995 et de près de 7 % en 1996. Cette baisse peut s'expliquer par un remplacement progressif des installations de traitement de petite taille et peu adaptées à des traitements diversifiés par des installations plus performantes.

Toujours selon les inventaires de l'ADEME, le nombre d'installations autorisées de transit et traitement des ordures ménagères et assimilés est relativement stable entre 1989 et 1993, passant de 1.031 à 1.060. Cette faible progression masque plusieurs effets :

- le développement des installations dotées de modes de traitement différents (103 en 1993 contre 23 en 1989) ;

- une substitution des installations de petite taille par des installations plus importantes. Entre 1989 et 1993, le nombre d'installations traitant plus de 100.000 tonnes par an a augmenté de 158 (4 centres d'incinération, 84 décharges équipées d'engins de compactage et 70 centres de transit).

L'intervention de l'ADEME sur les projets des collectivités locales pour le traitement des déchets.

Les aides de l'ADEME se font au titre de :

- la taxe parafiscale sur les huiles de base pour l'aide à l'acquisition de conteneurs de collectes d'huiles usées. En 1996, l'aide totale s'est élevée à 768.000 francs. Il est prévu d'engager 1 million de francs en 1997 sur ce poste ;

- la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique par l'aide aux équipements de traitement des fumées des usines d'incinération. A compter de 1996, la nouvelle taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique a introduit des limitations aux aides destinées aux installations existantes, dans le respect de l'encadrement communautaire des aides d'Etat. Dans ce contexte et compte tenu des échéances de la réglementation, aucune demande d'aide compatible avec ces nouvelles règles n'a été enregistrée en 1996 et 1997.

Fin 1996, la Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques (DPPR) au ministère de l'environnement a dressé la liste des incinérateurs traitant plus de six tonnes d'ordures par heure qui n'ont pas été mis aux normes européennes, soit environ quarante incinérateurs qui représentent plus de 50 % des incinérateurs existant en 1991, et émettent des quantités non négligeables de dioxine. Certains de ces incinérateurs seront fermés en l'an 2000, et les municipalités jugent en conséquence inutile d'y réaliser des travaux de mises aux normes.

Plus généralement, le problème de la mise aux normes des incinérateurs conduit à s'interroger sur les orientations de la politique française en matière de déchets, qui privilégie l'incinération : la France compte 320 usines d'incinérations, quand le reste de l'Europe en possède 525 au total et d'ici à 2002, les prévisions tablent sur 150 à 240 unités supplémentaires, dont une partie viendra en remplacement du parc existant hors-normes ;

- le fonds de modernisation de la gestion des déchets (FMGD). L'aide aux communes pour leurs investissements s'est élevée à 258,7 millions de francs en 1995. La totalité des aides à l'investissement accordées aux communes devrait atteindre 240 millions de francs cette année, ce qui marque un léger retrait par rapport à 1995.

En premier lieu, les projets susceptibles d'être aidés par le fonds de modernisation de la gestion des déchets doivent être compatibles avec le plan départemental d'élimination des déchets, être présentés par une structure intercommunale, s'insérer dans la politique nationale de valorisation des emballages et prendre en compte le devenir des déchets ultimes.

De plus, le montant de l'aide pourra être modulé selon le degré d'innovation ou de performance des équipements choisis, le contenu en création d'emplois et le contexte dans lequel s'inscrit le projet commune particulièrement isolée ou économiquement défavorisée.

Pour la période 1997-1999, le Comité de gestion du FMGD a fait des propositions, en attente d'approbation par le conseil d'administration de l'ADEME, pour modifier le barème des aides afin de favoriser la réalisation des investissements en amont de l'incinération, c'est-à-dire les collectes séparatives, le compostage à partir de ces collectes séparatives, les déchetteries, les centres de transfert et les centres de tri. L'ensemble de ces investissements serait financé à hauteur de 50 %.

Lors des 4èmes Assises nationales des déchets, la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a confirmé les objectifs de la loi du 13 juillet 1992 sur la récupération des déchets, notamment la fermeture des décharges d'ici à 2002.

- Un arrêté du 9 septembre 1997 fixe les règles de fonctionnement des décharges existantes, et des nouvelles installations de stockage de déchets ménagers et assimilés. Actuellement, on recense encore quelques 5.000 décharges dont 3.000 sont illégales et dont 95 % ne respectent pas cet arrêté.

- Au-delà, la politique du ministère est d'infléchir les orientations adoptées, pour ne pas privilégier la solution du " tout incinération ". Cette solution a été en effet assez facilement retenue dans les schémas départementaux d'élimination des déchets, en prévoyant des unités aux capacités souvent surdimensionnées, ce qui freine, pour des impératifs de rentabilité économique, le développement des autre filières alternatives telles que le recyclage ou la revalorisation énergétique.

*

* *

Suivant la proposition de son rapporteur, la Commission des Affaires économiques a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat en ce qui concerne l'adoption des crédits consacrés à l'environnement.

EXAMEN PAR LA COMMISSION

Dans une séance tenue le mercredi 19 novembre 1997, sous la présidence de M. Jean Huchon, vice-président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Bernard Hugo sur les crédits consacrés au logement dans le projet de loi de finances pour 1998.

Après avoir souligné que les crédits demandés pour 1998 au titre de l'environnement s'élevaient à 1.885,47 millions de francs en progression de 0,9 % par rapport à 1997, le rapporteur pour avis s'est demandé si les orientations prises par le Gouvernement constituaient de réelles priorités pour la protection de l'environnement.

Il a indiqué que les choix budgétaires portaient sur l'amélioration de la protection de la nature, notamment par l'augmentation des crédits destinés aux parcs nationaux, un soutien renforcé aux associations intervenant en matière d'environnement et l'accroissement des moyens de l'administration générale.

S'agissant des crédits consacrés à l'administration générale qui s'élèvent à 574,60 millions de francs, soit une hausse de 2,12 %, M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis, a noté que le projet de loi de finances pour 1998 permettait la création de 34 emplois, dont 10 emplois dans les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE) pour l'inspection des installations classées industrielles et 18 emplois dans les directions régionales de l'environnement (DIREN).

Le rapporteur pour avis a reconnu que l'administration de l'environnement était une administration jeune qui se devait de consolider son implantation et son rôle au sein de l'administration territoriale, mais il a considéré que dans un contexte budgétaire de limitation des dépenses publiques, la création nette de 34 emplois était quelque peu excessive, d'autant plus que cet alourdissement des dépenses d'administration générale se faisait au détriment de certains crédits d'intervention.

A l'inverse des efforts de maîtrise budgétaire menés en 1996 et 1997, M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis, a souligné que les moyens de paiement de l'agrégat " connaissance de l'environnement et coopération internationale " augmentaient de 8,97 %, en raison de la très forte augmentation des subventions aux associations, afin de favoriser la constitution d'instances fédératives capables de structurer la coopération des associations et pour appuyer une meilleure représentation du mouvement associatif français dans les négociations internationales.

Sans remettre en cause le rôle très positif des associations dans la prise en considération par nos concitoyens des impératifs de l'environnement, le rapporteur pour avis s'est demandé si la hausse des subventions les concernant devait constituer une priorité gouvernementale, au détriment de certains autres types d'intervention.

S'agissant des dotations consacrées à la protection de la nature, fixées à 536 millions de francs au titre des dépenses ordinaires et des crédits de paiement, il a relevé que l'effort le plus important était consenti en faveur des parcs nationaux, du réseau des réserves naturelles et des parcs naturels régionaux, ainsi qu'en faveur du programme de biodiversité.

Il a notamment rappelé que trois projets de parcs étaient déjà à l'étude en 1997 : le Parc national de la forêt tropicale en Guyane, le Parc national marin en Corse et le Parc national marin de la mer d'Iroise.

Après s'être déclaré satisfait de la reconduction des moyens de fonctionnement des parcs naturels régionaux, à hauteur de 29,8 millions de francs, il a souligné qu'une quinzaine de projets étaient à l'étude, tout en relevant que le contenu de certains d'entre eux faisait apparaître les limites du dispositif juridique, s'agissant de territoires déjà très dégradés ou fortement urbanisés cherchant à préserver ce qui leur reste d'espaces naturels.

Il a rappelé que la mission menée par son collègue M. Gérard Larcher sur les territoires périurbains avait justement pour objet de proposer des formules nouvelles pour ce type de territoires.

En ce qui concerne les actions destinées à préserver la diversité biologique, qui bénéficient d'une dotation de 34,7 millions de francs, il a précisé que 5,5 millions de francs étaient affectés à l'établissement des listes de sites proposés pour le réseau Natura 2000 et pour l'élaboration des documents d'objectifs et de gestion des futurs sites retenus.

Il a indiqué que la France avait pris beaucoup de retard par rapport aux autres pays européens et qu'elle risquait donc d'être traduite devant la Cour de justice des Communautés européennes pour manquement aux obligations découlant de cette directive, sachant que les autres Etats européens avaient adressé à la Commission des projets de listes plus ou moins complets.

Il a fait valoir, en effet, qu'une comparaison au niveau européen faisait ressortir que seules la Grèce et l'Italie avaient communiqué des propositions de territoires importants (entre 13 et 17 % du territoire) et que seulement cinq pays (Belgique, Italie, Grèce, Portugal et Suède) avaient envoyé des propositions complètes.

Il a rappelé qu'au niveau français, la procédure de consultation prévue par le décret du 5 mai 1995 avait été relancée par une circulaire du 11 août 1997 du ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement aux préfets de département et qu'une première liste constituée d'espaces protégés, de forêts domaniales et d'espaces volontaires, notamment ceux qui souhaitaient bénéficier d'un financement LIFE en 1998, devait être transmise à l'automne par le Gouvernement.

Il a ajouté, qu'à sa connaissance, le Gouvernement avait envoyé à Bruxelles une première liste de 74 sites concernant la région alpine, trop tardivement pour que la réunion d'évaluation avec les Etats membres concernés par les sites alpins, tenue à Salzbourg le 20 octobre dernier, puisse les prendre en compte.

Le rapporteur pour avis a également déploré que le retard pris par la France la pénalise en ce qui concerne l'attribution des financements dans le cadre du programme LIFE, très peu de dossiers présentés par la France ayant été retenus en 1996 et 1997.

A propos de la politique de l'eau dont les crédits s'établissent à 229,8 millions de francs en moyens de paiement, soit une baisse de 12,47 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1997, il a considéré que la diminution apparente des dotations pourrait être compensée par l'apport d'un fonds de concours créé en 1997 et alimenté par les Agences de l'eau à hauteur de 110 millions de francs par an.

Il a rappelé que, sur le principe de la participation des agences de l'eau au financement de missions exercées par l'Etat, la commission avait adopté une position extrêmement réservée, considérant en effet que la participation des agences à l'entretien des cours d'eau et à la restauration des zones d'expansion des crues dépassait l'intérêt commun de chacun de leur bassin et que ce prélèvement annuel de 110 millions de francs pourrait remettre en cause l'équilibre financier des agences alors même que le montant des redevances devait être stabilisé pendant la durée du VIIe programme.

En évoquant la politique de prévention des pollutions et des risques -pour laquelle les crédits de paiement inscrits restent constants-, le rapporteur pour avis a renvoyé à son rapport écrit qui fait le bilan de la prise en compte des risques naturels dans l'aménagement et la gestion des sites pollués.

Présentant la mise en oeuvre de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996, il a déploré le relatif désengagement de l'Etat en ce qui concerne la mise en oeuvre de la surveillance de la qualité de l'air.

A propos de la mise en place de ce dispositif dans l'ensemble des agglomérations de plus de 100.000 habitants avant le 1er janvier 1998 et sur l'ensemble du territoire national avant le 1er janvier 2000 pour lesquels 200 millions de francs de crédits avaient été dégagés dès 1996, et reconduits en 1997, il a indiqué que dix agglomérations restaient encore à couvrir, sur les 26 devant être équipées, et il a déploré que pour 1998, les crédits inscrits soient en diminution de 15 % avec seulement 170 millions de francs.

Constatant que la mise en oeuvre des plans de protection de l'atmosphère, rendus obligatoires dans les agglomérations de plus de 250.000 habitants par l'article 8 de la loi, n'était plus évoquée dans les réponses du ministère, le rapporteur pour avis a souligné, en outre, que 50 millions de francs seulement étaient inscrits en 1998 pour financer l'équipement des réseaux.

Il s'est inquiété de l'alourdissement annoncé de la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, dont le taux devrait être prochainement porté à 250 francs par tonne pour dégager un produit supplémentaire de 37 millions de francs, à affecter à l'équipement des réseaux de surveillance de la qualité de l'air.

M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis, a ajouté qu'en tout état de cause cet apport supplémentaire (87 millions de francs au total) ne permettait pas de retrouver le niveau atteint en 1997 à savoir 110 millions de francs.

S'agissant des autres dispositions de la loi sur l'air, il a fait remarquer que presque douze mois après le vote de la loi sur l'air, aucun texte d'application n'avait été encore publié.

Il a jugé globalement satisfaisante la mise en oeuvre du dispositif de circulation alternée décrétée à Paris le 1er octobre 1997 par le préfet, sur la base de l'article 12 de la loi, en raison d'une pollution au dioxyde d'azote de niveau trois.

Il a ajouté que le critère pair et impair avait été retenu faute de disposer de textes d'application de l'article L. 8-A du code de la route instituant la pastille verte et il a évoqué les négociations entre le ministère de l'industrie et celui de l'environnement, portant sur les véhicules à moteur Diesel équipés d'un pot catalytique immatriculés en France depuis le 1er janvier 1997, auxquels les défenseurs de l'environnement s'opposent par crainte de voir réhabiliter le moteur Diesel.

Sachant que la solution de compromis proposerait la création d'un label à deux niveaux qui ferait la distinction entre les voitures ayant le droit de rouler en toutes circonstances et celles ne disposant de cette possibilité que presque tout le temps, le rapporteur pour avis a plaidé pour un dispositif raisonnable et pragmatique, dont le coût social et économique serait acceptable pour tous. Il a dénoncé, sur ce sujet, l'intransigeance des lobbies écologistes, considérant, quant à lui, que la solution du Diesel à pot catalytique était moins polluante que les anciens moteurs Diesel.

Il a, enfin, déploré que tout un volet de la loi consacré aux encouragements pour des véhicules ou des carburants propres, tels que les biocarburants, soit resté lettre morte faute de texte d'application, à commencer par le rapport sur la fiscalité des carburants qui aurait dû être déposé devant le Parlement avant l'examen du projet de loi de finances pour 1998.

Compte tenu des réserves émises sur les orientations du budget concernant l'augmentation des crédits d'administration générale pour financer 34 emplois supplémentaires, l'augmentation des crédits de subvention aux associations et le choix d'un alourdissement des taxes parafiscales qui pèsent sur les entreprises, le rapporteur pour avis a proposé à la commission de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'environnement.

Evoquant la mise en oeuvre de Natura 2000, Mme Janine Bardou a regretté que la liste des sites alpins français n'ait pas été transmise à temps à la Commission européenne, alors même que localement, les réunions avaient été organisées très vite par les préfets pour respecter l'échéance de la réunion de Salzbourg. Elle a déploré par ailleurs que la sélection des sites ne s'accompagne d'aucun élément sur les contraintes de gestion envisagées ni sur les compensations financières à attendre. Elle a observé, enfin, que la réforme des fonds structurels pourrait décider d'inclure un critère environnemental pour sélectionner les projets.

En ce qui concerne le budget de l'environnement proprement dit, elle a déploré que les augmentations ne portent pas sur les crédits d'intervention mais sur les moyens de fonctionnement du ministère pour, en définitive, renforcer les contrôles sur les acteurs de terrain. A propos des associations, dont elle a salué le travail, elle a jugé que localement, leur prise en compte dans le débat public se faisait bien souvent au détriment des élus locaux, qui se trouvaient en minorité. En se référant au problème du classement des Gorges du Tarn qui soulève beaucoup d'hostilité de la part des populations, elle a critiqué les méthodes peu consensuelles de la direction générale de l'environnement pour mener les négociations.

Mme Odette Terrade a exprimé des réserves sur la faiblesse du budget de l'environnement en se déclarant notamment préoccupée par l'insuffisance des crédits affectés à la lutte contre la pollution et les risques. Elle a craint également que la participation des agences de l'eau à la politique de l'eau ne se répercute sur le prix de l'eau pour les usagers.

Compte tenu de ces réserves, elle a annoncé que le groupe communiste s'en remettrait à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits de l'environnement, en souhaitant à l'avenir que des moyens conséquents soient effectivement affectés à la protection de l'environnement.

M. Jean Peyraffitte , après avoir félicité Mme Janine Bardou pour sa nomination à la présidence du groupe d'études sur la montagne, a dénoncé les méthodes scientifiques employées pour sélectionner les sites proposés pour le réseau Natura 2000, sans consultation des acteurs locaux. Il s'est félicité de l'action menée par l'Association nationale des élus de la montagne, en direction notamment de Mme Corinne Lepage, ancien ministre de l'environnement, pour reprendre la sélection des sites sur des bases plus pragmatiques et en concertation avec les élus locaux. Il s'est étonné que la réunion de Salzbourg du 20 octobre 1997 n'ait pas pris en compte les sites français, alors même que Mme Dominique Voynet avait relancé la procédure de consultation des élus locaux sur une première liste de sites à transmettre à l'automne. Il a jugé en conséquence que la France ne pouvait faire l'objet d'une saisine de la Cour de justice européenne.

M. Michel Doublet s'est inquiété de l'absence d'informations sur les contraintes de gestion, et la définition de " perturbation " appliquée dans les sites Natura 2000. Il a jugé que les conclusions de l'arrêt Regina constituaient un précédent très préoccupant s'agissant du développement des activités économiques. Enfin, à propos des agences de bassin, il s'est félicité des actions qu'elles avaient menées à travers leurs programmes successifs.

M. Louis Moinard a fait valoir que le souci de la protection de l'environnement était désormais partagé par tous les acteurs et élus locaux, mais il a dénoncé le manque d'information concernant les contraintes de gestion à respecter dans les futurs sites du réseau Natura 2000. Il s'est enfin interrogé sur l'avenir des aides européennes.

En réponse, M. Bernard Hugo, rapporteur pour avis, a considéré que les premiers sites transmis ne posaient pas de difficultés majeures puisqu'il s'agissait de sites déjà protégés en droit français ; il s'est néanmoins interrogé sur leur intérêt au regard des critères de sélection pour le réseau Natura 2000. Il a également déploré qu'aucun élément fiable ne soit transmis sur les contraintes de gestion envisagées dans les sites Natura 2000. Il a enfin regretté la lenteur des délais de transmission de la première liste de sites alpins, au niveau du ministère.

M. Michel Barnier a fait valoir que le budget modeste du ministère de l'environnement jouait un rôle d'impulsion et de levier important notamment à travers des établissements publics comme les agences de l'eau ou l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). S'agissant de la présence de la France dans les conférences internationales, dont il a jugé qu'elle était très insuffisante, il a souhaité voir renforcer la cellule internationale du ministère.

Il a, aussi, estimé que les actions des agences de l'eau avaient été fondamentales pour améliorer la qualité de l'eau distribuée et il s'est interrogé sur le contenu de la réforme annoncée par la ministre chargée de l'aménagement du territoire et de l'environnement, à la suite du rapport de la Cour des Comptes. Il s'est enfin inquiété de l'insuffisante consommation des crédits d'Eco-emballage.

Mme Janine Bardou a rappelé que dans le cadre des schémas départementaux d'élimination des déchets, les collectivités locales feraient un effort important pour développer d'ici à 2002 des solutions de tri sélectif en amont, afin de réduire le recours aux usines d'incinération.

La commission a alors décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat pour l'adoption du budget de l'environnement , le groupe socialiste se déclarant favorable à son adoption.



1 Rapport d'information n° 309 (1996-1997) au nom de la Commission des Affaires économiques et du Plan par le groupe de travail sur la mise en oeuvre de la directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.


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