II. LES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT RURAL

Depuis les lois de décentralisation, les ministères concernés -les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie, aidés d'un conseil, pour le fonds d'amortissement des charges d'électrification (FACE) ; le ministère de l'Agriculture, aidé d'un comité pour le FNDAE- sont uniquement chargés de la répartition de l'enveloppe entre les départements. Ce sont ces derniers qui, en application de l'article 110 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983, ont en charge la programmation des aides du FNDAE et du FACE, en fonction des travaux à réaliser sur leur territoire.

Cependant, il est important de recenser les crédits d'équipements publics ruraux qui ont traditionnellement pour objet de faciliter l'accès des usagers ruraux aux services publics à caractère industriel et commercial : l'assainissement et la distribution d`eau ; l'énergie électrique. Deux fonds de péréquation concourent à cet objectif : le fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE), compte spécial du Trésor ; le FACE. Si votre commission continue à examiner, dans le cadre de l'examen des crédits d'aménagement rural du ministère de l'Agriculture, l'évolution de ces fonds, force est de constater que le lien entre le ministère et ces fonds s'est distendu.

A. L'ÉLECTRIFICATION

1. Objectif et ressources du FACE

Le Fonds d'amortissement des charges d'électrification, créé par la loi de finances du 31 décembre 1936, a pour vocation de soutenir l'effort d'investissement pour l'électrification des communes rurales en contribuant au financement des travaux d'extension, de renforcement et, depuis 1992, d'intégration esthétique des réseaux de distribution publique d'énergie électrique basse tension. Il n'apporte plus que des subventions en capital, malgré son nom, depuis l'ordonnance du 30 décembre 1958.

C'est un compte spécial d'EDF alimenté annuellement par une contribution des distributeurs d'énergie électrique basse tension selon les modalités suivantes pour 1986 :

- 2,2 % des recettes perçues dans les communes urbaines selon l'INSEE - RGP 1990 ;

- 0,44 % des recettes perçues dans les communes rurales selon l'INSEE - RGP 1990.

Ces taux ont, compte tenu de l'augmentation de consommation d'électricité, régulièrement baissé depuis plus de vingt ans. Ils sont établis dans un rapport de 1 à 5 entre les communes rurales et urbaines depuis l'origine du fonds.

A titre d'illustration, en commune urbaine, le taux était fixé à 3,80 % en 1971. Il atteint son plus bas niveau en 1993 avec 1,95 %. Il a été décidé de maintenir pour 1996 les taux de 1995.

2. Le fonctionnement

Le fonds est administré et ses crédits répartis par un conseil composé de représentants de l'Etat, des distributeurs et des collectivités.

Le directeur de l'électricité, représentant du ministère chargé de l'Industrie, y siège en tant que commissaire du Gouvernement et peut soumettre les décisions du conseil à l'homologation du Gouvernement.

Le programme du FACE est cogéré par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche et par celui chargé de l'industrie.

3. Les dotations du FACE

Le schéma de financement des programmes de travaux aidés par le fonds est le suivant depuis 1992 :

- une tranche unique A/B finançant les travaux à 70 % du TTC (en métropole) et répartie chaque année en un programme principal (90% environ de l'enveloppe) et un programme spécial destiné à financer les renforcements anticipés à effectuer à la suite à d'intempéries et des travaux dans les communes surplombées par des lignes haute tension (appelés travaux/DUP) ;

- une tranche, dite " environnement ", dotation spécifique pour une meilleure insertion des réseaux ruraux dans l'environnement paysager (renforcement, mise en façade) qui finance à 50 % du montant toutes taxes comprises les travaux correspondants (en métropole).

Les dotations se sont réparties comme suit :

1996

1997

Programme arrêté par le Conseil

Programme réparti au 23.07.97

Programme arrêté par le conseil

Programme réparti au 23.07.97

Programme principal

2.300

2.168,30

2.285

2.200

Programmes spéciaux DUP et intempéries

dont 75 pour la MDE-ENR et 75 pour DUP-Int

68,4 (DUP-intempéries) 17,8 (ENR-MED)

dont 23 pour la MED-ENR et 62 pour DUP-Int

Programme environnement

500

500

600

600

Reports

57,10

115

TOTAL

2.857,10

2.754,50

3.000

2.800

4. Les besoins des communes rurales

De nombreux problèmes, essentiellement qualitatifs, subsistent en tenue de tension et de continuité du service. Les résultats de l'inventaire du 1er janvier 1995 de l'électrification rurale montrent ainsi une progression sensible des besoins des départements, qui fait l'objet d'un inventaire complémentaire qui devant permettre, fin 1997, d'arrêter les moyens financiers nécessaires pour y répondre.

a) Les problèmes de tenue de tension

Si, à la fin du précédent inventaire, en 1990, on avait atteint l'objectif de réduction à 4,83 % du nombre d'abonnés mal alimentés en zone rurale (ceux qui subissent des chutes de tension supérieure à 11 %), l'objectif de la période 1990-1994 de réduction à presque zéro de ceux-ci ne sera pas atteint. Il en subsiste en moyenne entre 3 et 4 % et pour une dizaine de départements, ce taux dépassant encore 6% au 1er janvier 1995.

Ces chiffres seront à multiplier par deux ou trois si la définition des abonnés mal alimentés retenue pour l'avenir est associée à une chute de tension maximale inférieure à 7%, comme le prévoit théoriquement, à compter de 1996, l'arrêté du 29 mai 1986 pris sur la base de recommandations internationales.

Plusieurs raisons, semble-t-il, ont conduit à ce que l'objectif fixé à l'horizon fin 1994 ne soit pas atteint :

- les consommations d'électricité ont augmenté plus fortement que prévu. Cette croissance devrait un peu s'infléchir durant la période 1995-1999 avec le ralentissement de l'équipement électrique (notamment chauffage) des zones rurales et des progrès dans l'isolation de l'habitat, mais il faudra rattraper ce qui n'a pu être fait durant la période précédente ;

- l'outil informatique développé par EDF pour estimer les abonnés mal alimentés n'est disponible que depuis peu sur la quasi intégralité du territoire et, semble à son stade actuel de développement, sous-estimer l'effet des résidences secondaires.

b) La continuité du service

La population rurale et les agriculteurs très dépendants de la fourniture d'électricité sont particulièrement sensibles aux coupures alors même qu'on dénombre encore en zone rurale, en particulier en zone de montagne, de nombreux kilomètres de réseaux aériens en fil nu particulièrement sensibles aux aléas climatiques.

Le développement de l'équipement informatique, et, à l'avenir, du télétravail dans ces zones suppose aussi une fourniture d'électricité sans faille (ni coupures, ni microcoupures).

c) L'évaluation des besoins

Pour faire face à ces évolutions, la fourniture d'électricité en milieu rural doit connaître une poursuite de l'amélioration qualitative, qui milite en faveur d'une revalorisation de l'enveloppe des travaux aidés par le FACE.

Sur la période précédente (1990-1994), les besoins en investissements avaient été estimés à 3,6 milliards de francs par an en moyenne dont 2 milliards environ étaient aidés par le FACE programme principal (hors intempéries-DUP et environnement), estimation sans doute dépassée.

Sur la période à venir, l'inventaire réalisé devrait conduire, à méthodologie constante, à une évaluation supérieure . Toutefois, le développement de la maîtrise de la demande en électricité et du recours aux énergies renouvelables, ainsi que l'application d'une approche intégrée basse tension-moyenne tension de l'évaluation qualitative des dessertes peuvent atténuer les besoins d'investissement. Les résultats de cette approche, actuellement à l'étude, devraient être connus fin 1997.

Page mise à jour le

Partager cette page