B. L'AVENIR DES ACTIVITÉS D'EXPERTISE ET D'ESSAI ET DES ACTIVITÉS INDUSTRIELLES DE LA DGA

La réforme de la DGA touche également les différentes structures au travers desquelles elle intervient comme opérateur, dans le domaine des expertises et des essais et dans le domaine industriel, principalement de construction navale.

1. Les centres d'expertise et d'essais

Les 23 centres de recherche et d'études, d'évaluation, d'expertise et d'essais qui dépendaient jusqu'alors de diverses direction ont été regroupés depuis cette année au sein de la Direction des centres d'expertise et d'essais, de manière à séparer nettement ces organismes, considérés désormais avant tout comme des prestataires de service, des directions chargées de la conduite des programmes.

Dans le cadre de l'objectif de diminution de 30 % du coût d'intervention de la DGA, les centres d'expertise et d'essais se voient assigner une amélioration de leurs performances et de leur productivité et un effort de réduction des coûts.

Les effectifs, actuellement au nombre de 12 000 personnes pour l'ensemble des centres, devraient diminuer, notamment par utilisation des procédures de reclassement dans les armées.

Un effort important est également demandé aux centres d'expertise et d'essais pour réduire leurs dépenses de fonctionnement courant et pour mettre en commun leurs moyens et regrouper les approvisionnements.

D'une manière générale, le regroupement des centres sous l'autorité d'une direction unique doit permettre une meilleure coordination de leurs moyens, de leurs investissements et de leurs activités.

Sur ce plan du rôle des centres d'expertise et d'essais, deux orientations sont retenues :

- la contractualisation des relations entre les directions de programme de la DGA et les centres, afin de mieux maîtriser le coût des prestations,

- la diversification des activités par la recherche de commanditaires extérieurs à la défense, soit dans le secteur civil, soit à l'étranger.

Enfin, le passage des centres d'expertise et d'essai sous compte de commerce est évoqué sans que son principe soit actuellement approuvé. Une telle décision entraînerait des conséquences importantes pour des centres dont les missions d'études au profit de l'Etat ne peuvent entièrement être assimilées à de simples prestations de service.

2. Le service de la maintenance aéronautique

Depuis cette année, le service de la maintenance aéronautique regroupe les trois ateliers industriels de l'aéronautique de Bordeaux, Clermont-Ferrand et Cuers-Pierrefeu. Ces ateliers assurent environ 40 % de la maintenance industrielle des aéronefs militaires, et interviennent dès lors que celle-ci requiert des moyens importants.

L'atelier de Bordeaux est spécialisé dans la maintenance de la réparation des moteurs d'aéronefs, celui de Clermont-Ferrand dans la maintenance et la réparation des aéronefs de l'armée de l'air et des hélicoptères de l'armée de terre, et celui de Cuers-Pierrefeu se consacre aux appareils de l'aéronautique navale.

Au 31 décembre 1996, les effectifs du service de la maintenance aéronautique s'élevaient à 3 600 personnes, dont 1 190 à Bordeaux, 1 323 à Clermont-Ferrand et 1 087 à Cuers-Pierrefeu. Au 30 juin 1997, ils avaient été ramenés à 3 554 personnes, la diminution des effectifs du service étant liée à la réduction de format des armées mais aussi à l'amélioration de la conception et de la fiabilité des appareils.

Aussi les ateliers industriels de l'aéronautique sont-ils confrontés à une diminution de leur plan de charge.

3. La Direction des constructions navales

La mise en oeuvre de la réforme de la Direction des constructions navales (DCN) s'est poursuivie en 1997.

La séparation des activités dites " étatiques " et des activités industrielles a été menée à bien. La DCN assure désormais l'ensemble des fonctions industrielles de construction navale alors que les fonctions de maîtrise d'ouvrage qu'elle exerçait relèvent désormais de la direction des systèmes d'armes, et plus précisément du service des programmes navals. Par ailleurs, les centres d'expertise de la DCN sont désormais rattachés à la Direction des centres d'expertise et d'essais.

Cette séparation des activités industrielles et étatiques se traduit par un transfert de personnels jusqu'alors inclus dans le compte de commerce en zone budgétaire. Ce transfert touche 2 026 personnes dont 856 ouvriers, 445 officiers, 50 sous-officiers, et 675 civils titulaires ou contractuels.

L' adaptation des effectifs au plan de charge s'est poursuivie, par le biais de départs anticipés, de dégagement des cadres pour les ouvriers, de cessations anticipés d'activité pour les fonctionnaires, de départs volontaires indemnisés, de détachements et mises à disposition ou de mutations dans les armées.

S'ajoutant aux départs naturels, ces mesures devraient permettre de ramener l'effectif de la DCN à 19 800 personnes pour 1997 , soit environ 2 000 de moins qu'au début de l'année.

Les mesures incitatives devraient concerner au cours de l'année 1 465 personnes et se répartir de la façon suivante : 459 dégagements de cadres, 21 cessations anticipées d'activité, 157 indemnités de départ volontaire, 785 mutations dans les armées et 43 détachements et mises à disposition.

S'agissant des mutations dans les armées et les services communs, au 30 septembre 1997, 1 125 dossiers de mutation avaient été élaborés et 853 avaient été acceptés par les organismes d'accueil, principalement la Marine.

Le fonds d'adaptation industrielle, imputé sur le budget de la Marine, et doté de 327 millions de francs, a permis de financer le dégagement de cadres (230 millions de francs), les départs volontaires (50 millions de francs) et les mutations dans les armées (50 millions de francs).

A la date de rédaction du présent rapport, l'objectif de diminution des effectifs de la DCN pour 1998 n'avait pas encore été fixé et il dépendait à la fois des perspectives d'évolution du plan de charge, des contrats à l'exportation et d'éventuelles adaptations du dispositif de formation-mobilité.

A cet égard, votre rapporteur souhaite souligner que les mutations de personnels des arsenaux vers les armées , principalement la Marine, ont été réalisées en nombre satisfaisant en 1997 mais risquent de s'avérer insuffisantes en 1998. En effet, on constate une certaine distorsion entre les postes proposés dans les armées, souvent pour remplacer les appelés du contingent, et les qualifications des personnels de la DCN. Par ailleurs, ces postes peuvent être géographiquement éloignés des établissements de la DCN et l'on constate déjà que la Marine n'a pu pourvoir des emplois proposés aux ouvriers des arsenaux à Toulon ou à Paris. Fondées exclusivement sur le volontariat, les mutations vers les armées pourraient donc être plus difficiles en 1998, l'essentiel des potentialités ayant été réalisé en 1997. Aussi faudrait-il sans doute envisager une adaptation du dispositif à partir de l'an prochain.

Parallèlement à l'adaptation de ses effectifs, la DCN redéfinit son mode de fonctionnement afin de le rapprocher de celui d'une entreprise. L'aspect essentiel de cette évolution consiste à contractualiser l'ensemble des projets avec le service des programmes navals.

Enfin, l'un des objectifs majeurs de la DCN pour les années à venir consiste à diversifier des activités et à conquérir des marchés à l'exportation.

En ce qui concerne la diversification, une première expérience est actuellement en cours avec la construction de plates-formes pétrolières offshore.

La DCN a par ailleurs enregistré des résultats significatifs à l'exportation , des contrats ayant été conclus ou étant en cours de conclusion avec Taïwan pour la fourniture de frégates proches du type La Fayette, avec l'Arabie saoudite pour une frégate et des matériels de défense antiaérienne et anti-sous-marine, avec la Norvège pour le nouveau système de combat des patrouilleurs de la Marine norvégienne et avec le Chili pour la fourniture de deux sous-marins à propulsion classique de type Scorpène, réalisés avec le chantier espagnol Bazan.

La poursuite de cet effort à l'exportation est absolument indispensable pour redresser la situation de la DCN et favoriser un plan de charge compatible avec l'évolution des effectifs.

Votre rapporteur ne peut que vivement déplorer la décision inscrite dans le projet de loi de finances rectificative pour 1997 de reverser au budget général l'excédent financier de 1,4 milliard de francs réalisé par la DCN sur le contrat de vente de frégates à Taïwan. Cette mesure est critiquable à plusieurs titres :

- elle pénalise la DCN alors que celle-ci est aux prises avec des difficultés considérables liées à l'évolution de son plan de charge,

- elle va à l'encontre du nécessaire encouragement de l'exportation, en privant la DCN des fruits de ses succès sur les marchés à l'étranger,

- elle provoque un déséquilibre financier, lié notamment au fait que les bénéfices réalisés sur le contrat concerné compensaient les pertes subies sur d'autres activités, déséquilibre qu'il faudra bien redresser.

D'une manière plus générale, on peut s'étonner de voir appliquer à un secteur en crise une pratique généralement réservée aux entreprises publiques dégageant d'importants bénéfices.

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