3. Les perspectives de hausse de la demande en Allemagne

Alors que la consommation d'énergie primaire stagne, la demande de gaz naturel progresse rapidement et atteint désormais 20 % des besoins énergétiques . La part du gaz devrait atteindre 24 % de la consommation d'énergie primaire à l'horizon 2020.

L'Allemagne se situe au 4 ème rang des consommateurs de gaz naturel, loin derrière les Etats-Unis, la Russie et l'Ukraine, mais devant le Canada et la Grande-Bretagne. La part du gaz atteint 19 % dans les anciens Länder et 22 % dans les nouveaux. Elle était inférieure à 14 % en 1986 et à peu près nulle jusqu'au milieu des années 1960.

La consommation des ménages est le segment du marché le plus dynamique (+ 13 % en 1995). Le nombre des logements chauffés au gaz connaît en effet une croissance rapide : il s'élève à 14 millions. 70 % des foyers construits en 1995 ont été équipés de chauffage au gaz. Selon Ruhrgas, le taux d'équipement des logements nouveaux pourrait atteindre 80 % d'ici 10 ans. La part du gaz dans l'équipement des foyers est passée d'environ 20 % en 1979 à 29 % en 1986 et 37 % en 1995. Cette évolution très favorable résulte de l'intégration dans les statistiques fédérales des régions de l'ex-RDA dont le parc immobilier a été largement transformé depuis six ans.

Disposant de ressources propres limitées, l'Allemagne recourt aux importations pour 80 % de ses besoins (73,3 MMm3), et se situe au 2 ème rang des importateurs mondiaux, derrière les Etats-Unis. Les principaux fournisseurs de l'Allemagne sont respectivement la Russie (37 %), les Pays-Bas (26 %), la Norvège (14 %) et le Royaume-Uni (2 %). Les livraisons de gaz danois de la mer du Nord ont débuté en 1984 et sont appelées à augmenter progressivement.

La production allemande s'élève quant à elle à 20 MMm 3 par an et est dispersée entre une dizaine de sociétés productrices dont les 2 premières assurent 52 % de la production. Néanmoins, les champs exploités en Allemagne devraient être épuisés d'ici 10 à 15 ans.

Le transport et la distribution de gaz naturel en Allemagne font intervenir plus de 600 entreprises. Mais, si l'offre est fragmentée en aval, elle reste très concentrée en amont de la filière. Ainsi, trois entreprises assurent l'essentiel des importations et le transport vers les zones de stockage et les centres de distribution régionaux : Ruhrgas, Wintershall et Verbundnetzgaz (VNG) dont Ruhrgas et Wintershall sont les principaux actionnaires.

La société Ruhrgas , détenue principalement par les trois producteurs d'hydrocarbures Esso, Shell et Mobil ainsi que par Ruhrkohle, occupe une position dominante au niveau de l'importation et du transport ainsi que, du fait de l'étendue de son réseau, dans le domaine de la distribution.

Toutefois, l'entrée sur le marché de la filiale de BASF, Wintershall , a introduit une réelle concurrence. Wintershall a entrepris en 1989 de développer son propre réseau et de s'approvisionner directement en gaz russe en créant deux filiales communes pour l'importation et la distribution avec le producteur russe, Gazprom.

Cette dualité de l'offre se reflète dans les diverses prises de position à l'égard d'une modification du cadre législatif. Tandis que Ruhrgas et les sociétés de transport et de distribution régionales manifestent leur opposition à toute libéralisation du marché du gaz, les grands consommateurs, relayés par Wintershall, ont adopté une position plus favorable à l'ouverture des réseaux.

Outre les importateurs/producteurs, une vingtaine de sociétés spécialisées de transport à distance assurent le transport du gaz vers les sociétés de distribution régionales ou locales. Il s'agit généralement de filiales des grands importateurs ou producteurs. A côté de ces sociétés, existent des sociétés de distribution régionales dont le capital est détenu conjointement par des collectivités locales et par Ruhrgas ou des producteurs d'électricité. Enfin, 500 régies communales (les Stadtwerke ) assurent la distribution locale.

Selon Pierre Terzian, auteur d'un rapport 22( * ) sur les perspectives du gaz naturel à l'horizon 2010-2020 pour le Commissariat Général du Plan, de multiples facteurs se conjuguent pour faire du gaz l'énergie du proche avenir par excellence :

- l'abondance des ressources gazières leur bonne répartition géographique et géopolitique, leur disponibilité et l'absence de pools cartellisants de producteurs-exportateurs pouvant peser artificiellement sur ses prix ;

- l'accroissement de la demande d'électricité et les limitations rencontrées par le nucléaire comme source d'énergie alternative au pétrole et au charbon dans ces secteurs ;

- les progrès technologiques accomplis aussi bien en amont (exploration, exploitation) qu'en aval (combustion du gaz dans des centrales électriques, cycle combiné et cogénération) dans la filière du gaz naturel ;

- la propreté relative du gaz qui en fait l'énergie fossile la plus respectueuse de l'environnement.

Aussi Pierre Terzian pronostique-t-il une progression de la demande de gaz naturel de l'ordre de 60 % en Europe d'ici 2020.

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