A. L'ÉNERGIE : CONDITION ESSENTIELLE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

L'énergie est indispensable à l'exercice de toute activité humaine. Elle est précieuse dans la mesure où elle est nécessaire à la satisfaction de l'ensemble des besoins de la société (alimentation, production industrielle, confort, éducation, santé, mobilité, loisirs...).

La dépendance de l'homme envers l'énergie est donc totale puisqu'il ne pourrait imaginer vivre sans elle. L'énergie lui est aussi vitale que l'eau et la nourriture. Dans les régions peu développées de notre planète, elle sert à la satisfaction des besoins de base. Le défi de l'accès aux ressources énergétiques recouvre partiellement celui de la suffisance alimentaire .

Plus les sociétés connaissent un degré de développement sophistiqué, plus cette dépendance est forte. L'importance croissante de l'accès à l'information et le développement des nouvelles technologies de communication fournissent, par exemple, l'illustration la plus récente de notre dépendance absolue à l'égard de l'électricité. Rappelons-nous les conséquences d'une panne d'électricité à New-York...

Ces rappels, peut-être évidents, ne sont pas inutiles si l'on veut garder à l'esprit le facteur essentiel de développement que représente l'énergie, pour tous les pays.

B. L'ÉNERGIE : FONDEMENT DE LA STRATÉGIE DES ÉTATS

Ainsi que l'a souligné notre collègue Mme Anne Heinis, au cours de la séance publique du 19 novembre dernier qui a présidé à la création de notre commission d'enquête : " un pays sans énergie est un pays sans avenir . "

Ceci explique la stratégie de nombre d'États tendant :

- pour les uns, à faire pression sur leurs partenaires et clients pour les maintenir sous une certaine tutelle économique, voire politique, en maniant les quantités et les prix des approvisionnements en combustibles fossiles. La Russie, après l'URSS, n'use-t-elle pas largement de ce type de pression à l'égard de ses voisins ? Songeons à l'Ukraine ou à la Biélorussie par exemple ;

- pour les autres, à s'assurer la maîtrise de l'accès aux réserves de pétrole et de gaz. Ainsi, les États-Unis ont-ils toujours privilégié les importations de ressources énergétiques plutôt que l'exploitation de leurs propres réserves. Leur politique étrangère, en particulier au Moyen-Orient mais aussi, depuis quelques années, à l'égard des pays producteurs d'Asie centrale : Kazakhstan, Turkménistan et Ouzbékistan principalement, est largement conditionnée par leur souci d'assurer la sécurité de leurs approvisionnements en pétrole et en gaz et, au-delà, de maîtriser ce que l'on pourrait qualifier " d'arme énergétique ", pour établir un parallèle avec " l'arme alimentaire ".

Mais, ne faisons pas de procès d'intention par trop naïf. Les préoccupations en ce domaine sont largement partagées. La France n'a-t-elle pas elle-même participé à la guerre du Golfe en 1991, certes pour défendre un État dont le territoire avait été violé par un voisin, mais aussi pour sauvegarder l'accès des pays industrialisés à " l'or noir " du Golfe persique ?

Par ailleurs, il est largement admis par les experts que l'énergie d'origine nucléaire aura vraisemblablement un rôle à jouer, compte tenu des perspectives d'épuisement -à plus ou moins long terme- des combustibles fossiles liquides ou gazeux et de la croissance des contraintes environnementales. Les perspectives de développement de cette énergie pourraient cependant être mises en péril si un nouveau " Tchernobyl " accablait la planète. La mobilisation de l'ensemble des pays industrialisés s'avère certes nécessaire pour prémunir notre monde d'un tel désastre potentiel. Mais, conscients de cet état de fait, la Russie et les pays d'Europe centrale et orientale n'en jouent-ils pas pour faire pression sur le monde occidental en mettant en balance sécurité nucléaire et contribution financière ?

Il nous faut avoir à l'esprit toutes ces réalités, pour mener lucidement une réflexion sur l'avenir de la politique énergétique française.

Celle-ci s'inscrit dans un contexte global -enjeux de développement et de survie de l'ensemble de la planète- et durable, les perspectives, les contraintes, les politiques ne pouvant donc s'inscrire que dans le long terme.

C'est pourquoi notre politique énergétique doit tenir compte du caractère stratégique du secteur, qui est illustré par des données économiques et géo-stratégiques qu'il convient de rappeler.

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