2. Un contexte en évolution

a) Le changement de la nature de l'immigration depuis 1945

Les flux migratoires ont subi des changements profonds depuis 1945.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les nécessités de la reconstruction ont conduit notre pays à faire appel à une main d'oeuvre immigrée.

Cette tendance a ensuite accompagné la croissance de l'économie pendant les " trente glorieuses ".

La crise des années 1970 et l'apparition d'un chômage structurel ont provoqué la suspension de l'introduction de travailleurs étrangers à partir de 1974.

La population immigrée, au départ essentiellement européenne, s'est diversifiée peu à peu, ce qui a rendu plus difficile son intégration dans la société française.

La sensible détérioration de la situation économique dans de très nombreux pays n'a pu qu'encourager leurs ressortissants à s'installer notamment en France pour bénéficier de ressources minimales. Ainsi peut-on expliquer, en grande partie, la pression migratoire en provenance d'Afrique ou d'Asie.

La répartition par nationalités des demandes de régularisation, qui sera analysée plus loin, comporte une illustration intéressante de la forte présence clandestine de Chinois en France.

La situation particulièrement troublée de certains pays (guerre civile, bouleversements politiques....) a alimenté, depuis plusieurs années, de nouvelles vagues, souvent imprévisibles, d'une immigration issue de tous les continents.

On citera, en particulier, la pression migratoire récente en provenance d'Europe centrale et orientale, principalement à la suite de la chute du Mur de Berlin et lors de la guerre en ex-Yougoslavie.

L'immigration roumaine en France

Les Roumains présentent près du tiers des demandes de statut de réfugié. Pourtant, la Roumanie ne figure plus au nombre des pays dont les ressortissants peuvent invoquer la convention de Genève, puisque la démocratie a été rétablie dans ce pays.

Cette situation résulte en grande partie du fait que la population concernée, essentiellement nomade, recherche simplement un séjour temporaire en France.

Or, la convention de Genève fait obligation aux Etats signataires d'autoriser le séjour des demandeurs d'asile pendant l'instruction de leur requête. La France accorde en outre des subsides aux personnes démunies de ressources et sollicitant le statut de réfugié.

Un détournement de procédure peut donc permettre, dans certains cas, un séjour de durée limitée en France en toute légalité.

Afin de remédier à cette situation -par ailleurs préjudiciable à une prompte instruction des dossiers par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)- l'article 34 de la loi du 11 mai 1998, approuvé par le Sénat, a prévu une procédure accélérée d'examen des demandes (quelques jours seulement) émanant des nationaux de pays où les libertés ne sont plus menacées.

Il restera à évaluer les conséquences de cette évolution législative. Ces étrangers resteront-ils clandestinement en France ou seront-ils éloignés du territoire ? Demanderont-ils à bénéficier des dispositions de l'article 35 de la même loi concernant l'asile territorial ?

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