2. Poursuivre le regroupement de sociétés d'économie mixte

La réforme de 1994 était bonne dans son principe, mais elle se révèle aujourd'hui insuffisante : il subsiste aujourd'hui, à côté de sociétés prospères, des sociétés en difficulté que les premières ne peuvent aider. Il faut donc regrouper les huit SEMCA (les trois pôles de deux sociétés, l'ATMB et la SFTRF) en deux grandes holding publiques, sur une base Nord/Sud.

Ce groupe public ne devra toutefois se consacrer qu'aux seules autoroutes à péage, éventuellement à leurs abords immédiats. Le reste du réseau national doit rester géré directement par l'Etat, via un FITTVN rénové.

Ces groupes, qui seraient des entreprises publiques de droit commun, devront bénéficier d'une grande liberté de gestion, à l'exception de la définition du réseau, restant de la compétence de l'Etat : liberté tarifaire, échelonnement des investissements, fiscalité de droit commun, respect des clauses contractuelles entre lui et l'Etat.

En revanche, l'idée de créer un grand établissement public " Routes de France " centralisant l'ensemble des recettes de péage pour financer tous les investissements sur le réseau national doit être écartée. Cette idée, qui généralise la pratique actuelle du FITTVN, et qui ressemble à une sorte de " super-adossement " (mise en avant par ceux-mêmes qui récusent l'adossement) mènerait le système à une impasse financière. Il est donc nécessaire de maintenir une séparation des deux logiques : système concédé d'un côté, système non concédé de l'autre. Cette option nécessite de revoir les ressources du réseau non concédé.

3. Rechercher des outils de financement adaptés

Les outils utilisés traditionnellement pour le financement des autoroutes sont beaucoup trop courts par rapport à la durée de vie des autoroutes. En effet, les obligations émises par la Caisse nationale des autoroutes le sont pour une durée de quinze ans alors que les infrastructures ont une durée de vie de cinquante, voire cent ans. Cette distorsion oblige les sociétés d'autoroutes à amortir leurs investissements sur des durées trop brèves.

Il est donc nécessaire :

- s'agissant des concessions, de prolonger les contrats actuels jusque vers 2035/2040 pour garantir l'équilibre du système par des durées conformes à l'amortissement des ouvrages, et la suffisance de ses ressources en vue de l'achèvement du SDRN ; puis de réattribuer régulièrement les concessions sur le réseau existant par appels d'offres européens. Le principe de concessions permanentes conduit à garantir que le réseau sera entretenu convenablement, l'entretien étant financé par le péage, d'un montant modique s'agissant des infrastructures amorties. L'allongement des concessions actuelles permettra également un allongement corrélatif des amortissements, et donc la suppression du système des charges différées.

La publication d'appel d'offres réguliers, pouvant conduire au renouvellement du concessionnaire, permettra de maintenir le jeu de la concurrence et de garantir la qualité des services offerts par les concessionnaires.

- d'allonger la durée des financements . Cette évolution pourrait se traduire par un appel aux fonds d'épargne de la Caisse des dépôts et consignations par des prêts de 32 ans à taux réduit, comparable au système appliqué en matière de logement social. Une diminution du taux du livret A permettrait, à cet égard, de réduire les taux d'intérêt des emprunts.

L'allongement de la durée des financements pourrait également passer par des émissions d'obligation à 30 ans par la CNA, sur le modèle des OAT à 30 ans.

- de doter de fonds propres véritables les SEMCA ou le groupe public qui s'y substituerait (au moins 15 milliards de francs), par dotations en capital, ouverture au privé, voire à terme privatisation. Une telle évolution serait conforme à la logique européenne.

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