Projet de loi de finances pour 1999

MARINI (Philippe), Rapporteur général ; CLOUET (Jean), Rapporteur spécial

RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 12 - COMMISSION DES FINANCES

Table des matières




N° 66

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Philippe MARINI,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 12

ÉCONOMIE, FINANCES ET INDUSTRIE :

III. - INDUSTRIE


Rapporteur spécial : M. Jean CLOUET

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 (1998-1999).


Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

Un effacement ce qui fut le ministère de l'industrie par la dilution des crédits du Secrétariat d'Etat à l'industrie au sein du budget de l'économie, des finances et de l'industrie

La plus grande partie des crédits de personnel et de fonctionnement du budget de l'industrie sont transférés sur la section " Services communs et finances " du budget du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, ce qui prive le ministère de l'industrie de la gestion de 1.558 millions de francs.

On peut se demander si un ministère sans administration conserve une signification, sachant que les deux tiers des crédits du budget de l'industrie sont des subventions à des organismes publics.

En outre, un tel mouvement contribue à la poursuite de la régression du budget de l'industrie en pourcentage du budget de l'Etat comme le retrace le tableau ci-après.



* Les chiffres indiqués pour les années 1994, 1995 et 1998 intègrent le budget " Poste et Télécommunications ".

Observant enfin que les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH) sont désormais intégrés au budget de l'industrie, votre rapporteur regrette ces modifications incessantes du périmètre du budget de l'industrie qui rendent très difficiles les comparaisons d'une année sur l'autre.

Un budget de " transit " plus qu'un budget traduisant un projet politique

Ainsi, deux tiers des crédits inscrits dans le budget de l'industrie sont des subventions de fonctionnement ou d'investissement à des organismes publics qui viennent s'ajouter à des subventions versées par d'autres ministères, ce qui rend très difficile à appréhender le volume global des aides versées à ces organismes. C'est notamment le cas pour le CEA - dont les ressources budgétaires civiles proviennent à parité du budget de l'industrie et du budget de la recherche - et pour l'ADEME.

En conséquence, les crédits consacrés à la politique industrielle proprement dite ne s'élèvent qu'à 5 milliards de francs , et même 4 milliards de francs, si l'on exclut les crédits consacrés aux restructurations industrielles et aux aides aux secteurs en difficulté. Est-ce suffisant au regard du 4 ème rang industriel de la France ?

Le budget de l'industrie est en outre extrêmement volatil, son périmètre pouvant passer du simple au double en cours d'année en raison de reports, de transferts de crédits et de rattachements de fonds de concours notamment la subvention du ministère de la défense au CEA pour un montant de 7,3 milliards de francs dans le PLF pour 1999. Comme il est indiqué dans le tableau plus haut, en 1997, dernière année connue, les crédits consommés s'élevaient à 24.857 millions de francs pour 14.141 millions de francs de crédits votés en LFI. Une telle volatilité rend assez symbolique l'autorisation parlementaire...

Une débudgétisation douteuse : la dotation en capital de Charbonnages de France

Pour la troisième année consécutive, la subvention de fonctionnement à Charbonnages de France destinée à couvrir ses charges dites " spécifiques 1( * ) " est réduite au profit d'une dotation en capital versée à partir du compte d'affectation spéciale des recettes de privatisation

Or, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1997 :

" Certains concours versés par l'Etat à partir du compte n° 902-24, quelle que soit leur qualification juridique, financent des dépenses de natures différentes. Ils peuvent être représentatifs de subventions ou couvrir des pertes ou charges financières. Leur imputation sur le compte d'affectation spéciale conduit à financer des charges courantes à partir des ressources tirées de la cession d'éléments du patrimoine de l'Etat . "

En outre, la substitution d'une dotation en capital à une subvention budgétaire permet à l'Etat de faire une économie de 2,52 milliards de francs et de redresser d'autant le solde budgétaire, au regard des normes de Maastricht.

On ne peut pas pour autant perdre de vue que l'endettement de Charbonnages de France viendra inévitablement, à terme, s'ajouter à la dette, déjà fort élevée, de l'Etat.

La rénovation des relations financières entre l'Etat et La Poste

Le nouveau contrat de Plan entre l'Etat et La Poste signé en juin 1998 retrace les grands axes de développement de l'exploitant et inscrit dans un cadre rénové ses relations financières avec l'Etat.

La mission de service public est ainsi confortée au travers de l'objectif d'une amélioration de l'accessibilité aux services de la Poste et de la présence de ces derniers sur le territoire - l'évolution dans ce domaine devant d'appuyer sur une concertation locale renforcée.

L'exploitant est appelé à améliorer sa compétitivité pour garantir des prix abordables et faire face à la concurrence. La Poste s'engage ainsi à stabiliser les tarifs du courrier. Elle devra en outre intégrer les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans son offre pour devenir à terme, l'un des premiers groupes français en matière d'offre de services intégrés.

Le contrat donne enfin priorité à l'amélioration des conditions d'emploi des personnels contractuels, dans la perspective de réduire l'emploi précaire.

Accompagnant l'effort de l'exploitant, l'Etat s'engage à proposer, dans le cadre de la directive postale du 15 décembre 1997, une réglementation du secteur cohérente avec l'exercice des missions de service public de La Poste.

Il s'engage ainsi à accroître sa contribution annuelle au titre de l'aide au transport de la presse (1.850 MF dans le PLF 1999 et 1.900 à partir de l'an 2000) et à stabiliser le coût des retraites 2( * ) en francs constants au niveau des charges dues au titre de1997.

Enfin, pour garantir l'autonomie de gestion de La Poste, le contrat de plan prévoit une sortie progressive du système de centralisation des CCP au Trésor, donnant ainsi de nouvelles libertés de gestion à l'exploitant.

C'est ce que concrétise l'article 78 du projet de loi de finances pour 1999, qui sera analysé lors de l'examen des crédits des charges communes.

Rassuré par ces objectifs et ces moyens renforcés, votre rapporteur rappelle toutefois la nécessité d' assurer la compensation intégrale des charges subies par l'opérateur au titre de la participation à l'aménagement du territoire, comme à celui du transport de la presse, afin de ne pas la handicaper face à la concurrence qui ne manquera pas de s'accroître dans le nouveau contexte de libéralisation des services postaux.

Il convient en outre d'engager une réflexion sur l'assujettissement progressif de La Poste et de France Télécom au droit commun de la fiscalité locale.

La nécessité de supprimer les handicaps qui pourraient nuire à la compétitivité d'EDF et de GDF dans le nouveau contexte d'ouverture des marchés à la concurrence

EDF aborde l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence dans des conditions financières relativement saines. Son endettement s'est en partie résorbé, ses données financières sont solides, son bilan a été assaini. Toutefois, certains handicaps continuent de peser sur lui à la veille de la transposition de la directive européenne.

En particulier, ses charges de retraite et l'impossibilité d'exercer des activités autres que son coeur de métier que lui impose le principe de spécialité l'affaiblissent par rapport à ses concurrents potentiels. Il convient donc d'examiner ces problèmes avec la plus grande attention lors de l'examen du projet de loi de transposition de la directive qui devrait être soumis au Parlement en janvier 1999.

Quant à GDF dont le monopole a été paradoxalement consolidé par l'article 50 de la loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier du 2 juillet 1998, il est pénalisé par la faiblesse du gaz dans le bilan énergétique de la France.

Quel avenir pour l'énergie nucléaire en France ?

Deux faits risquent de mettre en péril l'avenir de l'énergie nucléaire en France.

En premier lieu, en ouvrant la production et la distribution de l'électricité à la concurrence, la directive sur le marché intérieur de l'électricité risque d'encourager le type d'énergie le plus compétitif, au détriment de l'énergie nucléaire. Or, s'il est légitime de rééquilibrer le bilan énergétique de la France en faveur du gaz, l'énergie nucléaire ayant pris des proportions que l'on peut juger excessives (78 % de notre production d'électricité), il ne faut pas perdre de vue, d'une part, que les ressources d'énergie fossile sont finies, et, d'autre part, que l'énergie nucléaire n'est pas polluante à la différence des énergies fossiles.

A cet égard, la commission d'enquête sénatoriale sur la politique énergétique de la France s'est prononcée en faveur d'une loi d'orientation quinquennale sur l'énergie qui définirait notamment la programmation à long terme des investissements de production d'électricité. Il reviendrait ainsi aux pouvoirs publics de décider des modalités de renouvellement du parc nucléaire, comme de l'ampleur des efforts à consentir en faveur des énergies renouvelables, et non aux seules forces du marché qui ne se préoccupent ni de sécurité des approvisionnements, ni de protection de l'environnement.

Le deuxième événement, plus préoccupant, est l'accord entre sociaux-démocrates et verts allemands décidant d'inscrire dans la loi la fermeture des 19 centrales nucléaires allemandes . Cet accord constitue une sérieuse menace pour la coopération franco-allemande dans ce secteur énergétique. En premier lieu, le retraitement des combustibles allemands usés à l'usine COGEMA de La Hague représente 20 % du chiffre d'affaires de La Hague et en aurait constitué 15 % en projection, au début du siècle prochain. 40 % de la capacité de l'usine UP3 (l'une des deux unités de La Hague) sont dédiés aux clients allemands. En second lieu, une telle décision fait peser un aléa sur l'avenir du réacteur européen à eau pressurisé du futur, l'EPR, développé depuis 1989 par FRAMATOME et SIEMENS. Ce réacteur, censé être opérationnel vers 2020, au moment où il faudra renouveler notre parc de centrales, arrivera fin décembre en phase finale d'optimisation. EDF et les électriciens allemands ont déjà investi un milliard de francs dans ce projet.

Le désengagement de l'Etat du secteur public industriel

Après les privatisations de Péchiney en décembre 1995, de Renault en juillet 1996, de Bull entre septembre 1995 et avril 1997, et l'ouverture du capital de Thomson-CSF en avril 1998, l'Etat ne détient plus de participation majoritaire que dans une entreprise du secteur industriel concurrentiel, Thomson Multimédia .

S'agissant de Thomson-CSF , dont l'Etat détenait, via Thomson SA, une participation de 58 %, le gouvernement a, comme il l'avait annoncé à la fin de l'année 1997, constitué un pôle français d'électronique professionnelle et de défense regroupant autour de Thomson-CSF les activités d'électronique spatiale et de défense et les activités de communication militaire d'Alcatel , les activités électroniques et de défense de Dassault Electronique, ainsi que les activités en matière de satellite d'Aérospatiale.

A l'issue des conseils d'administration du 14 avril 1998, Thomson-CSF et Thomson SA ont procédé à la signature d'un accord de coopération technologique, industrielle, commerciale et financière qui traduit les contours et les modalités précises de la restructuration industrielle. Cet accord précise notamment la répartition du capital de Thomson-CSF après réalisation des apports d'Aérospatiale, d'Alcatel et de Dassault Industries et création d'une société commune de satellites, dénommée Alcatel Space, qui est contrôlée à 51 % par Alcatel et à 49 % par Thomson-CSF.

Alcatel et Dassault Industries disposent respectivement de 16,36 % et de 6 % du capital de Thomson-CSF. Avec près de 43 %, Thomson SA demeure le premier actionnaire et Aérospatiale détient 4 % du capital.

Quant à Thomson Multimédia , après avoir procédé à une recapitalisation du groupe à hauteur de 10,88 milliards de francs grâce aux recettes issues de l'ouverture du capital de France Télécom, le gouvernement a accepté en juillet dernier l'entrée de partenaires industriels stratégiques à son capital par apport de fonds propres. Il s'agit d'Alcatel, de Microsoft, de NEC et de DirecTV (filiale du groupe HUGUES ELECTRONICS).

Aujourd'hui, l'Etat garde une participation de 2,4 % dans le capital de Rhône-Poulenc, de 12,5 % dans celui de la SEITA, de 44,2 % dans celui de Renault, de 17 % dans celui de Bull et de 43 % dans celui de Thomson-CSF.

Toutefois, il reste à régler le problème de la dispersion du capital de FRAMATOME qui reste détenue à 51 % par l'Etat par le biais de CEA-Industrie (36 %), d'EDF (11 %) et de CDR (4 %).

CHAPITRE PREMIER

D'UN BUDGET À L'AUTRE

I. L'EXÉCUTION DES BUDGETS FAIT APPARAÎTRE DE FORTES VARIATIONS PAR RAPPORT AUX LOIS DE FINANCES INITIALES

A. L'EXÉCUTION DU BUDGET VOTÉ EN 1997

Les crédits votés dans la loi de finances initiale pour 1997 s'élevaient à 14.138,7 millions de francs en crédits de paiement, en baisse de 16,7 % par rapport au budget 1996. Les autorisations de programme ont quant à elles accusé une régression de 17,8 %.

Le tableau ci-après recense les mouvements intervenus en gestion au cours de l'année 1997 en dépenses ordinaires et crédits de paiement (la colonne " Autres mouvements " recouvre les transfert, les virements, les crédits ouverts en loi de finances rectificative et les fonds de concours) :

1. Des crédits disponibles très supérieurs aux crédits votés

On constate que les crédits finalement disponibles en 1997 se sont élevés à 26,48 milliards de francs , soit une hausse de 12,34 milliards de francs (+ 87 %) par rapport au budget voté. Cette hausse est imputable pour l'essentiel :

- au traditionnel transfert de crédit en provenance du budget de la défense imputé sur le chapitre 62-00 correspondant aux crédits de recherche du CEA (7,314 milliards de francs) ;

- à des reports de crédits en hausse par rapport à ceux intervenus en 1996 : ils ont en effet atteints 2,7 milliards de francs en CP contre 2,37 milliards de francs en 1996.

Ils affectent essentiellement les titres IV et V. Il faut en particulier noter le report de 1,24 milliard de francs de crédits sur le chapitre 44-82 relatif aux primes à l'acquisition de véhicules d'occasion , le report de 394,6 millions de francs de crédits de paiement sur le chapitre 64-96 " restructurations industrielles " et le report de 208,8 millions de francs de CP sur le chapitre 66-06 relatif aux crédits d'investissement de l'ANVAR.

- à des rattachements de fonds de concours pour 1,47 milliards de francs, essentiellement sur les titres III (929 MF) et V (520,7 MF).

Il convient de rappeler que de tels rattachements dérogent au principe de non-affectation des recettes de l'Etat et nuisent à la bonne information du Parlement dans la mesure où leur montant exact n'est connu qu'en fin d'exécution. En outre, les dépenses financées par le biais de cette procédure sont essentiellement des dépenses de personnel alors que les ressources collectées sont permanentes.

Les crédits de fonds de concours ouverts au titre III ont ainsi représenté en 1997 plus de 17,2 % des moyens de fonctionnement des services (contre 14 % en 1996). Ils ont les provenances suivantes :

- versements effectués par l'agence Centre Europe d'exploitations des oléoducs de l'OTAN pour couvrir les dépenses d'exploitation de la partie française du réseau d'infrastructure pétrolière de l'OTAN : ils ont atteint 265,2 millions de francs en 1997 et ont couvert 83 % des dépenses du chapitre 37-61 " Dépenses et remboursement supportés par la France au titre de l'infrastructure pétrolière " ;

- redevances encaissées à l'occasion des expertises des ingénieurs des mines (425 MF) ;

- taxes et redevances perçues par le service des activités de mesure (46,4 MF) ;

- redevances de surveillance des installations nucléaires (101,2 MF) ;

- produit d'une partie des taxes et redevances auxquelles sont assujetties les installations classées pour couvrir les dépenses exposées par les services pour l'inspection des installations classées (64,5 MF).

Il convient de noter que 27 % des crédits inscrits aux chapitres de rémunération proviennent de fonds de concours (447 MF). En particulier, le chapitre 31-02 " Indemnités et allocations diverses " a été doté à hauteur de 70 % et le chapitre 33-91 " Prestations sociales versées par l'Etat " à hauteur de 22,3 %.

Les fonds de concours du titre V ont principalement pour origine les redevances perçues à l'occasion de la surveillance exercée par le personnel de la Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) sur les exploitants des installations nucléaires de base : Elles ont atteint 441,3 millions de francs en 1997 contre 416,3 en 1996. Elles ont abondé le chapitre 54-93 " Etudes ".

Sur le titre VI , les fonds de concours reçus en 1997 ne se sont élevés qu'à 21 MF.

- à des ouvertures de crédits validées en fin d'année par la loi de finances rectificative : 470,5 millions de francs de crédits supplémentaires ont ainsi été ouverts sur le chapitre 44-82 (primes automobiles) et 850 MF de crédits en AP et CP sont venus abonder le chapitre 64-93 relatif aux aides à la construction navale .

2. Des annulations de crédits en diminution

En 1997, les annulations de crédits se sont élevées à 448,4 millions de francs en crédits de paiement (soit 3 % des crédits) et à 511 millions de francs en autorisations de programme (soit 11 % des AP votées en LFI pour 1997).

Ce montant traduit une diminution par rapport aux années précédentes au cours desquelles les annulations avaient porté sur des montants de 629,9 millions de francs en 1995 et 498 millions de francs en 1996.

Les annulations les plus importantes en valeur absolue ont concerné :

- le chapitre 66-02 " ANVAR " (138,3 millions de francs) ;

- le chapitre 66-01 " Développement de la recherche industrielle et de l'innovation" (79 millions de francs) ;

- le chapitre 64-92 " Actions développement industriel régional en faveur des PMI " (41,3 millions de francs) ;

- le chapitre 64-96 " Restructurations industrielles " (35 millions de francs) ;

- le chapitre 34-96 " Moyens et fonctionnement des services " (28 MF).

En valeur relative, les chapitres les plus fortement amputés ont été :

- le chapitre 64-96 " Restructurations industrielles " (- 43,75 %) ;

- le chapitre 34-97 " Moyens de fonctionnement des DRIRE " (- 27 %) ;

- le chapitre 57-02 " Equipements administratifs et techniques " (- 22,3 %) ;

- le chapitre 66-02 " ANVAR " (-21,8 %).

3. La sous-consommation des crédits de certains chapitres

Les crédits ont été finalement dépensés à hauteur de 24,857 millions de francs, ce qui représente un taux de consommation de 93,8 %.

Les crédits des titres III et IV ont été consommés pour plus de 98 % de leur montant. S'agissant des crédits du titre V, on observe une différence assez sensible entre le taux de consommation des CP (68,6 %) et celui des AP (90,6 %).

En effet, le taux de consommation des AP du chapitre 57-02 " Equipements administratifs et techniques " s'est amélioré (69,7 %) en raison d'une reprise des opérations immobilières de l'administration centrale mais l'effet sur les crédits de paiement n'en sera perceptible qu'en 1998.

Au titre VI, il faut noter la faible consommation des crédits des chapitres :

62-01 " Reconversion " destinés à la reconversion des zones minières et aux interventions dans le cadre du Fonds d'industrialisation de la Lorraine (FIL) : ces crédits n'ont été consommés que pour 44,7 % de leur montant disponible en CP. La consommation des AP a été négative à -44 millions de francs.

Toutefois, le secrétariat d'Etat à l'industrie estime que ce taux de consommation n'est pas significatif. En effet, les ressources disponibles sur ce chapitre intègrent les crédits du Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM) reportés de l'exercice 1997 à l'exercice 1998 alors que le mode de financement de ce fonds a été modifié en 1998. Le FIBM a en effet bénéficié d'une dotation en capital de 160 millions de francs par l'intermédiaire de Charbonnages de France.

S'agissant du Fonds d'industrialisation de la Lorraine, les crédits reportés en AP et CP correspondent à des opérations clôturées ou à la liquidation de la société de reconversion Provence Industrialisation, cette dernière opération se traduisant par une consommation négative de 44 millions de francs en AP qui est venue minorer la consommation de CP.

Le secrétariat d'Etat à l'industrie fait valoir que l'activité soutenue du FIL en 1997 (plus de 90 millions de francs d'AP) a été financée essentiellement par des AP déjà disponibles en région.

64-93 " Aide à la construction navale " : doté initialement de 800 millions de francs en AP et de 850 millions de francs en CP, ce chapitre a bénéficié, en cours de gestion, de reports de 447,4 millions de francs d'AP et d'une ouverture de crédits de 850 millions de francs en AP et CP ; la consommation finale ne s'est élevée qu'à 756,7 millions de francs en CP et à 1.165 millions de francs en AP, traduisant des taux de consommation de 47 % et 54,4 % respectivement.

• 64-96 " Restructurations industrielles " : ce chapitre se distingue traditionnellement par l'importance des crédits reportés d'une année sur l'autre. En 1997, 395 millions de francs ont ainsi été reportés en AP et CP pour des montants de crédits initiaux de 70 et 80 millions de francs respectivement. Les crédits n'ont finalement été consommés que pour 52 % de leur montant en CP (228,7 MF) et 33 % de leur montant en AP (139 MF). Le résidu de 211 MF a été reporté sur l'exercice 1998.

Le secrétariat d'Etat à l'Industrie n'a pas fourni d'explications sur ces deux chapitres.

B. L'EXÉCUTION DU BUDGET 1998

1. Des crédits votés en hausse

Les crédits adoptés en loi de finances initiale pour le budget de l'industrie pour 1998 se sont élevés à 16,37 milliards de francs , en hausse de 15,7 % par rapport aux crédits inscrits dans le fascicule budgétaire " Industrie " de la loi de finances initiale pour 1997.

Deux facteurs expliquaient cette forte progression des crédits en affichage :

d'une part, la fusion des fascicules budgétaires " Industrie " et " Poste, Télécommunications et Espace " consécutive à la nouvelle structure gouvernementale mise en place en juin 1997. Les crédits relatifs à l'espace 3( * ) (dotations du CNES et crédits de recherche industrielle " espace ") ont quant à eux été rattachés au budget de la recherche ;

d'autre part, la rebudgétisation des crédits affectés au Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM) et aux investissements recherche du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).

A l'inverse, deux mouvements ont eu pour conséquence une diminution des crédits :

le transfert, sur le budget de la recherche, des crédits du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), inscrits jusqu'en 1997 au budget de l'Industrie pour un montant de 334,5 MF en crédits de paiement ;

le transfert de 13,7 % des crédits du chapitre 36-83 " subvention de fonctionnement du CEA " (soit un montant de 793,7 millions de francs) afin d'égaliser la clef de répartition de cette subvention entre le budget de la recherche et le budget de l'Industrie (ce dernier prenait jusque là en charge 63,7 % de la subvention au CEA).

2. Des mouvements importants

Au moment où ce rapport est mis sous presse, étaient intervenus les mouvements suivants :

• Le montant des reports de crédits s'élevait à 1.597 millions de francs en crédits de paiement (contre 2.703,4 millions en 1997) et 4.343,5 millions de francs en autorisations de programme (contre 2.703,4 MF en 1997).

Ces reports sont principalement venus principalement abonder les chapitres 64-93 " Construction navale " pour 852 millions de francs et 64-96 " restructurations industrielles " pour 211 millions de francs.

• Le montant des annulations de crédits s'élevait à 226,83 millions de francs en CP et 501,4 millions de francs en AP, ce qui traduit une baisse par rapport à 1997. Ces annulations résultent de cinq arrêtés d'annulation :

- L'arrêté du 16 janvier 1998 a annulé 121,8 millions de francs de crédits en AP (soit 2,97 % des crédits votés) et 43,7 millions de francs de crédits de paiement. Le tableau ci-après recense les chapitres sur lesquels cette régulation a porté.



- L'arrêté du 8 juillet 1998 a annulé 11,48 millions de francs en autorisations de programme afin de clore des opérations d'investissement non réalisées au bout de quatre exercices budgétaires ;

- L'arrêté du 21 août 1998 a annulé 11,6 millions de francs en AP et CP sur le chapitre 64-96 article 10 " Actions de restructuration - hors CIRI " ;

- L'arrêté du 5 octobre 1998 a annulé 8 millions de francs en AP et CP sur ce même chapitre ;

- Enfin, l'arrêté du 18 novembre a annulé 348,5 millions de francs en AP et 163,53 millions de francs en CP.

Les chapitres budgétaires les plus affectés ont été les suivants :

- 62-01 " Reconversion " : 42,3 millions de francs ont été annulés en CP (soit 16,77 % des dotations initiales) et 118,1 millions de francs en AP (soit 53,7 % des dotations initiales) ;

- 64-96 " Restructurations industrielles " : 83,3 millions de francs ont été annulés en CP (soit 71,55 % des dotations initiales et 26,6 % des crédits disponibles après reports) et 163 millions de francs en AP (soit 120,81 % des dotations initiales et 40,4 % des crédits disponibles) ;

- 66-01 " Développement de la recherche industrielle et de l'innovation " : 60,75 millions de francs ont été annulés en CP (soit 3,37 % des dotations initiales) et 153,8 millions de francs en AP (soit 8,27 % des dotations initiales).

• Des fonds de concours ont été rattachés pour 1.497 millions de francs, dont 764,8 millions sur le titre III et 493,37 millions en crédits de paiement sur le titre V.

• Enfin, le traditionnel transfert de crédits depuis le budget de la défense sur le chapitre 62-00 " CEA " du budget de l'industrie est intervenu pour un montant de 6.029,5 millions de francs.

En dépit des annulations intervenues, certains chapitres du titre VI montraient des taux de consommation très faibles au 31 août 1998. Il s'agit notamment :

- du chapitre 62-01 " " Reconversion " dont les crédits de paiement n'étaient consommés que pour 13,98 % de leur montant ;

- du chapitre 66-02 " ANVAR " dont les crédits n'étaient consommés que pour 23,64 % de leur montant ;

- du chapitre 64-96 " Restructurations industrielles " dont les crédits n'étaient consommés que pour 27 % de leur montant ;

II. UN BUDGET POUR 1999 EN BAISSE

Le projet de budget de l'industrie pour 1999 s'élève à 15,282 milliards de francs contre 16,367 milliards dans la LFI pour 1998, ce qui représente une baisse de 6,6 %.

Toutefois, une telle baisse doit être appréciée au regard de deux modifications intervenues dans le périmètre de ce budget et sans lesquelles il aurait progressé de 1,1 %.

• En premier lieu, la réforme du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a pour conséquence le transfert, à hauteur de 1,562 milliard de francs, de la plus grande partie des crédits de personnel, de fonctionnement , d'informatique et d'équipements administratifs précédemment inscrits sur la section " industrie ", vers la nouvelle section " services communs et finances ". Ce regroupement de l'ensemble des dépenses de personnel et des moyens traduit la volonté gouvernementale d'assurer une gestion collective des personnels et des ressources.

• Par ailleurs, le budget de l'industrie pour 1999 intègre désormais les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH), auparavant comptabilisés dans un compte d'affectation spéciale (CAS). La budgétisation de ces crédits (280 millions de francs) se traduit par la clôture du compte d'affectation spéciale n° 902-12 et la création d'un nouvel article au sein du chapitre 62-92 (Actions dans les domaines de l'énergie et des matières premières).

Au total, les crédits inscrits au projet de budget de l'industrie ainsi " reformaté " sont en hausse de 1,56 % par rapport au budget pour 1998 auquel on aurait retranché les crédits de personnel et de fonctionnement et ajouté ceux du CAS " Fonds de soutien aux hydrocarbures ". Ils sont recensés dans le tableau ci-après :



Si toutefois, on procède de manière inverse en ajoutant au budget pour 1999 les crédits de fonctionnement transférés et en déduisant les crédits du FSH pour pouvoir comparer les budgets 1998 et 1999 à structure 1998 constante, les crédits de l'industrie pour 1999 s'élèvent à 16.564 millions de francs, soit une hausse de 1,1 % par rapport au budget pour 1998.

A. L'ABSORPTION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT DU MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE PAR LE MINISTÈRE DES FINANCES

1. Les conséquences de la réforme du ministère de l'économie pour l'administration centrale du Secrétariat d'Etat à l'industrie

La réforme du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie annoncée en février dernier a été concrétisée au début du mois de novembre par la publication au journal officiel de 7 décrets et 14 arrêtés créant cinq nouvelles directions dont trois grandes directions transversales :

- la direction des affaires juridiques (DAJ) ;

- la direction des relations avec les publics et de la communication (DIRPCOM) ;

- la direction du personnel, de la modernisation et de l'administration (DPMA).

Ces trois directions sont destinées à renforcer l'unité et l'efficacité des services.

Par ailleurs, plusieurs directions opérationnelles sont réorganisées pour en simplifier le fonctionnement : la Direction générale des impôts intègre désormais le Service de la législation fiscale et la Direction générale de la comptabilité publique.

S'appuyant sur les conclusions du rapport commandé en été 1997 à Pierre Boisson et Jean-Claude Milleron sur " les missions, les méthodes de travail et l'organisation du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie ", M. Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a ainsi souhaité faire de ce grand ministère le " ministère de la production ".

a) Une dilution des moyens de fonctionnement au sein du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

La première conséquence de cette réforme pour le Secrétariat d'Etat à l'industrie est l' absorption de la plus grande partie de ses crédits de personnel, de fonctionnement, d'informatique et d'équipements administratifs par la nouvelle section " services communs et finances " du fascicule budgétaire du ministère de l'économie. Une telle absorption se traduit dans le " bleu " industrie par la suppression de tous les chapitres correspondant, à l'exclusion des chapitres relatifs à l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Cette dernière autorité étant une autorité administrative indépendante, le rattachement de ses crédits de fonctionnement à la section services communs et finances ne se justifie pas.

Seuls subsistent dans le titre III du " bleu " industrie les crédits de la 6 ème partie (subventions de fonctionnement à l'Agence nationale des fréquences, à l'enseignement supérieur des postes et télécommunications et aux écoles nationales supérieures des mines) et de la 7 ème partie (dépenses de fonctionnement de l'ART et dépenses et remboursements supportés par la France au titre de l'infrastructure pétrolière).

Au total, ce transfert porte sur 6.063 emplois et 1.532,6 millions de francs.

En conséquence de ce transfert, l'ensemble des emplois budgétaires, y compris ceux du secrétariat d'Etat à l'industrie (mais à l'exception de ceux de l'ART) sont regroupés dans le projet de loi de finances pour 1999, au sein de la section " services communs et financiers ".

Les intentions du gouvernement à travers ce transfert n'apparaissent pas claires : d'un côté, il déclare souhaiter assurer, par un tel regroupement des moyens, une gestion collective plus efficace des personnels et des ressources et réaliser des économies d'échelle, mais lorsque le montant des économies budgétaires attendues lui est demandé, il répond que sa volonté est de concrétiser " l'unicité du ministère ", et non de réaliser des économies.

Si la réforme orchestrée a pour objet de mieux gérer les personnels et les ressources dans une perspective de réduction de la dépense publique, il convient de s'en féliciter.

Toutefois, votre rapporteur considère qu' une telle dilution des crédits de fonctionnement du ministère de l'industrie au sein du grand ministère de l'économie et des finances traduit un manque de considération du gouvernement pour la politique industrielle de la France . Quelle autorité peut, en effet, avoir un ministre de l'industrie sur son administration quand il est privé de la gestion de son personnel ?

En tout état de cause, la fusion de tous les crédits de personnels et de fonctionnement dans un seul fascicule budgétaire rend très opaque la gestion de ces crédits et très difficile le contrôle du Parlement.

b) Une modification des structures administratives

La seconde conséquence de la réforme est la fusion de la Direction générale des stratégies industrielles (DGSI) et de la Direction des postes et télécommunications (DPT) dans une nouvelle Direction générale de l'industrie, des technologies de l'information et des postes (DGITIP).

Cette nouvelle direction est chargée par le décret n° 98-979 du 2 novembre 1998 de proposer et de mettre en oeuvre " les actions propres à créer un environnement favorable au développement de l'industrie en France, à développer la compétitivité industrielle du territoire français et à accroître la compétitivité internationale des entreprises industrielles et du secteur des postes et des télécommunications ". Elle propose également toute mesure concourant au développement de la recherche et de l'innovation et est responsable de la politique de normalisation. Enfin, elle concourt à la promotion du développement durable.

Cette nouvelle direction comprend six services :

• le service des industries manufacturières est chargé de suivre l'ensemble des industries de production ;

• le service des technologies et de la société de l'information est issu de la fusion entre le services des industries de communication et de services et le service des télécommunications ; un tel regroupement vise à tirer parti de synergies entre la direction générale des stratégies industrielles et la DPT ;

• le service des postes et des personnels des postes et télécommunications répond au souci d'avoir un très grand service chargé, d'une part des questions postales et, d'autre part, des questions relatives aux personnels et aux activités sociales de La Poste et de France Télécom ; il exerce la tutelle sur La Poste ;

• le service de l'environnement économique, international et de l'emploi résulte de la fusion entre le service des affaires économiques et internationales et le service du développement de l'emploi industriel. Il répond au souci d'utiliser les outils nationaux, communautaires et internationaux dans une logique de création d'emplois ;

• le service de l'innovation et de la qualité est chargé de favoriser le développement de la recherche industrielle et est responsable de la promotion de la qualité dans les entreprises, de la certification et de la politique de normalisation ;

• le service des études et des statistiques industrielles.

Par ailleurs, une direction des matières premières et des hydrocarbures est créée au sein de la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP). Elle regroupe la direction des hydrocarbures et du service des matières premières et du sous-sol. Une telle fusion vise à tirer parti d'une culture commune marquée par les géosciences et la connaissance du sous-sol et de préoccupations analogues en matière de géopolitique et de sécurité d'approvisionnement. La nouvelle direction assurera la tutelle de l'Institut français du pétrole, du BRGM, d'EMC et de la SLN-Eramet.

Au total, le Secrétariat d'Etat à l'industrie ne coiffe plus que 4 directions contre 7 auparavant.

2. Des moyens en personnel et de fonctionnement préservés

Le " grand " ministère de l'économie, des finances et de l'industrie devrait connaître en 1999 un solde net de 695 suppressions d'emplois auxquels contribueront l'ensemble des composantes du ministère.

Ce solde net intègre notamment la création de 24 postes dans les corps techniques du ministère de l'industrie, et notamment au profit des services déconcentrés (10) pour renforcer les missions de développement industriel, de contrôle de la sécurité nucléaire et de prévention des affaissements miniers (Lorraine), et des nouvelles écoles des mines de Nantes et d'Albi Carmaux (8). Des créations profiteront également aux corps d'inspection et d'expertise (IGIC et CGTI).

Par ailleurs, la création du grand ministère est l'occasion de procéder à la résorption de surnombres, notamment dans le corps des attachés, qui se traduit par une adaptation de la structure des emplois budgétaires aux effectifs réels du ministère. Ces surnombres proviennent essentiellement de la filière administrative. Ils sont imputables :

- à la fusion du ministère de l'industrie et du ministère des Postes et télécommunications en 1997, qui a conduit à supprimer 162 emplois ;

- aux suppressions d'emplois opérées par les lois de finances successives (60 en 1995, 101 en 1996, 120 en 1997) ;

- au retour de 54 détachés d'office en provenance de La Poste et de France Télécom au 31 décembre 1995 ;

- à la création de l'ART et de l'ANF le 1 er janvier 1997 qui a entraîné 40 surnombres.

Enfin, dans le cadre de la titularisation des contractuels de catégorie A mise en place par la loi n° 96-452 du 28 mai 1996, un nombre important d'emplois de contractuels (90 pour l'ancien pôle " Industrie ") sont transformés en :

- 70 attachés d'administration centrale ;

- 12 ingénieurs de l'industrie et des mines ;

- 8 chargés d'études documentaires.

Le graphique ci-après retrace l'évolution des effectifs réels du secrétariat d'Etat à l'industrie depuis 1994 :



En 1998, les 6.504 agents du secrétariat d'Etat se répartissaient en 5.190 fonctionnaires titulaires, 798 contractuels, 11 vacataires et 505 personnes mises à disposition. Les fonctionnaires titulaires représentent désormais près de 80 % du personnel du secrétariat d'Etat contre 76 % en 1994. Les personnels mis à disposition ont au contraire tendance à diminuer en poids relatif (7,7 % contre 10,8 %). Ils sont désormais 505 dont 67 cadres d'EDF mis à la disposition des Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (DRIRE).

L'incidence de l'accord salarial de février 1998 est estimé par le gouvernement à :

- 6,5 millions de francs pour les mesures générales (+0,8 % au 1 er avril 1998 et +0,5 % au 1 er novembre 1998) ;

- 1,5 millions de francs pour les dispositions relatives aux bas salaires (attribution de points d'indice majoré au 1 er juillet 1998).

S'agissant des moyens de fonctionnement, le budget pour 1999 prévoit :

- la progression des dotations allouées aux écoles des mines : 1 MF pour les crédits de vacations des écoles, 1,33 MF (soit + 11,5 %) pour les bourses des élèves inscrites, consolidation de l'amendement parlementaire de 1 MF pour les bourses des chercheurs ;

- la hausse de 2,1 % des crédits d'informatique qui doit permettre l'achèvement de la mise en réseau des différentes directions du ministère, la poursuite du déploiement des outils Intranet et Internet, et la mise en place de nouvelles applications pour le service des statistiques industrielles (SESSI) et l'acquisition de nouveaux serveurs Internet permettant la saisie directe par les entreprises des données destinées aux enquêtes de branches.

- la reconduction en francs courants des dotations de fonctionnement du SESSI et de la Commission supérieure du Service Public, des Postes et des Télécommunications (CSSPPT) ;

- la forte augmentation des crédits d'équipement administratifs (+ 21 % en AP) afin de poursuivre les travaux de mise en sécurité effectués en application du code minier. Près de 20 millions de francs sont notamment prévus pour la mise en sécurité du site de Pechelbronn.

B. PRÉSENTATION DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT

Le budget de l'industrie comprend 6 agrégats depuis l'inscription des crédits de la Poste et des télécommunications au budget de l'industrie en juin 1997. Toutefois, le transfert des dépenses de personnel et des moyens du bleu " industrie " vers le bleu " services communs et finances " vide l'agrégat n° 1 de son contenu, ce qui ramène le nombre d'agrégats à cinq.

Le graphique ci-après illustre la répartition des crédits entre les cinq agrégats restants dans le PLF pour 1999.

1. Energie et matières premières

Le tableau ci-après recense les lignes budgétaires consacrées à la politique de l'énergie et des matières premières.



Il s'agit de l'agrégat le plus important avec 3,98 milliards de francs , soit environ 26 % des crédits. Cet agrégat (dont la subvention aux Charbonnages de France constitue 72 % des crédits), connaît une croissance de 10,68 % par rapport aux crédits votés pour 1998, imputable à :

la budgétisation des crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures sur le chapitre 62-92 (pour 276 millions de francs) ;

le triplement des crédits du chapitre 62-92 consacrés à la maîtrise de l'énergie, aussi bien en CP (249,5 MF) qu'en AP (262 MF). Conformément à la déclaration du premier ministre du 2 février 1998, l'ADEME bénéficie ainsi d'une dotation supplémentaire de 500 millions de francs, dont un tiers est imputé sur les crédits du budget de l'industrie, les deux tiers restants étant inscrits sur le budget de l'environnement.

Si l'on retranche les crédits budgétisés du FSH, la croissance de cet agrégat s'élève à 3 % .

Il faut, par ailleurs, noter la contraction des crédits de deux postes budgétaires :

la subvention à Charbonnages de France diminue de 50 millions de francs pour s'établir à 2,87 milliards de francs ; cette diminution, qui fait suite à une baisse des crédits de 20 millions de francs en 1998, devrait cependant être compensée par une dotation en capital accrue (2,52 milliards de francs au lieu de 2,48 en 1998).

• les crédits du chapitre 46-93 (prestations servies à certains retraités des mines et des industries électriques et gazières) diminuent de 22 MF pour s'adapter aux besoins.

2. Le Commissariat à l'énergie atomique

Cet agrégat, qui représente 22 % du budget de l'industrie, est celui qui connaît la plus forte croissance (+ 2,9 %) après l'agrégat " Energie et matières premières ".

La subvention de fonctionnement du CEA progresse de 1,5 % pour atteindre 2.959 MF . Par ailleurs, 375 MF sont inscrits, en AP comme en CP, au titre VI, pour le financement des programmes de recherche du CEA, ce qui représente une hausse de 15,2 % par rapport à la LFI 98 et traduit la poursuite de la budgétisation de ces crédits.

3. La recherche industrielle et l'innovation

Cet agrégat, qui atteint 2,87 milliards de francs , soit 19 % des crédits du budget de l'industrie, est en diminution de 1,26 % par rapport à 1998. Comme l'indique le tableau ci-après, il comprend, d'une part, les crédits destinés à l'Agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR), et, d'autre part, les crédits de recherche industrielle gérés directement par le ministère et destinés à financer, notamment, les grands programmes. A plus petite échelle, il inclut également les crédits destinés à favoriser la diffusion des techniques au sein des PMI.



Il est à noter la légère croissance des crédits d'équipement destinés à l'ANVAR après une baisse continue depuis 1993-1994 : ils augmentent en effet de 1,3 % pour s'établir à 673,5 MF. Les autorisations de programme passent en revanche de 840 à 800 MF.

Par ailleurs, les crédits destinés à soutenir les grands programmes de recherche industrielle (chapitre 66-01) diminuent légèrement en AP comme en CP (- 2,2 % et - 3 % respectivement) pour s'établir à 1.818 MF en AP et 1.752 MF en CP. Mais ils augmentent si on les compare aux moyens disponibles en 1998 après annulations de crédits (soit 1.805 MF en AP).

Ces crédits correspondent à la participation du ministère de l'industrie au financement de grands programmes interministériels (tels que les programmes de recherche et de développement d'innovation et de technologie dans le domaine des transports terrestres - PREDIT - et dans le domaine de la chimie de formulation - REACTIF) ou européens de coopération (EUREKA, MEDEA, ADTT, COMMEND...). Ils recouvrent également les crédits destinés à financer l' appel à propositions " Technologies-clés " qui est doté de 400 MF en 1999.

Enfin, la diffusion des technologies dans les petites et moyennes entreprises est encouragée au travers de la procédure contractualisée " ATOUT " qui voit ses AP reconduites à 212 MF. Les CP sont en hausse de 7 MF à 167 MF.

4. L'accompagnement de l'activité industrielle

Cet agrégat, qui regroupe 2,42 milliards de francs, progresse de 1,6 % (en DO + CP) par rapport au PLF 1998. Il représente 16 % des crédits du budget de l'industrie et recouvre des crédits aux destinations diverses recensés dans le tableau ci-après :



Quatre volets peuvent être distingués :

La formation (369 MF) :

L'augmentation de 64 % des crédits de fonctionnement des écoles des mines (263MF) reflète l'extension en année pleine du transfert sur le budget des écoles des mines de 358 emplois de contractuels de recherche auparavant inscrits sur un autre chapitre du budget de l'industrie, transfert intervenu le 1 er octobre 1998. Les subventions d'équipement aux écoles progressent quant à elles de 4 % en CP et 5 % en AP.

Par ailleurs, des moyens nouveaux de 3 MF sont alloués, dans le chapitre 43-01, à l'école supérieure d'électricité (SUPELEC) dont la subvention de fonctionnement s'élève à 38,7 MF, afin de renforcer les moyens pédagogiques et l'utilisation des nouvelles technologies.

Les aides aux secteurs en difficulté (1.155 MF d'AP et 1.083 MF de CP) :

Comme l'indique le développement suivant, la gestion de ces aides paraît très difficile à inscrire dans l'annualité budgétaire.

Les crédits de paiement destinés respectivement au Fonds d'industrialisation de la Lorraine (FIL) et à la reconversion des zones minières (Fonds d'industrialisation des bassins miniers) régressent fortement (- 39 % et - 26 %) pour s'établir à 64,6 et 108 MF. Mais les perspectives d'engagement des AP d'ici la fin 1998 permettent de réduire les dotations du FIBM sans altérer la capacité d'intervention de l'Etat. En effet, au 31 août 1998, seules 14 % des AP disponibles avaient été engagées. S'agissant du FIL, les autorisations de programme restent stables à 80 MF.

De même, les crédits destinés aux restructurations industrielles gérées par le CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle) sont fortement contractés (- 60 % en AP et - 40 % en CP) pour s'établir respectivement à 20 et 30 MF. Cette forte diminution en AP s'explique par l'importance des reports de crédits d'une année sur l'autre (250 MF en 1997 et 210 MF en 1998), l'évolution des engagements de crédit par le CIRI étant très variable et impossible à prévoir. Il faut par ailleurs préciser que l'intervention du CIRI, qui vise essentiellement à favoriser l'émergence et la mise en oeuvre de solutions sérieuses de restructuration garantissant le maintien d'emplois durables, s'accompagne de moins en moins fréquemment de versement de concours financiers aux entreprises.

On peut alors se demander si les perspectives d'engagement des AP d'ici la fin de 1998 (seuls 76 MF sur 403 MF de crédits disponibles - compte tenu des reports - ont été engagés au 31 août 1998, soit 19 %) ne permettraient pas de réduire davantage les crédits de cette ligne budgétaire. D'autant que la capacité d'engagement au titre des actions de politique industrielle hors CIRI est maintenue avec 81 MF en CP et 85 MF en AP. Là aussi, les reports de crédits sont assez élevés (145 MF en 1997 et 74 MF en 1998). Ces crédits sont destinés à des secteurs menacés dont le traitement ne fait pas l'objet d'une coordination interministérielle (habillement-textile, électronique, construction navale, automobile...).

Quant aux aides à la construction navale, qui constituent un tiers des crédits de l'agrégat, elles sont reconduites en CP (800 MF) comme en AP (850 MF). Il faut là aussi noter l'importance des reports de crédits d'une année sur l'autre qui traduit les très grandes fluctuations d'activité. Ainsi, en raison de reports de 973 MF, le montant des crédits disponibles (AP) au 31 août 1998 sur le chapitre 64-93 s'élevait à 1.823,7 MF mais 1.632 MF étaient déjà consommés.

Les actions de soutien au développement des PMI (108 MF de DO et 520 MF d'AP) :

Les crédits destinés à financer des actions de développement industriel régional en faveur des PMI (au travers des procédures déconcentrées et des contrats de plan Etat-Régions 1994-1998) sont également reconduits, compte tenu des besoins estimés après l'étalement sur 6 ans des CPER (454 MF en CP et 470 MF en AP). Ils sont destinés à encourager les investissements immatériels (recours à des conseils et à des expertises extérieurs, embauche de personnels hautement spécialisés...) et matériels des entreprises. Le soutien à l'investissement matériel a lieu à travers le Fonds de développement des PME qui s'est substitué en juillet 1993 à d'anciennes procédures contractualisées. 3.243 millions de francs ont déjà été engagés au titre des CPER 94-98 dont 2.188 MF pour la seule part Etat.

Des moyens supplémentaires de 10 millions de francs en CP seront par ailleurs consacrés à la diffusion de nouveaux outils de communication et d'information dans les PMI (soit 35 MF en tout en CP et 50 MF en AP). Un appel à projet intitulé " UCIP " (Utilisation collective d'Internet par les PMI) a en effet été lancé en mai 1998 pour soutenir les initiatives collectives et innovantes destinées à aider les PMI à s'approprier les technologies Internet et à en exploiter les potentialités pour conquérir de nouveaux marchés.

Enfin, les crédits du chapitre 44-81 passent de 99 à 108 MF. Ce chapitre comporte notamment des subventions de fonctionnement à des organismes dont l'intervention stimule la compétitivité des entreprises et contribue à favoriser l'environnement économique dans lequel elles évoluent.

L'augmentation des crédits de ce chapitre résulte de l'inscription de deux mesures nouvelles dotées de 4 et 5 millions de francs respectivement, et traduisant, d'une part, la budgétisation des crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures servant au fonctionnement de divers comités et, d'autre part, le souci de prévenir les risques miniers. La mise en place d'un dispositif de surveillance des affaissements miniers en Lorraine et l'amélioration de la connaissance des risques au travers de l'exploitation des données cartographiques et d'une veille technologique constitue en effet l'une des traductions de la priorité accordée par le Secrétariat d'Etat à la gestion de l' " après-mines " qui devrait donner lieu au dépôt d'un projet de loi modifiant le code minier.

Le soutien aux efforts en matière de normalisation et de qualité :

La légère augmentation des crédits du chapitre 44-93 (268 MF) et de ceux du chapitre 64-94 (84 MF en AP comme en CP) reflète l'intérêt que le ministère accorde à cette action. La combinaison de cette progression et des efforts internes aux chapitres (achèvement de l'opération d'aménagement de Trappes III du Laboratoire National d'Essais) permet ainsi d'opérer un effort important (+ 12 % en DO+AP) en faveur des activité de métrologie légale aujourd'hui conduites par le Groupement d'intérêt public " Bureau National de la Métrologie " et appelées à se développer dans un cadre renouvelé. Elle vise également à renforcer le soutien de l'Etat aux démarches collectives proposées par les secteurs professionnels en faveur de la normalisation et de la qualité.

CHAPITRE II

LA POLITIQUE DE L'ÉNERGIE

La politique énergétique de la France poursuit trois objectifs :

- un objectif stratégique : assurer la sécurité de nos approvisionnements énergétiques à travers une diversification de nos ressources et le développement de la production énergétique nationale ;

- un objectif économique : assurer la compétitivité de nos approvisionnement et des opérateurs énergétiques afin de diminuer le coût de l'énergie pour l'ensemble des opérateurs économiques ;

- un objectif environnemental : lutter contre l'effet de serre et les pollutions acides.

Elle fait l'objet de deux agrégats dans le budget de l'industrie : l'agrégat " énergie et matières " premières " doté de 3.982 millions de francs (en DO et CP) et l'agrégat " Commissariat à l'énergie atomique " doté de 3.334,5 millions de francs, soit un total de 7.316 millions de francs (soit 48 % du budget de l'industrie).

La progression des crédits du premier (+ 10,68 %) traduit, d'une part, la budgétisation des crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH) qui vient " gonfler " le budget de l'industrie de 280 millions de francs, mais dont on verra qu'elle se traduit par une opération fructueuse pour l'Etat, et, d'autre part, la forte progression des crédits de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Elle masque cependant la diminution des crédits dévolus aux Charbonnages de France aux dépens de la situation financière de ce dernier.

L'augmentation des crédits du second (+ 2,88 %) ne doit pas faire oublier les menaces qui pèsent sur l'avenir du secteur nucléaire français, menaces résultant d'une part de la décision allemande de mettre fin à son programme nucléaire, et d'autre part du contexte de plus en plus concurrentiel du marché de l'énergie. La poursuite du programme nucléaire français est pourtant indispensable non seulement à l'indépendance énergétique de la France 4( * ) , mais aussi à la préservation d'une filière qui est pour l'instant la plus respectueuse de l'environnement et la seule susceptible d'apporter une solution réaliste à l'épuisement prévisible des ressources énergétiques fossiles. Or, les crédits du Commissariat à l'énergie atomique ne semblent pas couvrir les besoins de l'établissement public qui se voit progressivement contraint de céder ses participations industrielles.

Par ailleurs, la concurrence est exacerbée par le faible prix du pétrole et du gaz et par la libéralisation des marchés. Or, le marché n'est pas forcément le meilleur " allocateur " de ressources dans une perspective de long terme. Il revient à la politique énergétique d'inciter les acteurs à prendre en compte la finitude des ressources énergétiques et les contraintes environnementales. C'est l'objet de la politique de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables à laquelle le budget pour 1999 accorde une attention toute particulière. S'il convient de s'en féliciter, il faut toutefois garder à l'esprit que les énergies renouvelables ne pourront jamais se substituer totalement aux centrales thermiques, même si l'on couvrait la totalité du territoire de champs d'éoliennes.

Enfin, la politique énergétique de la France se traduit également à travers les impulsions que donne l'Etat aux opérateurs énergétiques publics placés sous la tutelle du secrétariat d'Etat à l'industrie. On examinera donc la situation d'Electricité de France (EDF) et de Gaz de France (GDF) à la veille de l'ouverture à la concurrence des marchés de l'électricité et du gaz.

I. LA RELANCE DE LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE ET DE PROMOTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

La politique de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables s'appuie sur plusieurs leviers : un certain nombre de dispositions fiscales existent pour encourager les comportements économes en énergie, dont certaines sont reconduites par le projet de loi de finances 5( * ) ; par ailleurs, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a notamment pour objet d'encourager les efforts de maîtrise de l'énergie et de promouvoir les énergies renouvelables.

Toutefois, il apparaît que l'Ademe s'est progressivement éloignée de ces missions au profit des autres missions dont elle a la charge (prévention des pollutions et des atteintes à l'environnement, financement d'actions de recherche).

Le gouvernement a récemment annoncé son intention de rééquilibrer les actions de l'Agence au profit de celles destinées à encourager les efforts de maîtrise de l'énergie. Pourtant, au regard des crédits prévus dans la loi de finances pour 1999, on peut se demander si cette volonté s'est réellement traduite dans la réalité, dans la mesure où le ministère de l'environnement s'avère le grand bénéficiaire des opérations.

A. BILAN DE LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE

1. Les activités de l'ADEME en matière d'énergies renouvelables et d'utilisation rationnelle de l'énergie

Le développement des énergies renouvelables

Cette action se décline à travers trois programmes qui ont mobilisé 30 millions de francs entre le 1 er janvier 1997 et le 31 juin 1998 :

• Le Plan Bois Energie et Développement local (PBEDL) lancé en concertation avec les collectivités locales en 1994 dans 11 régions a permis de mettre en place plus d'une centaine de chaufferies au bois depuis 1994 pour une puissance installée totale de 82,7 MW. Le PBEDL sera prolongé de deux ans pour une dotation totale de 74,5 millions de francs.

• Le programme Production d'électricité issue des énergies renouvelables compte deux pôles principaux d'intervention : l'électrification des sites isolés, tant en métropole que dans les DOM et la production d'électricité raccordée au réseau.

Environ 1.000 sites isolés ont été acceptés pour financement de travaux sur la période 1995-97 représentant un montant de 123 millions de francs pour 653 kW photovoltaïques et 207 kW éoliens.

Par ailleurs, grâce à la loi Pons, près de 1.400 sites ont été équipés dans les DOM pour un total de 1 400 kWc photovoltaïque représentant 350 millions de francs de travaux.

Enfin, dans le cadre du programme EOLE 2005 initié en 1996 dans le but de porter le parc éolien français à un niveau compris entre 250 et 500 MW à l'horizon 2005, les projets acceptés à la suite du lancement de l'appel à propositions de l'été 1996 sont estimés à 617 millions de francs pour une puissance totale installée de 77 MW (à l'heure actuelle, seuls 9 176 kW éoliens sont raccordés au réseau).

• Enfin, le programme solaire thermique a permis la pose d'environ 5 000 chauffe-eau solaires dans les DOM, dans le cadre du programme pluri-anuel " 20.000 chauffe-eau solaires ".

L'utilisation rationnelle de l'énergie

L'action de l'ADEME dans ce domaine, qui a mobilisé 23 millions de francs entre le 1 er janvier 1997 et le 31 juin 1998, est répartie entre un programme transversal de maîtrise de la demande d'électricité, et plusieurs programmes sectoriels.

Le programme transversal inclut des actions dans le secteur industriel (diffusion de la variation électronique de vitesse - VEV - en pompage et ventilation, optimisation des consommations énergétiques des installations frigorifiques industrielles...), dans le tertiaire (maîtrise de la demande d'électricité dans les bâtiments) et au niveau individuel (consommation des appareils électriques domestiques).

Parmi les programmes sectoriels, il faut noter les efforts portés sur les secteurs industriels de la Mécanique, de la Fonderie, du Textile, des papiers-cartons-imprimerie et des matériaux de construction et visant à optimiser les consommations énergétiques. Dans le secteur des Transports, l'ADEME a subventionné l'acquisition par les collectivités de 754 véhicules électriques (249 pour la seule année 1997) sur les 4 000 véhicules qui circulaient en France à la fin de 1997. Elle a par ailleurs poursuivi son soutien au développement du transport combiné, à l'aide à la gestion de flottes de transport et à la logistique des déchets.

2. Une politique de maîtrise de l'énergie jusqu'à présent plus conjoncturelle que structurelle

En 1997, le Comité interministériel de l'évaluation des politiques publiques a réalisé avec l'aide du Commissariat général du Plan un vaste bilan de la politique de maîtrise de l'énergie menée de 1973 à 1993. Les conclusions de ce rapport ont été publiées en janvier 1998 et mettent en avant le caractère très conjoncturel de la politique de maîtrise de l'énergie menée pendant les vingt ans de la période étudiée.

Le rapport souligne ainsi que " la décroissance très rapide de la dépense publique à partir de 1986 a eu pour conséquence d'amplifier l'effet démobilisateur que la chute des prix du pétrole a eu sur l'attention spontanée portée par les consommateurs à l'optimisation de leur décisions en matière d'utilisation de l'énergie. "

Le rapport relève également le démantèlement progressif et insidieux des actions de maîtrise de l'énergie de l'ADEME suite au désengagement de l'Etat mais aussi à la fusion en 1991 de l'Agence française de maîtrise de l'énergie (AFME) avec l'Agence nationale pour la récupération et l'élimination des déchets (ANRED) et avec l'Agence nationale pour la qualité de l'air (ANQA). Il fait ainsi valoir que les crédits d'intervention de l'agence en faveur de la maîtrise de l'énergie ont décru de 304 à 75 millions de francs entre 1992 et 1997 alors que, dans le même temps, les crédits d'intervention en faveur de l'environnement ont progressé de 297 à 1.229 millions de francs.

Il observe pourtant qu'au moment de la fusion, les personnels affectés à la maîtrise de l'énergie représentaient les trois quarts des effectifs totaux des trois agences (516 personnes) et la quasi-totalité des effectifs présents en région dans les délégations régionales. Seuls 63 postes supplémentaires ont été créés depuis au titre des missions " environnement " de la nouvelle Agence.

Selon le rapport de M. Michel Destot, rapporteur spécial des crédits de l'industrie à la commission des finances de l'Assemblée nationale, l'action pour la maîtrise de l'énergie de l'ADEME ne représentait plus que 10 % de son budget total d'intervention en 1998, contre 13 % pour l'aide à la recherche et 77 % en faveur de la protection de l'environnement.

Le rapport de l'instance d'évaluation de la politique de maîtrise de l'énergie déplore enfin l'insuffisance du suivi des affaires et de l'évaluation de leur impact réel.

B. LES DIFFICULTÉS BUDGÉTAIRES DE L'ADEME

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la triple tutelle des ministères de l'Environnement, de l'Industrie et de la Recherche. Son activité vise à la maîtrise conjointe des consommations d'énergie, de matières premières et des pollutions.

Le financement de l'ADEME est assuré :

- à moins de 30 % par des crédits d'origine budgétaire provenant des budgets de l'environnement et de l'industrie ;

- et à plus de 70 % par les quatre taxes fiscales et parafiscales visant à taxer les émissions polluantes dont l'Agence assure le recouvrement ainsi que la gestion.

La taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés, instituée par l'article 7 de la loi du 13 février 1992 relative à l'élimination des déchets, possède un caractère fiscal. Elle est acquittée par les exploitants de décharges de déchets ménagers et assimilés et son produit est destiné à soutenir le développement de techniques de traitement innovantes, à financer des investissements et à aider les communes d'accueil des nouvelles installations ;

la taxe sur les déchets industriels spéciaux, instituée par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement, a également un caractère fiscal. Elle est acquittée par les exploitants des installations de traitement ou de stockage de déchets industriels spéciaux et son produit est destiné à financer le traitement et la réhabilitation des sites pollués " orphelins " ;

la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, instituée par le décret n° 85-582 du 7 juin 1985, est acquittée par les exploitants d'installations émettant certains rejets dans l'atmosphère ; le produit de la taxe est affecté à la surveillance de la qualité de l'air et au financement de projets de lutte contre la pollution atmosphérique ;

la taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires, instituée par la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, a un caractère fiscal. Elle est acquittée par les compagnies aériennes utilisant les grands aérodromes et son produit est destiné à aider les riverains de ces aéroports à réaliser des travaux d'isolation acoustique ;

Depuis plusieurs années, une tendance à la débudgétisation des ressources de l'ADEME est apparue, la part des crédits budgétaires dans le financement de l'Agence se réduisant au profit de celle des taxes affectées.

Les graphiques ci-après montrent la part croissance des taxes dans les ressources de l'ADEME et le tarissement des crédits budgétaires (tous budgets confondus), cette tendance étant plus nette pour les crédits d'intervention que pour les crédits de fonctionnement.





L'Agence se trouve ainsi paradoxalement confrontée à des difficultés budgétaires croissantes alors que le produit des taxes qu'elle recouvre ne cesse de progresser sous le double effet de l'élargissement de leur assiette et de l'élévation de leur taux. Ce produit est ainsi passé de 633 millions de francs en 1994 à 1.322 millions de francs en 1998. Il devrait s'élever à 1.935 millions de francs en 1999. Une telle progression résulte pour l'essentiel de la forte croissance de la taxe sur le traitement et le stockage des déchets ménagers dont le produit est passé de 395 millions de francs en 1994 à 875 millions de francs en 1998.

S'agissant du budget de fonctionnement de l'agence, la baisse des crédits budgétaires n'est que partiellement compensée pas les prélèvements pour frais de recouvrement et de gestion effectués à son profit sur le produit des taxes, qui s'est élevé à 85,7 millions de francs en 1997.

En outre, l'Agence ne peut disposer pour ses besoins propres des revenus financiers provenant du placement des taxes qu'elle recouvre 6( * ) . L'affectation de ces revenus, dont l'essentiel provient des taxes sur les déchets et de la taxe sur la pollution de l'air, doit en effet être identique à celle réservée aux produits des taxes elles-mêmes fixée par les dispositions législatives et réglementaires qui les ont crées (voir encadré supra ).

En conséquence, l'Agence doit faire face à une dette importante. Ses impayés étaient évalués à 62,2 millions de francs fin 1996. En 1994, un rapport de l'inspection des finances avait estimé nécessaire d'apporter à l'Agence un complément de subvention de 250 millions de francs pour lui permettre de résorber sa dette. Elle connaît des problèmes de trésorerie et de délais de paiement pour ses dépenses financées sur crédits budgétaires. Le déficit de crédits de paiement par rapport aux autorisations de programme accordées s'élevait encore à 185 millions de francs fin 1998.

On peut s'étonner à cet égard que les crédits d'intervention de l'ADEME fassent régulièrement l'objet de régulations budgétaires.

D'autant que de telles restrictions de crédits affectent essentiellement les actions de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables qui sont financées sur les seules ressources budgétaires.

C. UNE AUGMENTATION DES MOYENS DÉVOLUS À L'ADEME AU TITRE DE LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE

1. Une augmentation judicieuse

L'augmentation des moyens de l'Agence pour la maîtrise de l'énergie doit être analysée au regard de la création d'une nouvelle taxe sur les activités polluantes.

En 1998, à l'issue du Comité interministériel sur le nucléaire, le premier ministre a annoncé la relance de la politique de maîtrise de l'énergie et la mise en place d'un financement pérenne en faveur de l'ADEME de l'ordre de 500 millions de francs par an. C'est ce que concrétise l'article 30 du projet de loi de finances et les mesures budgétaires qui l'accompagnent.

L'article 30 du projet de loi de finances prévoit en effet d'instituer, à compter du 1er janvier 1999, au profit du budget de l'Etat, une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) qui se substituerait aux quatre taxes actuellement affectées à l'ADEME et à la taxe parafiscale sur les huiles de base 7( * ) . Contrairement aux taxes qu'elle remplacerait, la TGAP serait un impôt d'Etat dont le produit alimenterait le budget de l'Etat et qui relèverait donc de la compétence législative.

En compensation, l'ADEME bénéficierait d'une subvention annuelle d'un montant égal au produit attendu de la TGAP. Cette subvention serait inscrite au budget du ministère de l'Environnement pour un montant de 1.435 millions de francs.

Afin de donner à l'ADEME une garantie pluriannuelle sur la pérennité et le niveau de ses ressources, la définition de la subvention annuelle se ferait dans le cadre de contrats pluriannuels conclus avec l'Etat . Le premier d'entre eux devrait couvrir la période 1999-2002.

Par ailleurs, il est prévu d'augmenter de 50 % le taux des taxes sur le stockage des déchets ménagers, ce qui devrait permettre de dégager des ressources supplémentaires de l'ordre de 615 millions de francs, dont 500 millions de francs seraient affectés à la relance des actions de l'ADEME dans le domaine de la maîtrise de l'énergie et du développement des énergies renouvelables . Ces 500 millions de francs seraient inscrits pour un tiers au budget de l'industrie (soit 167 millions de francs) et pour deux tiers au budget de l'environnement (soit 333 millions de francs).

Le gouvernement n'a toutefois pas précisé l'affectation de ces crédits . La répartition exacte des 500 millions de francs annoncés entre les mesures de maîtrise de l'énergie et le développement des énergies renouvelables devrait faire l'objet d'une concertation entre l'Agence et ses tutelles, se contente de dire le ministère de l'industrie.

Au total, en 1999, l'ADEME recevrait 1.935 millions de francs de crédits budgétaires supplémentaires au titre de la TGAP inscrits :

- pour 1.768 millions de francs au budget de l'Environnement,

- pour 167 millions de francs au budget de l'Industrie.

L'évolution des crédits budgétaires versés à l'ADEME par le ministère de l'industrie depuis 1995 est retracé dans le tableau ci-après :



Les crédits d'intervention incluent une dotation budgétaire de 82,5 (en hausse de 3,75 MF par rapport à celle de 1997) et la subvention de 167 millions de francs issue de la TGAP.

On constate que les crédits de fonctionnement sont restés à peu près constants sur la période étudiée, autour de 96 millions de francs. Ils s'établissent à 97 millions de francs dans le projet de budget pour 1999.

Le graphique ci-après retrace l'évolution comparée des crédits d'intervention (CP) versés initialement par le budget de l'industrie à l'ADEME et des crédits finalement consommés depuis 1995 :



L'accroissement des dotations budgétaires devrait s'accompagner de la création de 100 postes qui seront affectés dans leur totalité aux actions de maîtrise de l'énergie mais qui seront financés sur crédits budgétaires provenant du ministère de l'environnement (40 millions de francs).

2. Un financement critiquable

La substitution d'une dotation budgétaire aux recettes fiscales et parafiscales que l'ADEME recouvrait jusqu'à présent comporte des avantages. En premier lieu, elle devrait donner à l'Agence des marges de manoeuvre dans la gestion de ses ressources dans la mesure où l'équilibre entre recettes et dépenses n'aura plus à être réalisée au niveau de chaque taxe et donc au niveau de chaque type de pollution comme aujourd'hui. Elle devrait par ailleurs renforcer le contrôle du Parlement sur des taxes qui n'étaient pas nécessairement soumises à son examen jusqu'à présent 8( * ) .

Votre commission des finances a cependant considéré que l'inclusion des quatre taxes fiscales et parafiscales que l'ADEME recouvrait jusqu'à présent, dans une taxe unique versée au budget de l'Etat risquait de diminuer l'autonomie financière de l'Agence.

En effet, s'il est prévu que l'ADEME continue temporairement à contrôler et recouvrer la part de la TGAP correspondant aux quatre taxes dont elle avait la charge jusqu'à présent - ce qui est une situation assez inédite et peu orthodoxe pour un impôt d'Etat -, la direction générale des douanes devrait progressivement se substituer à elle pour les fonctions de gestion (assiette, réception des déclarations), de recouvrement et de contrôle. Le passage de relais entre l'ADEME et la direction générale des douanes devrait s'opérer avant le 1 er janvier 2000.

L'Agence ne dépendra donc plus à terme que des subventions budgétaires que ses ministères de tutelle voudront bien lui accorder, crédits qui pourront faire l'objet de régulations budgétaires en cours d'année, en dépit des engagements pluriannuels que pourrait prendre l'Etat quant à la pérennité et le niveau des ressources.

On peut à cet égard s'étonner de l'influence croissante du ministère de l'environnement dans le financement d'une agence destinée au départ à promouvoir les économies d'énergie. La création de la TGAP devrait en effet bénéficier davantage au ministère de l'environnement (dont les crédits affectés à l'ADEME doublent par rapport à 1998 : ils devraient passer de 1.900 millions de francs à 3.947,8 millions de francs) qu'à celui de l'industrie. En outre, les 500 millions de francs de crédits supplémentaires destinés à la maîtrise de l'énergie et à la promotion des énergies renouvelables seront inscrits pour les deux tiers sur le budget de l'environnement, ce qui est contestable.

Enfin, il ne faut pas négliger le risque que la TGAP devienne une " machine à taxer " au profit du budget de l'Etat. En effet, comme l'écrit M. Philippe Marini, rapporteur général du budget 9( * ) , " une décision de hausse de la TGAP, impôt " écologique ", serait favorablement perçue par l'opinion publique, alors que l'objectif de cette augmentation des taux ne serait pas forcément l'amélioration de l'environnement mais l'augmentation des recettes de l'Etat . " La commission des finances est en outre hostile à toute intégration (prévue à terme) des redevances des agences de l'eau dans une taxe générale.

Compte tenu de ces observations, votre commission des finances vous propose de supprimer l'article 30 du projet de loi de finances relatif à l'institution de la TGAP.

En conséquence, votre rapporteur vous soumettra un amendement de réduction des crédits du titre V portant sur 167 millions de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement.


On l'aura compris, un tel amendement ne condamne pas le principe d'une augmentation des crédits destinés à relancer la maîtrise de la consommation d'énergie et les énergies renouvelables, mais tire les conséquences d'un mode de financement de l'ADEME que votre commission des finances a jugé dangereux.

S'agissant de la politique de maîtrise de l'énergie en elle-même, votre rapporteur souligne la nécessité de fixer des objectifs précis à l'ADEME en termes quantitatifs et qualitatifs afin qu'un bilan puisse être périodiquement dressé et soumis au Parlement.

II. UNE FILIÈRE NUCLÉAIRE MENACÉE

Le programme nucléaire français a été engagé pour deux raisons :

- substituer le nucléaire au fioul dans les centrales électriques pour des raisons de sécurité d'approvisionnement ;

- produire une électricité compétitive. Le nucléaire était et demeure à cet égard l'énergie primaire la plus compétitive pour des centrales fonctionnant en base, plus de 4 000 heures par an.

Aujourd'hui, au delà des arguments environnementaux qu'il convient de relativiser 10( * ) , la filière nucléaire française paraît menacée d'une part, par la décision allemande de mettre fin à son programme nucléaire qui risque de remettre en cause la coopération franco-allemande sur l'EPR (European Pressurized Reactor), et d'autre part, par la concurrence des énergies fossiles rendues très compétitives par la baisse des prix des hydrocarbures.

Pourtant, le nucléaire apparaît d'autant plus nécessaire qu'il contribue plus que toute autre énergie primaire - hormis l'hydraulique - à la lutte contre l'effet de serre.

A. PART DU NUCLÉAIRE DANS LE BILAN ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS

La production nucléaire s'est élevée en 1997 à 376 TWh, soit un niveau identique à celui de 1996.

La part de l'électricité d'origine nucléaire représentait ainsi 78 % de la production électrique nationale en 1997 (et 91,1 % de la production thermique totale).

Le taux de disponibilité de l'ensemble des tranches REP 900 et REP 1 300 MW, qui se situait à 82,7 % en 1996 et 81 % en 1995 a atteint 82,6 % en 1997, soit une progression de 16 % en 15 ans. Cette performance s'établit à 84,9 % pour les trois premiers mois de 1998.

Depuis 1990, six tranches nouvelles du palier REP 1 300, représentant une puissance continue nette totale de 7 880 MW ont été mises en service. En 1996 et 1997, trois tranches du palier N4 de 1 450 MW ont été mises en service (CIVAUX 1, CHOOZ B1 et B2). Compte tenu de ces mises en service, la puissance installée totale du parc électronucléaire français d'EDF s'établit aujourd'hui à 61 500 MW.

Un problème générique sur les circuits de refroidissement de la tranche CIVAUX 1 au cours du mois de mai 1998 a néanmoins conduit à l'arrêt pour vérification des trois tranches du palier N4 mises en service (CIVAUX 1, CHOOZ B1 et B2).

B. LES CONDITIONS DU MAINTIEN DU NUCLÉAIRE

Si la nécessité de construire de nouveaux réacteurs ne se fera pas sentir avant 2010, il convient cependant de poursuivre un certain nombre d'actions pour maintenir l'option nucléaire ouverte à l'horizon 2010.

C'est ce que prévoit le contrat d'objectifs entre l'Etat et le CEA signé le 1 er mars 1995. Il confirme en particulier que la recherche nucléaire est la mission centrale du CEA. Les axes de recherche sur lesquels le CEA doit concentrer ses efforts en priorité sont les suivants :

1. Disposer d'une nouvelle génération de réacteurs à eau pressurisée

Le fléchissement du marché mondial des centrales nucléaires a conduit FRAMATOME et SIEMENS à créer en 1989, à parité égale, une filiale commune baptisée Nuclear Power International (NPI) pour commercialiser et fournir sur le marché international les réacteurs à eau sous pression développés par les deux constructeurs.

En effet, le maintien en Europe et dans le monde, de la prédominance des réacteurs à eau légère, qui représentent 75 % du parc mondial de centrales nucléaires, est probable sans qu'émerge, à court ou moyen terme, un nouveau concept de réacteur révolutionnaire.

L'alliance commerciale franco-allemande a fait place à une coopération industrielle lorsqu'en 1991, les deux constructeurs ont décidé de concevoir en commun un nouveau réacteur, pour répondre aux besoins des marchés à l'export, mais aussi en France et en Allemagne.

Ce projet commun, dénommé European Pressurized Water Reactor (EPR) est conçu en vu d'améliorer la sûreté (en particulier par une division par dix des probabilités de fusion du coeur et par une atténuation des conséquences à l'extérieur du site en cas d'accident grave) et les performances techniques (par une disponibilité accrue, un taux élevé de combustion des combustibles et une utilisation possible du plutonium).

Le projet est déjà bien avancé : les électriciens et les constructeurs ont arrêté les principaux choix techniques ; les autorités de sûreté françaises et allemande ont défini des exigences communes de sûreté. La phase en cours (dite phase d'optimisation) a pour but d'accroître autant que possible la compétitivité du produit EPR, quitte à en simplifier certaines caractéristiques.

Toutefois, le temps presse. Ainsi, pour pouvoir renouveler les centrales existantes à partir de 2010, il est indispensable de construire un démonstrateur d'EPR à partir de 2002, pour une mise en service en 2008, ce qui permettra d'avoir fait la démonstration de ses performances techniques et économiques en 2010.

Or, la décision allemande d'abandonner le nucléaire risque d'hypothéquer l'avenir de l'EPR. Votre rapporteur souhaite que le ministre de l'industrie puisse apporter des assurances sur ce point.

Par ailleurs, il convient de résoudre les problèmes d'organisation industrielle entre FRAMATOME, EDF, GEC-ALSTHOM, SIEMENS, et maintenant, BNFL. Pour cela, l'organisation industrielle française entre EDF et FRAMATOME devra sans doute être revue, notamment en ce qui concerne le problème du contrôle-commande. En effet, alors que toutes les fonctions, de l'ingénierie à la construction de réacteurs, en passant par la gestion du combustible, la maintenance et les services, sont concentrées dans un seul opérateur en Allemagne, elles sont éclatées en France entre quatre opérateurs.

2. Accroître les performances du combustible

Les recherches du CEA en partenariat avec FRAMATOME, EDF et la COGÉMA préparent de nouvelles générations de combustibles encore plus sûrs et encore plus économiques. Des gains importants peuvent en effet être obtenus :

- par une meilleure extraction de l'énergie (hauts taux de combustion) et par l'allongement des campagnes entre arrêts pour rechargement (meilleure disponibilité du réacteur) ;

- par le recyclage du plutonium dans les réacteurs à eau pressurisés et dans les réacteurs à neutrons rapides. Ces derniers permettent de brûler presque tout l'uranium en passant par le plutonium, alors que les réacteurs classiques brûlent moins de 1 % de l'uranium naturel avant retraitement/recyclage.

C'est pourquoi il convient de poursuivre les recherches à long terme sur les neutrons rapides, qui sont, au demeurant, un des axes de la loi du 30 décembre 1991 sur la gestion des déchets radioactifs à vie longue.

A cet égard, votre rapporteur déplore que la fermeture de SUPERPHÉNIX ait été décidée sans consulter le Parlement et sans concertation avec la société exploitante responsable et nos partenaires étrangers. Pour plus de détails sur les conséquences économiques, financières et sociales de cette décision, votre rapporteur recommande la lecture du rapport n° 439 de la Commission d'enquête sur la politique énergétique remis en juin dernier par MM. Jacques Valade et Henri Revol.

Pour l'heure, la France a reporté les recherches en transmutation sur le réacteur à neutrons rapides, PHÉNIX, dont l'Autorité de sûreté a approuvé le redémarrage le 8 avril 1998 après la réalisation d'importants travaux de rénovation de composants et de structures du réacteur.

Un arrêt pour maintenance et amélioration de la sûreté devrait intervenir au cours de l'année 1999. L'arrêt définitif du réacteur au 1 er janvier 2005 laissera au CEA deux années d'exploitation de résultats pour donner en 2006 des éléments d'appréciation sur l'axe n° 1 de la loi du 30 décembre 1991.

3. Disposer d'un nouveau procédé d'enrichissement de l'uranium compétitif

Deux procédés d'enrichissement sont en concurrence pour remplacer le procédé d'enrichissement par diffusion gazeuse très gourmand en énergie : l'ultracentrifugation et l'enrichissement par laser.

Le CEA développe avec la COGÉMA le procédé de séparation isotopique par laser en vapeur atomique (SILVA). Après la démonstration en 1997 de la faisabilité technique et une première évaluation économique, l'enjeu majeur est de fournir à la COGÉMA l'ensemble des éléments nécessaires pour une prise de décision industrielle.

Il convient maintenant de passer à la phase d'industrialisation, puis de réalisation des premiers modules de l'usine qui devrait démarrer vers 2007 pour une pleine capacité vers 2009.

4. Résoudre le problème de la gestion des déchets

Rappelons à cet égard que les grandes orientations relatives aux recherches sur les déchets radioactifs à haute activité et à vie longue ont été fixées par la loi du 30 décembre 1991 qui prévoit des recherches sur :

- la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue présents dans ces déchets ;

- l'étude et la possibilité de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains ;

- des procédés de conditionnement et d'entreposage de longue durée en surface de ces déchets.

Pour l'instant, le décret d'autorisation de création de laboratoires souterrains, pour mettre en oeuvre le deuxième axe des recherches, tarde à venir en dépit des investigations réalisées sur les trois sites pressentis (Gard, Vienne et frontière de la Meuse et de la Haute-Marne) et de l'accord de leurs conseils généraux.

C. LES MOYENS DU CEA

Le CEA est un établissement public de recherche dont la mission première est de maintenir l'option nucléaire ouverte à l'horizon 2010. Cette mission centrale, menée par 11.354 personnes dans le secteur civil, s'accompagne de recherches de base pour acquérir les connaissances et former les hommes, et de diffusion technologique vers l'industrie non nucléaire pour créer de l'innovation, de l'activité économique et de l'emploi.

Le CEA a ainsi été indirectement à l'origine de 79 créations d'entreprises par essaimage représentant 1.230 emplois directs et un chiffre d'affaires global de 650 millions de francs.

1. La multiplicité des sources de financement du CEA

Le contrat d'objectifs du CEA de 1995 prévoyait une stabilité en francs constants des ressources publiques concourant au financement des activités civiles du CEA sur la durée du contrat. Pour conjuguer cette évolution et la mise en oeuvre de ses objectifs qui nécessitent une reprise de ses investissements, le CEA était invité à mobiliser, au delà de la subvention budgétaire, les recettes externes provenant de ses partenariats, ainsi que des ressources propres provenant de la valorisation de ses actifs.

Les ressources du CEA se répartissent comme suit :

2. L'insuffisance des crédits d'investissement du CEA

Le projet de budget pour 1999 se caractérise par :

• Une stabilisation des effectifs dans la continuité du budget 1998, après une période de décroissance ininterrompue durant 12 ans (- 25 % depuis 1985) ;

• Une progression de 1,5 % en volume de la subvention de fonctionnement désormais inscrite au titre IV (5.919 millions de francs en tout, inscrits à parité dans le budget de l'industrie et dans celui de la recherche) ; ces crédits sont destinés pour une part essentielle à la couverture des dépenses de personne du CEA.

Il convient toutefois de noter que cette subvention ne suffira pas à couvrir les dépenses d'assainissement que le CEA devra engager en prévision du démantèlement de ses installations civiles. Cela obligera l'établissement à recourir, pour la cinquième année consécutive, à des cessions d'actifs du CEA-Industrie pour un montant estimé de 534 millions de francs. Rappelons que des cessions sont déjà intervenues pour un montant de 150 millions de francs en 1995, 285 millions de francs en 1996, 550 millions de francs en 1997. 525 millions de francs de cessions sont prévues en 1998.

Or de telles ressources ne sont pas éternelles . Il n'apparaît pas souhaitable que le CEA soit obligé de recourir à de telles extrémités pour financer des dépenses de fonctionnement.

Le chapitre 45-13 du budget de l'industrie sur lequel la subvention de fonctionnement du CEA est inscrite comporte également les crédits destinés à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire qui s'élèvent à 910,4 millions de francs soit une progression de 2,2 % par rapport à 1997 11( * ) .

• Une progression des crédits d'investissement de 15,2 % ce qui confirme l'effort de rebudgétisation initié en loi de finances pour 1998. La subvention du titre VI s'élève ainsi à 750 millions de francs (contre 651 millions de francs en 1997) dont 375 millions de francs sont inscrits au budget de la recherche et 375 millions de francs au budget de l'industrie (chapitre 62-00 article 10).

La loi de finances pour 1998 a en effet été marquée par la rebudgétisation des crédits de recherche du CEA : une dotation de 651 millions de francs a ainsi été inscrite à parité sur les budgets de l'industrie et de la recherche afin de mettre fin aux dotations en provenance du compte d'affectation spéciale des produits de cession de titres du secteur public (350 millions de francs en 1997) ainsi qu'aux reports de crédits émanant du ministère de la Défense au titre du financement de la recherche duale (200 millions de francs en 1997).

Toutefois, il convient d'observer que la subvention d'investissement accordée par l'Etat n'est pas suffisante pour couvrir les besoins d'investissement du Commissariat , estimés à 1.210 millions de francs. L'établissement devra donc recourir à d'autres types de ressources pour financer le solde de 460 millions de francs.

De surcroît, le CEA devra faire face à une baisse des financements provenant des industriels en raison, d'une part de l'expiration de la convention de cofinancement (par EDF essentiellement) de l'assainissement des installations civiles 12( * ) - ce qui représente un manque à gagner de 200 millions de francs -, et, d'autre part, de la diminution de la redevance sur le retraitement payée par la COGÉMA à hauteur de 100 millions de francs. Le CEA devra donc rechercher une ressource complémentaire de 300 millions de francs auprès de ses partenaires industriels qui s'ajoute au déficit de 460 millions de francs relevés plus haut. On voit bien combien cette ressource est aléatoire.

Or, le programme d'assainissement lié au démantèlement des installations civiles du CEA est loin d'être achevé : il devrait se poursuivre jusqu'en 2010-2015 et nécessiter des financements de l'ordre de 20 milliards de francs. Le gouvernement étudie avec le CEA la possibilité d'adosser ces engagements à ses actifs qui sont évalués dans une fourchette comprise entre 25 et 30 milliards de francs.

Votre rapporteur considère qu'il est indispensable de maintenir un lien entre la recherche menée par le CEA et ses applications industrielles par le maintien de liens capitalistiques entre le CEA et CEA-Industrie. En outre, les participations du CEA dans CEA-Industrie lui rapportent des dividendes importants dont il serait inopportun de le priver. Ils sont retracés dans le tableau ci-après :



Il est à craindre de surcroît que la COGÉMA, détenue à 81,5 % par CEA-Industrie et à 15 % par le groupe Total, soit affectée par la décision allemande de ne pas renouveler ses centrales nucléaires (donc de ne plus retraiter ses combustibles). Selon certains articles de presse, cette décision devrait occasionner un manque à gagner de 3 milliards de francs pour l'usine de retraitement de La Hague.

Au regard de ces éléments, votre rapporteur estime qu'il convient de renforcer les ressources budgétaires du CEA.

3. Quel avenir pour Framatome ?

FRAMATOME, premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, s'est préparée depuis quinze ans à l'absence durable de commande de centrales nucléaires en France en diversifiant ses activités dans les domaines de la connectique, de la maintenance des réacteurs et des équipements industriels. Ainsi, les activités de service d'ingénierie, de maintenance et de vente du combustible représentent désormais 80 % des activités nucléaires du groupe.

En 1997, le chiffre d'affaires consolidé s'est élevé à 18,3 milliards de francs pour un résultat net de 990 millions de francs et un effectif de près de 20 000 personnes. La répartition du chiffre d'affaires montre une croissance continue du secteur de la connectique :



Il faut noter par ailleurs, que l'acquisition récente de l'américain BERG devrait porter la part de la connectique à 50 % du chiffre d'affaires du groupe.

FRAMATOME participe au projet EPR avec Siemens, EDF et les électriciens allemands. Les études liées à l'avant-projet détaillé réalisées jusqu'à présent ont entraîné une dépense de 750 millions de francs dont 16 % a été prise en charge par FRAMATOME su ses fonds propres.

La principale menace qui pèse sur l'avenir de FRAMATOME est la faiblesse du marché sur son métier de base : la construction des réacteurs nucléaires. Il est indispensable de pouvoir maintenir le savoir-faire de l'entreprise et notamment son bureau d'études. Face à ces difficultés, l'exportation de centrales nucléaires est vitale.

Mais au niveau international, l'atonie des marchés engendre une concurrence très vive sur les rares projets existants. Le marché le plus crédible, et en même temps le plus ouvert aux constructeurs étrangers, est le marché chinois sur lequel FRAMATOME est pour l'instant bien placé, fort de la réussite de la centrale de Daya Bay.

De plus, FRAMATOME a récemment été ébranlé par plusieurs événements :

Tout d'abord, l'alliance de SIEMENS et du groupe britannique BNFL avait déjà en 1997 fragilisé la possibilité d'un rapprochement avec le groupe allemand qui a déclaré en juillet 1998 que sa coopération avec l'opérateur français ne passerait pas par une prise de participation au capital.

De plus, l'avenir de la coopération franco-allemande dans le réacteur EPR est hypothéqué par la décision du nouveau chancelier de ne pas remplacer les centrales en fin de vie. Les dirigeants de FRAMATOME espèrent qu'une partie des quatre fournisseurs privés d'électricité en Allemagne seront associés au projet EPR et éventuellement d'autres partenaires étrangers. Un schéma de financement international serait à l'étude.

Enfin, l'activité nucléaire (Energy Systems) de l'américain WESTINGHOUSE convoitée par FRAMATOME pour accéder au marché américain de la maintenance a été cédée au groupe britannique BNFL.

En dépit de ces menaces, il convient de noter que le gouvernement n'a toujours pas remédié à la précarité de l'actionnariat de FRAMATOME, en dépit des déclarations passées. Le groupe est en effet doté depuis 1990 d'un actionnariat éclaté : 44 % du capital est détenu par Alcatel, 36 % par le CEA-Industrie, 11 % par EDF, 4 % par la CDR et 5 % par les salariés (Framepargne). L'Etat possède donc indirectement 51 % du capital (via EDF et CEA-I).

Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a récemment annoncé qu'il se pencherait sur le sort de FRAMATOME au cours de l'année 1999. Il a cependant précisé que le groupe resterait public.

Au total, depuis qu'il a été distancé par BNFL sur les activités nucléaires de WESTINGHOUSE, FRAMATOME semble dépourvu de stratégie. Votre rapporteur estime qu'il convient sans tarder que FRAMATOME développe ses actions et ses partenariats internationaux pour ne pas se laisser distancer.

FRAMATOME pourrait notamment se développer dans les pays de l'Est où les besoins sont importants, non seulement en termes d'investissements nouveaux, mais aussi pour améliorer le niveau de sûreté des centrales existantes. FRAMATOME a ainsi contribué récemment à mettre aux normes de sécurité occidentales la centrale de Mochove en Slovaquie. Il reste à espérer que cette réhabilitation lui ouvrira d'autres chantiers.

III. DES OPÉRATEURS ÉNERGÉTIQUES À RENFORCER DANS LE NOUVEAU CONTEXTE CONCURRENTIEL

A. LA FRAGILITÉ D'EDF FACE À L'OUVERTURE PROCHAINE DU MARCHÉ DE L'ÉLECTRICITÉ

1. La transposition prochaine de la directive électricité

La directive 96/92/CE concernant des " règles communes pour le marché intérieur de l'électricité " a été adoptée par le Conseil des ministres européen le 20 juin 1996, après le vote positif du Parlement européen. La France, comme ses partenaires, a jusqu'au 19 février 1999 pour mettre sa réglementation en accord avec les termes de cette directive qui entraîne l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence.

Le texte de la directive est un compromis entre les dispositions initiales de la directive et la position française. Elle reconnaît notamment la légitimité des obligations de service public et de la programmation à long terme dans le secteur électrique, dans le respect du principe de subsidiarité.

La France a ainsi obtenu que les Etats aient le choix entre deux types de systèmes : l' accès des tiers au réseau d'une part, ou ATR, qui permet aux nouveaux producteurs d'électricité de contracter directement avec les consommateurs, et le système de l'acheteur unique , qui permet à l'opérateur chargé du monopole du réseau d'organiser la concurrence entre les opérateurs.

Ce concept permet d'ouvrir les marchés nationaux à plus de concurrence tout en excluant l'ATR et en préservant les missions d'intérêt général que les Etats confient aux opérateurs du secteur électrique, telles que la sécurité d'approvisionnement, la péréquation tarifaire, l'obligation de fourniture et la protection de l'environnement.

La directive comporte par ailleurs un certain nombre de dispositions obligatoires qui constituent les règles communes à tous les systèmes électriques. Elle fait ainsi obligation aux fournisseurs de présenter des comptes séparés relatifs à la production, à la distribution et au transport. C'est ce que l'on appelle l' " unbundling " comptable. Il s'agit également de permettre la liberté d'établissement pour de nouveaux producteurs et d'organiser une ouverture progressive des marchés nationaux, en particulier pour les grands consommateurs.

La directive comporte, également, un certain nombre de dispositions ouvertes aux choix des Etats membres : possibilité d'imposer des obligations de service public clairement définies aux entreprises du secteur électriques, possibilité de prévoir une planification à long terme des investissements de production, de désigner un gestionnaire unique du réseau pour le transport ou encore d'adopter un système d'autorisation ou d'appel d'offres pour la construction de nouvelles unités de production.

La directive fixe enfin avec précision les objectifs à atteindre en terme d'ouverture du marché . Conformément aux souhaits de la France, cette ouverture sera partielle et progressive : 25 % des ventes (en volume) seront ouverts à la concurrence en 1999, puis 30 % en l'an 2000, et 33 % en 2003. De 40 gigawattheures par an et par site, le seuil de consommation au delà duquel les consommateurs pourront s'adresser au fournisseur d'électricité de leur choix passera ainsi à 9 gigawattheures par an en 2006. Dans un premier temps, ce sont les 400 plus gros clients d'EDF qui pourront contracter avec des fournisseurs d'électricité de leur choix. Ce sont pour l'essentiel des entreprises industrielles pour lesquelles le prix de l'énergie est un élément important de leur prix de revient. Ils seront 2500 à la dernière étape.

EDF pourra demeurer une entreprise publique et conserver son caractère intégré, sous réserve d'appliquer une séparation comptable de ses activités de production, de transport et de distribution d'électricité.

Il revient maintenant au Parlement français de se prononcer sur les options qui sont ouvertes par le texte de la directive. Le débat devrait avoir lieu en janvier et février 1999.

Votre rapporteur souhaite à cet égard s'associer aux voeux de notre excellent collègue Henri Revol, rapporteur de la commission d'enquête sur la politique énergétique de la France, en faveur d'une loi d'orientation quinquennale sur l'énergie qui définirait notamment la programmation à long terme des investissements de production d'électricité. Il reviendrait ainsi aux pouvoirs publics de décider des modalités de renouvellement du parc nucléaire, comme de l'ampleur des efforts à consentir en faveur des énergies renouvelables, et non aux seules forces du marché qui ne se préoccupent ni de sécurité des approvisionnements, ni de protection de l'environnement.

EDF dispose de nombreux atouts pour s'imposer dans la bataille qui s'annonce. Encore convient-il qu'elle ne soit pas entravée à l'excès pour les valoriser, et puisse, par conséquent, exercer pleinement ses activités d'opérateur industriel.

2. Les facteurs de fragilité d'EDF

Il convient tout d'abord de rappeler que la situation financière d'EDF est bonne en dépit de la légère baisse de ses résultats enregistrée en 1997. Cette diminution est due, d'une part, à la douceur climatique exceptionnelle de l'année 1997, et, d'autre part, à la baisse des tarifs de l'électricité (- 4,6 %) intervenue en avril 1997 conformément au contrat d'entreprise conclu entre l'Etat et EDF pour la période 1997-2000. L'incidence de cette dernière mesure a été 3,6 milliards de francs sur les recettes de l'opérateur public au cours de l'année 1997.

Le tableau suivant retrace les comptes consolidés de l'entreprise :



Par ailleurs, l'endettement d'EDF a été ramené de 132,9 milliards de francs en 1996 à 125,9 milliards de francs à la fin de 1997, ce qui a permis de diminuer le montant de ses charges financières. Il convient de rappeler que le précédent contrat de plan conclu entre l'Etat et EDF pour la période 1993-1996 a été rempli puisque le désendettement cumulé depuis le début du contrat atteignait 62 milliards de francs en termes réels, soit 20 milliards de francs de plus que les objectifs assignés à l'entreprise.

A l'horizon 2000, l'objectif est de ramener l'endettement autour de 100 milliards de francs.

La société a enfin restructuré son bilan en application de la loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier du 10 novembre 1997 qui l'a rendue propriétaire des ouvrages de transport d'électricité du réseau d'alimentation générale (RAG). L'intégration des provisions pour renouvellement constituées par EDF sur ces ouvrages au résultat de l'entreprise a permis de tripler le montant des capitaux propres - ils ont été portés de 24,2 milliards de francs à 79,2 milliards de francs au 1 er janvier 1997 -, a épuisé le montant des reports à nouveau négatifs et a rendu EDF contributeur net de l'impôt sur les sociétés pour la première fois. La société a ainsi acquitté 3 milliards de francs d'impôt sur les sociétés en 1997.

EDF a en outre versé à l'Etat une rémunération de 2,5 milliards de francs dont 1,5 milliards au titre de la rémunération des dotations en capital au taux de 3 % et 1 milliard de francs de rémunération complémentaire égale à 40 % du résultat comptable après impôt sur les sociétés, conformément au contrat d'entreprise conclu avec l'Etat en avril 1997.

Toutefois, un certain nombre de handicaps continuent de peser sur l'opérateur public.

Votre rapporteur souhaite ainsi rappeler que les cotisations retraite représentent aujourd'hui 50 % de la masse salariale d'EDF, alors que ce pourcentage est inférieur à 25 % dans le secteur privé. Elles devraient atteindre 100 % de la masse salariale en 2020 si rien n'est fait. Ces charges de retraite expliqueraient la moitié du surcoût de la main d'oeuvre d'EDF , évalué par elle à 50 % par rapport à celui de ses éventuels concurrents, le reste étant essentiellement dû à la générosité des oeuvres sociales d'EDF - qui représentent 8,4 % de sa masse salariale contre 2,5 % au plus dans les autres entreprises - et au mode de calcul des heures supplémentaires.

Par ailleurs, il convient de rappeler que l'essentiel du coût du démantèlement de SUPERPHÉNIX devrait être pris en charge par EDF . Cela représente une somme de 14,2 milliards de francs, qui, a pour l'essentiel été provisionnée au cours des années 1996 et 1997, mais qui n'en reste pas moins pénalisante pour l'opérateur à la veille de l'ouverture du marché de l'électricité.

Enfin, comme le rappelle le rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur la politique énergétique de la France, EDF est handicapée, par rapport à ses futurs concurrents, par le principe de spécialité qui lui interdit d'exercer des activités autres que son coeur de métier. Ainsi, l'article 46 de la loi du 8 avril 1946 lui interdit d'intervenir " au delà du compteur ", c'est-à-dire sur les installations intérieures. De même EDF n'est pas habilitée à élargir la panoplie de ses activités pour y intégrer des prestations de services complémentaires à la fourniture d'électricité.

Le respect de ce principe est contrôlé par l'Observatoire de la diversification qui veille sur les activités d'EDF comme de GDF. Pour l'heure, EDF intervient, par le biais de ses filiales, dans les secteurs de l'éclairage public (217 millions de francs de chiffre d'affaires en 1997), du traitement des déchets (723 millions de francs de chiffre d'affaires en 1997), de l'ingénierie pour compte de tiers (85 millions de francs de chiffre d'affaires) et de la vidéocommunication (108 millions de francs). Toutefois, l'Observatoire de la diversification l'a invitée à se retirer de ce dernier secteur.

B. LA SITUATION DE GDF À LA VEILLE DE L'OUVERTURE DU MARCHÉ DU GAZ

1. L'adoption de la directive sur le marché intérieur du gaz

La directive sur le marché intérieur du gaz a été adoptée par le Conseil des ministres européen de l'énergie le 11 mai 1998. Elle devra être transposée dans un délai de deux ans.

Ainsi, dès 2000, les consommateurs utilisant plus de 25 millions de mètres cubes de gaz par an et par site pourront s'adresser au fournisseur de leur choix. Ce seuil sera progressivement abaissé à 15 millions en 2003 et à 5 millions en 2008.

En tout état de cause, il faudra que la désignation des clients éligibles aboutisse à une ouverture du marché de 20 % en 2000, de 28 % en 2003 et de 33 % en 2008. Ce pourcentage est déterminé par rapport à la consommation annuelle de gaz du marché national. Il convient de noter que les clients produisant de l'électricité à partir du gaz pourront eux aussi figurer parmi les clients éligibles dès 2000, quel que soit leur niveau de consommation.

Le texte de la directive a pris en compte la nécessité pour les Etats membres de concilier les impératifs de concurrence et l'intérêt économique général. Ainsi, le gouvernement français pourra maintenir le monopole de distribution de GDF dans les zones qu'il dessert. Il devra, en revanche, prévoir les modalités d'intervention de nouveaux opérateurs sur notre territoire dans les autres fonctions gazières.

De même, la directive tempère l'obligation d'ouverture du secteur gazier à de nouveaux opérateurs en permettant aux Etats membres d'encadrer leurs activités par des critères précis (expérience technique, capacités financières) ou de leur imposer des obligations de service public (régularité de la fourniture, sécurité des approvisionnements...) qui seront précisées dans les textes de transposition. La directive prévoit enfin, comme le demandait le Sénat, la protection des contrats " Take or pay " en permettant une dérogation aux règles d'accès au marché au profit des opérateurs gestionnaires de réseau risqueraient de ne pouvoir écouler leur gaz. Cette dérogation devra être notifiée à la Commission européenne.

Enfin, comme pour les opérateurs du secteur électrique, les entreprises intégrées du secteur gazier devront présenter leurs comptes de manière transparente et établir des comptes séparés pour leurs activités de transport, distribution et stockage.

Il convient de noter que l'article 50 de la loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier (DDOEF) du 2 juillet 1998 a introduit une timide brèche dans le monopole de distribution du gaz naturel détenu par Gaz de France en autorisant les communes non desservies et ne figurant pas sur le plan triennal de desserte gazière prévu par cet article, à faire appel au distributeur de leur choix. Ce texte limite cependant la possibilité de desserte aux opérateurs dont le capital est détenu à hauteur de 30 % au moins par l'Etat ou par des établissements publics.

Votre commission avait alors estimé que l'article 50 limitait excessivement la liberté de choix des communes non encore desservies en gaz et réservait à GDF les zones les plus rentables. Fort heureusement, il semble que le décret d'application en cours de rédaction rétablisse la liberté de choix des communes qui ne figureraient sur le plan triennal de desserte gazière établi par GDF que si elles le souhaitent.

2. La situation de Gaz de France

L'année 1997 s'est caractérisée par la signature du troisième contrat de plan entre l'Etat et GDF qui porte sur les années 1997-2000. Ce contrat traduit la volonté de l'Etat d'accroître la capacité d'entreprendre de GDF pour lui permettre d'atteindre des objectifs ambitieux sur un marché gazier en pleine évolution. GDF est notamment appelé à améliorer la satisfaction de ses clients, la sécurité du parc de logements et des installations intérieures et la compétitivité du gaz livré 13( * ) , à développer l'entreprise à l'étranger et à remplir avec excellence les missions d'intérêt général qui lui sont assignées. Il s'agit en particulier d'accroître la sécurité des approvisionnements 14( * ) , d'accélérer le raccordement des communes au réseau de distribution 15( * ) et d'agir en faveur de l'environnement par la réhabilitation des sites des anciennes usines à gaz ou par la promotion des installations de gaz respectueuses de l'environnement.

Comme pour EDF, le chiffre d'affaires de GDF a pâti en 1997 d'un climat exceptionnellement doux. L'augmentation faciale du chiffre d'affaires (55,2 milliards de francs en 1997, en hausse de 900 millions de francs par rapport à 1996) dissimulant un recul en données réelles. Le bénéfice s'élève à 1,5 milliards de francs et la rémunération versée à l'Etat à 1,7 milliard de francs.

Les résultats financiers de l'entreprise sont retracés dans le tableau ci-après :



Par ailleurs, après s'être désendetté de 6,4 milliards de francs sur les trois ans couverts par le précédent contrat d'objectifs, GDF a stabilisé sa dette à 13 milliards de francs à la fin de l'année 1997. Ceci s'explique par l'importance des investissements réalisés par l'opérateur en 1997, en hausse de 440 millions de francs, et à la douceur du climat. Toutefois, comte tenu de l'accroissement des capitaux propres qui passent à 15,2 milliards de francs, le ratio d'endettement a été ramené à 85 % à la fin de 1997 contre 96 % à la fin de l'année 1996. L'opérateur estime pouvoir atteindre l'objectif de désendettement de 45 % sur la période 1997-1999.

Pour l'avenir, le gouvernement prévoit que le développement de la consommation de gaz naturel (2,5 à 3 % de croissance par an) devrait relever pour l'essentiel des débouchés traditionnels. Dans ces conditions le gaz naturel continuerait d'être quasiment absent de la génération électrique, sauf par le biais de la cogénération.

Il faut rappeler à cet égard qu'en raison du recours à la filière nucléaire pour la production d'électricité, la part du gaz dans le bilan énergétique de la France n'est que de 13,8 % contre une moyenne de 20 % pour l'Union européenne.

On peut se demander si une telle situation est satisfaisante compte tenu, d'une part, de la très grande dépendance de notre production électrique vis-à-vis de la filière nucléaire qui rend la France vulnérable à toute remise en cause brutale, et d'autre part, de la compétitivité de la filière gaz pour la génération électrique. La dernière étude triannuelle de la Direction du gaz, de l'électricité et du charbon (DIGEC) sur les coûts de référence de l'électricité montre ainsi que le gaz ressort comme le moyen de production le plus compétitif pour la production d'électricité en semi-base. Il s'agit en outre d'un mode de production relativement respectueux de l'environnement.

Une telle question mérite d'être abordée en ayant en mémoire les conclusions de Pierre Terzian, auteur d'un rapport sur le gaz naturel rédigé à la demande du Commissariat Général du Plan 16( * ) . Il écrit : " Peut-on concevoir que le premier électricien du monde (EDF) ne dispose pas d'une expérience industrielle dans le gaz aussi, alors que dans le monde entier, la convergence gaz-électricité est flagrante ".

Il ajoute : " On doit se demander si la position de négociation de la France dans la recherche d'approvisionnements gaziers ne sera pas affectée demain par l'absence de consommation gazière dans son secteur électrique. "

En conclusion, l'accroissement de la part du gaz dans la génération électrique de demain aurait l'avantage de renforcer nos deux opérateurs énergétiques dans la compétition renouvelée qu'ils auront à affronter, tout en donnant partiellement satisfaction aux contempteurs de l'atome.

IV. LA DÉBUDGÉTISATION RAMPANTE DES CRÉDITS DE CHARBONNAGES DE FRANCE

Les activités charbonnières doivent être analysées à la lumière du " Pacte charbonnier " signé le 20 octobre 1994 qui a pour objet de garantir l'emploi des agents des CDF et des Houillères de bassin jusqu'à la fin de l'extraction charbonnière en France prévue en 2005.

En effet, les pertes financières subies par l'extraction charbonnière française et qui sont liées à l'évolution du marché mondial ne permettent pas d'envisager une poursuite de l'extraction au delà de 2005. Tout agent de CDF a le droit de poursuivre sa carrière dans le groupe jusqu'à ce qu'il puisse bénéficier d'une mesure d'âge s'il ne souhaite pas partir de son plein gré dans une autre entreprise publique ou privée.

A. UNE SITUATION STRUCTURELLEMENT DÉFICITAIRE

1. Une production peu compétitive

La production nationale de charbon est passée de 16,3 millions de tonnes en 1985 à 6,4 millions de tonne en 1998. En effet, malgré des efforts de rationalisation, concrétisés notamment par l'arrêt de toute production dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais à la fin de 1990, le coût d'extraction demeure très supérieur au prix moyen des charbons importés : 700 francs en moyenne par tonne contre 225,6 francs par tonne pour le charbon importé.

Cette différence de coût s'est en outre brutalement aggravée à partir de 1994. Ainsi, en 1995, sur l'ensemble des houillères, le coût moyen des charbons nationaux s'élevait à 705 francs la tonne, contre 230 francs, pour le charbon importé. La perte moyenne à la tonne atteignait 412 francs, au lieu de seulement 211 francs en 1993.

L'année 1997 a été marquée par la fermeture de trois sites pour faire suite aux observations de la Cour des comptes dans son rapport public de 1994 : le site de La Mure dans le Dauphiné, la mine de Carmaux dans le Tarn et la mine de Forbach en Lorraine.

Pour l'avenir, la production charbonnière française devrait continuer de décliner (environ 6 MT en 1999) ce qui devrait entraîner la baisse corrélative des effectifs du groupe CDF en fonction essentiellement des possibilités offertes dans le cadre des mesures d'âge. Cette baisse a été de - 6,15 % en 1994 et de - 5,25 % en 1995. Elle s'est accélérée avec la mise en application complète du Pacte charbonnier en 1996 (- 7,12 %) et plus encore en 1997 (- 10,32 %)..

2. Une situation structurellement déficitaire

Depuis le début des années 1980, à la seule exception de 1985 (et de 1995 pour des raisons strictement comptables), le résultat final après subvention de Charbonnages de France a été déficitaire.

Il était de 5,3 milliards de francs en 1996, de 6,56 milliards de francs en 1997 et devrait s'établir à 6 milliards de francs en 1998.

Cette situation provient de la dégradation des pertes d'exploitation, désormais proches de 4 milliards de francs par an, mais également du poids des charges financières (1,64 milliards de francs en 1997), reflet de l'endettement important de Charbonnages de France.

De fait, l'endettement à long et moyen terme de Charbonnages de France s'est beaucoup accru depuis 3 ans. Il est aujourd'hui supérieur à 28 milliards de francs , les charges financières représentant près de 60 % du chiffre d'affaires de l'entreprise.

En conséquence, le résultat final, après subvention de Charbonnages de France, devrait être de - 4,57 milliards de francs en 1997.

Le tableau ci-après retrace les résultats financiers de CDF :

B. UNE SUBVENTION BUDGÉTAIRE DÉCROISSANTE COMPENSÉE PAR UNE DOTATION EN CAPITAL

Comme les deux années précédentes, et malgré les objections de votre précédent rapporteur, l'aide de l'Etat à CDF se décomposera en 1999 en une subvention budgétaire et en une dotation en capital.

Avec 2.870 millions de francs, la subvention à Charbonnages de France pour 1999 diminue de 50 millions de francs par rapport à celle de 1998. En contrepartie, l'entreprise devrait bénéficier d'une dotation en capital de 2.520 millions de francs, versée à partir du compte d'affectation spéciale n° 902-24 abondé par les recettes de privatisation, soit une dotation supérieure de 40 millions de francs à celle accordée en 1998.

Le tableau ci-après retrace les aides de l'Etat accordées à CDF :



On rappellera que jusqu'en 1994, Charbonnages de France recevait deux types de subventions budgétaires : une subvention destinée à couvrir ses charges d'exploitation imputée sur le chapitre 45-12 du budget de l'industrie, et une subvention destinée à couvrir ses charges spécifiques 17( * ) imputée sur le chapitre 45-15. Le tout représentait en 1994 un montant de 6.490 millions de francs.

En 1995, les crédits destinés à l'opérateur charbonnier ont été regroupés sur le seul chapitre 45-12 et leur montant a été réduit de 2 milliards de francs.

En contrepartie, l'Etat donnait l'autorisation à Charbonnages de France d'emprunter 3 milliards de francs pour couvrir ses besoins de trésorerie. En outre, EDF entrait de façon minoritaire (18,7 %) au capital de la Société nationale d'électricité et de thermique (SNET) assurant la représentation du pôle électrique de Charbonnages de France (9 centrales assurant 2 % de la production d'électricité nationale et 11 % de la production d'origine thermique).

Puis, en 1997, la subvention à Charbonnages de France a été ramenée de 4.540 à 2.940 millions de francs, soit une réduction de 35,2 %. La Cour des comptes relève à cet égard dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 1997 :

" Alors que le déficit d'exploitation de l'entreprise demeure élevé et dépasse 6 milliards de francs en 1997, la réduction de la subvention conduit à reporter sur l'emprunt, et donc à différer le financement par l'Etat des déficits cumulés des Charbonnages. "

Toutefois, en contrepartie de cette baisse, l'Etat a versé à l'entreprise une dotation en capital de 2,45 milliards de francs à partir du compte d'affectation spéciale alimenté par le produit des cessions de titres appartenant à l'Etat, portant l'aide totale de l'Etat à 5.545 millions de francs, en progression de 23 % par rapport à 1996.

Votre précédent rapporteur avait alors souligné le caractère relativement aléatoire de ce nouveau type de financement qui dépendait étroitement du produit et du rythme des privatisations qui devaient être effectuées en 1997, ainsi que des priorités qui seraient définies pour l'attribution de ce produit.

On peut par ailleurs lire dans le rapport de la Cour précité :

" Comme la Cour l'a déjà critiqué dans ses précédents rapports, certains concours versés par l'Etat à partir du compte n° 902-24, quelle que soit leur qualification juridique, financent des dépenses de natures différentes. Ils peuvent être représentatifs de subventions ou couvrir des pertes ou charges financières. Leur imputation sur le compte d'affectation spéciale conduit à financer des charges courantes à partir des ressources tirées de la cession d'éléments du patrimoine de l'Etat . "

Sans tenir compte de cette objection au fond, le gouvernement a réitéré la même opération en 1998 et propose de nouveau pour 1999 de réduire la subvention budgétaire destinée à couvrir les charges spécifiques de 50 millions de francs et d'accorder une dotation en capital à CDF de 2.520 millions de francs.

On voit bien l'intérêt pour l'Etat de ne pas remédier immédiatement à l'endettement de l'opérateur charbonnier. Comme le fait en effet observer la Cour des comptes, " neutre pour le solde budgétaire de l'Etat, la substitution d'une dotation en capital à une subvention d'exploitation permet d'alléger le financement public au sens de la comptabilité nationale et européenne qui exclut les dotations en capital, classées en opérations financières ".

V. LA BUDGÉTISATION " HASARDEUSE " DES CRÉDITS DU FONDS DE SOUTIEN AUX HYDROCARBURES

A. L'IMPORTANCE DE L'INDUSTRIE PARAPÉTROLIÈRE

L'industrie parapétrolière française, constituée par les sociétés de fournitures d'équipement et de service des compagnies pétrolières, a appuyé son expansion sur des innovations techniques développées avec l'aide du fonds de soutien aux hydrocarbures (cf. infra ). Elle regroupe aujourd'hui plus de 450 sociétés (en majorité des PME-PMI) et joue un rôle particulièrement important dans l'économie nationale.

En 1997, cette industrie, qui emploie directement 48.000 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 58 milliards de francs dont près de 50 milliards ont été réalisés à l'étranger. Il s'agit donc d'une industrie fortement exportatrice et génératrice de valeur ajoutée par le positionnement technologique des métiers qu'elle recouvre.

Malgré un contexte concurrentiel défavorable, la France a su se hisser au premier plan dans de nombreux domaines (géophysique, forage, surveillance géologique des sondages, concept de support de production en mer non conventionnels, plongée profonde, canalisations sous-marines flexibles, pose de canalisations à terre et en mer, liquéfaction, stockage et transport du gaz naturel liquéfié...) et est le 2 ème exportateur mondial de technologies pétrolières derrière les Etats-Unis.

Depuis 1990, l'industrie parapétrolière française à su faire preuve de dynamisme et participer à la relance des activités d'exploration-production dans le monde (son chiffre d'affaires a progressé de 60 % entre 1990 et 1997), en dépit d'une concurrence internationale extrêmement vive. Elle contribue de manière décisive, directement ou indirectement à la réduction du déséquilibre des échanges énergétiques français.

ETPM et Bouygues Offshore ont ainsi obtenu près de 6 milliards de francs de commandes en remportant en association, deux des appels d'offres sur les trois ouverts pour le développement des champs de Girassol en Angola. Le succès ainsi remporté devrait assurer un très fort développement de ces deux entreprises.

Cette performance exceptionnelle de l'industrie parapétrolière française s'explique essentiellement par une position technologique de premier ordre, reconnue internationalement et régulièrement entretenue par la poursuite d'ambitieux programmes de Recherche et Développement. Le fonds de soutien aux hydrocarbures y a beaucoup contribué et reste aujourd'hui un outil indispensable au maintien et à l'amélioration de la compétitivité des entreprises françaises.

Toutefois, la place de l'industrie parapétrolière française dans le monde sera d'autant plus difficile à maintenir que les entreprises françaises ne disposent que d'un domaine minier national restreint, contrairement à leurs principaux concurrents européens, les Britanniques et les Norvégiens qui, grâce à la mer du Nord, ont bénéficié d'un marché protégé de l'ordre de 20 milliards de dollars de commandes par an.

1998 restera l'année de la relance de l'effort technologique, sur le thème de l'offshore profond et très profond (exploitation des hydrocarbures dans 1.500 à 3.000 mètres d'eau). Alors que toutes les entreprises pétrolières internationales, dont Elf et Total (spécialement dans le Golfe de Guinée), investissent dès à présent très lourdement sur ce créneau, les solutions technologiques n'existent pas aujourd'hui pour résoudre les problèmes concrets d'exploitation des hydrocarbures dans ces profondeurs d'eau.

Or, la course dans laquelle est engagée l'industrie pétrolière et parapétrolière internationale sur ce thème est essentiellement technologique et nécessitera des réponses technologiques d'ici trois à cinq ans. Pour relever ce défi, toute l'industrie française de l'offshore et les pétroliers français devront consentir un effort de recherche très important dès 1998-1999.

B. LE RÔLE DU FONDS DE SOUTIEN AUX HYDROCARBURES

Les crédits du fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH) sont destinés à promouvoir le développement des technologies pétrolières et gazières . Le fonds alloue ainsi aux entreprises présentant des programmes de recherche et développement (R&D) dans le domaine de l'exploration, de la production et du raffinage des hydrocarbures et activités connexes portant sur les produits et gaz associés, des aides remboursables en cas de succès dont le taux est au plus égal à 50 % du budget du programme.

Ces aides sont gérées par des représentants de la profession au sein d'organismes consultatifs 18( * ) du fonds de soutien aux hydrocarbures, ce qui permet de concentrer l'aide publique sur des projets de recherche et développement réalisés en partenariat et correspondants aux besoins de l'industrie et du marché.

Ces comités ont pour mission de donner des avis sur les programmes susceptibles de faire l'objet d'une aide ainsi que de proposer les orientations à moyen terme pour la R&D en matière de techniques pétrolières et gazières. Les délégués permanents auprès de ces comités assurent, outre l'organisation générale de leurs travaux, un suivi technique détaillé de la réalisation des programmes ayant fait l'objet d'un soutien.

Enfin, les orientations stratégiques de recherche et de développement sont établies dans le cadre d'un plan pluriannuel élaboré avec le concours des industriels concernés. Les grandes orientations du Plan CEP&M-COPREP 1999-2003 publié en octobre 1998 traduisent la très grande implication de l'industrie dans la définition des axes stratégiques de recherche en commun. Elles constituent des défis majeurs pour l'Industrie Pétrolière française.

Parmi les axes majeurs de ce plan, il faut citer la maîtrise des risques dans la production off-shore, qui représente environ le tiers de la production totale de pétrole et le quart de la production de gaz. Cette activité représente plus de la moitié des investissements réalisés par les compagnies pétrolières. Les développements off-shore ont lieu à des profondeurs de plus en plus grandes : on a pu forer et compléter des puits dans des tranches d'eau de 1.700 mètres en adaptant et en repoussant les limites d'emploi des technologies existantes.

Les crédits alloués par le FSH dans ce cadre visent à donner les moyens aux opérateurs de valoriser, dans des conditions rémunératrices et dans le respect de l'environnement, les découvertes ultra grand fond.

Les crédits du FSH étaient jusqu'à présent comptabilisés dans le compte d'affectation spéciale n° 902-12 doté de 280 millions de francs en crédits de paiement et en autorisations de programme en 1998. Ce CAS était alimenté par le produit d'une redevance de 0,39 centime par hectolitre sur l'ensemble des carburants auto (essence, supercarburants plombés et sans plomb, gazole) et par les remboursements d'aides constitués des reversements effectués par les entreprises au titre de la valorisation interne et externe.

Le tableau ci-après retrace les ressources et les dépenses du CAS " Fonds de soutien aux hydrocarbures depuis 1994 :

C. LA " BUDGÉTISATION " DES CRÉDITS DU FSH N'EST PAS UNE OPÉRATION NEUTRE

Le gouvernement a décidé de " budgétiser " les crédits du compte d'affectation spécial n° 902-12. Cette " budgétisation " se traduit par la clôture du CAS et par la création d'un nouvel article au sein du chapitre 62-92 (Actions dans les domaines de l'énergie et des matières premières) du budget de l'industrie.

Selon le gouvernement, cette budgétisation répond à l'orientation générale visant à limiter le champ des prélèvements affectés et à simplifier la fiscalité des carburants. Elle permet également d'assurer une meilleure visibilité des interventions de l'Etat en faveur des entreprises.

En outre, ce changement de portage budgétaire ne met pas en cause la nécessité d'un soutien important de l'Etat, s'inscrivant dans la durée, à un secteur qui doit aborder de nouveaux thèmes de développement (exploration ultra grand fond, production d'huiles lourdes...). Il ne remet pas non plus en cause la continuité de fonctionnement du dispositif antérieur et notamment les modalités de sélection des projets, de gestion et de suivi de ces derniers ainsi que les modalités d'attribution des aides.

Il se traduirait enfin par une relative neutralité sur le plan budgétaire, le chapitre 62-92 étant doté des mêmes sommes que celles antérieurement inscrites sur le CAS (soit 276 millions de francs en AP et CP). Le budget général reprendra l'encours des opérations constatées en fin de gestion 1998 et les crédits disponibles en AP et CP à la date de clôture du compte feront l'objet d'un report croisé sur le chapitre 62-92.

4 millions de francs de crédits sont par ailleurs inscrits au chapitre 44-81 du budget de l'industrie pour le fonctionnement du Comité d'Etudes Pétrolières et Marines (CEP&M) et du Comité des Programmes d'Exploration-Production (COPREP).

Cependant, derrière cette apparente neutralité, la clôture du compte a pour effet de réduire les moyens disponibles pour soutenir les recherches dans le secteur des hydrocarbures . En effet, les soldes positifs accumulés du fait d'un écart favorable entre les recettes et les dépenses effectives du compte (cf. tableau supra ) sont transférés au " compte permanent des découverts du Trésor ". Ce solde s'élevait à 106 millions de francs fin 1996 et peut être évalué à 196 millions de francs fin 1998.

En outre, la " rebudgétisation " du FSH a pour conséquence d'accroître les tarifs de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) sans que cet accroissement soit assorti d'une quelconque garantie d'affectation de son produit aux interventions jusqu'alors financées par le FSH.

CHAPITRE III

LA POLITIQUE INDUSTRIELLE

Le tableau ci-dessous indique le montant des crédits de politique industrielle pour 1999 :



Les crédits de politique industrielle s'élèvent à 5.051,8 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement dans le projet de budget pour 1999, ce qui traduit une baisse de 1,9 % par rapport à 1998 .

Quatre axes peuvent être dégagés :

Face à la concurrence des pays à bas niveau de rémunération ou à celle des entreprises des grands pays industrialisés, l'innovation constitue l'arme la plus adéquate aux mains des entreprises françaises afin de créer de nouveaux produits et de nouveaux services susceptibles d'assurer leur pérennité. Le soutien à la recherche et à l'innovation constitue ainsi l'un des axes majeurs du projet de budget de l'industrie pour 1999 (2.906,6 MF).

Par ailleurs, l'année 1999 verra la mise en oeuvre d'un soutien prioritaire aux PMI qui jouent un rôle primordial en terme de création d'emplois, d'intégration sociale et d'aménagement du territoire (642,1 MF).

Le secrétariat d'Etat à l'industrie poursuivra également son soutien aux efforts des entreprises en matière de normalisation et de qualité, notamment pour les aider à participer à l'élaboration des normes européennes (352 MF).

Enfin, le gouvernement consacrera une part très importante de ses crédits de politique industrielle au soutien aux entreprises et secteurs en difficulté, et notamment à la construction navale (1.187,8 MF).

I. PLACE DE L'INDUSTRIE DANS L'ÉCONOMIE NATIONALE

A. FORCES ET FAIBLESSES DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

L'industrie est l'un des poumons de l'économie. C'est en grande partie grâce aux richesses qu'elle crée et à la valeur ajoutée qu'elle produit que le secteur tertiaire est capable de se développer. Il ressort ainsi des analyses menées dans les pays industrialisés  que l'évolution de la production industrielle et le taux de chômage sont liés : les pays ayant connu une forte croissance de la production industrielle présentent des taux de chômage plus faibles. Il apparaît aussi que l'activité et l'emploi industriel tirent l'emploi total.

En incluant le BTP, l'industrie représente aujourd'hui 27 % du PIB national. Cependant, son emprise sur l'ensemble de l'économie est supérieure à 50 % du PIB si l'on inclut les consommations intermédiaires et les revenus distribués.

Par ailleurs, l'industrie assure 63 % de l'effort de recherche et développement national et représente 75 % des échanges commerciaux de la France avec l'étranger.

Elle emploie aujourd'hui 3,8 millions de personnes et en fait vivre autant par le biais des services rendus aux entreprises industrielles. En outre, 500.000 emplois ont été créés depuis 1990 dans le secteur des services aux entreprises, le plus souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception, design, ingénierie, logistique, R&D...).

Toutefois, l'industrie française présente des faiblesses. Ainsi, la production industrielle française a progressé moins rapidement en France depuis quinze ans que chez nos principaux voisins. En outre, si la France conserve son rang de 4 ème puissance industrielle mondiale, il faut noter que l'écart avec l'Italie et la Chine s'est réduit ces dernières années.

Parmi les faiblesses de l'industrie, il convient de relever :

La faiblesse du nombre de grands groupes

La France ne compte ainsi qu'une dizaine d'entreprises parmi les 100 plus grands groupes industriels et affiche de ce point de vue un retard par rapport à l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis. Les groupes français présentent en outre une surface financière moindre que les entreprises étrangères, ce qui se traduit par l'absence d'entreprises françaises parmi les 100 premières capitalisations boursières.

Un tissu industriel déséquilibré

Le tissu industriel français est caractérisé par une sur-représentation des petites PMI. En revanche, les entreprises médianes sont peu nombreuses ce qui est problématique au regard du rôle d'impulsion qu'elles peuvent avoir dans le tissu industriel et de relais entre les grands groupes et les PMI. Elles jouent en outre un rôle important en matière d'innovation et d'exportation.

Les PMI présentent de manifestes potentialités de développement mais souffrent de certaines faiblesses structurelles (faiblesse des fonds propres, difficultés d'accès au crédit) auxquelles les gouvernements successifs tentent de répondre depuis plusieurs années, par le biais notamment de mesures fiscales incitatives (taux d'imposition réduit pour les entreprises qui augmentent leurs fonds propres, avantages fiscaux consentis aux contribuables qui investissent dans le capital de sociétés non cotées, fonds communs de placement dans l'innovation...).

Des investissements insuffisamment dynamiques

Les investissements des entreprises ont diminué de 34 % entre 1990 et 1994. La reprise récente n'a que partiellement comblé ce recul. Sur longue période, l'investissement industriel a progressé plus fortement au Japon et aux Etats-Unis, et, dans une moindre mesure en Allemagne. Un tel déficit d'investissement en France pèse sur la compétitivité des entreprises.

La faiblesse de la recherche et développement

La France ne consacre qu'1,5 % de son PIB à la R&D, contre 1,8 % aux Etats-Unis et 1,6 % en Allemagne.

En outre, malgré des efforts importants, la recherche publique reste insuffisamment orientée vers la recherche en entreprise à l'inverse des États-Unis ou du Japon.

Une internationalisation insuffisante

En matière commerciale, de positionnement stratégique sur les différents marchés, notamment sur les marchés émergents, en matière de partenariats industriels, les entreprises françaises accusent un certain retard par rapport à leurs concurrentes, malgré le rattrapage opéré ces dix dernières années.

Toutefois, si le recul du poids de l'industrie dans le PIB s'explique par des gains de productivité plus élevés que dans les autres secteurs, le recul de l'emploi industriel et surtout de la production industrielle n'est pas une fatalité . Il revient à la politique industrielle d'encourager l'essor de l'industrie par une action sur l'environnement des entreprises et en incitant ces dernières à innover pour développer de nouveaux gisements de valeur ajoutée.

B. UN RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE

Après une légère pause fin 1996, la croissance s'est amplifiée en 1997 et s'est poursuivie en 1998. Au cours des 12 derniers mois, la production manufacturière non agro-alimentaire a ainsi augmenté de 8,5 %. Cette croissance a notamment été tirée par la demande mondiale, qui est restée vive, sauf en fin d'année dans les pays touchés par la crise asiatique. En outre, la reprise a été accentuée par le dynamisme exceptionnel des exportations d'automobiles favorisées par les primes italiennes et espagnoles. Ainsi, la production automobile a augmenté de 16 % et celle des biens intermédiaires et des biens d'équipement d'environ 8 %. La production de biens de consommation a augmenté de 6 %.

En fin d'année, la baisse du chômage et la reprise de la demande intérieure ont progressivement relayé une croissance mondiale ralentie.

Les évolutions de l'emploi suivent avec un léger retard les évolutions de la production. Ainsi, après une perte de 68.000 emplois en 1996 et de 29.000 emplois en 1997, l'emploi manufacturier semble s'être stabilisé au premier semestre 1998. En réalité, il est en croissance depuis plus d'un an en raison d'un important recours à l'intérim (soit l'équivalent de 35.000 emplois supplémentaires à temps complet fin 1997) et cette croissance s'est accélérée au premier semestre 1998.

Par ailleurs, après une pause conjoncturelle en 1996, les investissements manufacturiers se développent à nouveau depuis l'automne 1997. Une croissance de 11 % est prévue en 1998.

Enfin, le résultat net des entreprises manufacturières s'est amélioré en 1997 (+ 2,8 % contre 2,1 % en 1997), en particulier dans les biens d'équipement et les exportations continuent d'augmenter deux fois plus rapidement que le chiffre d'affaires, notamment dans l'automobile, dans l'aéronautique, dans la métallurgie et dans les composants électriques.

L'économie française entrerait toutefois dans une phase de ralentissement si l'on en croit les dernières statistiques publiées. Ainsi, le mois de septembre 1998 a accusé un recul de la production manufacturière (hors énergie et industries agro-alimentaires) de 1 % par rapport aux mois de juillet et août. La production manufacturière n'a ainsi augmenté que de 0,6 % au troisième trimestre 1998 contre 1,2 % au cours du deuxième trimestre.

En outre, selon la dernière enquête de l'INSEE, les perspectives de production des industriels accusent, pour le deuxième mois consécutif, un net recul pour le dernier trimestre. Cela traduirait la diminution importante des carnets de commande qui sont redescendus au niveau de l'automne dernier. Cette diminution touche l'ensemble des commandes et pas seulement les carnets à l'exportation. De plus, les chefs d'entreprises continuent d'anticiper des baisses de prix à la production.

Au total, selon l'Insee, après s'être accrue de 1,7 % au troisième trimestre, l'activité industrielle ne devrait augmenter que de 0,5 % au quatrième.

II. LA RECHERCHE INDUSTRIELLE ET L'INNOVATION

Comme en 1997 et en 1998, les crédits consacrés au soutien de l'innovation, à la recherche industrielle et au développement technologique constituent la priorité du budget de l'industrie pour 1999, hors énergie, avec près de 19 % du total des crédits et 57 % des crédits de politique industrielle. Ils sont en progression par rapport aux moyens disponibles en 1998 (c'est-à-dire après régulation budgétaire).

La diminution de l'agrégat recherche industrielle et innovation ( 2.870 millions de francs pour 1999 en DO et CP et 3.088 millions de francs en DO et AP) résulte pour l'essentiel de la contraction des crédits du chapitre 66-01 " Développement de la recherche industrielle " qui a été l'objet en 1997 et depuis le début de l'année 1998 de régulations budgétaires significatives.

En effet, doté initialement de 1.673 millions de francs en crédits de paiement et de 1.688 millions de francs en autorisations de programme, ce chapitre a ainsi donné lieu, au cours de l'exercice 1997, à des annulations de crédits de 79 millions de francs en CP et de 257,7 millions de francs en AP. En outre, 185,7 millions de francs ont été reportés en autorisations de programme de l'exercice 1997 à l'exercice 1998 et 44 millions de francs en crédits de paiement. Enfin, au 31 août 1998, les autorisations de programme n'étaient engagées que pour 15,8 % de leur montant.

Cet agrégat comprend les crédits destinés, d'une part, à la diffusion des techniques au sein des PMI et à l'Agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR), et, d'autre part, aux grands programmes nationaux et européens.

Le thème de la société de l'information fera l'objet d'une priorité majeure avec 700 millions de francs de crédits. En effet, si la France dispose d'atouts incontestables dans ce domaine, grâce aux nombreux industriels qui y travaillent, elle est en passe de prendre un retard irratrapable par rapport à d'autres pays et notamment les Etats-Unis. Or un tiers de la croissance américaine est aujourd'hui tirée par les activités liées à la société de l'information. Son développement est donc un enjeu prioritaire pour la société française.

A. LA DIFFUSION DE L'INNOVATION DANS LES PMI

L'objectif de la politique technologique du ministère en charge de l'industrie est de procurer aux entreprises françaises les moyens, qualitatifs et financiers de développer leur capacité de recherche et d'innovation. C'est l'objet de l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR).

Par ailleurs, pour permettre aux PMI de maîtriser et d'intégrer des technologies permettant d'améliorer leur compétitivité durablement par la réalisation d'un saut technologique significatif, le ministère a institué en septembre 1992 la procédure ATOUT.

1. L'Agence nationale de valorisation de la recherche

a) Le rôle de l'ANVAR

L'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) mène en faveur des PME une politique incitative en matière de relations recherche-industrie, de transferts de technologie, de programmes d'innovation. Pour cela, elle s'appuie sur une aide spécifique dénommée aide à l'Innovation .

Ces aides peuvent concerner tous les stades du processus d'innovation et prennent la forme d'une subvention ou d'une avance remboursable dont le montant peut atteindre 50 % des dépenses retenus, sans toutefois pouvoir dépasser 40 % du montant total du programme. Tous les projets font l'objet d'une instruction décentralisée, et, après avis d'une commission régionale d'attribution des aides, d'une décision par le délégué régional concerné. Pour les programmes les plus importants, la décision est prise par le directeur régional de l' ANVAR.

Cinq axes majeurs sont au centre de ses interventions :

- privilégier les technologies-clés ;

- mieux accompagner les entreprises à potentiel de croissance, notamment en favorisant l'embauche de personnels qualifiés ;

- mettre sa capacité d'expertise technologique à disposition des acteurs publics et privés pour contribuer au développement de l'innovation ;

- faire évoluer les outils financiers pour offrir des financements plus adaptés aux entreprises innovantes à potentiel de croissance, en liaison avec le CEPME et la SOFARIS, et accroître son implantation au niveau régional ;

- mieux mettre en valeur les résultats de la recherche par une meilleure coordination des actions menées au niveau régional.

L'ANVAR participe régulièrement aux côtés de ses ministères de tutelle à des appels à proposition thématiques afin d'accélérer l'émergence de projets d'innovation sur des secteurs stratégiques.

L'ANVAR participe aussi, en liaison avec les ministères en charge de l'industrie et de la recherche, ainsi que les Conseils régionaux, au soutien du Réseau interrégional de diffusion technologique (RIDT) présent dans 21 régions métropolitaines. Le RIDT regroupe 1.348 prospecteurs ayant tous adhéré à son code de déontologie.

Enfin, le réseau de partenaires internationaux de l'agence (Eurêka, Commission européenne, Taftie 19( * ) ) ainsi que les accords de coopération passés avec différents pays (Etats-Unis, Canada-Québec, Corée, Israël, Tunisie et bientôt le Maroc) lui permettent d'offrir aux PME désireuses d'exporter un carnet d'adresses et un ensemble d'outils de mise en relation.

b) Bilan de l'action de l'ANVAR en 1997 et 1998

En 1997, les moyens en faveur de l'innovation étaient constitués par la dotation budgétaire de l'Etat, inscrite sur le chapitre 66-02 du budget de l'industrie, qui s'élevait en loi de finances initiale à 780 millions de francs en autorisations de programme et à 634,5 millions de francs en crédits de paiement.

Par ailleurs, compte tenu des prévisions de remboursement d'aides accordées antérieurement et des reprises d'AP, les crédits disponibles au titre des programmes relevant de l'aide à l'innovation s'élevaient à 1.466,7 millions de francs.

Après régulation budgétaire, les moyens disponibles s'élevaient à 1.354 millions de francs. Les arrêtés du 9  juillet et du 19 novembre 1997 ont en effet annulé 138 millions de francs en crédits de paiement (soit 22 % de la dotation initiale) et 97,5 millions de francs en autorisations de programme.

L'Agence est intervenue pour un montant total de 1.350 millions de francs sur 4.664 aides à l'innovation réparties comme suit :

- 1 527 mises au point de produits ou procédés nouveaux (depuis la faisabilité jusqu'à la préparation du lancement industriel) pour un montant de 1.099 millions de francs ;

- 640 recrutements pour l'innovation (97 MF) :

- 1 643 prestations du Réseau interrégional de diffusion technologique (49 MF) ; les prospecteurs du RIDT ont effectué plus de 16 600 visites d'entreprises en 1997 soit une augmentation de 25 % par rapport à 1996 ;

- 47 abondements à des sociétés de recherche sous contrat (86 MF) ;

- 726 projets jeunes (15 MF) ;

- 81 soutiens à des inventeurs indépendants (4 MF).

Au total, 1 900 entreprises ont reçu le soutien direct de l'ANVAR, hors prestation du Réseau de diffusion technologique. Sur ce nombre, 51 % recouraient à ses services pour la première fois.

L'ANVAR a par ailleurs été désignée en 1997 par décret comme l'organisme habilité à décerner la qualification d'entreprise innovante aux PME désireuses de trouver des fonds propres via un fonds commun de placement pour l'innovation (FCPI).

En 1998 , l'Agence s'est donnée pour priorités :

- l'élargissement du soutien au recrutement par les PME de personnel qualifié dans les domaines de l'innovation et le renforcement des liens entre centres de compétences et entreprises. Un accent particulier est mis sur l'embauche de docteurs ;

- la mobilisation de fonds propres en faveur des PME en créant une synergie avec l'ensemble du monde financier pour répondre aux besoins des entreprises, depuis les fonds d'amorçage jusqu'à l'entrée en bourse : 10 aides " Marché boursier " avaient été accordées au 30 juin 1998 ;

- la clarification du système d'aides aux entreprises : 97 % des décisions d'attribution d'aides sont prises par les délégués régionaux ; les différentes procédures de soutien existantes ont été regroupées en une seule aide, distinguant seulement la phase de faisabilité du projet de la phase de réalisation ;

- l'ouverture aux innovations dans les services mettant notamment en oeuvre les technologies de l'information, les télécommunications et la santé.

L'Agence a bénéficié pour cela de 840 millions de francs en autorisations de programme et de 665 millions de francs en crédits de paiement. Après intégration des perspectives de remboursement d'aides, reprises d'AP et régulation budgétaire, ses crédits s'élevaient au 1 er août 1998 à 1.375 millions de francs en AP et à 1.149 millions de francs en CP.

c) La consolidation des moyens de l'ANVAR en 1997

La subvention de fonctionnement de l'ANVAR pour 1999 reste constante à 237,7 millions de francs de même que les crédits destinés au Secrétariat général de la coordination nationale de la procédure EURÊKA (6 millions de francs). La dotation du réseau de diffusion technologique continue d'augmenter (+ 2,6 millions) pour atteindre 16,6 millions de francs.

Le budget pour 1999 est par ailleurs marqué par l'inflexion de la tendance à la diminution des crédits d'investissement de l'agence constatée depuis 1993-1994 : les crédits de paiement augmentent en effet de 1,3 % par rapport à 1998 pour s'établir à 673,5 millions de francs. Les autorisations de programme passent en revanche de 840 à 800 millions de francs. Comme les DRIRE dans le domaine du développement industriel, l'Agence simplifiera son dispositif d'aides en les regroupant au sein d'un unique contrat d'innovation technologique .

2. La diffusion des techniques au sein des PMI

La diffusion des technologies dans les petites et moyennes entreprises est encouragée au travers de la procédure contractualisée " ATOUT " qui voit ses autorisations de programme reconduites à 212 millions de francs sur le chapitre 64-92 " Actions de développement industriel régional en faveur des PMI ". Les crédits de paiement sont en hausse de 7 millions de francs à 167 millions de francs.

20 millions de francs sont par ailleurs inscrits sur le chapitre 44-81 afin de financer les frais de fonctionnement et d'animation de cette procédure, soit une somme identique à celle de l'année dernière.

La procédure ATOUT

La procédure ATOUT, instituée en septembre 1992, vise à encourager l'intégration par les PMI de technologies permettant d'améliorer leur compétitivité durablement par la réalisation d'un saut technologique significatif. Cette procédure se différencie de l'aide à l'innovation dans la mesure où elle s'adresse en priorité à des entreprises à capacité technologique limitée pour la réalisation de projets qui ne constituent pas des innovations mais qui représentent pour l'entreprise un progrès notable de son niveau technologique.

Trois domaine ont été retenus : l'utilisation des composants électroniques, l'intégration des nouveaux matériaux et l'échange et la circulation de données informatisées dans l'entreprise.

- le programme PUCE doit ainsi permettre aux PMI d'utiliser des composants électroniques tout en favorisant la diffusion des technologies liées à la micro-électronique ;

- le programme LOGIC a pour finalité l'amélioration de la gestion et de la circulation des données informatisées dans l'entreprise par la réalisation de nouvelles liaisons entre plusieurs fonctions informatisées ;

- le programme PUMA a pour but d'assurer l'intégration de nouveaux matériaux dans les PMI tout en favorisant la diffusion des technologies qui y sont liées.

L'année 1997 a été marquée par l'introduction d'un quatrième volet (non contractualisé) qui permet aux PMI de mieux maîtriser les nouvelles technologies de production (découpe, soudage laser, assemblage/désassemblage automatisés...).

La phase de faisabilité est plafonnée à 300.000 francs et la phase de réalisation à 1 million de francs.

En 1994, la procédure ATOUT a été déconcentrée auprès des DRIRE et contractualisée. 82 % du financement est assuré par l'Etat, 9 % par les régions et 9 % par les fonds structurels. Les dotations contractualisées sur la période 1994-1998 s'élèvent à 1.164 millions de francs, soit 155 millions de francs en moyenne annuelle pour l'Etat (après étalement sur six ans des contrats de plan).

En 1997, 742 dossiers ont été décidés et 590 engagés.

L'année 1999 verra la mise en oeuvre d'une procédure unique et simplifiée par fusion des 4 volets.

B. LES GRANDS PROGRAMMES

Les crédits destinés à soutenir ces grands programmes de recherche industrielle sont inscrits au chapitre 66-01 du budget de l'industrie. Ils diminuent légèrement dans le projet de budget pour 1999 (- 2,2 % en AP et - 3 % en CP) pour s'établir à 1.752 millions de francs en crédits de paiement. Ils sont toutefois en progression par rapport aux moyens disponibles en 1998.

Ces crédits correspondent à la participation du Secrétariat d'Etat à l'industrie au financement de grands programmes interministériels (tels que les programmes de recherche et de développement d'innovation et de technologie dans le domaine des transports terrestres - PREDIT - et dans le domaine de la chimie de formulation - REACTIF) ou européens de coopération (EUREKA, MEDEA, ADTT, COMMEND...).

Ils recouvrent également les crédits destinés à financer l' appel à propositions " Technologies-clés " qui est doté de 400 millions de francs en 1999. Au sein de ce dernier, un appel spécifique a été lancé visant à encourager l'innovation dans l'industrie textile.

1. Les grands programmes nationaux

Jusqu'en 1996, le secrétariat d'Etat à l'industrie a apporté son soutien aux grands programmes interministériels destinés à favoriser l'offre de technologies (PREDIT, BIOAVENIR...) au travers de la procédure des Grands Projets Innovants (GPI). Cette procédure était fondée sur l'analyse des besoins du développement technologique de l'industrie française. Après des expertises techniques, économiques et financières approfondies, les projets présentés pouvaient bénéficier d'un soutien généralement sous forme d'avance remboursable au taux maximum de 30 %. De 1989 à la fin du premier semestre 1996, date d'arrêt de la procédure, 207 projets représentant plus de 7,5 milliards de francs ont ainsi été soutenus pour un montant total d'aide de 2,4 milliards de francs.

C'est à l'intérieur de cette procédure d'aide qu'intervient le secrétariat d'Etat à l'industrie dans les grands programmes interministériels.

a) Les grands programmes interministériels

Le secrétariat d'Etat à l'industrie apporte son soutien aux grands programmes interministériels qui correspondent aux domaines d'excellence de l'industrie et de la technologie françaises. Issus des propositions des industriels, ils se situent dans des domaines stratégiques à fortes retombées potentielles. Ces projets sont d'un coût unitaire très élevé, supérieur à 100 millions de francs :

- le programme BIOAVENIR , dans le domaine de la santé et de l'agrochimie, s'est terminé en 1996, le budget de l'industrie lui ayant affecté 200 millions de francs entre 1993 et 1996 ;

- le programme PREDIT , programme de recherches en entreprises pour le développement et l'innovation dans les transports terrestres, a été renouvelé pour une période de cinq ans (1996-2000). Le ministère de l'industrie doit lui consacrer un total de 650 millions de francs sur cinq ans, dont 153 en 1997 et 110 en 1998.

- le programme REACTIF, dans le domaine de la chimie de formulation, a été lancé dans le courant de l'année 1996 pour cinq ans. Son financement, au titre du budget de l'industrie, s'élèvera à 200 millions de francs sur cinq ans, dont 40 millions en 1998.

b) L'appel à propositions Technologies-clés

La procédure des grands projets innovants a été relayée à la mi-1996 par l'Appel à projets " Technologies-clés " qui vise à privilégier le soutien des pouvoirs publics à 50 secteurs technologiques, non couverts par les grands programmes interministériels ou européens et sur lesquels la position industrielle de la France est jugée insuffisamment forte.

Comme les grands projets innovants, ces projets, à finalité civile, doivent être de grande ampleur, novateurs, à fort enjeu stratégique ou commercial et aboutir sur le marché dans un délai de moins de cinq ans. Cet appel à projets a été lancé suite à l'étude sur " les 100 technologies-clés pour l'industrie de l'an 2000 ".

La sélection de 50 technologies s'est faite sur la base d'une complémentarité de cet Appel à Projets vis-à-vis des grands programmes fédérateurs en place dans plusieurs domaines industriels stratégiques : programme MEDEA dans le domaine des composants électroniques, PREDIT dans le domaine des transports terrestres, REACTIF dans le domaine de la chimie de formulation.

Les avis d'un comité de pilotage réuni à cet effet le 4 juillet 1996 ont permis de finaliser la liste de 50 " Technologies-clés ". L'objectif était d'affecter à cet appel à projets 1 milliard de francs sur 2 ans (1997-1998). Il est prévu de poursuivre cet appel à projets en 1999 et 2000 avec un objectif comparable en terme d'affectation de crédits.

L'ANVAR est associé pour le soutien aux dossier " PMI ". Près de 230 projets ont été labellisés à ce jour pour un montant total d'aides accordées de 614 millions de francs . L'aide moyenne accordée par le secrétariat d'Etat à l'industrie aux 67 projets qu'il a retenus est de 6 millions de francs par projet. L'ANVAR a quant à elle soutenu 161 projets pour un montant moyen d'aide de 1,3 million de francs.

2. Les grands programmes européens

Le ministère de l'industrie intervient en soutien des grands programmes européens, essentiellement au travers de la procédure EURÊKA.

Deux grands programmes sont à signaler, ainsi que les nouveaux programmes stratégiques EURIMUS et PIDEA :

Les composants électroniques avec le programme MEDEA

D'une durée de quatre ans, ce programme (13 milliards de francs), qui a pris le relais de JESSI, vise à assurer l'indépendance stratégique de l'industrie européenne utilisatrice ou productrice de composants micro-électroniques. Il réunit l'essentiel des industriels et des laboratoires de la micro-électronique des huit pays participant au programme. Il capitalise sur les résultats de JESSI qui a permis d'améliorer significativement la compétitivité de l'industrie européenne dans la fabrication des composants.

L'électronique grand public avec le programme COMMEND

Ce programme, doté de 1,4 milliard de francs, a pris le relais des précédents projets TVHD et ADTT achevés en décembre 1996 dont il conserve les acquis technologiques, tout en ayant pour objet de permettre l'interconnexion et l'utilisation partagée de tous les appareils et services numériques du multimédia.

Les nouveaux programmes stratégiques EURIMUS et PIDEA

EURIMUS vise à placer l'industrie européenne en bonne position sur le marché des microsystèmes, actuellement dominé par les Etats-Unis.

Le programme PIDEA a pour ambition de développer les technologies d'interconnexion et d'encapsulation à hautes performances en partenariat avec les principaux secteurs utilisateurs. L'objectif est également de maîtriser les technologies de production en grands volumes pour lesquels l'Europe souffre d'un réel déficit.

Il est prévu de consacrer 50 millions de francs par an sur chacun de ces deux programmes pendant cinq ans.

En complément de ces programmes, la France participe à 37 nouveaux projets sur 186.

Le tableau ci-après récapitule les crédits consacrés à la procédure Eurêka :



Votre rapporteur se félicite de la poursuite de l'effort public en faveur de ces grands programmes. Il rappelle que ceux-ci sont déterminants pour assurer la compétitivité et la capacité exportatrice des entreprises.

III. LES PMI ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Le développement des PMI représente un enjeu essentiel dans l'évolution économique, en raison de la place qu'elles occupent en termes d'investissement, d'emploi ou de contribution à la croissance et aux exportations. On observera aussi leur intérêt dans une perspective d'aménagement du territoire.

Dans ce contexte, l'action du ministère de l'industrie vise, au-delà de la politique économique générale conduite par le gouvernement, à soutenir la recherche et l'innovation des PMI, mais également à favoriser leurs investissements.

A. LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL REGIONAL

La troisième génération de contrats de Plan Etat-Régions (CPER) signée en 1994 pour une durée de cinq ans (étalée sur six ans) définit les priorités retenues en commun par l'Etat et les régions en matière de développement industriel régional. Elle a été marquée par la création d'un Fonds de développement des PMI, déconcentré et contractualisé dans le cadre des CPER. De même, la procédure de diffusion des techniques ATOUT (cf. supra) a été déconcentrée et contractualisée.

Les crédits consacrés aux actions de développement industriel régional inscrits sur le chapitre 64-92 et pour partie gérés de manière déconcentrée par les DRIRE, atteignent 732 millions de francs en autorisations de programme et 656 millions de francs en crédits de paiement dans le budget pour 1999. Ces aides sont centrées sur deux thèmes prioritaires : le développement industriel régional (article 10) et la diffusion des techniques (article 20) 20( * ) .

Sont cependant coordonnées en centrale les actions touchant des secteurs difficiles à animer dans un cadre uniquement régional, en raison notamment d'une taille critique insuffisante à ce niveau et les crédits destinés à la diffusion de nouveaux outils d'information et de communication dans les PMI (article 30).

1. Le développement industriel régional dans le cadre des CPER

Les priorités retenues dans le cadre des CPER 1994-1998 prolongent largement les exercices contractuels précédents avec la reconduction des procédures de soutien à l'investissement immatériel et le maintien d'actions spécifiques prioritaires. Toutefois, un effort important de simplification et de lisibilité a conduit à une évolution sensible du volet investissement matériel.

Priorités définies par le ministère de l'industrie dans le cadre
des contrats de plan Etats-régions (1994-1999)

Soutien à l'investissement immatériel

- Par le biais des Fonds régionaux d'aide au conseil (FRAC) mis en place en 1984 afin d'inciter les PMI à recourir à des conseils extérieurs et à susciter l'émergence d'une offre régionale de conseil : ils prennent en charge une partie des coûts des diagnostics et des audits réalisés à la demande des entreprises par des cabinets du secteur concurrentiel ;

- Par la procédure d'aide à l'embauche d'un cadre (en principe hautement spécialisé) pour la création d'une nouvelle fonction dans l'entreprise ;

- Par l'aide au recours à un conseil technique dispensé par un laboratoire (essais, analyses, études, petites recherches).

Soutien à l'investissement matériel

Depuis 1993, le fonds de développement des PMI (FDPMI) s'est substitué aux anciennes procédures contractualisées ou non. Il est principalement orienté vers l'aide aux PMI dans les zones de reconversion afin de permettre une élévation du niveau technologique ou de la compétitivité de ces entreprises.

Soutien d'actions spécifiques prioritaires

Il s'agit du soutien à des actions liées aux atouts particuliers des régions concernées et destinées à développer des pôles technologiques, par exemple en partenariat avec des Ecoles.

2.187,7 millions de francs d'autorisations de programme ont été déléguées de 1994 à la fin de 1997 au titre des CPER 1994-1998 sur la seule part Etat.

Votre rapporteur rappelle l'importance des actions menées dans le cadre des contrats de plan Etat-régions pour le maintien et le développement d'un tissu industriel régional dynamique.

Par ailleurs, un certain nombre d'actions sont menées hors du cadre contractualisé.

2. Les actions hors CPER

a) Les actions de restructuration défense

En 1997, une enveloppe spécifique de 40 millions de francs a été allouée en faveur des PMI qui réalisent soit une part significative de leur chiffre d'affaires dans le secteur de la défense, soit sont situées dans les bassins d'emploi les plus touchés par les restructurations de la défense. 35 millions de francs d'autorisations de programme ont été déléguées dans le budget pour 1999.

b) Les actions collectives

Mises en place à partir de 1983, ces actions permettent de réaliser des actions structurantes en faveur des PMI locales avec un effet de levier financier intéressant et surtout un impact en terme de synergie avec les acteurs du développement industriel local.

c) Les actions menées en central

L'échelon central est en outre chargé de coordonner les actions touchant des secteurs difficiles à animer dans un cadre uniquement régional, en raison notamment d'une taille critique insuffisante à ce niveau. Il intervient sur des dispositifs spécifiques et ponctuels adaptés aux besoins d'une branche ou population d'entreprises. Depuis 1990, deux types d'interventions ont été financées : le développement de la productique (procédure PRODUCTIC) et le financement d'actions collectives orientées vers les PMI et destinées notamment à aider les organismes de formation à moderniser leurs outils pédagogiques. 8 millions de francs sont prévus dans le projet de loi de finances pour 1999 pour poursuivre ce type d'actions.

d) La diffusion des nouveaux outils d'information et de communication dans les PMI

L'utilisation des technologies de l'information par les entreprises françaises est insuffisante. A titre de comparaison, la part de son PIB consacrée par la France aux investissements (2 %) est deux fois moins importante que celle des Etats-Unis. Une telle lacune est d'autant plus dommageable que ces technologies sont un vecteur non négligeable de la compétitivité : elles permettent d'accéder à peu de frais à des marchés distants ; elles favorisent la veille technologique et un suivi précis de la concurrence ; elles permettent également une mise en réseau des entreprises avec leurs partenaires ou avec d'autres entreprises aux centres d'intérêt voisins au travers de communautés virtuelles ; enfin, elles peuvent être un moyen efficace de simplification des procédures administratives.

L'objectif des crédits du chapitre 64-92 article 30 est donc d'inciter les PME à utiliser les technologies de l'information. L'appel à projets " Utilisation collective d'Internet par les PMI " (UCIP) lancé en mai 1998 soutient les initiatives collectives et innovantes, afin d'aider les PMI à s'approprier les technologies Internet et à en exploiter les potentialités en vue de consolider leurs positions concurrentielles ou de conquérir de nouveaux marchés. A cette fin, l'article 30 est doté de 35 millions de francs en crédits de paiement pour 1999 contre 25 millions de francs en 1998.

B. L'AMÉLIORATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES

A côté des aides directes aux entreprises et de l'effort important consenti en faveur du développement de la recherche industrielle et de l'innovation, les crédits d'intervention du titre IV, et particulièrement ceux inscrits sur le chapitre 44-81 " Subventions à divers organismes et aux actions concourant à l'amélioration de l'environnement et de la compétitivité des entreprises " permettent au secrétariat d'Etat à l'industrie d'agir sur l'environnement des entreprises par le biais d'actions collectives et d'aides indirectes. Ils sont portés de 99 à 108 millions de francs dans le projet de budget pour 1999.

L'augmentation des crédits de ce chapitre résulte de l'inscription de deux mesures nouvelles dotées de 4 et 5 millions de francs respectivement, et destinées, d'une part, à financer les organismes consultatifs 21( * ) du Fonds de soutien aux hydrocarbures dont les crédits sont désormais inscrits au chapitre 62-92 du budget de l'industrie, et, d'autre part, à prévenir les risques miniers.

La mise en place d'un dispositif de surveillance des affaiblissements miniers en Lorraine et l'amélioration de la connaissance des risques au travers de l'exploitation des données cartographiques et d'une veille technologique constitue l'une des traductions de la priorité accordée par le Secrétariat d'Etat à la gestion de l' " après-mines " qui devrait donner lieu au dépôt d'un projet de loi modifiant le code minier au cours de l'année 1999.

Le chapitre 44-81 comporte en outre des subventions de fonctionnement à des organismes dont l'intervention stimule la compétitivité des entreprises et notamment des PMI, et favorise l'environnement économique dans lequel elles évoluent.

Chargée d'assurer le secrétariat du Conseil National de la Création d'Entreprise (CNCE), l'Agence pour la création d'entreprise (APCE) collecte et diffuse les informations nécessaires à une meilleure connaissance de la création d'entreprise ainsi que des méthodes et des fiches techniques relatives à la création d'entreprises. Elle a subi une restructuration importante en 1996, à la suite de la forte réduction de ses crédits de fonctionnement passés de 29,1 à 19,1 millions de francs. Ses missions ont alors été éloignées du terrain afin d'éviter toute redondance avec les acteurs locaux, et en particulier les chambres de commerce et d'industrie dans le cadre de leur opération " Entreprendre en France ". Le montant de sa subvention est depuis resté constant. Elle dispose en outre de certaines ressources propres (2,3 millions de francs en 1998) constituées par les ventes d'ouvrages, des prestations de formation et d'ingénierie. Il faut toutefois noter une progression de ses charges de structures passées de 5,3 millions en 1997 à 6,1 millions de francs en 1998. Une telle hausse s'est faite au détriment de ses programmes d'actions passés de 8,8 à 6,2 millions de francs dans le même intervalle.

L'Agence nationale pour le développement de la productique appliquée à l'industrie (ANDPAI) voit également sa subvention reconduite à 23,9 millions de francs.

L'article 40 du chapitre 44-81 finance enfin diverses actions collectives menées en collaboration avec des partenaires tels que groupements d'entreprises, associations, fédérations ou syndicats professionnels. Sont également inscrits sur cette ligne les crédits nécessaires au financement des cadres détachés par EDF auprès des DRIRE qui sont au nombre de 67.

IV. LES RESTRUCTURATIONS ET LA RECONVERSION

Les crédits destinés aux restructurations et à la conversion des secteurs en difficulté s'établissent à 1.083,6 millions de francs en crédits de paiement dans le budget pour 1999 et à 1.050,9 millions de francs en autorisations de programme. Ils sont en baisse respectivement de 7,3 % et 5 %.

A. L'AIDE AUX ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ

1. L'aide à l'équipement naval

La politique d'aide à la construction navale repose sur trois outils :

- l'aide à la prise de nouvelles commandes de construction de navires neufs ou de transformations importantes de navires ;

- les aides à la restructuration pour les chantiers qui doivent réduire leurs effectifs ;

- les aides à la recherche en faveur, d'une part, des technologies nouvelles porteuses de produits nouveaux ou de gains de productivité, et, d'autre part, du développement de navires à haute valeur ajoutée ou de concepts d'avenir permettant aux chantiers de construire des navires échappant au moins partiellement à la concurrence de l'extrême orient.

La politique française en matière d'aides à la construction navale est fondée sur la VII ème directive européenne relative aux aides à la construction navale. Cette directive a été prorogée jusqu'au 31 décembre 1998 sur demande de la France, dans l'attente de la ratification par les Etats-Unis de l'accord OCDE du 17 juillet 1994 interdisant les aides à la commande sous toutes ses formes.

Par ailleurs, pour faire face à l'éventualité d'une absence de ratification par les Etats-Unis, la Commission a présenté fin 1997 un nouveau règlement qui a été adopté à la majorité qualifiée le 7 mai 1998. Ce règlement, applicable du 1 er janvier 1999 au 31 décembre 2003, autorise les aides à la commande jusqu'au 31 décembre 2000. Il permet également les aides à la fermeture partielle ou totale. Il étend à la construction navale les dispositifs accessibles aux autres secteurs industriels concernant les aides à la recherche et au développement, au sauvetage et à la restructuration d'entreprises en difficulté, aux investissements pour innovation et à la protection de l'environnement.

Les aides à la construction navale, qui constituent un tiers des crédits de l'agrégat " Accompagnement de l'activité industrielle " sont reconduites en crédits de paiement (800 millions de francs) comme en autorisations de programme (850 millions de francs). Il faut toutefois noter l'importance des reports de crédits d'une année sur l'autre qui traduit les très grandes fluctuations d'activité. Ainsi, en raison de reports de 973 millions de francs, le montant des crédits disponibles (AP) au 31 août 1998 sur le chapitre 64-93 s'élevait à 1.823,7 millions de francs mais 1.632 millions de francs étaient déjà engagés.

Le tableau ci-après retrace l'évolution comparée des dotations et des consommations de crédits sur le chapitre 64-93 depuis 1994 :



L'année qui se termine a été marquée par la décision du gouvernement de cesser de soutenir financièrement les Ateliers et Chantiers du Havre (ACH) ce qui devrait conduire à leur fermeture au terme de la construction des trois navires chimiquiers commandés.

Votre rapporteur le déplore pour les 800 salariés et 450 intérimaires employés par l'entreprise, mais constate que l'Etat était amené à subventionner les navires à hauteur de 164 % de leur prix de revient, ce qui est largement supérieur au taux maximal des aides publiques autorisé par la réglementation européenne (9 %). La Commission européenne a ainsi déclaré illégales les 1,87 milliard de francs versés par l'Etat au chantier naval havrais et en demande aujourd'hui le remboursement.

2. Les crédits de restructurations industrielles

Les crédits destinés aux restructurations industrielles gérées par le CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle) sont fortement contractés (- 60 % en AP et - 40 % en CP) dans le budget pour 1999 pour s'établir respectivement à 20 et 30 millions de francs. Cette forte diminution en AP s'explique par l'importance des reports de crédits d'une année sur l'autre (250 MF en 1997 et 210 MF en 1998), l'évolution des engagements de crédit par le CIRI étant très variable et impossible à prévoir.

Il faut par ailleurs préciser que l'intervention du CIRI, qui vise essentiellement à favoriser l'émergence et la mise en oeuvre de solutions sérieuses de restructuration garantissant le maintien d'emplois durables, s'accompagne de moins en moins fréquemment de versement de concours financiers aux entreprises.

On peut alors se demander si les perspectives d'engagement des AP d'ici la fin de 1998 (seuls 76 MF sur 403 MF de crédits disponibles - compte tenu des reports - ont été engagés au 31 août 1998, soit 19 %) ne permettraient pas de réduire davantage les crédits de cette ligne budgétaire.

D'autant que la capacité d'engagement au titre des actions de politique industrielle hors CIRI est maintenue avec 81 MF en CP et 85 MF en AP. Là aussi, les reports de crédits sont assez élevés (145 MF en 1997 et 74 MF en 1998). Ces crédits sont destinés à des secteurs menacés dont le traitement ne fait pas l'objet d'une coordination interministérielle (habillement-textile, électronique, construction navale, automobile...).

B. L'EFFORT DE CONVERSION

1. Le fonds d'industrialisation de la Lorraine

Créé en 1984, le fonds d'industrialisation de la Lorraine (FIL) finance des actions de diversification du tissu industriel, notamment en matière de transfert de technologie et de renforcement de l'encadrement dans les PMI.

Le tableau ci-après retrace l'évolution comparée de ses autorisations de programme et de ses engagements :



Les 164,35 millions de francs d'autorisations de programme disponibles en 1998 intègrent 84,35 millions de francs de reports de l'exercice 1997 : aucune délégation n'est en effet intervenue en 1997, au regard du montant d'AP disponibles en région.

En 1997, son action a permis de soutenir 19 projets entraînant la création ou le maintien de 2.937 emplois.

Pour 1999, il est doté de 64,6 millions de francs de crédits de paiement, contre 106,1 millions de francs en 1998. Ses autorisations de programme restent stables à 80 millions de francs.

Toutefois, une telle baisse doit être examinée à la lumière de l'exécution des précédents budgets. En effet, l'exercice 1997 s'est caractérisé par un taux de consommation des crédits de paiement de 44,72 % compte tenu de l'importance des crédits disponibles après reports (126 millions de francs) et de la faible consommation des crédits (56,4 millions de francs). En outre, il a été procédé à des récupérations d'autorisations de programme et de crédits de paiement correspondant à des opérations clôturées et à la liquidation de la société de reconversion Provence Industrialisation, faisant apparaître une consommation négative de - 44 millions de francs d'AP.

2. Le fonds d'industrialisation des bassins miniers

Les programmes soutenus par le Fonds d'industrialisation des bassins miniers visent à une action en profondeur pour créer ou améliorer les conditions d'environnement pour les activités nouvelles : formation initiale ou continue, centres de transfert de technologie, terrains et locaux industriels, reconquête de friches industrielles. L'action du FIBM en faveur de l'environnement des entreprises vient le plus souvent en accompagnement des interventions financières des sociétés SOFIREM et FINORPA, ainsi que des autres actions en faveur des entreprises engagées par l'Etat ou les collectivités locales. Les interventions du FIBM se sont situées en 1997 pour 58 % dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, pour 31 % dans l'aide à la création d'entreprises et aux actions collectives et pour 11 % à la formation et à la recherche.

Les crédits du FIBM figurent de nouveau au chapitre 62-01 du budget de l'industrie depuis la loi de finances pour 1998 où ils ont été budgétisés pour un montant de 146 millions de francs en crédits de paiement et 140 millions de francs en autorisations de programme. Rappelons qu'en 1997, les crédits du FIBM avaient été versés à Charbonnages de France sous la forme d'une dotation en capital de 160 millions de francs.

Ils figurent désormais au chapitre 64-96 et régressent fortement dans le budget pour 1999 pour s'établir à 108 millions de francs en crédits de paiement et 120 millions de francs en autorisations de programme.

Selon le gouvernement, les perspectives d'engagement des AP d'ici la fin 1998 permettent de réduire les dotations du FIBM sans altérer la capacité d'intervention de l'Etat. En effet, au 31 août 1998, seules 14 % des AP disponibles avaient été consommées.

V. LES NORMES ET LA QUALITE

Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits consacrés aux actions de normalisation et de qualité :



La légère augmentation des crédits du chapitre 44-93 (268 MF) et de ceux du chapitre 64-94 (84 MF en AP comme en CP) reflète la priorité que le ministère accorde à cette action.

Au sein de cette progression, un redéploiement est effectué au profit du Bureau national de métrologie (BNM) qui bénéficiera en 1999 de la subvention exceptionnelle de 2,5 millions de francs auparavant accordée en 1997 et 1998 au Laboratoire national d'essais (LNE) pour son déménagement à Trappes.

La métrologie française apparaît en effet peu soutenue par rapport aux autres pays industrialisés alors que l'avènement du marché unique conduira dans les prochaines années à une concentration des activités primaires des laboratoires autour des noyaux les plus actifs (Allemagne, Pays-Bas et Grande-Bretagne notamment).

L'augmentation des crédits vise également à renforcer le soutien de l'Etat aux démarches collectives proposées par les secteurs professionnels en faveur de la normalisation et de la qualité.

Enfin, la dotation allouée à l'appel à propositions " Accès à la qualité, certification, essais et normalisation " lancée en janvier 1998 en remplacement de la procédure " Partenaires pour l'Europe " est relevée de 3 millions de francs.

A. LA POLITIQUE DE NORMALISATION

Le marché intérieur européen mis en place depuis le 1 er janvier 1993 est articulé autour de normes harmonisées. Or, au 1 er janvier 1998, environ un tiers des normes harmonisées avaient été publiées. L'élaboration de ces normes mobilise plus de 100.000 experts industriels dans toute l'Europe. Le Comité européen de normalisation (CEN) est passé de 81 comités techniques en 1987 à 281 au 31 décembre 1997. La contribution de l'industrie française représente plus d'1,5 milliard de francs par an.

Malgré l'ampleur des travaux réalisés, les objectifs fixés au 1 er janvier 1993 n'ont donc pas été totalement atteints. Cette situation s'explique par la nature même du processus normatif basé sur la recherche de consensus, mais aussi par un insuffisant management des travaux. Ces retards risquent néanmoins de poser des problèmes pour la mise en oeuvre des directives européennes dans la mesure où certaines normes ne seront pas disponibles à la date d'entrée en vigueur de ces directives. Ceci oblige les producteurs à veiller directement au respect des exigences essentielles définies par les directives et non couvertes par des normes harmonisées.

Ainsi, les normes se situent au coeur du marché unique et le choix est pour notre industrie :

- soit de laisser à d'autres le soin d'arrêter ces spécifications techniques européennes et de modifier nos produits pour qu'ils puissent s'y conformer ;

- soit d'influencer le processus normatif en participant activement aux travaux des organismes européens de manière à faire en sorte que les normes européennes reflètent activement les caractéristiques de nos produits.

On doit noter à cet égard que la France occupe la deuxième place derrière l'Allemagne pour les secrétariats des comités techniques européens. Fin 1997, l'AFNOR 22( * ) détenait le secrétariat de 21 % des comités techniques du CEN et au CENELEC chargé de la normalisation dans le domaine électrotechnique.

Les orientations de la politique de normalisation s'articulent autour de trois axes :

Favoriser le développement de normes de qualité, élaborées dans la transparence et le consensus.

Le coût élevé des travaux de normalisation dû a la lourdeur des procédures destinées à assurer leur valeur consensuelle, ne peut être couvert par la simple vente de normes. C'est pourquoi l'Etat subventionne l'AFNOR (à hauteur de 114,5 millions de francs pour 1999).

En 1997 et 1998, l'accent a été mis sur l'évaluation de la qualité et de l'utilité des normes, sur le développement de l'outil informatique dans les travaux normatifs en cohérence avec les systèmes mis en place au niveau européen et international, sur la formation des experts et sur la défense de la langue française dans les instances européennes et internationales.

Mobiliser les acteurs socio-économiques sur les travaux de normalisation.

Il s'agit notamment de susciter les prises de responsabilité dans les instances européennes de normalisation et dans les instances internationales, et de favoriser la mise en place de système de veille normative.

Encourager l'utilisation des normes par les entreprises.

B. LA POLITIQUE DE CERTIFICATION

La politique de certification regroupe quatre volets :

1. Les essais

Depuis plusieurs années des efforts importants sont consentis pour faire du laboratoire national d'essais (LNE) un laboratoire à la mesure de ceux dont disposent nos principaux partenaires. Le laboratoire poursuivra le transfert de ses activités sur le site de Trappes, en assurant ainsi une meilleure productivité ainsi qu'une meilleure synergie entre les différents départements.

2. La certification des produits industriels et des servives

La certification consiste à faire contrôler par un organisme tiers les caractéristiques essentielles d'un produit ou d'un service afin de le valoriser au plan commercial. Elle est purement volontaire.

Seules les marques nationales fortes sont à même d'être reconnues au niveau européen. Aussi, la politique du secrétariat d'Etat à l'Industrie est de favoriser le regroupement du système de certification de produits et de services autour de la marque NF, marque de conformité aux normes gérée par l'AFNOR, dont la notoriété s'est notablement accrue ces dernières années à la suite d'un important effort de promotion, soutenu par les pouvoirs publics.

3. La certification des entreprises

Depuis sa création en 1998, l'AFAQ, organisme certificateur d'entreprise a délivré près de 10.000 certificats de conformité aux normes ISO 9000. Elle détient aujourd'hui environ 80 % du marché national français.

L'objectif du secrétariat d'Etat à l'industrie est de faciliter l'accès à la certification d'entreprise qui est devenue, dans bien des cas, un passage obligé pour les entreprises.

C'est pourquoi il a lancé en 1998 une opération d'expérimentation des nouvelles normes ISO 9000 avec des entreprises volontaires et l'ensemble des acteurs de la qualité  française.

Ces normes sont en cours de révision au niveau international afin de prendre en compte des domaines insuffisamment couverts jusqu'ici et de les mettre en cohérence avec les normes de management environnemental ISO 14000. L'objectif est de faire remonter dans les instances compétentes les observations d'entreprises françaises afin de leur permettre d'influencer et d'anticiper les prochaines évolutions.

4. L'accréditation

Le Comité français d'accréditation dit COFRAC a été créé en juin 1994 et a pour objet l'accréditation des laboratoires d'essais, des laboratoires d'étalonnage, des organismes certificateurs de produits, des services, des systèmes qualité d'entreprise, des personnes ainsi que des organismes d'inspection.

C. LA POLITIQUE DE LA QUALITÉ

La qualité constitue pour les entreprises la seule démarche à même de préserver leurs marchés sans porter atteinte à l'emploi. A technologie égale, la qualité de nos produits par rapport à la concurrence étrangère constitue le seul rempart durable contre la délocalisation des emplois vers les pays à bas salaires.

Afin de mobiliser l'ensemble des acteurs économiques autour de l'impératif de la qualité et de promouvoir l'image de la qualité française tant dans notre pays qu'au plan international, le secrétariat d'Etat à l'industrie concentre ses efforts autour de six objectifs :

• Poursuivre la mobilisation des acteurs économiques sur le thème de la qualité en partenariat avec le Mouvement Français pour la Qualité (MFQ) avec deux grands types d'actions :

- le mois de la qualité française, institué en 1995, sera reconduit en novembre 1998. La France rejoint en cela les souhaits de la commission de l'Union européenne qui a décidé de faire du mois de Novembre, le point focal des manifestations de la qualité,

- le prix français de la qualité organisé pour la première fois en 1992, a été ouvert en 1994 à tous les secteurs d'activités et aux services de l'Etat et des collectivités locales en 1996. Il s'appuie sur l'organisation de prix régionaux qui ont permis de mobiliser plus de 2.200 PME-PMI.

• Promouvoir une qualité orientée "client".

• Diffuser les meilleures pratiques.

• Développer la culture qualité de l'opérateur au chef d'entreprise.

• Guider les PME dans le choix de leur démarche qualité.

• Développer la recherche en qualité et assurer la promotion de la Qualité française.

CHAPITRE IV

LA POSTE ET LES TÉLÉCOMMUNICATIONS

Comme l'année dernière, les crédits consacrés à la Poste et aux télécommunications sont regroupés au sein du fascicule budgétaire " Industrie ".

Le secteur des télécommunications connaît, depuis quelques années, de profondes évolutions d'ordre technique et statutaire. Le contexte communautaire constitue un facteur d'accélération de ces évolutions. En revanche, la mutation de la Poste reste à venir.

I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

La Poste et les télécommunications constituent le cinquième agrégat du fascicule budgétaire " Industrie ", même si le premier agrégat est désormais vide de tout contenu, suite au transfert des dépenses de personnel et des moyens vers le fascicule " Services communs et finances ".

La contribution de l'Etat au transport et à la distribution de la presse, reconduite à 1.850 millions de francs, constitue les deux tiers des crédits de cet agrégat qui progressent très légèrement pour atteindre 2.668 millions de francs (+1,4 %).



A l'exception du chapitre 41-10 qui reçoit la contribution de l'Etat au transport et à la distribution de la presse, et du chapitre 54-93 (Etudes dans les domaines des postes et télécommunications), tous les autres chapitres sont en augmentation.


Ainsi, accompagnant la libéralisation du secteur des télécommunications et le développement de leurs activités qui en résulte, les moyens dévolus aux instances en charge de la régulation - Autorité de régulation des télécommunications (ART) - et la gestion du spectre des fréquences - Agence nationale des fréquences (ANF) - sont en augmentation sensible : respectivement +6,4 % et +4,1 % pour le fonctionnement.

L'enseignement supérieur des télécommunications (2.710 élèves) est doté de 462 millions de francs au total (+ 4,3 %), dont 460 millions de francs pour le Groupe des écoles de télécommunications (GET) et 2 millions de francs pour l'Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications (ENSPT). La progression de 4 % de la subvention de fonctionnement du GET traduit notamment la volonté d'accompagner l'adaptation des équipements pédagogiques et de favoriser l'utilisation des nouvelles technologies et la mise en place de réseaux.

Enfin, une somme de 58 millions de francs est consacrée, sur le chapitre 41-10, aux organismes internationaux spécialisés 23( * ) , aux cotisations à l'Institut européen de normalisation des télécommunications (ETSI) et à la subvention à l'Association française des utilisateurs de téléphone et des télécommunications (AFUTT) représentant les usagers au plan national ou international.

II. LES TÉLÉCOMMUNICATIONS

A. LA POURSUITE DU PROCESSUS DE LIBÉRALISATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

La loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996 libéralise le secteur des télécommunications en France : elle permet en effet à de nouveaux opérateurs d'établir et d'exploiter un réseau ou de fournir un service de télécommunications. Elle met donc un terme au monopole de France Télécom, même si ce dernier assume l'essentiel des responsabilités incombant au service public des télécommunications.

Les crédits alloués en 1999 aux télécommunications tendent, en partie, à soutenir la montée en charge de l'activité des organismes créés, suite à la libéralisation de ce secteur.

1. L'autorité de régulation des télécommunications

Autorité administrative indépendante créée le 1 er janvier 1997, l'autorité de régulation des télécommunications (ART) a pour mission de veiller au respect des règles de la concurrence dans le secteur des télécommunications, d'arbitrer les litiges relatifs à l'interconnexion, de calculer la compensation des coûts du service universel assuré par France Télécom et d'instruire les dossiers de licences des candidats opérateurs.

Elle s'est substituée au ministre chargé des télécommunications pour l'attributions des fréquences et la délivrance des autorisations pour les réseaux indépendants.

Elle dispose, pour mener à bien ses missions, de pouvoirs de sanction importants.

L'activité de l'Autorité de régulation des télécommunications s'est considérablement accrue en 1998 par rapport à 1997 : du 1 er janvier au 1 er août 1998, 680 décisions ont été prises alors qu'à titre de comparaison, en 1997, 471 décisions et avis avaient été adoptés.

Ces avis et décisions se répartissent de la façon suivante, au 1 er août 1998 :

1.  - Ressources en fréquences 186

2.  - Numérotation 100

3.  - Autorisations de réseaux 96

4.  - Equipements terminaux 73

5.  - Avis sur les tarifs 45

6.  - Admission des installateurs 26

7.  - Avis donnés au Conseil de la concurrence 7

8.  - Décisions d'arbitrage 5

Le projet de loi de finances pour 1999 alloue à l'Autorité de régulation des télécommunications un budget de 87,5 millions de francs, soit une augmentation de 5,8 %, qui se décompose ainsi :

- 47,05 millions de francs pour les crédits de personnels (+5,2 %) ; cette augmentation n'inclut aucune création d'emploi, elle correspond uniquement à des mesures générales à la fonction publique à effectif constant ;

- 40,45 millions de francs pour les crédits de fonctionnement (+6,4 %) dont la hausse doit contribuer à couvrir l'accroissement des frais relatifs aux contentieux et à l'adaptation de l'outil bureautique et informatique.

L'article L.36-4 du code des postes et télécommunications prévoit que les ressources de l'Autorité comprennent des taxes et redevances dans les conditions fixées par les lois de finances ou par décret en Conseil d'Etat. Ces dispositions législatives n'ont pas été mises en oeuvre, en sorte que les ressources de l'Autorité, à l'exception marginale de quelques rémunérations liées à la vente de publications sont constituées seulement de crédits inscrits au budget général de l'Etat.

2. L'Agence nationale des fréquences

L'Agence nationale des fréquences, créée par la loi de réglementation des télécommunications n° 96-659 du 26 juillet 1996, a vu ses missions et son organisation précisées par le décret n° 96-1778 du 27 décembre 1996 et a commencé à fonctionner le 1 er janvier 1997.

Cet établissement public administratif est l'héritier de structures antérieures, notamment du Comité de coordination des télécommunications (CCT) placé auprès du Premier ministre, d'une partie de la Direction générale des postes et télécommunications du ministère chargé des télécommunications et du Service national des radiocommunications. Sa création résulte de la nécessité de mieux gérer, au plan national, le spectre radioélectrique, ressource rare et stratégique pour le développement de la société de l'information et qui est assimilée par la loi au domaine public.

Les attributions de l'Agence peuvent se classer en trois catégories principales :

- la planification du spectre et les relations internationales ;
- la coordination de l'usage des fréquences entre les divers services qui se partagent le spectre, afin d'optimiser l'efficacité globale de la ressource ;
- le contrôle général du spectre.

Deux autres activités importantes résultent de décisions administratives et d'une convention passée avec l'Autorité de régulation des télécommunications, à savoir :

- l'ordonnancement de certaines redevances radioélectriques;
- la gestion des petits réseaux radioélectriques indépendants.

Les ressources principales et quasi exclusives de l'Agence sont deux subventions de l'Etat : une subvention de fonctionnement et une subvention d'investissement.

Les lois de finances initiales avaient pris les dispositions suivantes :

1997 Fonctionnement 130,23 millions de francs
Investissement 74,50 millions de francs
1998 Fonctionnement 144,00 millions de francs (dont création de 25 emplois)
Investissement 67,00 millions de francs (en autorisations de programme) et 52,00 millions de francs (en crédits de paiement)

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit une subvention de fonctionnement de 150 millions de francs, en progression de 4,2 %. Cette évolution recouvre notamment la création de 10 emplois supplémentaires.

La dotation d'investissement est de 62 millions de francs (AP) et de 57 millions de francs (CP).

L'investissement permet de poursuivre le déploiement du réseau national de contrôle du spectre, de compléter et d'entretenir le parc immobilier de l'Agence constitué de 10 immeubles et d'une quarantaine de sites techniques et de mener diverses opérations lourdes de réaménagement du spectre.

B. FRANCE TÉLÉCOM

1. La situation financière de France Télécom

France Télécom, conformément à l'article 1 er de la loi du 26 juillet 1996 relative à l'entreprise nationale France Télécom, est une entreprise nationale dont l'Etat détient directement plus de la moitié du capital social.

Le tableau ci-après retrace les résultats de France Télécom (maison-mère) de 1994 à 1997.



En 1997, le chiffre d'affaires a progressé de +1,6 %. Les produits des services de téléphonie fixe enregistrent l'impact de la progression du volume de trafic (+6,6 %) et, en sens inverse, la poursuite des baisses de prix des communications téléphoniques nationales et internationales. Les produits des mobiles accélèrent leur rythme de progression (près de 48 % en 1997 ; 38 % en 1996) du fait de la très forte croissance d'Itinéris.

La progression du coût des services et produits vendus traduit la forte croissance de l'activité dans le domaine des mobiles ainsi que la croissance des reversements aux opérateurs tiers domestiques liée à l'augmentation du trafic fixe et mobile vers les réseaux de ces opérateurs.

La forte croissance des coûts commerciaux traduit le redéploiement des effectifs vers les fonctions commerciales et la forte progression des mobiles en particulier dans le marché grand public.

Sous l'effet de la progression des coûts commerciaux, le résultat opérationnel courant est en baisse de 9 %.

Les éléments spécifiques et non récurrents nets comprennent diverses charges liées à l'ouverture du capital et à son report, ainsi que l'abondement accordé au personnel dans le cadre de l'offre d'actions réservée.

Le résultat opérationnel, qui s'élève à 26.704 millions de francs, soit 20 % du chiffre d'affaires, n'est pas comparable à celui de l'exercice précédent, compte tenu des écritures comptables exceptionnelles liées au changement de statut de France Télécom et enregistrées dans les éléments non récurrents nets en 1996.

L'évolution de la dette de France Télécom est la suivante :



Depuis le 1 er janvier 1997, les charges financières enregistrent la provision passée au titre de l'actualisation de la provision pour congés de fin de carrière. Hors cette dotation, le résultat financier s'améliore de 18,6 % par rapport à l'exercice précédent. En effet, l'impact de la hausse de l'endettement moyen lié au financement de la soulte versée à l'Etat au titre du régime de retraite des fonctionnaires a pu être compensé par la baisse des taux d'intérêts et par une gestion active de la dette.

Après la prise en compte de l'impôt sur les bénéfices d'un montant de 6,5 milliards de francs, et pour la première fois d'une charge relative à la participation des salariés aux résultats de l'entreprise (893 millions de francs), le résultat net ressort à 14 milliards de francs.

En 1997, France Télécom maison-mère a réalisé 24 milliards de francs d'investissements techniques et 4,2 milliards de francs en participations financières.

Les investissements techniques de France Télécom maison-mère concernent principalement :



L'augmentation des investissements techniques en 1997 est liée principalement au développement des réseaux de téléphonie mobile ainsi qu'au développement et à la modernisation du système d'information (applications commerciales, tarification à la seconde, interconnexion des autres opérateurs). Les investissements relatifs aux réseaux de téléphonie fixe ont continué de décroître avec l'achèvement de certains grands programmes de modernisation du réseau et la baisse du prix des équipements.

Les investissements opérationnels devraient légèrement augmenter en 1998. Ils porteront notamment sur la poursuite du développement de l'infrastructure des mobiles et sur la modernisation du réseau dans le domaine de la transmission à hauts débits.

Le montant de 4,2 milliards de francs pour les investissements financiers en 1997 représente principalement le prêt de France Télécom à FT1CI dans le cadre des opérations liées au rachat de la participation de Thomson CSF dans le capital de SGS Thomson.

L'évolution du chiffre d'affaires et du résultat net consolidé du Groupe France Télécom est indiquée ci-dessous :

Le résultat net part du groupe de France Télécom s'élève à 14,9 milliards de francs pour l'exercice clos le 31 décembre 1997. Le résultat net part du groupe en 1996 s'expliquait par l'impact des éléments spécifiques et non récurrents liés au changement de statut de France Télécom.

L'endettement net des disponibilités baisse de 5,6 milliards sur l'exercice 1997. Il atteint 101 milliards de francs au 31 décembre 1997 contre 106,6 milliards un an auparavant (y compris la soulte).

Le ratio de charges financières nettes sur chiffre d'affaires atteint 3,1 % en 1997 (hors dotation pour actualisation des CFC) contre 3,3 % en 1996, du fait de la baisse des taux et d'une gestion active de la dette.

2. Les charges de retraites

Les fonctionnaires de France Télécom relèvent du régime de la fonction publique et bénéficient, à ce titre, du régime spécial de retraite, conformément aux dispositions du Code des pensions civiles et militaires de retraite fixées par la loi n° 64-1339 du 26 décembre 1964.

Jusqu'à la fin 1996, conformément à l'article 30 de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 portant création de l'établissement autonome de droit public France Télécom, l'Etat était responsable du versement des pensions des agents de France Télécom comme de celles de tous les fonctionnaires.

En contrepartie, France Télécom devait verser annuellement au Trésor public, le montant de la retenue effectuée sur le traitement des agents au titre des pensions ainsi qu'une contribution complémentaire permettant d'assurer la prise en charge intégrale du montant des pensions payées par l'Etat aux agents de France Télécom.

A partir de 1997, la loi du 2 juillet 1990 modifiée a pour effet de ramener les cotisations de retraites et autres charges sociales payées par France Télécom à un niveau comparable à celui supporté par les autres opérateurs de télécommunications opérant en France, sans modifier les avantages reçus par les fonctionnaires, y compris leurs retraites. En application de la loi du 2 juillet 1990 modifiée, France Télécom verse une contribution libératoire mensuelle.

La contribution libératoire est égale à un certain pourcentage du montant total du traitement de base versé aux agents fonctionnaires. Ce pourcentage est fixé chaque année afin d'égaliser le niveau général des charges sociales entre France Télécom et les opérateurs privés de télécommunications opérant en France. En 1998, ce taux s'élève à 35,4 % contre 36,2 % pour l'exercice 1997.

Dans le cadre du passage au système de contribution libératoire, la loi du 2 juillet modifiée a imposé, en outre, à France Télécom de verser une contribution forfaitaire exceptionnelle de 37,5 milliards de francs à l'Etat en 1997, qui a été payée en totalité sur l'exercice 1997. Cette contribution n'est pas déductible des bénéfices de la société pour le calcul de l'impôt sur les sociétés. Son montant a été comptabilisé dans le bilan d'ouverture de la société au 1 er janvier 1996 et imputé sur la situation nette.

Les charges de pensions incombant à France Télécom depuis 1990 sont récapitulées dans le tableau suivant :



Il a été mis en place un congé de fin de carrière à 55 ans, assorti d'une rémunération égale à 70 % de la rémunération d'activité. Le droit au congé de fin de carrière est ouvert jusqu'au 31 décembre 2006. Le congé de fin de carrière a fait l'objet d'un accord d'entreprise signé le 2 juillet 1996. Les droits à retraite des bénéficiaires sont calculés sur la base d'un traitement complet. Un montant de 24,7 milliards de francs, représentant le coût actuariel du dispositif, a été imputé directement sur les capitaux propres au 1 er janvier 1996.

La valeur actuarielle de cet engagement a été réévaluée en fonction des taux de succès observés en 1997. Il s'élève, au 31 décembre 1997 à 30,4 milliards de francs.

3. Le bilan de l'ouverture du capital de France Télécom

Depuis la transformation de France Télécom en société anonyme et jusqu'en octobre 1997, l'Etat a détenu 100 % du capital de France Télécom.

A l'issue de la cession opérée en octobre 1997 de 25 % des actions émises par la société, le capital se répartissait à peu près en :

- 75 % détenu par l'Etat,
- 17,5 % par les investisseurs institutionnels,
- 5 % par les particuliers,
- 2,5 % par les salariés.

L'offre a porté, après exercice de la clause d'extension et de l'option de surallocation, sur 25 % du capital de l'entreprise, composé de 1 milliard d'actions au nominal de 25 francs. Les modalités de l'ouverture du capital de France Télécom ont été régies par la loi de 1986.

Il y a eu trois types d'offres réparties de la manière suivante (en nombre d'actions) :

- l'offre à prix ferme = 10,5 %,
- le placement global garanti = 12 %,
- l'offre aux salariés = 2,5 %

L'Etat (Direction du Trésor) a été le vendeur. L'entreprise a tenu le rôle essentiel dans le management du "marketing" de l'opération (réunions d'analystes, tournées de présentation) et de l'offre aux salariés. Les banques ont été également présentes (banques conseils de l'entreprise et de l'Etat et le syndicat de placement), ainsi que les autorités du marché (COB, SEC et SBF). La commission de privatisation a fixé le prix minimum.

L'innovation majeure a été le mécanisme des réservations (établissement d'une fourchette de prix à 170/190 francs au début des réservations) ; la réservation a permis d'être deux fois mieux servi qu'à l'offre à prix ferme.

Il y a eu une décote de l'offre à prix ferme par rapport au placement global garanti (5 francs) et l'attribution d'actions gratuites après 18 mois de détention des actions (1 action pour 10).

La taille de l'offre réservée aux salariés est fixée par la loi de 1986 et représente 10 % de l'offre totale.

Des formules incitatives ont été proposées aux salariés : deux formules au sein du plan d'épargne entreprise, défiscalisées avec décote (bloquées 5 ans) et une formule fiscalisée avec décote (bloquée 2 ans).

Le taux de souscription des institutionnels a été élevé : 20 fois (particuliers : 2,7 fois). Le nombre de souscripteurs individuels a été important : 3,8 millions de particuliers. Le succès a été important auprès des salariés (70 % de souscriptions). France Télécom représente la première capitalisation de la Bourse de Paris.

L'entrée dans l'indice CAC 40 des valeurs françaises a eu lieu le 12 novembre. Le premier dividende a été versé le 17 juin 1998.

La cotation de l'entreprise a rendu possible un renforcement de l'alliance avec Deutsche Telekom, par le biais d'un échange de participations croisées à hauteur de 2 % qui doit être réalisé prochainement.

Le 20 juillet 1998, il a été annoncé une série de mesures ayant un impact sur la répartition du capital :

- France Télécom va acquérir 2 % du capital de Deutsche Telekom, qui achètera 2 % des actions de France Télécom,
- France Télécom va procéder à une augmentation de son capital de 5 %,
- l'Etat vendra en bourse 5 à 6 % du capital de France Télécom.

A l'issue de ces opérations, l'Etat devrait détenir 62 à 63 % du capital.

Votre rapporteur se félicite de cette nouvelle ouverture du capital de France Télécom, qui permettra au groupe français d'affronter la concurrence dans de meilleures conditions.

4. La contribution de France Télécom à l'aménagement du territoire

Les obligations de France Télécom en matière d'aménagement du territoire et de présence en milieu rural sont partie intégrante du service public des télécommunications défini aux articles L.35 et suivants du code des postes et télécommunications, issus de la loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996. Elles relèvent pour partie des services obligatoires et pour partie du service universel, qui sont des composantes du service public.

Dans le cadre du service universel


L'article L.35-1 du code prévoit l'obligation d'implantation des cabines sur le territoire national, l'article L.35-2 pose le principe des "obligations tarifaires nécessaires... pour évier une discrimination fondée sur la localisation géographique".

Les obligations de France Télécom en la matière sont précisées dans son cahier des charges.

L'article 3 du cahier des charges impose l'égalité des tarifs de raccordement, d'abonnement et de communications pour éviter toute discrimination liée à la localisation géographique.

L'article 6 de ce même cahier des charges précise les obligations d'implantation des publiphones sur le territoire, chaque commune devant disposer d'au moins une cabine et, au delà du premier millier d'habitants, d'une cabine supplémentaire par tranche de 1.500 habitants, dans les communes comprises entre 1.000 et 10.000 habitants.

Dans le cadre des services obligatoires

L'article 7 du cahier des charges fait obligation à l'opérateur d'offrir sur l'ensemble du territoire les services suivants : liaisons louées, service télex, offre d'accès au réseau national d'intégration de services (RNIS), offre de commutation de données par paquets, offre de services avancés de téléphonie vocale.

Seules les contraintes relevant du service universel donnent lieu à compensation.

Le cadre réglementaire de la compensation est fixé par l'article L.35-3 du code des postes et télécommunications et par les articles R.20-33 à R.20-44 dudit code, issus du décret 97-475 du 13 mai 1997 qui déterminent notamment les méthodes d'évaluation des coûts des différentes composantes du service universel et les méthodes de compensation et de répartition de ces coûts entre les opérateurs.

Les principes régissant les obligations de péréquation géographique sont fixés par l'article L.35-3 du code des postes et télécommunications. Ce sont les suivants :

"Le financement du coût net des obligations de péréquation tarifaire... est assuré par une rémunération additionnelle à la rémunération d'interconnexion... versée à l'opérateur chargé du service universel..."

"...Elle est calculée au prorata de la part de l'opérateur qui demande l'interconnexion dans l'ensemble du trafic téléphonique."


Lorsque le déséquilibre résultant de la structure actuelle des tarifs téléphoniques aura été résorbé, et au plus tard le 31 décembre 2000, il sera mis fin au versement de la rémunération additionnelle et le financement du coût net des obligations de péréquation géographique sera assuré par l'intermédiaire du fonds de service universel.

L'article R.20-33 précise que les coûts de la péréquation géographique sont constitués d'une part, des coûts des zones non rentables et, d'autre part, des coûts des abonnés des zones rentables qui ne seraient pas desservis par un opérateur commercial en l'absence d'obligations de service universel. Les premiers concernent les zones à faible densité de population, les seconds concernent les abonnés isolés dans les zones rentables.

Cet article fixe les règles de détermination des zones, qui reflètent l'organisation technique du réseau. Il définit également les méthodes d'évaluation du coût net pertinent de cette obligation. "Ce coût est égal au solde des recettes qui seraient perdues par l'opérateur et des coûts d'investissement et de fonctionnement qui ne seraient pas encourus par l'opérateur, si la zone (l'abonné) n'était pas desservie". Les coûts pris en compte sont les coûts de desserte et de gestion des abonnés et les coûts de commutation et de transmission correspondant à l'écoulement du trafic entrant et sortant, relatif à cette zone (à cet abonné) ; les coûts d'investissement sont fondés sur les coûts de remplacement, calculés sur la base des meilleures technologies industriellement disponibles.

S'agissant de la desserte du territoire en cabines téléphoniques, l'article L.35-3 prévoit le financement des coûts nets de cette obligation à travers un fonds de service universel et précise que "la part des coûts nets que doit supporter chaque opérateur est calculée au prorata de son volume de trafic".

L'article R.20-35 définit le coût net de l'obligation comme "la différence entre, d'une part, les coûts supportés par l'opérateur pour l'installation et l'entretien de ses cabines... et pour le trafic émis et reçu par ces cabines, et, d'autre part, les recettes générées directement et indirectement par ces cabines ; lorsque cette différence est négative, ce coût net est nul". Ne sont pas prises en compte, dans le calcul de ces coûts, les cabines installées sur les communes où leur nombre est supérieur au nombre minimum de cabines requis par le cahier des charges de France Télécom.

Pour la mise en oeuvre de la compensation, le montant des contributions prévisionnelles des opérateurs est fixé par le ministre chargé des télécommunications le 1 er octobre de l'année précédant l'année considérée, sur proposition de l'ART avant le 1 er septembre de cette même année.

Les soldes définitifs sont constatés par le ministre chargé des télécommunications au plus tard le 15 novembre de l'année suivant l'année considérée, sur proposition de l'ART au plus tard le 15 octobre de cette même année. L'ART notifie ces valeurs à chaque opérateur au plus tard le 30 novembre suivant.

Courant 1999, l'Autorité proposera au ministre les montants définitifs des contributions pour l'année 1998. A cette occasion, l'Autorité s'est fixé pour objectif d'élaborer un modèle d'évaluation de la composante géographique qui soit opposable, vérifiable et transparent.

Le montant global des coûts nets du service universel est de 6,043 milliards de francs pour 1998. Sur proposition de l'ART, en date du 22 septembre 1997, le ministre chargé des télécommunications a fixé, par arrêté du 19 novembre 1997, les évaluations prévisionnelles du coût du service universel pour ce qui concerne les obligations de péréquation géographique (2,717 milliards de francs) et la desserte du territoire en cabines téléphoniques (163 millions de francs). Cette charge est répartie entre tous les opérateurs, y compris France Télécom, au prorata de leur trafic.

III. LA POSTE

A. LES RÉSULTATS DE LA POSTE

Entre 1993 et 1997, les résultats comptables de la Poste ont été les suivants :



La mise en place de la comptabilité d'entreprise s'est faite progressivement. Pour analyser de façon pertinente les évolutions des différentes composantes du compte de résultat, un retraitement est nécessaire.

Ainsi, l'évolution des résultats retraités fait apparaître :


un chiffre d'affaires en progression de 9,1 % entre 1993 et 1997, soit une progression annuelle moyenne de 1,8 %,


des charges d'exploitation qui présentent une évolution de 6,1 % sur la période, soit une évolution annuelle de 1,2 %.

La Poste a su réduire le niveau de ses charges externes (- 3,8 % en volume).

Les charges de personnel ont augmenté de 7,8 %, en dépit d'un effort de productivité sur la période. Le poids de la charge des retraites a en effet accru considérablement le rythme de progression des dépenses de ce poste.

Les effectifs ont diminué de 13.000 sur la période, soi - 0,9 % par an.

Dans le domaine fiscal, la Poste a eu à absorber sur la période le coût du passage au régime de droit commun. La charge fiscale a progressé de 2,2 milliards de francs -après mise en compte de l'abattement de 85 % de l'assiette de la fiscalité locale, destiné à compenser les charges d'aménagement du territoire.

Le résultat financier s'est amélioré sur la période de 1 milliard de francs. La politique de gestion du besoin en fonds de roulement a permis, depuis 1994, de limiter le recours à l'emprunt à long et moyen terme à la seule émission de bons d'épargne (2,5 milliards en moyenne par an), pour des remboursements d'emprunt annuels de 5 milliards en moyenne 24( * ) .

Dette à long et moyen terme, au 31/12/N
(hors intérêts courus non échus)


En GF

1994

1995

1996

1997

1998 (*)

Emprunts

22,0

19,1

16,3

13,6

12,3

Bons

11,2

12,0

11,8

11,2

10,1

TOTAL

33,2

31,1

28,1

24,8

22,4

(*) Prévisions

 
 
 
 
 

Total des frais financiers de la dette de la Poste

En GF

1994

1995

1996

1997

1998

Emprunts
et bons

3,1

2,8

2,4

2,1

1,9

1. L'activité courrier

Sur la période 1993-1997, le chiffre d'affaires du courrier a progressé de  8,8 %, soit une progression moyenne annuelle de  1,7 %.

L'activité de 1995 a été fortement perturbée par les mouvements sociaux qui ont touché le secteur public en fin d'année. En 1996, le chiffre d'affaires lié au courrier de l'Etat a diminué à la suite des efforts de rationalisation menés par les administrations.

En 1997, le chiffre d'affaires courrier et colis a progressé de 2,7 %. Cette évolution tend à prouver que, malgré la poursuite de la rationalisation des envois des grands comptes et le développement des moyens de substitution, le courrier "papier" reste un média primordial. Le succès remporté par la gamme des prêts-à-poster et le développement important de la publicité adressée ont contribué à cette amélioration.

L'activité colis a par ailleurs connu un développement lui permettant de stopper l'érosion de ses parts de marché.

Enfin, le marché d'affaires international affiche une forte croissance grâce à une offre très compétitive à l'export et à une gamme de services internationaux intégrés.

Les produits liés aux affranchissements affichent une évolution de + 2,6 %. L'effet prix se situant à + 1,2 %, l'effet développement atteint + 1,4 % en 1997.

Le tableau ci-après retrace le bilan, sur la période 1991-1997, du trafic postal par catégories d'objets.

La taux de croissance du trafic global, enregistré entre 1997 et 1996, représente la plus forte progression de trafic depuis 1993, soit +3,7 %.

Cette croissance du trafic est essentiellement due aux produits de prospection commerciale : depuis 2 ans, en effet, le trafic de ces produits enregistre des taux de croissance supérieurs à 5 % reflétant ainsi le dynamisme du marché.

Toutefois, il convient de distinguer le publipostage adressé, Postimpact, du non adressé, Postcontact. Le trafic du Postcontact est en constante augmentation avec un taux de croissance supérieur à 7 %/an en moyenne depuis 1994 et un doublement entre 1991 et 1997 ; le Postimpact connaît une relative stagnation de son trafic sur la période 1994-1997, avec seulement +1,8 % de croissance en 1997.

Il faut noter également la forte croissance annuelle du produit Postréponse (correspondance en retour, générée et payée par l'émetteur d'un premier courrier) nouvellement proposé sur ce marché.

D'ici un à deux ans, il est prévu que le trafic de prospection commerciale dépasse celui des correspondances.

Le trafic des correspondances s'est, toutefois, redressé après avoir stagné à partir de 1992, puis fortement diminué en 1995 du fait des mouvements sociaux de fin d'année (- 3,8 % par rapport à 1994). Il aura fallu 2 ans pour que le trafic des correspondances dépasse le niveau de 1993, meilleure année sur la période 1991-1996, et retrouve un taux de croissance annuel supérieur à 3 %.

La lettre ordinaire réalise une progression plus importante en 1997 (+ 3,2 %) qu'en 1996 (+ 2,8 %), ce qui s'explique notamment par le succès des produits "Prêts à Poster".

Après une forte croissance en 1996, due à la comptabilisation, dans cette catégorie, des flux précédemment acheminés en franchise postale, le trafic de l'écopli (courrier en nombre à tarif économique) a continué de croître à un rythme soutenu, avec un taux de croissance de + 4,3 % entre 1996 et 1997.

Après une relative stagnation sur la période 1991-1994, le trafic de la messagerie est en léger recul global, mais avec de fortes disparités selon les types de produits.

Enfin, le trafic de la presse est passé au-dessous des 2 milliards d'exemplaires acheminés et distribués par la Poste. Cette baisse s'explique, notamment, par le choix des éditeurs de presse quotidienne régionale de faire distribuer de plus en plus leur titre par portage à domicile.

Après plus de deux ans, la suppression de la franchise postale peut être définitivement considérée comme réussie dans son application.

Le suppression de la franchise poste pour le courrier officiel échangé entre chefs de service de l'administration a consisté à transformer un forfait versé par le ministère de l'économie et des finances en des dotations à
l'ensemble des budgets de fonctionnement des ministères et des collectivités territoriales, dotations visant à couvrir les prestations réalisées et facturées par la Poste.

Les dépenses d'affranchissement de l'Etat peuvent être évaluées, via les montants des contrats commerciaux, à 2,548 milliards de francs en 1997.

Le transport et la distribution de la presse , permettant à chacun d'accéder à la publication de son choix, constituent en application de l'article 2 de la loi du 2 juillet 1990 un service obligatoire que la Poste exerce dans le respect des dispositions des articles 2, 3 et 6 de son cahier des charges.

Depuis 1991, et conformément à l'article 38 du cahier des charges de la Poste, l'Etat participe à la prise en charge du coût du service obligatoire du transport et de l'acheminement de la presse. Le cahier des charges précise notamment que "les sujétions particulières, supportées par la Poste à raison du régime d'acheminement et de distribution de la presse mentionné à l'article 6 du présent cahier des charges font l'objet d'une juste compensation financière".

Cette participation est déterminée pour la durée du contrat d'objectif et de progrès, c'est-à-dire jusqu'en 2001. Le texte précise que l'Etat améliore sa participation à la couverture du coût de cette activité pour la Poste. La contribution annuelle de l'Etat au titre de l'aide fixée à 1.850 millions de francs pour 1998 et 1999, sera portée à 1.900 millions de francs en 2000 et 2001.

L'accord du 4 juillet 1996 entre l'Etat, la presse et la Poste, et ses modalités d'application signées le 10 janvier 1997, permettent une profonde rénovation des relations entre la presse et la Poste jusqu'en 2001.


Cet accord favorise la maîtrise des déficits publics compte tenu notamment de la revalorisation de la contribution de la presse de 50 % sur 5 ans (correspondant à un montant de l'ordre de 850 millions de francs) à son transport et à sa distribution et de l'engagement de la Poste de réaliser des gains de productivité de 1,5 % sur la révision des prix prévue annuellement pour accompagner l'effort demandé à la presse concernant la revalorisation des tarifs déterminée sur une période de 5 ans.

Le principe de contribution de l'Etat au service obligatoire du transport et de la distribution de la presse a été réaffirmé dans le cadre des accords de la table ronde.

En effet, l'aide au transport et à la distribution de la presse qui bénéficie de tarifs réduits pour son acheminement, constitue le principal soutien que l'Etat accorde à la presse et reste indispensable à la Poste.

Pour 1999, cette contribution a été fixée à 1,850 milliard de francs.

Parallèlement, la réglementation du transport et de la distribution de la presse par la Poste a été assouplie, s'agissant notamment des conditions de présentation des publications. Les mesures prises permettent également aux éditeurs de tirer profit des évolutions technologiques et de mieux cibler leur clientèle en effectuant, s'ils le souhaitent, une segmentation régionale ou professionnelle de leurs publications.

Par ailleurs, une distinction de ce qui relève de la compétence de l'Etat, comme la définition du produit presse, de ce qui relève d'accords bilatéraux entre la presse et la Poste, a été opérée.

Cet allégement du dispositif réglementaire permet une meilleure adaptation des acteurs économiques aux exigences et aux techniques du transport et de la distribution de la presse.

2. Les services financiers

Le chiffre d'affaires des clientèles financières enregistre une progression de 11,3 % sur la période, soit une progression moyenne annuelle de 2,2 %.

Sur cette période, les encours ont progressé de près de 30 % passant de 785 milliards de francs en 1993 à 1.015 milliards de francs en 1997. Cette augmentation des encours est allée de pair avec l'objectif de dévulnérabilisation, qui vise à accroître la part des produits d'épargne et de placement dans l'ensemble des encours. Ainsi, la part des dépôts à vue et de l'épargne livret A et B dans l'ensemble des encours passe de 56 % en 1993 à 47 % en 1997.

En 1997, les produits des clientèles financières affichent une progression de 3,7 %.

La rémunération des fonds CCP déposés au Trésor a connu en 1997 une légère reprise (+ 1,1 %), due pour l'essentiel à la hausse de l'encours moyen.

La rémunération des livrets A et B est en retrait de 0,5 % par rapport à 1996, conséquence de la baisse du taux de rémunération servi aux déposants sur le niveau des encours.

Les produits liés à l'épargne, hors livrets A et B, sont en progression de 23,1 % du fait d'excellentes performances réalisées sur le LEP, le livret Jeune, l'épargne logement et l'assurance-vie.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des parts de marché des différents produits des services financiers.



Le taux de rémunération de la Poste par le Trésor sur la centralisation des CCP a évolué comme suit :

 

1993

1994

1995

1996

1997

Taux de rémunération

5,50 %

5,20 %

5,80 %

5,02 % *

5,04 % *

* Ce taux est le taux effectif après opérations de couverture, sans lesquelles il aurait été de 4,75 %

Le contrat de plan 1995/1997 a instauré une rémunération des fonds des CCP égale au taux des bons du Trésor à taux fixe (BTF 13 semaines) diminué d'une commission de 0,40 % en rémunération de la garantie de liquidité apportée par l'Etat. L'application de cette formule ne peut conduite à une rémunération inférieure à 4,75 % ou supérieure à 6,50 %.

Un nouvel avenant à la convention de gestion des CCP a été signé en 1997, prévoyant pour une partie des encours CCP, une rémunération basée non plus sur la référence du BTF 13 semaines moins 0,40 % mais sur la référence du PIBOR 3 mois moins 0,30 %fixée jusqu'au 31 décembre 2007.


L'encours nominal autorisé par cet avenant pour 1997 est de 50 milliards de francs. Il a été utilisé à hauteur de 16,4 milliards de francs et a fait l'objet d'un contrat d'échange de taux sur 10 ans.

Compte tenu des contrats d'échange de taux passés, le taux effectif de rémunération perçue par la Poste en 1997 s'est donc élevé à 5,04 %.

Le contrat de plan - contrat d'objectifs et de progrès - pour la période 1998-2001 prévoit, à compter du 1 er janvier 1999 la décentralisation progressive, sur une période 5 ans, de la gestion des fonds CCP. Cette mesure donnera de nouvelles libertés de gestion à l'exploitant. Les fonds restant déposés au Trésor pendant cette période demeureront rémunérés selon la formule du contrat de plan précédent.

B. QUELLES EVOLUTIONS POUR LA POSTE ?

1. La signature du nouveau contrat de plan de la poste (1998-2001)

Le contrat d'objectifs et de progrès portant contrat de plan de la Poste a été signé le 25 juin dernier au terme d'une large concertation. Il précise les orientations stratégiques de l'entreprise publique et de ses filiales et fixe le cadre de ses relations avec l'Etat pour la période allant de 1998 à 2001. Il met en oeuvre plusieurs avancées importantes en faveur du service public, de la Poste, de ses clients et de son personnel.

Le contrat réaffirme et conforte les missions de service public confiées à l'exploitant et définit les axes de développement de l'entreprise dans ses différentes activités, en soulignant notamment l'importance de l'investissement dans les nouvelles technologies. Il fixe par ailleurs les conditions de la modernisation de la présence postale territoriale pour tenir compte des évolutions démographiques, sociales et économiques.

Les six axes prioritaires de développement définis :

•  poursuivre l'adaptation de l'offre de service et de structures pour répondre toujours mieux aux besoins des clients et des usagers, en portant une attention particulière aux plus modestes et aux zones sensibles,

•  améliorer encore la qualité et la fiabilité des prestations au service de la satisfaction des clientèles et réduire l'attente aux guichets,

•  améliorer la compétitivité pour garantir des prix abordables pour tous et faire face à la concurrence,

•  renforcer les positions internationales en développant les activités et les partenariats à l'international, particulièrement en Europe,

•  inscrire les nouvelles technologies au coeur des métiers avec l'objectif de devenir à terme l'un des grands groupes français d'intégration de services,

•  accompagner le développement par une politique ambitieuse de ressources humaines valorisante pour le personnel et fondée sur la qualité et la permanence du dialogue social.

Le contrat d'objectifs et de progrès, tout en s'inscrivant dans la continuité des relations entre la Poste et l'Etat, constitue une nouvelle étape dans la clarification de ces relations.

L'Etat a pris des engagements de nature à accompagner la Poste dans son développement. La prise en charge par l'Etat de l'augmentation du coût des retraites de la Poste permet de mettre un terme à une évolution qui représentait un handicap de compétitivité croissant pour l'entreprise.

Par ailleurs, l'Etat a fait droit au souhait de la Poste de sortir progressivement de la centralisation au Trésor des fonds CCP. Il a, par ailleurs, consolidé la rémunération servie à la Poste au titre du livret A qui est maintenue à 1,5 %.


Enfin, l'Etat soucieux de conforter les missions de service public confiées à l'exploitant, a pris l'engagement d'augmenter à partir de l'an 2000 la subvention versée au titre du transport de la presse.

2. La contribution de la Poste à l'aménagement du territoire

L'article 21 de la loi du 2 juillet 1990 prévoit qu'en contrepartie des contraintes de desserte de l'ensemble du territoire national et de participation à l'aménagement du territoire, imposées à la Poste, celle-ci bénéficie d'un abattement égal à 85 % de l'assiette de la taxe foncière et de la taxe professionnelle.

L'Etat a demandé, en 1996, à l'Inspection générale des Finances et à l'Inspection générale des postes et télécommunications un rapport d'audit sur les surcoûts liés aux contraintes d'aménagement du territoire.

Dans ce rapport remis au Gouvernement à la fin de l'année 1996, la mission d'inspection avait défini le champ d'application de la mission d'aménagement du territoire de la Poste comme le maintien en activité d'un certain nombre d'implantations qui ne se justifient ni sur le plan financier ou commercial, ni sur le plan de la distribution postale, mais dont la fermeture ou même l'adaptation aux réalités du marché étaient freinées ou interdites par des dispositions législatives ou réglementaires ou par les décisions gouvernementales instaurant le moratoire des services publics. En pratique, cette situation prévaut essentiellement dans les zones rurales et concerne, sauf exception, les communes de moins de 2.000 habitants.

Il est à noter que la Poste estime à 3 milliards de francs pour 1993 et à 3,2 milliards de francs pour 1995 le surcoût lié à sa mission d'aménagement du territoire.

En outre, la mission a souligné que les bureaux des communes de 2.000 à 5.000 habitants connaissent également une certaine sous-activité et qu'ils pourraient, en théorie, absorber sans charge supplémentaire l'activité des bureaux des communes de moins de 2.000 habitants.

C'est pourquoi elle a considéré que le véritable coût de la non-activité des bureaux maintenus ouverts pour des raisons d'aménagement du territoire serait mieux évalué en retenant le montant de leurs charges brutes, soit 4,6 milliards de francs.

Néanmoins, compte tenu de l'impossibilité pratique d'absorber instantanément l'activité des petits bureaux par les bureaux de la catégorie supérieure, la mission a estimé raisonnable de retenir un chiffre situé entre le surcoût d'activité des bureaux ruraux par rapport à une activité normale et le coût brut des bureaux concernés, soit environ 4 milliards de francs. Cette estimation n'a pas donné lieu à une réactualisation, mais reste globalement valable dans la mesure où la dimension du réseau rural n'a pas évolué depuis 1995.

Enfin, la mission a fait observer que le surcoût de l'activité des bureaux de poste en zones urbaines sensibles ne résultait pas, à l'inverse des bureaux ruraux, de la non activité de ces bureaux, mais de la difficulté à exercer leur activité. Elle chiffre à 329 millions de francs le surcoût supporté à ce titre par la Poste.

Au total, le coût brut de l'aménagement du territoire serait donc pour la Poste de l'ordre de 4,4 milliards de francs. Il n'est que partiellement compensé par l'abattement fiscal dont le montant est estimé à 1,7 milliard de francs en 1997.

Au terme du contrat d'objectifs et de progrès signé entre la Poste et l'Etat, cet abattement a été reconduit pour la période 1998-2001.

A la fin de l'année 2001, l'Etat et la Poste procéderont à une évaluation du surcoût éventuel de la présence postale induit par la participation de l'exploitant à l'aménagement du territoire.

Votre rapporteur rappelle que l'Etat doit remédier au problème du coût induit, pour la Poste, par les contraintes d'aménagement du territoire.

3. La transposition attendue de la directive postale du 15 décembre 1997

La position commune arrêtée par le Conseil le 29 avril 1997, suite à l'accord obtenu lors du Conseil des ministres extraordinaire du 18 décembre 1996, a été votée en seconde lecture au Parlement européen le 16 septembre 1997, la commission des transports ayant apporté des amendements limités lors de sa réunion du 4 septembre 1997.

Après accord du Conseil des ministres, la directive 97/67/CE concernant des règles communes pour le développement du marché intérieur des services postaux de la Communauté et l'amélioration de la qualité du service a été adoptée définitivement le 15 décembre 1997.

La directive est largement fondée sur les thèses de la France, notamment le refus de toute libéralisation immédiate ou automatique du publipostage et du courrier transfrontalier.


La directive garantit l'existence d'un service universel, fondé sur deux types d'assurances pour l'usager : d'une part, en terme d'accessibilité au service (points de contacts, nombre de jours de distribution, tarifs abordables), et de qualité de service, d'autre part, en terme d'offre de produit minimale (lettres jusqu'à 2 kilogrammes, colis jusqu'à 10 kilogrammes, envois recommandés).

Le service universel défini par la directive constitue un seuil que les Etats membres sont susceptibles d'élargir.

La directive retient l'existence de services réservables à l'opérateur en charge du service universel pour compenser les charges résultant de ce dernier et garantir son équilibre financier et sa pérennité. C'est ainsi l'approche française d'un monopole de l'opérateur de service public qui est reprise. De plus, le périmètre réservable demeure large, lettres de moins de 350 grammes et d'un tarif inférieur à 5 fois le tarif de base, le publipostage et le courrier transfrontalier restant dans ce périmètre. La libéralisation immédiate porte sur moins de 5 % du trafic courrier actuel.

 

Droit français actuel

Monopole

Directive

Services réservables

Monopole/

Services réservables

Lettres

quel que soit leur poids

non express

Envois de correspondance d'un poids inférieur à 350 grammes et d'un prix inférieur à 5 fois le tarif public applicable à un envoi de correspondance du 1 er échelon de poids de la catégorie normalisée la plus rapide

Concurrence

Autres prestations

Autres prestations

L'approche française inspire également les modalités retenues pour l'évolution ultérieure du cadre réglementaire communautaire, et notamment, la volonté française que le Parlement européen participe à chaque phase d'une libéralisation qui devrait ainsi être plus graduelle et maîtrisée.

Toute décision sur une éventuelle poursuite de la libéralisation, notamment du publipostage et du courrier transfrontalier, devra entrer dans le cadre du processus de révision de la directive fixé par celle-ci. Il a débuté dès janvier 1998, la Commission devant faire une proposition au Parlement et au Conseil pour le 31 décembre 1998, celle-ci devant elle-même faire l'objet d'une nouvelle décision du Conseil et du Parlement au plus tard le 1 er janvier 2000. Toutefois, une nouvelle étape de libéralisation ne pourrait entrer en vigueur avant le 1 er janvier 2003.

Dans le cadre du processus de révision, la position qui sera défendue par les autorités françaises reposera sur la volonté de conforter un service universel important et sur la nécessité, en conséquence, de prendre en compte les spécificités des contraintes de distribution propres à la France qui impliquent de maintenir durablement un périmètre consistant de services réservés à l'opérateur en charge du service universel.

L'adoption d'une nouvelle directive devrait permettre d'éviter que la caducité automatique de la directive actuelle intervienne le 31 décembre 2004.

La directive doit être transposée dans un délai d'un an à compter de sa date d'entrée en vigueur, en l'occurrence le 10 février 1998.


ANNEXE N° 1

Réponses du ministère au questionnaire de la commission relatif au rapport particulier de la Cour des Comptes sur les comptes et la gestion de l'Ecole nationale supérieure des PTT
(exercices 1991 et 1994)

Question n° 1

La Cour constate que la proportion d'un permanent pour deux élèves est excessive, l'Ecole devant rechercher les moyens de réduire son effectif d'encadrement administratif et général à défaut d'augmenter les effectifs scolarisés.

De tels moyens ont-ils été recherchés et, dans l'affirmative, quelles sont les propositions retenues pour rendre effective l'observation de la Cour ?

Réponse


En fin d'année 1994, le directeur de l'Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications a proposé au conseil d'administration de l'école de diminuer progressivement les effectifs de dix unités, soit 25% de l'effectif.

En fin 1997, la situation se présente comme suit : 37 emplois et 1 surnombre autorisé, et reste conforme à l'objectif que s'est donné le conseil d'administration.

Il y a lieu d'observer que le rapport de la Cour des Comptes n'a pas tenu compte dans les effectifs scolarisés, des élèves des cycles préparatoires dont la scolarité est organisée sur une ou deux années (30 places sont offertes aux examens d'accès aux cycles préparatoires chaque année).

De plus, l'ENSPTT assume également des actions de formation continue pour les personnels des membres du GIE, ainsi que des actions de conseil auprès des entreprises de réseau, exercées par des personnels de l'ENSPTT.

Question n° 2

La Cour note "une propension certaine à la facilité dans les décisions d'achats".

Ainsi, plusieurs suggestions sont faites :

- en matière d'achats, le GIE qu'est l'ENSPTT pourrait utiliser les procédures d'achats de France Telecom ou de La Poste ;

- s'agissant de la location des locaux, la prise en charge par le GIE du loyer du logement de fonction du directeur de l'école devrait faire l'objet d'une décision du conseil d'administration ;

- les frais de déplacement des élèves pourraient constituer un gisement possible d'économies ;

- les prestations de nettoyage de l'école se poursuivant sans base juridique depuis juin 1994, il faudrait remédier à cette situation anormale et procéder à un nouvel appel d'offres afin de conclure un nouveau contrat ;

- s'agissant des impôts et taxes, le GIE est amené, de manière anormale, à payer les amendes pour contravention aux règles de circulation ou de stationnement encourues par ses personnels.

Sur chacun des points précités, des décisions ont-elles été ou seront-elles prises pour améliorer le fonctionnement de l'école ?

Réponse


L'Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications a mis en place une procédure d'achat qui prévoit la justification des besoins lors de la demande budgétaire, la fourniture de plusieurs devis, l'établissement d'un bon de commande pour chaque opération, la révision régulière des contrats existants...

L'audit effectué par le commissaire aux comptes en 1997, qui a porté en particulier sur ces procédures d'achats, a conclu à une mise en oeuvre satisfaisante de celles-ci.

Un arrêté conjoint du ministre chargé des postes et télécommunications et du ministre du budget pris en décembre 1990 a conféré concession, par "nécessité absolue de service" au titulaire de l'emploi de directeur de l'ENSPTT, d'un logement, dit de fonction. La dépense correspondante a été portée dans le budget de l'école et validée chaque année par le conseil d'administration du GIE ENSPTT.

Depuis 1997, le budget de l'ENSPTT ne prévoit plus cette dépense, le directeur de l'école étant cadre dirigeant de La Poste disposant d'une indemnité mensuelle assortie à son traitement.

Les frais de déplacement des élèves sont liés à la réalisation de stages ou de missions en province ou à l'étranger dans le cadre d'une scolarité très modulaire, laissant une grande part aux stages et à l'observation sur le terrain. Ils dépendent ainsi des offres de stages offertes par les entreprises telles que La Poste, France Télécom, EDF, Assistance Publique...

Il y a lieu d'observer que, suite à une réforme de la scolarité à l'école, deux promotions d'administrateurs des postes et télécommunications sont sorties en même temps en 1994 ce qui fait apparaître un montant de frais de déplacement anormalement élevé au titre de cette année.

Depuis deux ans, les coûts de scolarité ont globalement diminué.

Les prestations de nettoyage de l'ENSPTT ont fait l'objet d'un appel d'offre en juin 1997 pour l'application d'un nouveau contrat au 1 er août 1997.

Afin d'optimiser ces prestations et obtenir de meilleurs tarifs, l'appel d'offre a été mené en liaison avec les services de France Télécom occupant d'autres locaux sur le même site que l'ENSPTT. Chaque entreprise soumissionnaire (6 au total) devait en particulier annoncer un prix global des prestations de nettoyage et le prix par entité. Une économie de 10 % a été obtenue par rapport au contrat précédent. Le contrat signé est annuel.

La Cour des Comptes a relevé sur les exercices soumis à son contrôle, une seule année où des amendes pour contravention aux règles de circulation et de stationnement encourues par les personnels de l'ENSPTT ont été payées par l'ENSPTT pour un montant d'environ 1000F.

Cette anomalie ne s'est jamais reproduite depuis.

Question n° 3

La Cour note que les coûts unitaires de formation, trop élevés, résultent pour une bonne part de charges excessives par rapport à l'effectif scolarisé.

Des dispositions ont-elles été ou seront-elles prises de manière à réduire les coûts unitaires de formation ?

Réponse


Les effectifs scolarisés ne sont pas identiques chaque année. En effet, annuellement les ministères de tutelle (ministère de la fonction publique et ministère chargé des postes et télécommunications) arrêtent le nombre de places à offrir aux concours externe et interne.

Or, l'organisation des cours dispensés aux élèves demeure identique quel que soit l'effectif recruté. Les coûts liés à cette organisation varient peu, sauf en ce qui concerne les frais de déplacement. D'une manière générale, les coûts de formation ont en moyenne baissé ces dernières années.

Remarque : Les concours ouverts pour le recrutement de fonctionnaires ne donnent pas lieu à la perception de frais d'inscription. De plus, l'ENSPTT doit faire face aux coûts engendrés par l'envoi de la documentation et des dossiers d'inscription aux candidats qui en font la demande.

Question n° 4

La Cour remarque que les produits financiers proviennent du placement en SICAV de La Poste de l'excédent de trésorerie, celui-ci résultant principalement du retard mis par les membres du GIE à facturer leurs prestations.

Comment est-il envisagé de mettre un terme à cette situation anormale ?

Réponse


Les factures relatives aux charges de personnel, aux locations d'immobilisation, au téléphone et au courrier sont adressées à l'école par les membres de l'ENSPTT avec un décalage dans le temps (annuellement pour le courrier et le téléphone jusqu'en 1996), aussi l'excédent de trésorerie est placé en SICAV de la Poste.

Désormais, la Poste transmet ses factures tous les mois. En revanche, France Télécom, dont la quote-part est moins importante, maintient pour l'instant des factures trimestrielles.

Il est à noter que l'excédent de trésorerie a diminué de manière importante depuis janvier 1997.

Question n° 5

La Cour observe qu'il serait souhaitable de corriger la comptabiltié analytique de l'école puisque la facturation aux autres organismes de France Telecom implantés dans le même immeuble d'une partie des charges communes (électricité, entretien, accueil) payées en totalité par le GIE sont prises en recettes dans la rubrique "activités diverses" alors que les charges correspondantes sont imputées aux autres activités.

La comptabilité analytique a-t-elle été ou sera-t-elle corrigée sur ce point ?

Réponse


Une modification a été apportée dans les états relatifs à l'année 1997. Les recettes provenant de la facturation des charges communes aux autres organismes implantés au 37, rue Dareau à Paris (14 ème arrondissement) sont désormais isolées du chiffre d'affaires, tandis que d'autres clés de répartition ont été ajustées.

Question n° 6

Il apparaît à la Cour que le maintien de l'ENSPTT n'est à moyen terme plus justifié et que le ministère de tutelle et les exploitants publics doivent engager rapidement une réflexion sur des modalités alternatives de recrutement et de formation de leurs cadres administratifs supérieurs.

Une telle réflexion a-t-elle été engagée ou le sera-t-elle prochainement ?

Réponse


Une réflexion sur l'évolution de l'ENSPTT et le corps des administrateurs des postes et télécommunications a été engagée conjointement par le secrétaire d'Etat à l'industrie et le ministre de la fonction publique. Elle s'est traduite par une mission confiée à un haut fonctionnaire dont les conclusions viennent d'être rendues aux deux ministres.


ANNEXE N°2

Réponses du ministère au questionnaire de la commission relatif au rapport particulier de la Cour des Comptes
sur les comptes et la gestion de la Société TRANSPAC
(exercices 1990 à 1995)

Question n o 1

La Cour note que le choix d'une représentation des usagers du service public des transports par paquets à travers une société anonyme minoritaire (UTIPAC), et non d'une association, paraît surprenant et critiquable au regard des principes d'égalité et de neutralité d'un service public.

Quelle logique a présidé au choix d'une société anonyme ?

Réponse


Bien que la participation initiale des représentants des usagers ait été inférieure à 3 % du capital, les textes relatifs à la création de la société Transpac prévoyaient la possibilité de la porter à 28 %.

Il est naturel que, dans la logique capitalistique du projet, ses auteurs aient estimé que la forme juridique d'une société par actions serait plus attractive pour les investisseurs sollicités qu'une association, leur permettant en particulier de lever plus facilement les capitaux nécessaires pour faire face aux augmentations de capital. Ce qui a d'ailleurs été confirmé par les faits.

Et si, comme la Cour l'a relevé, cette participation est restée très minoritaire, on notera que cela résulte de la volonté de l'actionnaire majoritaire de ne pas ouvrir davantage le capital, et non du refus d'UTIPAC de jouer son rôle d'actionnaire lors d'augmentations de capital qui ne se seront en fait pas avérées nécessaires.

Question n° 2

La Cour relève que cet actionnaire a été très généreusement récompensé pour sa bonne gestion, sans avoir toutefois assumé beaucoup de risques financiers. En effet, les quelques "usagers" représentés par UTIPAC ont gagné huit fois leur mise initiale en sept ans.

Justifier cette situation.

Réponse


Lors des augmentations de capital successives, l'actionnaire minoritaire UTIPAC n'a pas fait l'objet de traitements préférentiels.

Lorsque Transpac a commencé à distribuer des dividendes, l'opportunité des distributions et leurs montants ont été décidés très normalement par les Assemblées Générales d'actionnaires où Cogecom détenait plus de 97 % du capital. Utipac ne pouvait, dès lors, que profiter d'une politique de distribution très large mais voulue telle par l'actionnaire majoritaire en fonction de ses intérêts propres et non de celui d'Utipac.

Enfin, la perspective de l'apport de Transpac au partenariat franco-allemand Atlas entraînait, entre autres conséquences, la sortie préalable des intérêts minoritaires des éléments d'actifs censés être apportés.

Cette sortie fut imposée à Utipac et non négociée : il est alors apparu difficile de baser le rachat des actions sur une valorisation trop éloignée de celle retenue pour l'apport à Atlas.

Question n° 3

S'agissant des protocoles techniques de transmission de données, la Cour note que Transpac n'a pas toujours pu ou su développer son offre, les flux selon le protocole X25 restant largement dominants ; les services en "relais de trame" (mode FR) et en protocoles Internet (mode IP) sont restés marginaux jusqu'à la fin de 1995 dans son chiffre d'affaires.

Comment peut-on expliquer la forte domination du protocole X 25 et, inversement, le faible développement des modes FR et IP ? Quelles conséquences cette situation a-t-elle entraîné ? A-t-on depuis lors assisté à un rééquilibrage ?

Réponse


La Cour explique fort bien que Transpac, filiale de France Telecom, mène sa stratégie en pleine cohérence avec sa maison-mère. On ajoutera qu'elle est attentive à l'évolution des besoins de ses clients et recherche en permanence le meilleur compromis économique entre le maintien de son avantage concurrentiel grâce à l'anticipation des évolutions technologiques et le souci de ne pas surinvestir trop tôt dans des développements certes prometteurs mais dont il n'est pas démontré qu'ils rencontreront la faveur immédiate du marché. C'est précisément le cas des services en relais de trame et en protocoles Internet, techniquement au point depuis 1990 mais dont le succès commercial n'a pas été immédiat.

Au plan strictement financier d'ailleurs, l'actionnaire n'a pas eu à s'en plaindre car les services X25 reposant sur des investissements largement amortis génèrent une rentabilité élevée, qui a largement contribué au niveau des résultats de la société.

Depuis, bien entendu, les services assis sur les modes FR et IP sont en croissance permanente mais leur développement dépend largement des projets d'organisation des clients dans les domaines de l'informatique et des télécommunications, dont les cycles de décision sont d'autant plus longs que les choix sont structurants pour l'avenir. Ces modes FR et IP constituent toutefois, aujourd'hui, l'essentiel des solutions vendues aux grands clients (nouveaux contrats ou renouvellement de contrats anciens).

Question n° 4

La Cour relève une importante hésitation sur la structuration technique du réseau Transpac, qui a failli conduire en 1996 à de très graves difficultés techniques (problèmes de saturation). L'architecture technique du coeur du réseau Transpac s'est en effet révélée insuffisante dès le début de 1996 pour absorber le rythme de croissance élevé de transmissions dans les nouveaux protocoles. Or, à la même époque, Transpac n'était pas doté du procédé permettant un accroissement considérable du débit du réseau (ATM), contrairement à ses principaux homologues.

Le retard technique de TRANSPAC a-t-il été désormais comblé, et comment ? Dans ce cas, rappeler les étapes du processus de modernisation technique de cette société.

Réponse


Tous les opérateurs mondiaux, y compris les spécialistes de l'internet, ont été surpris par l'ampleur de la croissance du trafic. On peut d'ailleurs affirmer que France Telecom et Transpac l'avaient néanmoins pressentie et s'y étaient préparés.

Les difficultés sérieuses, mais très circonscrites, qui ont affecté le fonctionnement du réseau en novembre et décembre 1997, provenaient en réalité de la partie de technologie X 25, sans rapport avec la partie Internet.

En ce qui concerne le déploiement de cette dernière, deux chiffres donnent une idée de l'ampleur de l'effort accompli en 1997 :

Connectivité client : multipliée par 3,5 en 1997 ;

Trafic écoulé : multiplié par 4,5 en 1997.

Le coeur de réseau basé sur des fibres optiques à très hauts débits constituait un maillage de 90 commutateurs fin 1997, capables de traiter 600 Mbits/s. 120 seront en service fin juin 1998, soit exactement 2 ans après le début du déploiement. Ce délai est à rapprocher des 10 ans qui ont été nécessaires pour atteindre la même couverture à 64 Kbits/s.

Question n° 5

La Cour rappelle que l'obligation, pour les concurrents de Transpac issus des opérateurs de télécommunication, de louer des lignes à France Telecom au tarif de ce dernier, afin de pouvoir constituer leurs réseaux, représente un frein au développement de la concurrence dans le domaine des télécommunications.

Les frais de location ont-ils été ou seront-ils prochainement revus à la baisse ? Fournir l'état de ces frais et leur évolution depuis 5 ans.

Question n° 6


La Cour rappelle que la véritable concurrence est à venir pour Transpac, cette concurrence s'annonçant forte. Le prix de location des liaisons à haut débit est deux fois plus cher en France qu'au Royaume-Uni ou dans les pays scandinaves.

Comment TRANSPAC s'est-il adapté à la libéralisation du marché des télécommunications depuis le 1 er janvier 1998 ? Les opérateurs français soutiennent-ils les comparaisons internationales ? Fournir un récapitulatif des prix de location des liaisons à haut débit pratiqués dans les principaux pays européens et aux Etats-Unis.

Réponse commune


La libéralisation du marché des transmissions de données est bien antérieure au 1 er Janvier 1998 et remonte au 1 er Janvier 1991.

Transpac s'y était préparée et a continué à s'y adapter, en baissant notamment, de façon continue, le tarif catalogue du Kilo-octet transporté, qui est ainsi passé de l'ordre de 9 centimes à l'origine à 5,2 centimes actuellement. Surtout, les nouveaux services qui constituent aujourd'hui une part majoritaire des flux transportés sont offerts sur des bases forfaitaires de plus en plus compétitives.

Question n° 7

La Cour relève que Transpac a opéré une réforme de sa tarification en adoptant le système de la forfaitisation, mais que cette évolution ne s'est toutefois pas accompagnée d'efforts d'adaptation suffisants en ce qui concerne la gestion et le réseau commercial : TRANSPAC a notamment tardé à organiser son nouveau cycle de vente ; de même à la fin 1996, une facture sur 100 était émise de façon totalement manuelle.

Le cycle de vente de TRANSPAC a-t-il été depuis lors transformé et le système de facturation entièrement réformé ?

Réponse


La question telle qu'elle est posée est beaucoup plus abrupte que l'analyse développée par la Cour, qui expose avec nuances l'évolution de la demande à laquelle la société a été confrontée. La réponse, dans ces conditions, sera très nette : oui, Transpac a profondément adapté son organisation commerciale, et le constat que ferait aujourd'hui la Cour serait de toute évidence très différent de celui fait il y a deux ans.

Le système de facturation a bien entendu suivi, et une nouvelle application informatique a été implantée courant 1997. Elle a permis de résoudre l'essentiel des difficultés structurelles rencontrées précédemment. Des moyens supplémentaires ont également été affectés à la fonction d'Administration des Ventes, permettant de résorber les retards de facturation qui étaient apparus. Le développement continu de l'activité et la part croissante qu'y représentent les réseaux d'entreprises continuant à exercer une pression considérable sur le processus de facturation, cet aspect de la gestion de la société reste placé au premier rang des priorités de l'ensemble de ses responsables.

Question n° 8

La Cour note que la conduite des opérations de la stratégie d'internationalisation de TRANSPAC appelle un certain nombre de critiques, le choix des partenaires ou des sociétés rachetées n'ayant pas toujours été à la hauteur des espérances, notamment en Suisse, mais surtout en Allemagne où TRANSPAC a subi de lourdes pertes occasionnées par le rachat de la société INFO-AG.

Quels ont été les choix d'internationalisation de TRANSPAC en Suisse, et quelle a été l'évolution du dossier INFO-AG ? Rappeler le processus ayant abouti à la réalisation de ces choix et communiquer leur bilan.

Réponse


Les choix d'internationalisation de Transpac en Suisse n'ont pas été différents de ceux exercés pour les autres pays où la société s'est implantée : trouver la solution la mieux adaptée au contexte de chaque pays à l'époque considérée (stade de dérégulation, importance de l'opérateur public, état de la concurrence, etc....) et, sur cette base, rechercher les opportunités d'investissements. Celles-ci, selon les cas, se sont concrétisées, soit en prise de participation dans des sociétés existantes, comme en Suisse ou en Allemagne, soit en création de sociétés en partenariat avec des investisseurs locaux, comme en Suède, soit en créant des filiales à 100 %, ce qui fut le cas le plus fréquent.

L'évolution du dossier INFO AG a été fort bien analysée par la Cour dans son rapport et nous ne voyons pas quelles précisions ajouter.

Quant au bilan des choix d'internationalisation, il a été positif puisque, d'une part, ces filiales ont constitué l'essentiel de l'apport de France Telecom à la Joint-Venture Global One avec Deutsche Telekom et Sprint, et que, d'autre part, cet apport a été valorisé à un prix, comme le relève la Cour, "très proche de l'investissement initial de Transpac et dans le haut de la fourchette évaluée par les banques conseils".

Question n° 9


La Cour observe que les évolutions de TRANSPAC ont été accompagnées de difficultés et de choix tactiques critiquables notamment en 1995-1996 :

- la diversification de l'offre s'est heurtée à l'impréparation des modes de gestion et des capacités techniques face à une activité en forte croissance ;

- l'évolution de la tarification a pu être conduite grâce à l'absence de véritable concurrence mais avec des difficultés de gestion notamment de facturation ;

- le départ vers Global One des filiales européennes a laissé TRANSPAC dans une incertitude sur son avenir à long terme, mais avec une filiale allemande lourde à porter sur le plan financier.

Des mesures ont-elles été ou seront-elles prises pour porter remède à chacun des dysfonctionnements précités ? Quel positionnement TRANSPAC va-t-il adopter vis-à-vis de France Telecom comme d'alliances telles Atlas/Global One ?

Réponse


Les points relatifs à la diversification de l'offre et à l'évolution de la tarification ont déjà été traités dans les questions N° 3, 4 et 7.

En ce qui concerne les perspectives à long terme, et en particulier celles découlant de la constitution de Global One, le scénario mentionné comme probable par la Cour, selon lequel Transpac ne rejoindrait finalement pas l'alliance Atlas, a été confirmé depuis par France Telecom. Transpac reste donc le principal vecteur de l'offre de France Telecom sur le marché "entreprises" dans le secteur des transmissions de données et services associés. Il s'appuie pleinement sur Global One pour assurer à ses clients les prolongements de services qu'ils demandent hors des frontières nationales.

Question n° 10

S'agissant des comptes de TRANSPAC, la Cour a fait quatre observations :

- l'absence de comptes consolidés ;

- les principes comptables retenus pour l'évaluation de la valeur des titres de participation sont trop complexes ;

- l'importance des flux financiers entre France Telecom et TRANSPAC : la rentabilité, et donc la valeur externe de TRANSPAC, dépend largement des modalités de cession interne des prestations, tant en recettes qu'en charges, les prix de location des lignes spécialisées étant notamment un facteur décisif de rentabilité de l'exploitation ; or, ces loyers sont fixés par France Telecom et faussent la concurrence ;

- l'importance des dettes et créances d'exploitation : ces dernières naissent des retards existant dans les relations financières que TRANSPAC et France Telecom entretiennent.

Sur chacun des points précités, des mesures ont-elles été ou seront-elles mises en oeuvre afin d'améliorer les comptes de TRANSPAC ?

Réponse


L'absence de comptes consolidés et les principes comptables retenus pour l'évaluation des titres de participation sont des points devenus sans objet depuis 1996, exercice au début duquel Transpac a dû céder ses participations dans le cadre du mécanisme de création de la Joint-Venture Global One.

En ce qui concerne les flux financiers entre Transpac et Global One, Transpac conteste l'analyse de la Cour. Il est en particulier faux de parler de prix de cession interne pour qualifier les prix de location des lignes spécialisées achetées par Transpac à France Telecom : en effet, ces fournitures ont toujours été facturées au tarif commercial de France Telecom, ce qui est, d'une part, le contraire même d'un prix de cession interne, et d'autre part, le meilleur moyen de ne pas fausser la concurrence puisque celle-ci se voit appliquer les mêmes tarifs!

Les délais de règlement des dettes et créances réciproques entre Transpac et France Telecom peuvent ponctuellement s'écarter de ceux observés par ailleurs : il ne s'agit que de facteurs circonstanciels et non d'une politique délibérée. On peut d'ailleurs affirmer que le plus souvent cela a joué en faveur de la trésorerie de la société, les flux sortants en direction de la maison-mère l'emportant largement sur les flux entrants.

EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le jeudi 22 octobre 1998 , sous la présidence de M. Alain Lambert, président , la commission a examiné les crédits de l'économie , des finances et de l'industrie : III-. Industrie pour 1999 , sur le rapport de M. Jean Clouet, rapporteur spécial.

M. Jean Clouet
a tout d'abord salué la mémoire de M. Bernard Barbier, ancien rapporteur spécial des crédits de l'industrie. Les membres de la commission se sont associés à cet hommage.

Après avoir évoqué la légère progression des crédits de l'industrie, qui s'élèvent à 15.282 millions de francs à périmètre constant (soit une hausse de 1,56 %), M. Jean Clouet s'est appuyé sur deux arguments pour estimer que le budget de l'industrie n'était pas la transcription d'une ambition industrielle pour la France : d'une part, il a estimé que le budget de l'industrie était le réceptacle de crédits divers (subventions à des organismes publics, participation du ministère de l'industrie à des actions interministérielles...), qui ne montrent pas de réelle cohérence entre eux ; d'autre part, il a rappelé que les crédits du budget de l'industrie représentaient désormais moins de 1 % du budget de l'Etat.

Puis, indiquant que la plus grande partie des crédits de personnel, de fonctionnement, d'informatique et d'équipements administratifs de la section " industrie " avaient été transférés vers la nouvelle section " services communs et finances " du budget de l'économie, des finances et de l'industrie, il s'est élevé contre cette " dilution " du ministère de l'industrie au sein du ministère de l'économie et des finances.

Observant par ailleurs que le budget de l'industrie intégrait désormais les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH), qui faisaient auparavant l'objet d'un compte d'affectation spéciale, M. Jean Clouet a estimé que les modifications incessantes du périmètre du budget de l'industrie rendaient les comparaisons extrêmement ardues d'une année sur l'autre. Il a rappelé à cet égard que le budget de l'industrie pour 1998 avait vu le rattachement des crédits de La Poste et des Télécommunications et la rebudgétisation des crédits affectés au Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM) et des crédits recherche du CEA.

Enfin, après avoir relevé la grande différence qui existait entre le montant des crédits votés, le montant des crédits disponibles et le montant des crédits finalement consommés, M. Jean Clouet a considéré que le budget de l'industrie se distinguait par son caractère peu fiable, ce qui rendait symbolique l'autorisation du Parlement. Il a ainsi expliqué que la différence entre le montant des crédits votés et le montant des crédits disponibles s'expliquait par les nombreux reports, transferts et rattachements de fonds de concours qui intervenaient en cours d'exécution. Il a évoqué à cet égard les décrets d'avance ayant servi dans le passé à financer les primes automobiles et le transfert traditionnel de la subvention militaire du CEA en provenance du budget de la défense.

La différence entre le montant des crédits disponibles et le montant des crédits finalement consommés est, quant à elle, imputable au faible taux de consommation des crédits de certains chapitres budgétaires. Il a ainsi relevé qu'en 1997, les crédits de paiement du chapitre 62-01 (Reconversion des zones minières et Fonds d'industrialisation de la Lorraine) n'avaient été consommés que pour 44,7 % de leur montant, tandis que ceux du chapitre 64-96 (Reconversion et restructurations industrielles) ne l'avaient été qu'à hauteur de 52 %. Il a précisé que ces chapitres faisaient d'ailleurs traditionnellement l'objet d'arrêtés d'annulations en cours d'année, puis de reports en fin d'année.

Dans ces conditions, M. Jean Clouet a estimé que les deux amendements de réduction des crédits portant sur les titres III et IV du budget de l'industrie qu'il présentait ne porteraient pas à conséquence.

M. Philippe Marini , rapporteur général, a alors souhaité que le rapporteur spécial des crédits de l'industrie s'enquière auprès du Secrétariat d'Etat à l'industrie sur l'évolution de la question des dividendes versés par CEA-Industrie à sa maison mère, le CEA. Il a rappelé à cet égard que les dividendes versés par CEA-Industrie excédaient autrefois son résultat disponible, au point de peser sur ses fonds propres.

M. François Trucy a souhaité que soient approfondies dans le rapport sur les crédits de l'industrie, les conséquences potentielles pour le secteur nucléaire français, de l'accord signé entre les sociaux-démocrates et les verts allemands d'inscrire dans la loi la fermeture des 19 centrales nucléaires allemandes.

La commission a alors adopté les deux amendements de réduction des crédits présentés par M. Jean Clouet, rapporteur spécial, puis l'ensemble des crédits du budget de l'industrie, ainsi modifiés, inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999.

MODIFICATIONS APPORTÉES
PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Les crédits du titre IV du budget de l`industrie ont fait l'objet d'une majoration à titre non reconductible de 100 000 francs.

Cette majoration concerne l'article 10 du chapitre 46-81 " Subventions à différents organismes et aux actions concourant à l'amélioration de l'environnement et de la compétitivité des entreprises ", doté initialement de 19 117 000 francs.

Elle vise à accroître la subvention de l'Agence pour la création d'entreprises (APCE).



1 Ces charges correspondent à la couverture par l'Etat des charges héritées du passé à caractère essentiellement social et sur lesquelles les actes de gestion n'ont aucune prise (emprunts mis à la charge de l'Etat, prestations aux anciens mineurs, dépenses relatives aux anciennes mines et équipements collectifs, recherche d'intérêt général).

2 Il convient de rappeler que la pyramide des âges des fonctionnaires employés par la Poste met en évidence une accélération des départs à la retraite dans les prochaines années, ce qui devrait accroître les charges de retraite de l'entreprise de 690 millions de francs par an sur la période 1996-2001. Un rapport de la cour des Comptes d'avril 1996 sur les charges de retraite dans les entreprises publiques met en évidence une dérive des taux de cotisation employeur supporté par La Poste de +1,8 point par an sur la période 1997-2001 et de +3 points par an sur la période 2001-2015. Du fait de cette dérive, le taux de cotisation employeur atteindra 50 % en 2001 et 100 % en 2015 : à partir de 2015, les charges de retraite pèseront plus lourd sur le compte d'exploitation de La Poste que les rémunérations des fonctionnaires en activité.

3 Soit un montant de 8,6 milliards de francs.

4 Les dernières statistiques de l'Observatoire de l'énergie de la Direction générale de l'énergie et des matières premières (DGEMP) montrent que le taux d'indépendance énergétique de la France a perdu 2,4 points sur un an pour passer à 46,4 %.

5 L'article 69 prévoit la reconduction des mesures d'amortissement exceptionnel prévues en faveur de matériels destinés à améliorer la qualité de la vie ou à économiser l'énergie.

6 Compte tenu du décalage entre leur recouvrement et leur redistribution, les taxes perçues par l'Agence génèrent des disponibilités qui sont placées.

7 Instituée en 1986 et réformée par le décret du 31 août 1989 puis par celui du 31 août 1994, cette taxe est acquittée par les personnes mettant sur le marché des huiles neuves ou régénérées. Son produit est affecté au financement de l'élimination ou de la régénération des huiles usagées, à des actions de communication et à des investissements pour la mise en place de points de collecte. Son produit était de 111 millions de francs en 1997.

8 c'est le cas notamment des taxes parafiscales qui peuvent être instituées par décret, seul leur maintien au delà d'un an devant être approuvé par le Parlement.

9 Voir Rapport Général n° 66 sur le projet de loi de finances pour 1999, Tome II, fascicule I, p. 360.

10 Comme le montre le rapport n° 439 de la Commission d'enquête sénatoriale sur la politique énergétique de la France publié en mai 1998, aucun sondage européen ne fait apparaître de rejet massif de l'électricité nucléaire, même dans les pays à tradition écologique ancrée. Ainsi, deux tiers des Allemands restent favorables à l'énergie nucléaire tandis que les Suédois semblent désavouer aujourd'hui les résultats du référendum de 1980 par lequel ils s'étaient prononcés pour le démantèlement de leur parc de centrales.

11 Les crédits inscrits dans le fascicule budgétaire de l'industrie en 1998 comportaient une erreur : la subvention à l'IPSN s'élevait à 891,1 millions de francs et non à 666,7 MF.

12 La convention de cofinancement signée en août 1993 pour une durée de cinq ans était destinée à mettre en oeuvre un programme d'assainissement lié au démantèlement des installations civiles du CEA dont la durée de vie s'achève.

13 Après deux hausses de tarif successives en 1997, GDF a procédé à une baisse de 2,5 % de ses tarifs en mai 1998.

14 1997 a été marquée par la négociation de contrats en provenance d'une nouvelle source : le Royaume-Uni. En matière de transit, Gaz de France a promu le rôle de plaque tournante de la France pour les échanges gaziers européens avec l'accord de transit de gaz norvégien et avec l'accord d'échange de gaz nigérian signé avec l'Enel. Le gazoduc Norfra devrait enfin bientôt entrer en service à Dunkerque.

15 248 communes supplémentaires ont été raccordées au réseau en 1997, ce qui porte le nombre total de communes desservies à 6.514 (soit 43 millions d'habitants).

16
Le gaz naturel, Perspectives pour 2010-2020 (disponibilités, contraintes et dépendances), Pierre Terzian, Commissariat Général du Plan, Editions Economica, Avril 1998.

17 Ces charges correspondent à la couverture par l'Etat des charges héritées du passé à caractère essentiellement social et qui ne dépendent pas des actes de gestion : emprunts mis à la charge de l'Etat, prestations aux anciens mineurs, dépenses relatives aux anciennes mines et équipements collectifs, recherche d'intérêt général.

18 Comité d'Etudes Pétrolières et Marines (CEP&M) et Comité des Programmes d'Exploration-Production (COPREP).

19 Le club Taftie (The Association for Technology Implementation in Europe) réunit des agences homologues de l'ANVAR. Dans quinze pays européens. Il a pour but de faciliter les échanges d'informations et d'expériences ainsi que d'aider les PME à trouver des partenaires technologiques, industriels ou financiers à l'échelle de l'Europe.

20 Ces crédits ont été examinés dans le titre II consacré à la recherche et à l'innovation.

21 Comité d'études pétrolières et marines (CEP&M) et Comité des programmes d'exploration-production (COPREP).

22 l'AFNOR est une association régie par la loi du 1 er juillet 1901, créée en 1926, et qui rassemble les pouvoirs publics, les industriels et les consommateurs. Elle coordonne et diffuse les travaux de normalisation. Depuis 1984, elle est chargées de l'élaboration du programme de normalisation, de l'homologation des normes, et de l'arbitrage des conflits éventuels. Elle emploie environ 600 personnes : les bureaux de normalisation environ 350 dont 105 à l'Union Technique de l'électricité (UTE).

23 Union internationale des télécommunications (UIT), Union postale universelle (UPU), Comités ECTRA, ERC, CERP...

24 Depuis février 1993 à fin 1997, la Poste n'a pas eu recours à l'emprunt obligataire.



Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page