CHAPITRE V :

LA FÉDÉRATION NATIONALE DES CAISSES D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE

ARTICLE 15

La Fédération nationale des caisses d'épargne et de prévoyance

Commentaire : Sur le modèle de la Fédération nationale du Crédit agricole, le présent article prévoit la création d'une Fédération nationale des caisses d'épargne et de prévoyance (FNCEP) chargée de coordonner l'action des caisses d'épargne et de faire valoir leurs intérêts communs.

Comme votre rapporteur a déjà eu l'occasion de le rappeler, l'organisation future des caisses d'épargnes prévue par le présent projet de loi est calquée sur celle du Crédit agricole. Outre une structure de sociétariat à deux niveaux, l'organisation du Crédit agricole s'articule ainsi autour de deux instances : la Caisse nationale du crédit agricole (CNCA) et la Fédération nationale du crédit agricole (FNCA). Créée à l'origine par les Caisses régionales désireuses de se doter d'un organe de défense et de représentation, la FNCA est l'instance politique et professionnelle du groupe. Elle est leur instance de réflexion, de proposition et d'expression. La CNCA est la banque centrale et l'organe central du Crédit agricole au même titre que la future Caisse nationale des caisses d'épargne (voir commentaire des articles 10, 11 et 12).

Comme la FNCA, la Fédération nationale des caisses d'épargne et de prévoyance (FNCEP) sera une association soumise aux dispositions de la loi du 1 er juillet 1901. Elle regroupera l'ensemble des caisses d'épargne et de prévoyance représentées par le président de leur COS et le président de leur directoire. Dans sa version initiale, le présent article prévoyait que les caisses seraient représentées par trois personnes : deux membres de leur COS, dont le président, et le président de leur directoire. L'Assemblée nationale a considéré que la représentation du COS par deux personnes n'était pas justifiée et ramené le collège total à deux personnes. On remarquera que les Caisses régionales du Crédit agricole sont représentées à la FNCA par le président du Conseil d'administration et le directeur général.

La FNCE sera chargée de sept missions :

Coordonner les relations des caisses d'épargne avec le sociétariat et représenter leurs intérêts communs, notamment auprès des pouvoirs publics .

On notera que la mission de coordination des caisses avec le sociétariat relève déjà, en principe, des groupements locaux d'épargne.

Pour représenter les intérêts des caisses d'épargne auprès des pouvoirs publics, la FNCE sera probablement amenée à siéger à l'Association française des établissements de crédit (AFEC), au même titre que la FNCA, au Conseil national du Crédit et à d'autres instances de représentation.

Participer à la définition des orientations stratégiques du réseau .

Cette mission résulte d'un amendement de Raymond Douyère qui fait valoir dans son rapport sur le présent projet de loi que ne pas associer la FNCE à la définition des grands axes de développement du réseau des caisses d'épargne reviendrait à la vider de toute substance. Ces orientations devront être mises en oeuvre par la Caisse nationale.

Au Crédit agricole, les orientations définies par la FNCA sont validées par des instances élues par les Caisses régionales : le bureau et le Conseil fédéral. Ce dernier élit le président, qui est un président de Caisse régionale, et le secrétaire général, qui est un directeur général de Caisse régionale. Avec le directeur général de la FNCA, responsable des services fédéraux, ils assument l'animation de la Fédération. Les travaux effectués dans le cadre de commissions, de comités permanents et de groupes de travail auxquels participent les dirigeants des caisses régionales et les responsables de la Caisse nationale et de la FNCA assurent la synthèse des réflexions nées sur le terrain. La FNCA assume une mission d'aide et d'appui à cette réflexion commune, grâce à des départements et services spécialisés comprenant une centaine de collaborateurs : études économiques, bancaires, financières, agricoles ou juridiques, marketing, communication, technologie, relations sociales, fiscales, etc.

Définir les orientations nationales de financement par les caisses d'épargne des projets d'économie locale et sociale et des missions d'intérêt général.

On rappellera que les projets d'économie locale et sociale sont financés grâce à une fraction du résultat distribuable des caisses d'épargne (voir commentaire de l'article 6). Ils doivent présenter à la fois un intérêt en termes de développement local ou d'aménagement du territoire et un intérêt en terme de développement social ou de l'emploi.

Contribuer à la définition par la Caisse nationale des orientations nationales en matière de relations sociales dans le réseau.

La FNCE se distinguera en cela de la FNCA dont les compétences sont plus larges en matière de relations sociales. C'est en effet la FNCA qui, au Crédit agricole, gère la politique nationale des ressources humaines du groupe. A ce titre, elle est responsable des négociations de niveau national avec les partenaires sociaux et de la gestion de la convention collective des Caisses régionales. En outre, la FNCA est responsable de l'animation et du pilotage des carrières des cadres de direction des caisses régionales : sous-directeurs, directeurs adjoints et directeurs généraux.

Aux caisses d'épargne, le rôle de négociation des accords collectifs nationaux appartiendra aux représentants des employeurs désignés par la Caisse nationale au sein de la commission paritaire nationale (voir commentaire de l'article 16).

Organiser, en liaison avec la CNCEP, la formation des dirigeants .

Une telle mission est importante. Raymond Douyère insiste ainsi dans son rapport au premier ministre sur la nécessité de consacrer des moyens non négligeables à la formation des administrateurs afin de les mettre à même de participer en connaissance de cause aux décisions des conseils de surveillance ou des conseils d'administration. Il suggère même de subordonner l'indemnisation des membres des COS au respect d'un programme minimum de formation.

Par ailleurs, il préconise la mise en place d'une gestion de carrière des cadres dirigeants qui permette aux COS d'opérer leur choix dans un vivier de personnes dont les compétences ont été éprouvées. A cet égard, il observe que seul un organe central légitime et fort, reconnu par le réseau, aura le pouvoir d'imposer une formation et une mobilité aux cadres dirigeants et aux mandataires sociaux, dans le respect des pouvoirs de choix qui appartiennent aux COS.

Il est donc important de confier l'organisation de la formation des dirigeants à la Fédération nationale qui est l'émanation des caisses.

Veiller au respect des règles déontologiques au sein du réseau .

Cette mission spécifique pourra par exemple amener la FNCE à rédiger une charte déontologique applicable aux salariés et aux dirigeants du réseau et à laquelle chaque caisse devra adhérer.

Contribuer à l'implication du réseau des caisses d'épargne français au sein des établissements européens de même nature .

Cette dernière disposition résulte d'un amendement du groupe communiste de l'Assemblée nationale. Elle vise à encourager les partenariats entre caisses d'épargne européennes.

Par ailleurs, la FNCEP sera consultée par la CNCEP sur tout projet de réforme concernant les caisses d'épargne.

Enfin, le présent article autorise la FNCE à appeler des cotisations auprès des caisses d'épargne pour financer son budget de fonctionnement.

Votre rapporteur se contentera d'observer que les caisses d'épargne auraient pu s'exonérer d'un passage devant le législateur pour prévoir la création d'une structure telle que la FNCE. Une simple disposition statutaire aurait suffi.

On rappellera enfin pour mémoire que l'article 26 du présent projet de loi prévoit le transfert de certains biens, droits et obligations du CENCEP à la FNCE en proportion de ses missions, et sur décision de la Caisse nationale. L'article 27 prévoit quant à lui que les statuts de la FNCE seront adoptés dans un délai de trois mois à compter de la publication de la loi par une assemblée générale constitutive composée des présidents de COS et de directoire des caisses d'épargnes. La même assemblée générale désignera son conseil d'administration.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter le présent article sans modification.

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