D. LES RÉSERVES DE LA GENDARMERIE : UN ENJEU ESSENTIEL POUR L'ARME

Dans le cadre de la réforme des réserves, les effectifs désormais réduits des réservistes auront pour principale mission de participer au traitement des crises, dès le temps de paix, sur le territoire national.

1. les principes

. L'emploi

Les réservistes s'intègrent totalement aux unités d'active et effectuent les mêmes missions qu'il s'agisse de défense civile ou de défense opérationnelle du territoire.

La gendarmerie a recours à ses réservistes à partir du moment où le personnel d'active s'avère insuffisant : événements prévisibles de grande ampleur, calamités publiques, mesures exceptionnelles de sécurité, service d'ordre, dispositifs de recherche, garde, protection ou intervention au profit de sites ou de points sensibles.

Dans ce cadre, l'emploi peut prendre des formes très variées, adaptées aux circonstances : emploi individuel, ou au sein d'unités de la réserve ou de l'active. Dans cet esprit, le commandant de groupement de gendarmerie départementale est d'ailleurs autorisé, lorsque la situation le commande, à faire appel à des réservistes présents dans le département et affectés dans une unité de réserve de la gendarmerie mobile sous réserve d'en rendre compte à la circonscription.

Ces objectifs supposent une organisation à la fois souple et progressive, adaptée dans tous les cas aux circonstances.

Ainsi les réservistes de la gendarmerie peuvent être employés :

- pour renforcer la capacité opérationnelle de certaines unités territoriales -brigades et pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG)- et des structures de commandement existantes (soit quelque 17 000 hommes au total) ;

- pour conférer aux échelons territoriaux du niveau départemental et zonal une capacité de manoeuvre supplémentaire par la constitution d'unités du type peloton ou escadron 6( * ) (soit environ 37 000 hommes) ;

Cependant, l'emploi des réservistes ne se limite pas aux seules interventions, il se justifie aussi à titre individuel dans les domaines de la prévention (politique de la ville, sécurisation des transports communs, toxicomanie, environnement, etc.), du lien armées-Nation (encadrement des journées d'appel de préparation à la défense, des préparations militaires...), de la formation (participation à la formation des OPJ, des agents de médiation locale...).

. L'organisation de la réserve

La réserve de la gendarmerie est organisée en deux ensembles qui répondent à des besoins différents suivant la nature de la crise.

une réserve principale

Elle est composée de :

-103 pelotons de réserve de la gendarmerie départementale d'un effectif de 45 ;

-9 escadrons de réserve de gendarmerie mobile d'un effectif de 140.

Cette réserve répond à trois exigences principales :

- la disponibilité : elle peut être mise sur pied, en totalité, dans un délai inférieur de 30 jours ;

- la polyvalence : elle répond à différents types d'emploi et notamment aux crises de moyenne intensité ;

- la souplesse : le réserviste peut être utilisé dans le cadre d'une unité constituée ou à titre individuel.

Ces exigences justifient certains traits spécifiques :

- un effectif resserré de 13 000 personnes,

- une priorité en termes d'équipement, de formation et de budget.

Seule composante susceptible d'être employée régulièrement, cette réserve sera activée sous la forme de mise sur pied d'unités ou de convocation de réservistes par des cellules placées au niveau des circonscriptions et des groupements.

une réserve complémentaire

Elle est composée principalement de :

-228 pelotons de réserve de la gendarmerie départementale,

-121 escadrons de réserve de gendarmerie mobile.

Cette réserve s'inscrit dans un autre cadre d'emploi. En effet, elle cherche à répondre à une crise durable ou de haute intensité . Dans ces conditions, elle serait principalement engagée en application des articles 2 et 6 de l'ordonnance du 7 janvier 1959 ou en cas de troubles graves ou de menaces de troubles graves à l'ordre public.

En conséquence, cette réserve se distingue de la précédente par trois traits principaux :

- un effectif plus étoffé de 37 000 hommes,

- un préavis plus long pour son utilisation,

- l'emploi des disponibles,

- un équipement complété quand la situation le justifiera par le recours à la réquisition voire à la location.

. L'entraînement

1° Les volontaires

La formation des réservistes destinés à renforcer les formations d'active porte d'une part, sur la formation technique à l'arme de service, d'autre part, sur les dispositions légales et réglementaires dont la connaissance apparaît nécessaire dans l'exercice de la police administrative et de la police judiciaire.

Afin de favoriser la cohésion entre l'active et les réservistes, la gendarmerie envisage d'associer ces derniers aux séances d'instruction collectives organisées pour le personnel d'active, notamment les séances de tir.

2° Les astreints à la disponibilité

Ces personnels, qui sont d'anciens militaires, disposent en principe des connaissances techniques requises. Toutefois, le maintien des compétences ainsi que la nécessaire cohésion avec les unités d'active justifie la convocation sélective ou verticale de certaines unités -convocation subordonnée dans tous les cas à l'autorisation préalable de la direction générale de la gendarmerie nationale.

. Les modalités d'appel

1° Le processus de montée en puissance

La gendarmerie distingue trois niveaux de montée en puissance :

- au premier niveau -crise de basse intensité (coupe du monde de football par exemple), le renforcement de la capacité opérationnelle de la gendarmerie intervient sur une base individuelle ou par l'emploi d'unités constituée de la réserve de premier échelon ;

- au deuxième niveau -crise de moyenne intensité pouvant aller jusqu'aux troubles graves ou aux menaces de troubles graves- la réserve de premier échelon est mise sur pied en partie ou en totalité à partir des volontaires, et si nécessaire des astreints ;

- au troisième niveau -crise de haute intensité- tout ou partie de la réserve de la gendarmerie est mise en place.

2° Rôle des différents échelons de commandement

- le commandant de circonscription arrête annuellement le plan général d'emploi des réserves en tenant compte du cadre budgétaire, des événements saisonniers ou exceptionnels prévus sur le territoire de la circonscription et, enfin, de l'évaluation générale des risques et des menaces ;

- le commandant de légion, autorité organique dont relèvent les réserves, veille à l'application des principes généraux d'emploi et d'entraînement. Il décide en particulier des convocations pour l'instruction individuelle ;

- le commandant de groupement, autorité d'emploi , convoque dans les conditions prévues par l'ESR les réservistes volontaires, sans autre formalité si la convocation s'inscrit dans le cadre du plan général d'emploi et d'emploi et d'entraînement des réserves, mais en rendant compte au commandant de circonscription, dans le cas contraire (en particulier dans les situations d'urgence).

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